Georges GUSDORF Professeur à l’Université de Strasbourg Professeur invité à l’U
Georges GUSDORF Professeur à l’Université de Strasbourg Professeur invité à l’Université Laval de Québec (1960) “Réflexions sur la civilisation de l'image.” Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole, Professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi Page web. Courriel: jean-marie_tremblay@uqac.ca Site web pédagogique : http://jmt-sociologue.uqac.ca/ Dans le cadre de: "Les classiques des sciences sociales" Une bibliothèque numérique fondée et dirigée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Site web: http://classiques.uqac.ca/ Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.ca/ Georges Gusdorf, “Réflexions sur la civilisation de l’image.” (1960) 2 Politique d'utilisation de la bibliothèque des Classiques Toute reproduction et rediffusion de nos fichiers est interdite, même avec la mention de leur provenance, sans l’autorisation for- melle, écrite, du fondateur des Classiques des sciences sociales, Jean-Marie Tremblay, sociologue. 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Jean-Marie Tremblay, sociologue Fondateur et Président-directeur général, LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES. Georges Gusdorf, “Réflexions sur la civilisation de l’image.” (1960) 3 Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, so- ciologue, bénévole, professeur associé, Université du Québec à Chicou- timi, à partir de : Georges Gusdorf “Réflexions sur la civilisation de l’image.” Un article publié dans Civilisation de l'image, pp. 11-36. Recher- ches et débats du Centre catholique des intellectuels français, nouvelle série, no 33. Paris : Librairie Arthème Fayard, décembre 1960, 204 pp. [Autorisation formelle le 2 février 2013 accordée par les ayant-droit de l’auteur, par l’entremise de Mme Anne-Lise Volmer-Gusdorf, la fille de l’auteur, de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.] Courriels : Anne-Lise Volmer-Gusdorf : annelise.volmer@me.com Michel Bergès : michel.berges@free.fr Professeur, Universités Montesquieu-Bordeaux IV et Toulouse 1 Capitole Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times New Roman, 14 points. Pour les notes de bas de page : Times New Roman, 12 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2008 pour Macintosh. Mise en page sur papier format : LETTRE US, 8.5’’ x 11’’. Édition numérique réalisée le 13 juillet 2014 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, Québec. Georges Gusdorf, “Réflexions sur la civilisation de l’image.” (1960) 4 Un grand merci à la famille de Georges Gusdorf pour sa confiance en nous et surtout pour nous accor- der, le 2 février 2013, l’autorisation de diffuser en ac- cès ouvert et gratuit à tous l’œuvre de cet éminent épistémologue français. Courriel : Anne-Lise Volmer-Gusdorf : annelise.volmer@me.com Un grand merci tout spécial à mon ami, le Profes- seur Michel Bergès, professeur, Universités Montes- quieu-Bordeaux IV et Toulouse I Capitole, pour tou- tes ses démarches auprès de la famille de l’auteur et spécialement auprès de la fille de l’auteur, Mme An- ne-Lise Volmer-Gusdorf. Ses nombreuses démarches auprès de la famille ont gagné le cœur des ayant-droit. Courriel : Michel Bergès : michel.berges@free.fr Professeur, Universités Montesquieu-Bordeaux IV et Toulouse 1 Capitole Avec toute notre reconnaissance, Jean-Marie Tremblay, sociologue Fondateur des Classiques des sciences sociales Chicoutimi, le 13 juillet 2014. Georges Gusdorf, “Réflexions sur la civilisation de l’image.” (1960) 5 Georges GUSDORF Professeur à l’Université de Strasbourg Professeur invité à l’Université Laval de Québec “Réflexions sur la civilisation de l'image.” Un article publié dans Civilisation de l'image, pp. 11-36. Recher- ches et débats du Centre catholique des intellectuels français, nouvelle série, no 33. Paris : Librairie Arthème Fayard, décembre 1960, 204 pp. Georges Gusdorf, “Réflexions sur la civilisation de l’image.” (1960) 6 [11] Georges GUSDORF Professeur à l’Université de Strasbourg Professeur invité à l’Université Laval de Québec “Réflexions sur la civilisation de l’image.” Un article publié dans Civilisation de l'image, pp. 11-36. Recher- ches et débats du Centre catholique des intellectuels français, nouvelle série, no 33. Paris : Librairie Arthème Fayard, décembre 1960, 204 pp. L'humanité du XXe siècle a vu naître la civilisation de l'image. Une série de perfectionnements d'ordre technique se trouvent à l'origine de cette péripétie dans l'histoire de la culture, dont les répercussions pro- ches ou lointaines remettent en question certains aspects essentiels de la condition humaine. Mais cette révolution pacifique, dont les déve- loppements se poursuivaient peu à peu au niveau de la vie quotidien- ne, n'a pas retenu autant qu'elle le méritait l'attention de ceux-là même qui en étaient les acteurs, les témoins et les bénéficiaires. Chaque in- vention nouvelle, chaque procédé inédit enchantait l'opinion par les perspectives offertes à l'imagination quelque peu puérile du grand pu- blic, ravi par les tableaux de l'infatigable Père Noël technicien. Au bout du compte, le visage de l'homme et le visage du monde se sont trouvés transformés sans que personne se soit soucié de penser le phé- nomène dans son ensemble . la photographie, le cinéma, la télévision, les magazines ont été acceptés d'enthousiasme, et tour à tour, par une clientèle immense, qui ne pouvait mettre en doute le caractère bénéfi- que de ces passe-temps innocents. Les sous-marins, les gaz as- phyxiants, l'aviation donnent à penser, parce qu'ils font peur ; mais un Georges Gusdorf, “Réflexions sur la civilisation de l’image.” (1960) 7 appareil photographique, un téléviseur, un journal illustré ne font peur à personne. Ils contribuent au confort d'une existence, de plus en plus, et légitimement, avide de loisirs. Le merveilleux est entré dans la vie de chaque jour. Il serait absur- de de le déplorer. Personne ne prend au sérieux l'enfant gâté qui se plaint d'avoir trop de jouets. Mais il vaut la peine de réfléchir sur la place considérable occupée désormais par l'image dans l'existence humaine. * [12] La première civilisation fut une civilisation de la parole, et sans doute la parole est-elle forme première de toute civilisation. La culture humaine tout entière n'est pas autre chose que l'ensemble des moyens de communication mis en oeuvre pour établir le contact de l'homme avec les autres hommes et avec lui-même. L'invention de la parole est donc plus décisive que celle du feu ; elle consacre l'inauguration hu- maine de l'univers, et la prise en charge par les premières communau- tés de leurs destins solidaires. Le sourd-muet, aussi longtemps qu'il est privé de la parole, demeure un excommunié social, et par là un arriéré mental. L'institution de la parole est donc l'acte de naissance du premier monde humain. Ce monde archaïque est soumis à l'autorité de la tradi- tion, définie par le mythe parlé et vécu. Les anciens détiennent l'auto- rité spirituelle, parce qu'ils sont les dépositaires et les conservateurs d'une mémoire sociale fragile et toujours menacée, à la merci de la mort de quelqu'un, ou de l'épidémie qui frappe ceux qui savent. Le savoir est un secret, étroitement délimité dans l'espace et dans le temps, et ce secret, d'ailleurs, peut survivre pendant des millénaires, de chuchotement en chuchotement, sans perdre jamais le caractère d'être une vérité à portée de la voix. Une nouvelle civilisation apparaît au moment même où sont créées les techniques de l'écriture, qui augmentent considérablement la por- tée de la parole dans l'espace et dans le temps. La voix humaine, une fois mise en conserve, défie les vicissitudes de l'histoire et les altéra- tions, conscientes ou non. Au règne de la tradition, l'écriture substitue Georges Gusdorf, “Réflexions sur la civilisation de l’image.” (1960) 8 l'autorité de la loi ; elle permet le rassemblement et le contrôle de mul- titudes immenses soumises à une discipline formulée une fois pour toutes. Alors se forment les grands empires, les grandes religions, les grandes administrations, dont l'avènement dépend de ce nouveau per- sonnage du lettré ou du scribe, du, juriste, qui est aussi un scoliaste et un commentateur. Avec l'écriture, et grâce à elle, l'humanité entre dans l'histoire, et ensemble l'homme parvient à une nouvelle cons- cience de son destin. La civilisation de l'écriture occupe la majeure partie de l'histoire universelle telle qu'on la conçoit en Occident, puisque la diffusion [13] de l'imprimerie ne date guère que de cinq siècles. Ici encore, le facteur technique apparaît étroitement solidaire de la vie spirituelle dans son ensemble. On peut observer, par exemple, que la civilisation de l'imprimé est une civilisation de la quantité, de la masse, alors que la civilisation de l'écriture garde un caractère aristocratique, oligarchi- que. La structure démocratique apparaît alors, dans le domaine politi- que aussi bien que dans le uploads/Litterature/ reflexions-civilisation-image.pdf
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- Publié le Jan 19, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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