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Noé Monnet 1ère Spé Musique « Les assis » , chanson de Léo Ferré d’après le poè

Noé Monnet 1ère Spé Musique « Les assis » , chanson de Léo Ferré d’après le poème d’A. Rimbaud Première partie : Recontextualisation et explication du poème : 1) Le poème « Les assis » est écrit par Rimbaud au printemps 1871. Né en 1854, il a alors 16 ans lors de l’écriture de ce poème. Il fait alors ses études littéraires dans la classe de Georges Izambard au lycée de Charleville-Mézières. Cependant, le jeune Rimbaud est assez vagabond et ne s’accorde pas à faire ce qu’on lui demande. Il trouve donc son bonheur hors de la société et des autres, mais seul dans la pleine nature, lors de ses fugues par exemple, qu’il nous raconte dans des poèmes comme « Ma bohème ». « Les assis » extrait du recueil Poésies montre des scènes vécues par Rimbaud dans les bibliothèques, la bibliothèque de Charleville-Mézières étant un des rares endroit qu’il fréquentait encore en faisant l’école buissonnière. En effet, avide de littérature il demandait sans cesse aux bibliothécaires de lui dépêcher de vieux ouvrages de littérature antique qui sont durs à trouver. Ainsi dans ce poème composé de 11 quatrains aux alexandrins irréguliers Rimbaud exposera quelques thèmes qui le caractérise lui et sa poésie. En effet, Rimbaud critique les bibliothécaires et en dresse un portrait très péjoratif, les décrits presque comme des monstres, en utilisant un vocabulaire de la vieillesse, et aussi médical, en particulier des maladies. A travers la critique des bibliothécaires, qu’ils qualifient d’assis, comme une uniformité (à cause du pluriel) c’est un rejet de toute la société qu’il démontre, puisque ceux qui sont assis sont ceux qui ont le moyen de s’asseoir, ceux qui ont des richesses, du pouvoir, qui ont autorité sur Rimbaud. Ce rejet de l’opulence s’exprime également dans « Ma bohème ». De plus, il s’éloigne des assis puisqu’ils sont assis dans un intérieur, que Rimbaud rejette, il trouve l’inspiration dans la nature tandis que l’assis lui, reste « entrelacé à son siège » ou erre « dans les corridors » lorsque Rimbaud le dérange. A travers ce rejet des assis, Rimbaud s’affirme et affirme son art, qu’il trouve dans la misère, proche de la nature, et seul. 2) L’atmosphère qui se dégage du poème est assez tendue, en effet le climat est pesant, d’un côté ce texte est une véritable diatribe, Rimbaud critique agressivement ces bibliothécaires. Rimbaud exprime le dégoût qu’il éprouve pour ces « créatures » et leurs faiblesses : « noirs de loupes ; floraisons lépreuses des vieux murs ; doigts boulus ; percaliser leurs peux ; vieillards » il fait même des néologismes pour imager son dégoût et le rendre encore plus véritable. D’un autre côté, Rimbaud se sent menacé par l’assis et son « hargnosité » énonce le « naufrage » que c’est de les faire lever, et enfin, i dit tout de même qu’« ils ont une main invisible qui tue » ce qui fait d’eux des êtres à craindre. Ceci étant l’esthétique dominante est le dégôut, le sale. Deuxième partie : Le climat qui se dégage de la chanson est au début assez sobre, discret, mais également pesant. En effet l’orchestration au début est assez réduite, on y entend un grand accord sur la première note mais ensuite un simple piano une basse et une batterie, ce qui laisse très largement ressortir la voix de Léo ferré. La mélodie jouée (presque scandée) par Léo Ferré, est très articulée, assez uniforme que ce soit rythmiquement parlant ou au niveau des notes (en effet l’ambitus est restreint et le registre stagne dans le grave et les médiums). Le texte est récité de manière staccato, ce qui donne une diction précise qui montre assez bien le dégoût exprimé dans le texte. De plus le langage est modal, la tonalité mineure, cela fait ressortir le climat de sobriété de déception. Enfin on a quelque fois les cuivres qui jouent un chevron sur les temps, qui donnent un regain de tension au climat général, cela permet de faire monter la tension et que l’écoute soit de plus en plus pesante, lourde. Comme on le disait précédemment l’intensité est croissante, l’effectif s’augmente progressivement, on ajoute même un chœur féminin à la fin en plus des autres instruments, les vibratos de la voix principale ajoutent eux aussi de la tension à la musique. Sans m’attendre à cette musique à la lecture du poème, (qui m’évoquait éventuellement un discours a cappella), je trouve que la mise en musique du texte est très judicieuse et colle parfaitement à l’esprit du poème de Rimbaud. En effet la pulsation ternaire n’est pas sans rappeler les barcarolles décrites par Rimbaud dans son poème, de plus le ternaire permet également de faire une analogie aux alexandrins irréguliers du texte, qui donne une impression de mouvement global. L’écriture elle aussi correspond au texte, puisque comme vu précédemment il y a une grande sobriété, discrétion au début du morceau, lorsqu’il décrit le bibliothécaire, puis à la sixième strophe, là où le texte commence à s’emballer, l’apogée de la révolte de Rimbaud, l’intensité du morceau augmente : on rajoute des instruments, d’autres voix, la voix principale exagère (grâce au vibratos) les fins de phrase pour rendre le texte encore plus vivant, et lui donner une esthétique encore plus semblable à celle décrite par Rimbaud. Mon ressenti sur la version d’Oxmo Puccino est subjectif, je n’énonce aucune vérité irréfutable. Je trouve que la version d’Oxmo Puccino apporte une certaine modernité au morceau, puisqu’il le reprend sous influence de courants musicaux tels que le hip hop ou le rap, qui à mon goût sont trop modernes et nous éloignent de l’esthétique rimbaldienne. Cependant le fait d’avoir « remis au goût du jour » le texte, et nous permet d’avoir une nouvelle vision sur le point de vue de Rimbaud qui est donc toujours d’actualité. Oxmo Puccino explore également des nouveaux modes vocaux inutilisés par Ferré, tels que les râlements et onomatopées exagérant encore plus le dégoût ressenti par Rimbaud dans son texte. uploads/Litterature/ rimbaud-musique.pdf