P R É S E N TAT I O N D ’ A I R E S Ils sont sur l’autoroute, chacun perdu dans

P R É S E N TAT I O N D ’ A I R E S Ils sont sur l’autoroute, chacun perdu dans ses pensées. La vie défile, scandée par les infos, les faits divers, les slogans, toutes ces histoires qu’on se raconte – la vie d’aujourd’hui, souvent cruelle, parfois drôle, avec ses faux gagnants et ses vrais loosers. Frédéric, lanceur d’alerte devenu conducteur de poids lourds, Catherine, qui voudrait gérer sa vie comme une multinationale du CAC 40, l’écrivain sans lecteurs en partance pour « Ailleurs », ou encore Sylvain, débiteur en route pour Disneyland avec son fils… Leurs destins vont immanquablement finir par se croiser. Un roman caustique qui dénonce, dans un style percutant à l’humour ravageur, toutes les dérives de notre société, ses inepties, ses travers, ses banqueroutes. Et qui vise juste – une colère salutaire, comme un direct au cœur. Pour en savoir plus sur Marcus Malte ou Aires, n’hésitez pas à vous rendre sur notre site www.zulma.fr. P R É S E N TAT I O N D E L’ A U T E U R Marcus Malte, né en 1967 à La Seyne-sur-Mer, ne cesse de surprendre par la force et la maîtrise, la violence et la tendresse de ses romans. Comme Garden of love ou Le Garçon (Prix Femina), Aires est un sacré coup de maître. Pour en savoir plus sur Marcus Malte ou Aires, n’hésitez pas à vous rendre sur notre site www.zulma.fr. P R É S E N TAT I O N D E S É D I T I O N S Z U L M A Être éditeur, c’est avant tout accueillir des auteurs inspirés et sans concessions – avec une porte grand ouverte sur les littératures vivantes du monde entier. Au rythme de douze nouveautés par an, Zulma s’impose le seul critère valable : être amoureux du texte qu’il faudra défendre. Car il s’agit de s’émouvoir, comprendre, s’interroger – bref, se passionner, toujours. Si vous désirez en savoir davantage sur Zulma ou être régulièrement informé de nos parutions, n’hésitez pas à nous écrire ou à consulter notre site. www.zulma.fr C O P Y R I G H T La couverture d’Aires, de Marcus Malte, a été créée par David Pearson. Allumer le feu (citée aux pages 434-438) a été écrite par Zazie et composée par Pierre Jaconelli et Pascal Obispo. La Montagne (citée aux pages 457-459) a été écrite et composée par Jean Ferrat. Ce projet a bénéficié d’un soutien de la Région Normandie, de la Drac et du Centre national du livre au titre du FADEL Normandie. © Zulma, 2020. ISBN : 978-2-84304-950-7 Ce livre numérique, destiné à un usage personnel, est pourvu d’un tatouage numérique. Il ne peut être diffusé, reproduit ou dupliqué d’aucune manière que ce soit, à l’exception d’extraits à destination d’articles ou de comptes rendus. Le format ePub a été préparé par Isako www.isako.com à partir de l’édition papier du même ouvrage. M A R C U S M A LT E AIRES É D I T I O N S Z U L M A « C’était l’ère du bit – ô sacré bit – et de sa grotesque et profuse engeance. Des multiplets à satiété : par kilos, par mégas, par gigas, par téras. Pauvre pauvre petit code binaire. Femelle 0 et mâle 1. Imaginez un instant ce malheureux couple s’efforçant de garder dans les ranks ses innombrables rejetons, ceux-ci n’étant chacun ni plus ni moins que le copycol de l’une ou de l’autre, son reflet à l’identique et strictement reproduit en une suite à la perspective infinie. Quelle vertigineuse, quelle implacable mise en abyme ! 0 ou 1 : pas d’autre valeur. Pas d’autre alternative. Tous réduits au néant ou à la plus simple unité. Tous condamnés à la nullité ou à la solitude. Quelle misère ! Oui, chers fellowers, c’était l’ère des premiers descendants de l’auguste DOS : MS-DOS, DR-DOS, SACER- DOS, CRA-DOS et j’en passe. Nous avions là les prémices des prémices. À présent des vestiges. Des restes. Un amas de vieux OS dédigitalisés, exhumés des abîmes du primware. DinOSaurus numericus… adiOS ! Qu’ils reposent en paix dans la mémoire morte et le cœur fier des cartes mères ! Triste sort que le leur. Le nôtre était-il plus enviable ? Je vous pose la question. Et quand je dis « le nôtre », j’entends évidemment celui des dignes représentants de la FORTY SIX COMMUNITY . Les nobots. Hémos et carnés, garantis sans silicium ajouté. Je parle des porteurs de ce fameux génome dont nous sommes les héritiers. Je parle de nos ancêtres. Et par conséquent, je parle aussi de vous. De moi. De nous tous ici – le grand Raz reconnaîtra les siens ! Vous êtes-vous déjà demandé d’où vous venez ? De qui ? Ces antiques ascendants dont nous partageons la souche, savez-vous ce qu’ils étaient ? Ce qu’ils n’étaient pas ? Et comment ils vivaient ? Avez-vous la moindre idée de ce qui, à l’aube du troisième mil ante reset, constituait leur existence ? Hormis notre code source – ces quatre dizaines et six unités de chromosomes qui nous caractérisent – qu’avons-nous en commun ? Y avez-vous jamais songé ? Certainement non. C’est pourquoi, mes très chers mais toujours hypothétiques graduates, je vais maintenant vous entretenir d’un temps que même les diligents happyculteurs de l’USID n’ont guère pris la peine de passer au screeble. J’ai cherché, je vous assure : rien. Aucune datalyse sur le sujet. Pourquoi ? Je l’ignore. Curieuse négligence. Étonnante omiss. Une faute, à mon avis. Pour comprendre la naissance d’une civilisation, les raisons de son avènement, il me paraît indispensable d’étudier le déclin et la mort de celle qui l’a précédée. Savoir, en somme, sur quel tas de fumier a poussé la rose. « Fumier »…? Quelqu’un aurait-il une définition à nous proposer ?… Hmm. Je suborre que pas un ionce d’entre vous n’a jamais entendu prononcer ce mot. À vos Screepto ! Vous aurez au moins appris ça. Fumier : Engrais à base de litières et de déjections animales . Animales, oui. Ces créatures n’étaient pas rares en ce temps-là, et leurs excréments utilisés à fin d’amendement. Ne faites donc pas ces grimes ! Pour ce qui est de la « rose », je vous laisse le soin de chercher par vous-mêmes. Voilà ce qui vous attend. Nombre de références vous seront étrangères. D’anciens lemmes, inconnus de tous nos protocoles actuels. Par souci d’objectivité, j’ai choisi de relater dans le dialecte originel. Serveur plat. Pas de converse. J’ai pensé un temps vous proposer un glossaire, puis j’y ai renoncé. Si vous voulez tout comprendre, faites comme moi : plongez dans les arkandres du rézo, explorez, creusez, trackez ferme, forez dans les strates les plus profondes de la hotsphère, dans les couches primaires du vieux cloud. Tout y est, de toute éthernité. Vous n’êtes pas au bout de vos peines. Pas non plus au bout de vos surprises : nos progéniteurs vous en réservent quelques-unes, et de taille ! Si leur langage vous paraîtra souvent étrange, je vous garantis que leur processprit n’est pas en reste. Ode à l’odd ! Le freak règne ! De quoi secouer vos gélatineuses méninges, jeunes osebs. Vous voulez des exemples ? Ils ne manquent pas. Sachez, pour commencer, que c’était l’ère de la procréation dite naturelle. Accopulence libre. Calink organique. Gésine incontrôlée. Excepté dans certaines zones rouges, on se multipliait à l’envi. Sans mesure, sans restriction. Coït ad lib. Mâle comme femelle. Ça ne vous rappelle rien ?… Mais si ! Le bit model : reproduction exponentielle et infinie. 0 et 1. Elle perpétuellement 0pen comme la bouche d’un fischat qui s’asphyxie, et lui 1flexible, raide, dressé en permanence tel le totelisque de la place du Jour d’après. Aussi pitoyables qu’obscènes ! C’était l’ère de l’individu. L’egoprime au paroxysme. Moi exclusif. Unité centrale. Un + un + un + un… qui jamais ne font somme. Les hommes toujours au singulier. Chacun farouche gardien de sa propre prison (single cell, single cell, ils chantaient !) Chaque partie se prenant pour le tout, et le tout pris pour entité négligeable. Et quoi encore ? Ceci : c’était l’ère du labor généralisé. À l’échelle universelle. Esclavail pour tous ! Cette punition que nous réservons à nos pires déviants était pour eux un but, une quête, un upgraal suprême. Ils en voulaient. Ils en demandaient et redemandaient. Avec quelle aviddicté ils le recherchaient ! Pas de plus puissant motif d’efforts et de sacrifices et de compromissions. C’était, je dirais même, l’un des fondements de leur ecosyst. Le monde à l’envers. Ils donnaient volontairement (volontairement !) la part la plus précieuse de leur temps, de leur matière grise, de leur sueur, et ce en troc de quoi ? De gages ! Un tribut qu’ils appelaient « salaire »… Ah ! Je vois que le terme vous tritille l’oreille. En effet, c’est bien là l’origine de « sale aryé », injure dont vous usez et abusez sans discerne. Simple distorsion sémantique uploads/Litterature/ roman-aires-pdf-de-marcus-malte-2022.pdf

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