Université de Nancy II U.F.R de Lettres THÈSE Pour obtenir le grade de DOCTEUR

Université de Nancy II U.F.R de Lettres THÈSE Pour obtenir le grade de DOCTEUR Discipline : Littérature comparée Présentée et soutenue publiquement Par GRANDIDIER STANISLAS Le 23 octobre 2008 Titre : LE MYTHE DE L’ENFANCE DANS LE « DETECTIVE NOVEL » D’AGATHA CHRISTIE ET DANS LE ROMAN DE MYSTÈRE DE PIERRE VÉRY. Directeur de thèse : Mme ROUART Mme SUSINI- ANASTOPOULOS JURY M. Pierre BRUNEL M. Francis CLAUDON M. Gilles ERNST Mme Françoise SUSINI- ANASTOPOULOS 1 Université de Nancy II U.F.R de Lettres THÈSE Pour obtenir le grade de DOCTEUR Discipline : Littérature comparée Présentée et soutenue publiquement Par GRANDIDIER STANISLAS Le 23 octobre 2008 Titre : LE MYTHE DE L’ENFANCE DANS LE « DETECTIVE NOVEL » D’AGATHA CHRISTIE ET DANS LE ROMAN DE MYSTÈRE DE PIERRE VÉRY. Directeur de thèse : Mme ROUART Mme SUSINI- ANASTOPOULOS JURY M. Pierre BRUNEL M. Francis CLAUDON M. Gilles ERNST Mme Françoise SUSINI- ANASTOPOULOS 2 3 À la mémoire de Madame Rouart qui m’a accompagné, encouragé et soutenu dans la rédaction de ma thèse. Son attention constante me fut précieuse. 4 5 TABLE DES MATIÈRES 6 TABLE DES MATIÈRES Avertissement 10 Introduction 12 PIERRE VÉRY, AGATHA CHRISTIE : LES NOCES DE SANG Préambule 15 I. JEUX DE GLACES 18 A. Parcours croisés 18 B. Roman d’énigme vs roman de mystère 23 a) D’insurmontables différences 23 b) Les plaisanteries de M.Véry, les tracasseries de « Mrs » Christie 28 c) L’indice Rivière ou la tentation du rapprochement 29 II. ENFANCES 30 A. La répétition de notations en rapport avec des situations fondatrices 32 B. En premier ou en arrière – plan: une typologie enfantine ressassée 39 C. La représentation régressive du détective 44 D. L’âge d’or ou la quête ébauchée 46 III. ENJEUX : MYTHE, ROMAN DE MYSTÈRE ET RÉCIT D’ÉNIGME 52 LA MORT POUR RENOUER AVEC L’UNIVERS LUDIQUE DE L’ENFANCE I. DES PETER PAN EN PUISSANCE ? 58 A. Le meurtre ou le renouement avec la forme originelle de la pulsion d’investigation 58 B. La démence meurtrière, dernier apanage, dernier refuge de l’enfance 68 C. Le crime pour réveiller la fantaisie enfantine ? 74 II. L’UNIVERS DE L’ENFANCE ET DU JEU, UN TERREAU PROPICE AUX TRANSGRESSIONS 81 A. Masques, fêtes et déguisements : des personnages à l’image de Protée 7 aux mille visages ? 82 B. Comptines, jeux et “murder party” : une même tentative ambiguë d’exorciser les forces de la mort ? 107 III. DES SUBSTITUTS DE LA RITOURNELLE ENFANTINE ? 131 A. Des schémas d’écriture passéistes renouant avec des archétypes enfantins ? 131 B. Des romans comptines ? 139 LE ROMAN D’ÉNIGME D’AGATHA CHRISTIE ET LE ROMAN DE MYSTÈRE DE PIERRE VÉRY : LES ULTIMES RÉCEPTACLES DE LA MAGIE ENFANTINE Préambule 151 I. LE RÉCEPTACLE DE FANTASMES ENFANTINS 165 A. La thématique du dévoreur . 165 a) De monstrueux représentants de l’autorité 165 b) Des figures castratrices, proches de la figure imaginaire de l’ogre 172 B. La hantise de la nuit et de ses sbires ? 187 a) Le sommeil, l’inconnu, la nuit et la mort : autant de déclinaisons d’une même peur universelle ? 187 b) L’assassin, créature de la nuit et compagnon du malin ? 205 c) Le motif folklorique : la résurgence d’une ultime manifestation du démiurge enfantin ? 217 II. LES ULTIMES REFUGES DES FÉES ? 238 A. Une parenté troublante 238 B. Les récits soumis aux grilles des théoriciens du conte de fées 251 C. Des personnages fées ? 262 VERS UNE ÉCRITURE SANCTUAIRE ? Préambule 273 I. L’IMPOSSIBLE RETOUR, “L’IMPOSSIBLE ÉCRITURE” ? 283 A. La quête des origines : histoire et archéologie ou la recherche d’un modèle identificatoire. 283 8 B. La maison originelle ou le retour compromis . 303 a) L’élégie du souvenir 303 a1.Des notations se réfèrant à des temps historiques prestigieux 307 a2. Des notations pour réveiller les ritournelles d'antan 312 a3. Des notations pour renvoyer à la mort le reflet de l'enfance 317 a4. Des notations pour magnifier l'enfance 321 a5. Des notations transformant les souvenirs en anamorphoses de l'enquête 322 a6. Effet et signification de ces notations 326 b) Le retour aléatoire 336 c) La maison, une héroïne à part entière ? 355 C. Le masque de la mort pour rejouer l’enfance . 372 a) L’image de l’enfant mort 375 b) Enfance et œuvre de mort 378 II. L’ÉCRITURE REFUGE ? 385 a) La comptine comme fil rouge de l’œuvre 396 b) La comptine des dix petits nègres ou le lien affectif 397 c) Un roman d’énigme à la fantaisie imaginative latente 398 A. Une tentative de recréation . 400 a) La recréation du lieu et du temps de l’origine ? 400 b) Une conversation à mi-voix avec certains spectres du passé ? 409 c) Le roman d’énigme ou la reconstitution d’un point de vue enfantin salvateur ? 416 B. L’écrivain déguisé ou l’enfant démasqué 421 a) Le déguisement Ariadne Oliver 423 b) Le déguisement Mary Westmacott 427 Conclusion 430 Annexes 434 Bibliographie 475 9 AVERTISSEMENT Le lecteur sera probablement étonné par le nombre important de notes accompagnant ce travail de recherche. Je m’en explique. Dans le cadre d’un exercice académique portant sur le mythe de l’enfance dans les œuvres d’Agatha Christie et de Pierre Véry, j’ai dû procéder à une stratégie de regroupements, d’associations. Réunis, les corpus comptent en effet pas moins de cent-vingts récits et il ne s’agissait pas pour moi de dresser un inventaire des caractéristiques propres à chaque ouvrage, mais plutôt de dégager de véritables axes d’investigation capables de révéler l’essentiel (et non pas l’accessoire) et de mettre ainsi en exergue le fil conducteur de ces écrits et leur socle commun. J’ai tenté – autant que possible – d’inscrire ma proposition de lecture dans le cadre d’une démonstration (terme pour le moins mathématique alors que nous sommes dans le domaine de la littérature) : la démonstration, finalement, d’une aptitude à synthétiser et à valider le champ de mon enquête. La multiplication des notes est donc devenue inhérente à ma thèse dans la mesure où elle seule permettait d’éviter le spécifisme tout en dégageant la singularité, la similarité mais également la diversité des textes proposés par mes deux auteurs. Mes notes ne représentent pas une relégation de l’information. Bien au contraire : elles lancent de nouvelles pistes, suggèrent d’autres interprétations, tentent même parfois d’élucider certaines ambiguïtés entretenues par les romans. Elles forment, par conséquent, un réseau capital à la fois autonome et indissociable du corps de ma thèse. Voici donc quel est mon alibi au moment où j’invite le lecteur à pénétrer de plain – pied dans un univers de duplicité, d’illusion et de faux – semblant… 10 INTRODUCTION 11 INTRODUCTION Il était une fois la critique et le roman policier… Longtemps le genre policier fut relégué dans les caniveaux de la para ou de l’infra - littérature, immense continent laissé en friche, la relation du peuple à la lecture étant tournée en dérision par une altérité condescendante. “Convenu” tel était l’adjectif utilisé pour commenter le flux d’images généré par la narration vive, directe, qui paradait ludiquement autour de la mort, soit dans des rétrospectives logiques (comme le roman d’énigme ou le “ polar ” classique) soit dans des récits plus violents (de type roman d’aventures ou “hard boiled” américain). L’on occultait alors le véritable enjeu de ce genre prolifique en assurant dédaigneusement qu’il se bornait à pousser à son paroxysme le code herméneutique (position d’une question et retard mis à sa résolution). Pourtant nous savons aujourd’hui que ce genre touche à l’affect : en reconstruisant par bribes une intrigue destinée à faire progressivement sens, le lecteur exhume, en effet, un temps perdu, une parole initiale effacée, dans une démarche régressive en rapport avec certaines préoccupations existentielles comme le mystère des origines ou la nostalgie d’une période révolue idéalisée. Cette exhumation1 d’un épisode égaré (correspondant à une ellipse dans le récit) est exploitée de manière originale par deux auteurs, Pierre Véry et Agatha Christie, dont les fictions, catalysées par une transgression, ne se cantonnent pas à la recherche d’une identité mais se doublent, le plus souvent, d’une autre exploration : celle de l’enfance - symbole même de l’innocence et d’un état antérieur à la faute. Nous nous emploierons à montrer comment, dans ces fictions motivées par un crime mystérieux, s’ébauche une représentation de l’enfance qui ne repose pas forcément sur un fond de réalité. Nous tenterons de préciser la façon dont l’enfance s’érige graduellement en mythe, devenant un symbole pour notre sensibilité. Enfin, nous nous efforcerons d’évaluer l’influence de ce mythe sur les aficionados du genre policier. La part de catharsis ou d’expérimentation restera bien évidemment à déterminer pour l’un et pour l’autre des 1 “Dans le roman policier”, dit Michel Butor (L’emploi du temps, 1956, 10/18, p.251), “le récit est fait à contre- courant, ou plus exactement (…) il superpose deux séries temporelles : les jours de l’enquête qui commencent au crime, et les jours du drame qui mènent à lui.” 12 romanciers ; c’est pourquoi nous n’exclurons aucun titre de nos recherches afin de prévenir uploads/Litterature/ these-mythes-de-l-x27-enfance.pdf

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