Soldats de France Magazine d’histoire militaire de l’armée de Terre OPÉRATION B
Soldats de France Magazine d’histoire militaire de l’armée de Terre OPÉRATION BONITE - KOLWEZI N°1 - Février 2017 2 Éditorial A lors que nous sommes entrés dans une année nouvelle, que les uns et les autres ont rivalisé d’imagination pour formuler des vœux, nos regards ont logiquement été attirés au-delà de l’horizon. Pourtant, pas un discours, vous pourrez le vérifier, n’a fait l’impasse du bilan, de l’inventaire et de la rétrospective. Ainsi sommes-nous faits : nous avons besoin d’hier pour construire demain. C’est un peu l’ambition de ce nouveau magazine trimestriel dont je suis heureux d’introduire le premier numéro. « Soldats de France » est un outil pour et sur l’armée de Terre. Au travers de récits de campagne, de témoignages et de portraits singuliers, d’anecdotes multiples sur les équipements comme la symbolique, ce feuillet numérique vous permettra de prendre un peu de recul sur votre quotidien en vous plongeant dans la richesse d’un passé dont peu d’institutions peuvent se prévaloir. J’ai voulu qu’il se distingue des nombreuses productions d’histoire militaire existantes par un caractère résolument opératoire, pour que chacun d’entre nous puisse, en s’en appropriant le contenu, se construire autour de trois axes : • la connaissance du métier : l’histoire est riche d’enseignement sur la stratégie, la tactique et les techniques de combat. Le retour d’expérience de nos anciens est d’une richesse infinie, qu’il s’agisse de la Guerre du Péloponnèse autant que de l’opération Serval. • l'adhésion à l’unité : les traditions constituent un formidable moteur de la fierté de servir dans un régiment, d’appartenir à une arme ou une subdivision d’arme. • la cohésion au sein de l’unité : tout corps social, qui plus est militaire, se construit sur un patrimoine commun et se fédère autour d’un héritage partagé. Si la lecture relève plutôt de la discipline individuelle, « Soldats de France » se veut d’abord un outil collectif, un outil pédagogique au service des cadres de contact auxquels je donne la mission d’en assurer la plus large diffusion possible et de transmettre à leurs subordonnés le goût de l’histoire en la rendant vivante, concrète et utile. Général d’armée Jean-Pierre Bosser Chef d’état-major de l’armée de Terre 3 SOMMAIRE Directeur de la publication : GBR Yves de GUIGNE Rédacteur en chef : LCL Rémy PORTE Comité de rédaction : COL Thierry NOULENS, LCL Vincent ARBARETIER, LCL Jean BOURCART, LCL Frédéric JORDAN, CDT Rémi SCARPA, CNE Julien MONANGE Adresse mail : emat-histoire.referent.fct@intradef.gouv.fr Opération BONITE (Kolwezi)..................................................................4-6 Les artilleurs du mont Igman................................................................7-9 Le légionnaire de Kolwezi.......................................................................10-11 La croix de la valeur militaire a 60 ans..............................................12-13 Jusqu’au bout de la mission : le lieutenant BOURGUIGNON......14-15 Histoire du 35e régiment d’infanterie à travers son insigne. ......16 4 Opérations L’opération aéroportée sur Kolwezi (19 mai 1978) Le Congo a obtenu son indépendance de la Belgique en 1960. En 1971, Mobutu le baptise Zaïre ; la province minière du Katanga devient le Shaba. Un accord de coopération militaire est signé avec la France en 1974. En 1978, les deux grands s’affrontent de manière indirecte en Afrique. Les Soviétiques y mènent une politique de déstabilisation grâce aux troupes cubaines d’Angola. Des rebelles ex-katangais préparent un coup de force contre le Shaba dont le cuivre fournit près des 2/3 des revenus du Zaïre. En mai 1978, ils s’infiltrent à partir de la Zambie ; le 13, 3 500 Tigres-commandos de Mbumba s’emparent de l’aérodrome de Kengere, coupant les communications de la cité minière de Kolwezi. Cette ville de 40 Km² et de 100 000 âmes dispose d’un aérodrome et d’une station radio. Divisée en quartiers identifiables - vieille ville à l’Ouest, ville européenne à l’Est, Manika au Sud-est - Kolwezi possède un hôpital et un lycée. 3 000 occidentaux travaillent pour la Société Générale des Carrières et des Mines. A l’arrivée de rebelles, les forces zaïroises l’abandonnent. Des habitants sont abattus, d’autres pris en otage. L’ambassade de France à Kinshasa est alertée. Mobutu affirme à Paris qu’il contrôle la situation. Mais que veulent les rebelles ? Piller et se retirer ou tenter un coup de force ? Mobutu semble incapable de faire face. Des interceptions font état d’exécutions sommaires à Kolwezi. Dès lors, comment sauver les expatriés sans intervention militaire ? Et si l’on s’y décide, comment faire sans heurter l’opinion internationale ? Le 14, Mbumba déclenche une offensive. L’armée zaïroise étant en difficulté, Mobutu appelle à l’aide. Le COL Gras (MMF au Zaïre) suggère une OAP à Paris. L’accueil de Bruxelles est réservé. Les rebelles exécutent pourtant les pro-Mobutu et les Blancs qui refusent d’être détroussés ; terrorisées, leurs familles se terrent. Le 15, les exactions s’accélèrent. Gras transmet l’ébauche d’un plan d’OAP. Opération BONITE Kolwezi ©René-Paul BONNET/ECPA/ECPAD ©René-Paul BONNET/ECPA/ECPAD LCL O. Lahaie 5 Opérations Conscient de l’impossibilité d’un renfort après la mise à terre, il mise sur la surprise ! De toute manière, le temps presse. Les Belges souhaiteraient se contenter d’évacuer les ressortissants européens. La journée s’achève sans qu’une décision soit arrêtée… On estime que plusieurs centaines de rebelles ont déjà quitté Kolwezi ; à Manika, il n’en resterait que 500 et quelques Cubains. Le moment parait donc opportun, mais il manque le courage politique pour lancer l’opération. Au matin du 16, des parachutistes zaïrois sautent sur Kolwezi ; d’autres progressent depuis Lubumbashi. Si les pertes gouvernementales sont lourdes, l’aérodrome est repris. Se croyant attaqués par des unités aidées de soldats européens, les Tigres massacrent les otages. Devant l’urgence, le président Giscard d’Estaing décide d’intervenir. La France assurera l’OAP au plus près de Kolwezi. Puis la Belgique procédera à l’évacuation des Européens. Avec l’accord du gouvernement zaïrois, Londres enverra en Zambie quatre avions de ravitaillement, puis assurera le rapatriement des Britanniques. Enfin, Washington gèrera la logistique. L’unité française qui est en alerte Guépard est le 2e REP. Seule unité parachutiste de la Légion, il a fait partie de la 11e DP, mais peut aussi être engagé comme l’infanterie traditionnelle grâce à ses véhicules. Le REP compte plus de 1 000 hommes. Commandée par le COL Erulin, cette unité professionnelle est adaptée à l’intervention. Mais il faudra réquisitionner des avions pour aller à Kinshasa. Pour le largage, six avions tactiques sont nécessaires ; la France n’en a que deux. Après avoir repris Kolwezi, les Français devront rétablir la normalité au Shaba. Le 17, le délai d’alerte du REP passe de 72h00 à 06h00. Deux équipes du 13e RDP et une du 1er RPIMa sont envoyées à Kolwezi pour recueillir du renseignement. Á 20h00, le REP achève ses perceptions ; dans la nuit du 17 au 18, son délai d’alerte est diminué de moitié. Sans en connaître motif, il se déplace vers Solenzara. ©René-Paul BONNET/ECPA/ECPAD 6 Opérations Le 18, le général Lacaze ordonne de délivrer Kolwezi. 4 DC-8 d’UTA et 1 du Transport Aérien Militaire emportent les légionnaires vers Kinshasa ; un 707 d’Air France transporte le matériel. Les perceptions commencent en soirée et les Cies sont briefées. Si les légionnaires ont le sentiment de réaliser un sauvetage et s’ils sont surentraînés, peu ont une expérience opérationnelle. En outre, les renseignements font défaut ; 700 hommes vont sauter à 250 m./sol sous le feu adverse. Le 19 à 11h00, la 1ère vague (405 h.) embarque dans 1 Transall et 4 C-130 zaïrois. A 15h30, elle est larguée sur l’aéroclub. Les parachutistes déplorent 6 blessés ; un isolé est tué. Le regroupement effectué, ils marchent sur Kolwezi où des charniers sont découverts ; les clichés de Paris-Match légitimeront l’opération. Une colonne blindée est détruite par les légionnaires ; plusieurs embuscades mettent l’ennemi en fuite. La 2ème vague (250 h.) reçoit l’ordre de reporter son saut à l’Est de Kolwezi. Les Français se sont emparés des points clés, y regroupant 2 800 otages. Le 20 à 06h30, la 2e vague coupe la retraite aux Tigres. Les parachutistes belges facilitent l’évacuation, laissant le ratissage au REP. L’après-midi, Kolwezi est libérée. Transportant les Européens jusqu’à Kamina, les Belges les acheminent le 21 sur Bruxelles avec huit Boeing. Fin juin, une force africaine assure la relève. Malgré la fulgurance de Bonite, les Tigres ont tué 700 Africains et 170 Européens. Le REP a perdu 5 hommes, les Belges 1, les Marocains 1. La force d’intervention compte 20 blessés, l’armée zaïroise 14 tués et 8 blessés. 250 rebelles ont péri et 160 ont été capturés. Les légionnaires ont détruit 4 automitrailleuses, saisi 1 000 ALI, 10 mitrailleuses, 38 FM, 21 RPG7, 15 mortiers et 4 canons. Si Bonite fut un succès militaire, cette opération d’évacuation inédite a provoqué des turbulences dans une région déjà bien troublée. Par la suite, le départ des Européens a encouragé le pillage, et le tissu industriel s’est momentanément désagrégé. ©René-Paul BONNET/ECPA/ECPAD ©René-Paul BONNET/ECPA/ECPAD 7 Batailles En 1995, l’ONU (organisation des Nations-Unies) est engagée, depuis près de 3 ans, en Ex-Yougoslavie et tout particulièrement en Bosnie où une guerre fratricide oppose Serbes, Bosniaques et Croates. Hier, citoyens d’un même pays, ces groupes ethniques s’opposent violemment depuis le 6 avril 1992 dans des combats meurtriers où la population est souvent la première victime des snipers, massacres et autres uploads/Litterature/ soldats-de-france-n01.pdf
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- Publié le Apv 06, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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