UNIVERSITE CHARLES DE GAULLE-LILLE III U.F.R DE LETTRES MODERNES UNIVERSITE DE

UNIVERSITE CHARLES DE GAULLE-LILLE III U.F.R DE LETTRES MODERNES UNIVERSITE DE COCODY U.F.R LANGUES LITTERATURES ET CIVILISA TI ONS THÈSE pour obtenir le grade de DOCTEUR DES UNIVERSITÉS LILLE III ET DE COCODY en langue et littérature françaises présentée et soutenue publiquement par Kouamé Mike Olivier KOUAKOU Le 11 décembre 2009 ÉCRITURE DE L'ÉLÉMENTAIRE ET QUÊTE DE L'ORIGINEL DANS L'ŒUVRE ROMANESQUE DE J.M.G LE CLÉZIO TOMEI Directeurs de thèse: MM. Yves BAUDELLE et Pierre N'DA Jury: * M. Yves BAUDELLE, Professeur (Université Charles de Gaulle-Lille III) * Mme Monique GOSSELIN-NOAT, Professeur émérite (Université Paris X-Nanterre) * M. Jean-Marie KODAK.OU, Maître de conférences (Université de Cocody-Abidjan) * M. Pierre N'DA, Professeur (Université de Cocody-Abidjan) * Mme Thanh-Vân TON-THAT, Professeur (Université de Pau et des Pays de l'Adour) A mes parents et à mon oncle, A Florence, A Dolan, l'ami trop tôt parti. LM O! l /2 « [ ... ] quelque chose comme la perpétuation, la délégation vivante de l'humanité originellle, inchangée, les specimens inaltérés et inaltérables, rebelles aux siècles, au progrès, aux successives civilisations et au savon, venus tout droit du fond de l'Asie, des âges, sortis tels quels des entrailles du monde [ ... ]. » Claude Simon, Les Géorgiques, p. 208. Écriture de l'élémentaire et quête de l'originel dans l'œuvre romanesque de J.M.G Le Clézio Remerciements Je tiens à remercier mes directeurs de thèse, les Professeurs Yves Baudelle et Pierre N'da dont le savoir, la rigueur et la patience m'ont accompagné tout au long de ces années de recherche. M. Baudelle, avant même notre première rencontre, s'est personnellement impliqué dans les démarches administratives pour rendre possible mon inscription et mon intégration à l'Université Charles de Gaulle-Lille 3. M. N'da, quant à lui, a accepté sans réserve, de m'encadrer lorsqu'il s'est agi pour moi de m'inscrire en vue d'une thèse en littérature française. Et si pendant toutes ces années, j'ai passé plus de temps à Lille 3 qu'à Cocody, M. N'da a fait preuve de beaucoup de sollicitude et n'a pas hésité à me téléphoner et à m'encourager dans ma recherche. C'est pourquoi, je voudrais leur exprimer toute ma gratitude. Je ne saurais parler de recherche sans évoquer aussi M. Jean-Marie Kouakou de l'Université de Cocody qui m'a communiqué son amour pour la littérature française, m'y a initié et à qui je dois ma connaissance de l'œuvre de Le Clézio. A lui aussi, je voudrais exprimer toute ma reconnaissance. Je tiens aussi à mentionner ici les enseignants des Universités de Cocody et de Lille 3 qui m'ont dispensé le savoir et prodigué des conseils avisés, durant toutes ces années universitaires. Mes pensées vont également à Florence, mon épouse, qui m'a accompagné dans cette aventure à la fois contraignante et exaltante, ainsi qu'à sa famille qui m'a si bien accueilli. Je voudrais associer à ces remerciements mon père, ma mère et toute ma famille qui m'ont donné la chance de connaître la joie de l'école. J'ai enfin une pensée particulière pour mon oncle Raymond Goly, sans lequel je n'aurais sans doute pas fait d'études supérieures. Que toutes ces personnes et tous ceux que je ne puis nommer, faute de place, trouvent ici l'expression de toute ma reconnaissance et de toute ma gratitude. Introduction L'irruption sur la scène littéraire de Jean-Marie Gustave Le Clézio en pleine effervescence du Nouveau Roman laisse souvent penser à ! 'avènement d'un porte- flambeau du mouvement. Le protagoniste du Procès verbal, roman qui, dès sa sortie en 1963, valut à Le Clézio le Renaudot, incarne parfaitement les grandes lignes du Nouveau Roman. Pris entre démence et révolte, foncièrement amer contre la société vis-à-vis de laquelle il a pris volontairement ses distances, Adam Pollo (nom qui porte d'ailleurs en lui- même toute l'énigme de l'individu), par son attitude, tranche nettement avec l'idée traditionnelle que l'on se fait du personnage romanesque. Dans ce premier livre de Le Clézio, par ailleurs admirateur, entre autres, d'Henri Michaux, Lautréamont et David Salinger, le récit ne repose sur aucune trame narrative et l'action se résume à certains actes d'éclat qui relèvent plus de l'état démentiel du protagoniste que du bon sens. Ce dysfonctionnement dans la chronologie dont s'inspire le jeune romancier trouve sa justification dans le fait, selon Robbe-Grillet, que la mémoire n'est pas chronologique'. Le roman, dans sa forme nouvelle, ne devrait plus laisser entrevoir un fil conducteur sur lequel se grefferait l'action. La linéarité traditionnelle du récit a, en effet, été abandonnée au profit de la discontinuité, et toute logique narrative bouleversée au profit d'une tendance subversive et transgressive. Cette prise de distance vis-à-vis de la tradition romanesque qui se décline assez nettement dans l'œuvre du jeune auteur fera dire à Jérôme Lindon, dont les 1 Alain Robbe-Grillet, Pour un nouveau roman, Paris, Editions de Minuit, coll. « Idées», l 963. 6 propos sont rapportés par Roger-Michel Allemand', au sujet de la célèbre photographie qui tient lieu de document officiel, que si elle avait eu lieu quelques mois ou quelques années plus tard, on aurait pu y convier tour à tour, Maurice Roche, Georges Perec, Louis René des Forêts, et un certain Jean-Marie Gustave Le Clézio. Pour autant, l'auteur du Procès verbal n'a jamais manifesté une forme quelconque d'appartenance au mouvement qui, d'ailleurs, s'est toujours défendu d'en être un. Robbe-Grillet qui a toujours été pressenti pour jouer le rôle de chef de file, ne cessait de se défendre d'avoir voulu construire une théorie du Nouveau Roman3 : Je ne suis pas un théoricien du roman. J'ai seulement, comme tous les romanciers sans doute, aussi bien du passé que du présent, été amené à faire quelques réflexions critiques sur les livres que j'avais écrits, sur ceux que je lisais, sur ceux encore que je projetais d'écrire [ ... ]. Ces textes ne constituent en rien une théorie du roman ; ils tentent seulement de dégager quelques lignes d'évolutions qui me paraissent capitales dans la littérature contemporaine. Si j'emploie volontiers, dans bien des pages, le terme de Nouveau Roman, ce n'est pas pour désigner une école, ni même un groupe défini et constitué[ ... ]4. Il s'agit d'un groupe hétérogène dont les membres partagent plus ou moms un certain nombre de partis pris esthétiques, tout en préservant chacun, en tant qu'écrivain, sa spécificité et son indépendance. Jean-Marie Le Clézio a contribué, d'une certaine manière, par son écriture naissante, à l'œuvre de rénovation du roman prônée par Robbe-Grillet sans pour autant y 2 Roger-Michel Allemand, Le Nouveau Roman, Paris, Ellipses, 1996, p. 12. 3 Parlant du Nouveau Roman, Dominique Viart explique qu'il se fonde sur un refus de s'inscrire dans la logique d'affrontement de la guerre froide dans laquelle s'étaient déjà rangés certains grands noms de la littérature. « [ ... ] L'on en revint pour un temps à l'époque des maîtres à penser. Sartre, Camus, mais aussi Aragon, Malraux ne concevaient de littérature qu'au service d'une cause. On comprend bien que la littérature, qui ne s'y reconnaissait guère, ait marqué à partir des années 1950 sa volonté de se tenir à l'écart d'un tel détournement; et qu'elle ait trouvé, dans le bricolage formel ou dans la clôture de l'imaginaire, les espaces d'une indépendance bienvenue» (Dominique Viart, Bruno Vercier, La littérature f rançaise au présent. Héritage, modernité, mutations, Paris, Bordas, 2005, p. 15. 4 Alain Robbe-Grillet, Pour un nouveau roman, op. cit., p. 7-9. 7 apporter une adhésion totale. Ses modèles de romanciers sont toujours choisis dans le champ de la littérature internationale: James Joyce, Robert Louis Stevenson, Henri Michaux, Lautréamont, Thomas Mofolo, et bien d'autres encore. D'autres romans suivront ce premier succès d'adolescent qui voulait, comme il l'explique lui-même, « casser des portes, parler plus fort que les autres »5. Empreintes de tonalité subversive et de virulence pamphlétaire, les œuvres de Le Clézio traduisent une forme de malaise généralisé de la jeunesse face à une société fortement dominée par l'incitation à la surconsommation, à l'avènement des supermarchés. Cette période faste a d'ailleurs inspiré la publication, à la suite du Procès verbal, d'autres livres à la tonalité tout aussi belliqueuse comme La Fièvre (1965), Le Déluge (1966), L'Extase matérielle (1967), La Guerre (1970), et surtout Les Géants (1973). A travers ceux-ci, Le Clézio s'en prend ouvertement aux grands centres commerciaux, présentés comme de nouveaux facteurs d'aliénation. Des pages entières de certains de ses livres, notamment Le Livre des faites, sont pleines d'invectives qui traduisent cette forme de rébellion. La thématique dominante chez l'auteur, dès lors, tourne autour d'une prise de distance (Voyages de l'autre côté, 1975, Voyage au pays des arbres, 1978) et de fuite (Le Livre des f uites, 1969) loin d'une telle société, pour se réfugier dans la marginalité. Après avoir séjourné chez des populations amérindiennes pour son service militaire, Le Clézio découvre un autre rapport au monde, fondé essentiellement sur une forme d'harmonie avec la nature et avec soi-même. Profondément bouleversé par cet autre mode de vie dominé par la simplicité, il change son regard sur la société dans son ensemble et atténue le jugement qu'il porte sur le monde en général. Son écriture n'est pas 5 ln Gérard de uploads/Litterature/ these-636936914608640020.pdf

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