Claire BOSC – Delphine DELANSAY SEQUENCE CULTURE GENERALE ET EXPRESSION BTS THE
Claire BOSC – Delphine DELANSAY SEQUENCE CULTURE GENERALE ET EXPRESSION BTS THEME : A TOUTE VITESSE ! Séance 1 : Prenons le temps de réfléchir « A toute vitesse ! » Exercices sur le vocabulaire du thème 1. Proposer des expressions et une métaphore comportant le mot « temps ». 2. Classer les mots ou expressions suivants dans un tableau en formulant les différentes entrées possibles. (Groupes de 2) accélération, aérodynamisme, allegro, atermoiement, bolide, circuit, contemplation, diffusion de l'information, élan, embouteillage, empressement, ennui, flow (rap), fulgurance, griserie, hâte, immédiateté, imminence, immobilité, immobilisme, indolence, inertie, information en temps réel, instantanéité, ivresse, lenteur, marche, méditation, optimisation, paralysie, paresse, patience, pesanteur, procrastination, promptitude, ralentissement, record, retard, rythme, slow, spontanéité, sprint, statisme, tapis volant, téléportation, tempo, temps médiatique, tergiversation, TGV, ubiquité, urgence, vélocité, virtuosité. Expressions : vivre à cent à l'heure, vitesse de croisière, vitesse de la lumière, à la vitesse de l'éclair, tout schuss, vitesse grand V, excès de vitesse, course contre la montre, à toute allure, au pas de course, fast food, slow food, prendre de court, mur du son, en perte de vitesse, flux tendu, blitzkrieg, Formule 1, 24 heures du Mans, c'est un vrai marathon, fondre sur sa proie, perdre son temps, prendre son temps, tirer plus vite que son ombre, limitation de vitesse, mesure dilatoire, un train de sénateur, se hâter avec lenteur, festina lente, en mode accéléré, au ralenti, confondre vitesse et précipitation, illico presto, Chi va piano, va sano e va lontano, « Citius, Altius, Fortius », faire long feu, prendre de vitesse, à deux vitesses. 3. Proposer un paragraphe synthétique sur les métaphores du temps. Lecture du texte de Nicole Aubert Le Culte de l’urgence. Claire BOSC – Delphine DELANSAY Texte complémentaire : Raymond Devos (1922-2006), « Où courent-ils ? » https://www.youtube.com/watch?v=B0OaMq5JgHk Excusez-moi, je suis un peu essoufflé ! Je viens de traverser une ville où tout le monde courait...Je ne peux pas vous dire laquelle... je l'ai traversée en courant. Lorsque j'y suis entré, je marchais normalement, mais quand j'ai vu que tout le monde courait... je me suis mis à courir comme tout le monde sans raison ! A un moment je courais au coude à coude avec un monsieur... - Dites-moi... Pourquoi tous ces gens-là courent-ils comme des fous ? - Parce qu'ils le sont ! Vous êtes dans une ville de fous ici... Vous n'êtes pas au courant ? - Si, si, des bruits ont couru ! - Ils courent toujours ! - Qu'est-ce qui fait courir tous ces fous ? - Tout ! Tout ! Il y en a qui courent au plus pressé. D'autres qui courent après les honneurs... Celui-ci court pour la gloire... Celui-là court à sa perte ! - Mais pourquoi courent-ils si vite ? - Pour gagner du temps ! Comme le temps, c'est de l'argent, plus ils courent vite, plus ils en gagnent! - Mais où courent-ils ? - À la banque ! Le temps de déposer l'argent qu'ils ont gagné sur un compte courant. et ils repartent toujours courant, en gagner d'autre !" - Et le reste du temps ? - Ils courent faire leurs courses au marché ! - Pourquoi font-ils leurs courses en courant ? - Je vous l'ai dit, parce qu'ils sont fous ! - Ils pourraient tout aussi bien faire leur marché en marchant, tout en restant fous ! - On voit bien que vous ne les connaissez pas ! D'abord le fou n'aime pas la marche... - Pourquoi ? - Parce qu'il la rate ! - Pourtant, j'en vois un qui marche !? - Oui, c'est un contestataire ! Il en avait assez de courir comme un fou, alors il a organisé une marche de protestation ! - Il n'a pas l'air d'être suivi ? - Si, mais comme tous ceux qui le suivent courent, il est dépassé ! - Et vous, peut-on savoir ce que vous faîtes dans cette ville ? - Oui ! Moi j'expédie les affaires courantes. Parce que même ici, les affaires ne marchent pas ! - Et où courez-vous là ? - Je cours à la banque ! - Ah !... Pour y déposer votre argent ? - Non ! Pour le retirer ! Moi je ne suis pas fou ! - Mais si vous n'êtes pas fou, pourquoi restez-vous dans une ville où tout le monde l'est ? - Parce que j'y gagne un argent fou ! C'est moi le banquier ! Claire BOSC – Delphine DELANSAY Nicole Aubert, Le Culte de l’urgence - La société malade du temps, 2003. Pour saisir la nature de cette mutation, il suffit de regarder les métaphores les plus courantes que l'on emploie à propos du temps et de noter leur évolution. La plus ancienne, la plus rebattue, celle qui a accompagné presque toute l'histoire de la pensée à propos du temps est certainement celle qui fait référence à l'idée de labilité, de flux et de « fuite » du temps : le temps « s'écoule », le temps « passe », le temps « fuit »... Cette idée associant le temps au flux d'un fleuve remonte au moins à Héraclite, sensible au changement perpétuel de l'univers et pour qui, on s'en souvient, « on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve » et certainement à Marc-Aurèle, empereur philosophe pour qui le temps était « un fleuve fait d'événements». Toujours présente, presque incontournable, tant elle exprime l'indissociable symbiose entre le temps et la vie qui, elle aussi, « s'écoule » et passe avec le temps, cette métaphore n'en pose pas moins un certain nombre de questions que souligne fort justement le physicien Étienne Klein : « Si le temps s'écoule, par rapport à quoi s'écoule-t-il? Nous sommes dans le temps mais le temps, lui, dans quoi est-il ? S'il est comme un fleuve, qu'est- ce qui fait office de lit? Quelles sont les berges du temps, quel est pour le temps l'équivalent des berges du fleuve ? La métaphore postule subrepticement l'existence d'une réalité intemporelle dans laquelle passe le temps... » Le second groupe de métaphores, plus contemporaines mais surtout rattachées à une conception occidentale du temps a trait à la notion de possession et de rentabilité : « Avoir du temps », « manquer de temps », « perdre son temps », « gagner du temps» dévoilent que le temps, par essence insaisissable, se présente à nous comme une donnée quantitative que nous cherchons justement à saisir, à posséder, que nous voulons soumettre et dominer. Dans cette conception, le temps est un objet, un bien que l'homme cherche à acquérir et les termes en question sont étroitement corrélés à l'identification du temps à l'argent, propre à la mentalité capitaliste (« souviens-toi que le temps, c'est de l'argent », rappelle Benjamin Franklin dans ses « Conseils indispensables à celui qui veut devenir riche »). Cette conception du temps est complètement dominante dans notre société et sous-tend totalement notre manière contemporaine d'appréhender le temps. Nous en verrons les implications. Il est cependant un troisième type de métaphores concernant le temps, beaucoup plus récent — une douzaine d'années au maximum — mais qui a envahi à une vitesse foudroyante le champ des représentations contemporaines à propos du temps. Toutes les analyses économiques et sociales actuelles font en effet dorénavant état de la contraction du temps, de l'accélération du temps, de la compression du temps, induites par la mondialisation et le fonctionnement « en temps réel » de l'économie. Il ne s'agit pas, bien au contraire, de nier les mutations économiques considérables qui ont conduit à l'émergence de ces métaphores mais simplement de souligner que, tout comme la métaphore du flux, elles confèrent au temps une dimension ontologique en lui donnant un statut autonome, indépendant des êtres, des choses ou des processus qui l'auraient conduit, dans le premier cas, à s'écouler ou, dans le dernier, à se contracter, s'accélérer ou se comprimer. Ronsard avait déjà réajusté la métaphore du temps qui fuit en rappelant que ce sont les êtres qui passent et non le temps : « Le temps s'en va, le temps s'en va, Madame, las, le temps non, mais nous nous en allons...» Il nous appartient de rectifier la dernière en montrant que, là encore, ce sont les individus — et non le temps — qui accélèrent toujours davantage, se contractent et se compriment toujours plus pour répondre aux exigences d'une économie et d'une société qui tournent à vitesse toujours plus grande, exigent des performances toujours plus poussées et des actions toujours plus immédiates. Pour y répondre, nous sommes plus que jamais conduits à vouloir non seulement posséder le temps mais, plus encore, le dominer, en être maîtres, bref à vouloir triompher du temps. Les enfants de Chronos ont engagé un combat «titanesque » dont les effets en retour se font déjà sentir. Claire BOSC – Delphine DELANSAY Séance 2 : A toute vitesse, un principe de la modernité ? Documents : Hartmut Rosa1, Aliénation et accélération, vers une théorie critique de la modernité tardive, 2012. uploads/Litterature/ sequence-culture-generale-et-expression-bts.pdf
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- Publié le Oct 12, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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