Remerciez-le!

Remerciez @Admin pour avoir partagé cet document gratuitement, de la manière la plus simple, en partageant sur les réseaux sociaux.

SOURCES CHRÉTIENNES CLÉMENT D'ALEXANDRIE LES STROMATES STROMA TE VII INIRODUcnO

SOURCES CHRÉTIENNES CLÉMENT D'ALEXANDRIE LES STROMATES STROMA TE VII INIRODUcnON, 1EXTE CRI11QUE, TRADucnON, ET NOTES par Alain LE BOULLUEC Directeur d'Études à l'École Pratique des Hautes Études (S" section) Ouvrage publié avec le concours de l'Œuvre d'Orient LES ÉDITIONS DU CERF, 29, Bd de Latour-Maubourg, PARIS 7e 1997 La publication de cet ouvrage a été préparée avec le concours de I1nstitut des «Sources Chrétiennes» (UP.R.E.SA. 5035 du Centre National de la Recherche Scientifique) * Je tiens à dire ma gratitude à l'Institut des «Sources Chrétiennes» et tout particulièrement à remercier M. Bernard Meunier, dont la relecture attentive a été très précieust: et dont les suggestions m'ont été d:un grand secours pour la mise au point finale de l'ouvrage. A. Le Boulluec © Les Éditions du Cerf, 1997 ISBN: 2-204-05828-9 ISSN: 0750-1978 INTRODUCTION I. PLAN ET PROPOS DU LIVRE VII DES STROMATES Au début du Stromate VI (l,l,n, Clément annonce que ce livre, avec le septième, doit mener à son terme la réflexion éthique. À la fin du Stromate VII 08,110,4), il précise que cette tâche est achevée. Les Stroma tes ne sont pas clos pour autant, puisque Clément projette, en VII 15,89,1, de répondre, en passant «au Stroma te sui- vant», aux objections des Grecs et des juifs. Une section apologétique doit donc succéder à l'éthique, section consa- crée notamment à «résoudre les difficultés soulevées ... au sujet de la venue du Seigneur» (Strom. VI 1,1,4)1. Au même endroit du prologue du livre VI, on apprend que l'exposé sur l'éthique, dans le VIe et dans le VIle Stromates, a pour objet de décrire ce qu'est le mode de vie du gnostique, et de montrer «aux philosophes que celui-ci n'est absolument pas athée ... , mais qu'il est seul à être réellement pieux». La rédaction obéit à ce plan, après les compléments apportés par le livre VI aux dévelop- pements du livre V sur le thème du larcin des Grecs (VI 2,4,3 - 3,34,3) et des «meilleurs des philosophes» parmi les Barbares, Égyptiens et Indiens (VI 4,35,1 - 38,12), et sur le rôle de la philosophie grecque dans l'histoire de la révélation salvifique (VI 5,39,1 - 6,53,5). Le portrait du 1. Sur ce programme de Clément, voir l'étude capitale de P. NAUTIN, La fin des Stromates ... , p.289-291. 8 INTRODUCTION vrai gnostique et la définition normative de sa conduite, fondée sur la connaissance de l'enseignement divin, sont associés dans le Stromate VI à la comparaison avec la sagesse grecque (7,54,1 - 8,70,4) et à d'autres exposés complétant le livre V, sur «le genre symbolique» (cf. Strom. VI 2,4,2), au moyen d'exemples d'interpréta- tions figurées des Écritures saintes (ainsi en Strom. VI 10,80,1 - 11,88,5; 15,126,1 - 16,148,6). La critique des conceptions que les philosophes grecs ont de la divinité y est aussi clairement formulée 2. La défense et l'illus- tration de la piété du gnostique sont cependant présentées de manière explicite et argumentées de façon ordonnée dans la première partie du Stromate VII. On sait d'autre part que si les Stroma tes s'en tiennent au «lieu éthique», ils contiennent des semences de gnose, offertes à la sagacité des chercheurs 3. Elles ne peuvent être absentes des réflexions sur la vie et sur la religion du gnostique; les premières lignes du Stromate VI le redisent indirectement: de telles réflexions sont limitées à «ce qu'on pourra sans danger mettre par écrit dans un aide-mémoire» (1,1,1). La suite de ce prologue le répète plus fermement, avec l'image des «étin- celles» (1,1,2), reprise à la fin du Stromate VII: «Nous avons donc ainsi achevé cet exposé préalable et tracé sommairement les lignes principales de l'éthique; nous y avons semé, comme nous l'avions promis, les étincelles des doctrines de la gnose véritable, en les dispersant et les éparpillant, afin qu'il ne soit pas donné au premier venu des non initiés d'y trouver aisément les doctrines relatives aux choses saintes» (18,110,4). Le lecteur est donc invité à chercher aussi dans ce livre, qui appartient 2. Voir en particulier le développement qui commence en Strom. VI 17,149,1. 3. A. MÉHAT, Étude, p.421-522. PLAN ET PROPOS DU LIVRE VII 9 au genre «hypomnestique» 4 des Stromates, des ensei- gnements conduisant à «la physiologie réellement gnos- tique» 5 et à «l'époptie », c'est-à-dire au contenu même de la gnose, concernant Dieu, la création, la nature et la fin de l'homme) et des créatures spirituelles, et tel qu'il est rendu accessible par la compréhension de « la pro- phétie» et de «l'évangile». Ces enseignements sont effec- tivement présents. Nos notes tâcheront d'en rendre compte. Organisation générale du livre VU On dit trop souvent que les Stromates sont confus. S'il est un livre qui dément cette allégation, c'est bien le sep- tième. La répartition en grands ensembles est claire, les liens entre les unités larges sont solides, et l'organisation interne des exposés fondamentaux est aisément repérable. Sans doute l'écriture et la composition sont-elles fidèles au style des Stromates, en tissant le texte de citations et d'allusions, et en traitant toujours de plusieurs sujets à la fois, mais la subtilité de la structure, dans le détail, ne nuit pas à la cohérence de l'ouvrage. Trois développements principaux apparaissent: le pre- mier, introduit par le prologue du livre, . répond à l'ac- 4. Sur le sens du terme {l1t0fJ.V~fJ.otTot appliqué par Clément à ses Stromates, les analyses de A. MÉHAT, Étude, p.106-112, restent fonda- mentales. Des compléments éclairants sont apportés par A. VAN DEN HOEK, «Techniques of Quotation ... », p. 225 et 238s. On sait d'autre part que le terme était utilisé dans le classement des ouvrages d'Aristote; Alexandre d'Aphrodise, déjà, cpntemporain de Clément, ne tenait pas en haute estime la valeur philosophique des « écrits hypomnéma- tiques» (cité par SIMPUCIUS, Commentaire sur les Catégories, traduction commentée, sous la direction de 1. Hadot, trad. de Ph. Hoffmann, Fasc. 1, Leyde 1990, p. lOs., commentaire de 1. Hadot, p. 66 et 71). Clément, au contraire, trouve le genre adapté à <<la subtilité de l'examen» (Strom. 1,1,16,1). . 5. Le sens et la portée de l'èxpression sont étudiés par L. RrZZERIO, Clemente di Alessandria e la fisiologia veramente gnostica, Louvain, 1996. 10 INTRODUCTION cusation d'athéisme portée contre les chrétiens, et pré- sente le culte rendu à Dieu par le gnostique comme la seule forme de piété véritable 0,1,1 - 9,54,4); il se termine ainsi: «Donc le chrétien n'est pas athée (c'est le point qu'il fallait prouver aux philosophes); aussi son activité ne sera-t-elle jamais, d'aucune manière, mauvaise ou hon- teuse, c'est-à-dire injuste. Il en résulte que, loin d'être impie, seul il est réellement religieux de façon pieuse et appropriée; il vénère en effet pieusement selon la véri- table dévotion religieuse celui qui est réellement Dieu, qui a la maîtrise, la royauté et le pouvoir universels.» Le second développement décrit la vertu parfaite du gnos- tique, conforme à sa piété, et sa conduite à l'égard d'autrui, en accord avec la pureté de son amour pour Dieu 00,55,1 - 14,88,7). Une phrase en signale la fin: « Voilà donc ce qui devait être dit aux Grecs à propos du gnostique, de la façon la plus brève possible, et sous forme de semences» 04,84,1). Une. récapitulation des remarques sur la perfection est ensuite proposée, au moyen d'une paraphrase orientée du chapitre 6 de la première Épître aux Corinthiens (14,84,2 - 88,7). La troi- sième partie principale s'efforce de résoudre les difficultés suscitées par l'existence des divisions dans le christia- nisme et constitue une réfutation sobre et charpentée des «hérésies» 05,89,1 - 18,110,3); comme la seconde, elle s'achève par l'interprétation d'un passage scripturaire, Lévi- tique 11,3s. (18,109,1 - 110,3). La conclusion souligne l'achèvement du programme éthique des Stromates 08,110,4) et donne une description nouvelle du genre de cet ouvrage (18,111,1-3), qui brode sur la comparaison fournie par le prologue du Stromate VI 0,2,1-4), lequel avait réuni thématiquement les livres VI et VII (VI,l,l,l). Les liens entre les deux premiers développements sont évidents. Ceux qui les associent au troisième sont de prime abord moins visibles. L'exposé sur les sectes dirige PLAN ET PROPOS DU LIVRE VII 11 en effet l'attention vers une autre section des Stroma tes : il s'agit de supprimer un obstacle, effort nécessaire pour être en état de réfuter les objections de nature doctrinale faites par les Grecs et par les juifs (VII 15,89, l); une fois accomplie cette suppression préalable, Clément peut annoncer la section apologétique, qui devait suivre «l'éthi- que» 6; c'est la dernière phrase de ce livre: «Après le septième Stromate que nous avons donné ici, nous expo- serons la suite en prenant un nouveau départ» (VII 18,111,4). Les juifs, d'autre part, ne figurent pas comme interlocuteurs dans les deux premières parties du StromateVII, alors qu'ils sont ajoutés aux Grecs en 15,89,1, et que l'exégèse symbolique de la loi sur les animaux purs et impurs les prend aussi à partie, à côté des sec- taires, en 18,109,3-4. La cohérence interne du livre n'est pas troublée cependant par cette ouverture sur la suite de l'ouvrage projetée par l'auteur. L'exposé polémique contre les hérésies arrive uploads/Litterature/ sources-chretiennes-428-clement-d-x27-alexandrie-stromate-vii-les-editions-du-cerf 1 .pdf