I - DES GRAMMAIRES ANTIQUES AUX PREMIERES GRAMMAIRES CLASSIQUES 1.1. Avant Port

I - DES GRAMMAIRES ANTIQUES AUX PREMIERES GRAMMAIRES CLASSIQUES 1.1. Avant Port-Royal Comme le montre Georges Mounin dans son excellente Histoire de la linguistique des origines au XX siècle, nous avons peu de certitudes concernant l’Antiquité à l’exception des Grecs avec lesquels la situation change: ils ont porté intérêt à la langue et ont écrit sur elle. Les grammairiens grecs vont constater des variations systématiques du verbe et du nom: ce sont les notions de temps et de flexion. Au Moyen Age et pendant des siècles, la description grammaticale se borne au latin, ainsi s’expliquer pourquoi jusqu’à Henri Estienne on ne reconnaît pas l’article comme partie du discours: il n’existe pas en latin. “ Grammatica ” y est synonyme de latin classique et la grammaire scolaire se souviendra de cet héritage. 1.2. Port- Royal Avec Port- Royal(1660), au souci de former la notion d’une règle et d’un “ bon ” usage français ou “norme” va superposer la tentative de rendre compte des rapports du langage et de la pensée au travers d’une armature logique. Il y a eu beaucoup d’agitation autour du concept de norme et on n’a pas peu simplifié le travail des enseignants à vouloir imposer des options avant tout idéologiques. Selon Popin: “ Il n’est pas interdit de penser que les idées, sur ce point sont singulièrement embarrassées de considérations idéologiques, où se mêlent pour la circonstance les notions de didactisme, d’autoritarisme, de centralisme Thème 14 page 1 etc. La grammaire est une didactique; elle est normative dans les deux acceptions du mot: - elle nomme les choses de la langue pour les décrire et les classer - elle définit la langue dans ses conditions optima de fonctionnement Cette norme dont il est question au XVIIème siècle va évoluer avec la langue et il appartient à l’enseignant de déterminer ce qui est norme et ce qui est simple usage. Le grand intérêt de cette “ grammaire générale ” de Port-Royal est de définir un certain nombre de principes et de phénomènes valables pour toutes les langues comme résultant de règles logiques universelles, l’objectif est une réflexion sur le langage en général. Un autre souci de cette grammaire va être d’édifier un dispositif scolaire, c’est la grammaire scolaire dite “ traditionnelle ”. A ce propos, la confusion qui est faite entre grammaire scolaire et grammaire traditionnelle semble fâcheuse dans la mesure où elle oppose d’une part l’ancien, le scolaire, le traditionnel sans nuances et d’autre part le moderne, c’est-à-dire le linguistique. La grammaire scolaire est un dispositif scolaire comprenant l’analyse grammaticale d’une part, l’analyse logique d’autre. Cette grammaire vu le jour vers 1820 et elle est généralisée tout au long du siècle présent. II - LES PREMIERES GRAMMAIRES SCOLAIRES 2.1. De 1820 jusque vers 1920 Excepté pendant la période révolutionnaire, le souci constant va être d’approcher la langue maternelle avec la référence obligée au latin, rapprochement qui est encore visible de nos jours. Thème 14 page 2 La grammaire scolaire dont la naissance se situe vers 1820 va se caractériser par un accroissement constant de l’appareil terminologique. Ainsi par exemple la liste des compléments de circonstance que l’on trouve dans Le bon usage de Grevisse, la cause, le temps, la concession, la fréquence, etc. L’apport essentiel de cette grammaire scolaire va consister à rendre possible l’analyse de tout mot ou groupe de mots, d’où l’arsenal de compléments et notamment de circonstanciels dont on vient de faire la liste. III - DEVELOPPEMENT D’UN SECOND TYPE DE GRAMMAIRE SCOLAIRES 3.1. La seconde grammaire scolaire Le second type de grammaire scolaire va consister, selon Chervel, en une mise en forme théorique de l’orthographe grammaticale, phénomène qui est encore observable aujourd’hui. A l’école primaire, l’essentiel de l’effort va porter sur l’enseignement de l’orthographe d’usage et de l’orthographe grammaticale, et il faudra attendre les retombées scolaires de la révolution structuraliste pour voir certains enseignements faire de la grammaire pour la grammaire en la désolidarisant de l’orthographe et en s’attachant à l’analyse du fonctionnement d’une langue. A la grammaire dite “ traditionnelle ”, la grammaire scolaire, va succéder vers les années 1968-69-70 en gros, la grammaire dite “ moderne ” qui désigne les nouvelles grammaires pédagogiques telles qu’elles ont été influencées, au plan de leurs méthodes et contenus, par l’enseignement linguistique universitaire. Thème 14 page 3 IV - LA REVOLUTION STRUCTURALISTE Quel est au juste la nature de la révolution linguistique qui ouvre ce siècle ? Il y a, on peut dire deux mots clés, système et structure, et une démarche, le structuralisme. Le structuralisme n’est pas attaché uniquement à la linguistique, il concerne aussi bien la psychologie que l’ethnologie. Avec le structuralisme, ce ne sont plus les pièces du jeu en tant que telles qui importent mais les combinaisons dans lesquelles elles peuvent entrer. A la limite on pourrait dire que ces pièces n’ont pas de nom. Elles vont en recevoir, une fois qu’on aura indiqué toutes les distributions possibles c’est-à- dire toutes les relations qu’elles remplissent. C’est ainsi qu’on procède en grammaire moderne pour classer des déterminants mais aussi pour d’autres classes. L’accent est mis sur la forme, sur la description formelle des énoncés. Ce sens va résider dans les relations d’une forme avec celle des autres signes. Par exemple la valeur de ce dans ce chien ne va plus s’apprécier en soi mais par rapport aux autres déterminants qui pourraient occuper cette place. Mais quels ont été les apports de le structuralisme ? ∑La grammaire distributionnelle va apporter par exemple, l’analyse en constituants immédiats. Le mot distribution signifie qu’on étudie la distribution des éléments et que celle-ci est la somme de tous les environnements de ces éléments. ∑La grammaire générative et transformationnelle. Ces grammaires ce sont paradoxalement les plus nombreuses dans les manuels des années 1970-1975. V - LES GRAMMAIRES DE L’ENONCIATION Thème 14 page 4 C’est à partir des travaux Emile Benveniste que le concept d’énonciation a pris l’essor bien que les linguistes aient souvent considéré qu’il ne révélait pas de leur domaine d’analyse. L’axe essentiel est l’opposition énoncé/énonciation et par l’importance que la grammaire de énonciation attache à la communication et aux instances de cette communication ( personnes, temps...) elle est une approche grammaticale précieuse au texte. VI - LA PRAGMATIQUE Les concepts de ce courant linguistique sont extrêmement délicats à utiliser. On ne peut pas parler de théorie ou de modèle pragmatique. Il y a peu d’applications pédagogiques sinon: - l’utilisation des outils pragmatiques pour l’étude des discours politiques et publicitaires essentiellement - en lecture, lorsqu’il s’agit d’envisager l’interaction entre le texte et son destinataire VII -CONCLUSION DU PANORAMA DES GRAMMAIRES Comme conclusion du panorama des grammaires on peut dire: tout d’abord le passage de la grammaire scolaire dite traditionnelle à la grammaire dite moderne n’a pas toujours porté les fruits que l’on en attendait et plusieurs causes sont à cela: 7.1. Problème de formation Thème 14 page 5 Des nombreux maîtres, pour l’essentiel du Primaire ont été initiés directement à la linguistique contemporaine sans avoir des notions des grammaires classiques ou de descriptions de la langue. Les bases sur lesquelles s’est faite l’initiation étaient celles de la grammaire scolaire. La linguistique contemporaine a été enseignée à tort comme une nouvelle grammaire alors qu’elle est notamment un discours critique sur les approches précédentes de la langue. 7.2. Le temps consacré à cette rénovation Les pédagogies modernes ne souffrent pas la médiocrité, elles requièrent du temps et de la compétence dans la mesure où les principes et hypothèses qui les constituent sont souvent excessivement complexes. Beaucoup d’enseignants, même doués de la meilleure volonté du monde et de qualités pédagogiques indéniables, n’ont pas toujours su se repérer dans les méandres des définitions et surtout envisager clairement le bien fondé (dans le découpage des segments) de la linguistique structurale. La raison de cela est qu’il faut prendre le temps d’apprécier le décalage entre ce qu’on peut appeler la “ linguistique des spécialistes ” et celle de la base, celle utilisable en classe après que les matériaux pris ont été soigneusement apprêtés. 7.3. Les visées des enseignants qui sont loin d’être uniformes Pour confirmer tout ce qu’on vient de dire une recherche récente examine les visées des enseignants concernant l’écrit. Les enseignants ont des Thème 14 page 6 préoccupations techniques pour l’expression écrite, l’imprégnation de modèles linguistique reste un objectif mineur et en ce qui concerne la rédaction comme activité spécifique, les instituteurs associent le couple “ correction de l’expression ” et “ fautes de grammaire et d’orthographe ” Dans ces conditions, il n’est pas abusif de dire que plusieurs grammaires coexistent et au sein de l’école et au collège: la grammaire scolaire sous la forme d’une grammaire des fonctions d’une part, la grammaire rénovée d’inspiration structuraliste d’autre part en sont les représentants principales. 7.4. Alors qu’est-ce qu’on doit faire ? Toute décision en matière d’enseignement de la langue, d’enseignement de la grammaire suppose que l’on distingue préalablement le langage, l’activité langagière et l’acquisition du langage de la grammaire à proprement parler. L’acquisition du langage “ commence ” avant que l’enfant n’aborde uploads/Litterature/ tema-14-de-las-oposiciones-secundaria-frances.pdf

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