UNIVERSITÉ MONTESQUIEU - BORDEAUX IV ÉCOLE DOCTORALE DE DROIT (ED 41) DOCTORAT
UNIVERSITÉ MONTESQUIEU - BORDEAUX IV ÉCOLE DOCTORALE DE DROIT (ED 41) DOCTORAT EN SCIENCE POLITIQUE Dorina Maria OFRIM LA ROUMANIE POSTCOMMUNISTE AU PRISME DES THEORIES DE LA TRANSITION DEMOCRATIQUE Thèse dirigée par M. Philippe CLARET Maître de conférences HDR à l’Université Montesquieu - Bordeaux IV présentée et soutenue publiquement le 17 décembre 2012 JURY : M. Philippe CLARET, Maître de conférences HDR, Université Montesquieu - Bordeaux IV, Directeur de thèse M. Jean-Claude COLLIARD, Professeur émérite, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Rapporteur M. Stephen LAUNAY, Maître de conférences HDR, Université Paris-Est Marne-la-Vallée, Rapporteur M. Slobodan MILACIC, Professeur émérite, Université Montesquieu - Bordeaux IV, Suffragant 2 3 A mes parents 4 5 Un immense merci à tous ceux qui, depuis plus de dix ans, m’aident, m’encouragent et me soutiennent. Ils se reconnaîtront. Sans eux, cette thèse n’aurait jamais vu le jour. Ma reconnaissance à leur égard est infinie. Merci à tous. 6 SOMMAIRE PREMIÈRE PARTIE LES THEORIES DE LA TRANSITION DEMOCRATIQUE : ESSAI DE TYPOLOGIE GENERALE Titre 1 LE BILAN DES THEORIES DE LA TRANSITION DEMOCRATIQUE AVANT 1989 Chapitre 1 Les approches théoriques : l’analyse des facteurs de transition Section 1 Les approches centrées sur les structures Section 2 Les approches centrées sur les acteurs Chapitre 2 La confrontation des théories : l’analyse du processus de transition démocratique Section 1 La nature de la transition démocratique : approche politique ou économique ? Section 2 Les dimensions de la transition démocratique : approche interne ou internationale ? Titre 2 LES ADAPTATIONS DES THEORIES DE LA TRANSITION DEMOCRATIQUE APRES 1989 Chapitre 1 Les transitions postcommunistes dans leur contexte Section 1 La spécificité des transitions est-européennes Section 2 De la transition à la consolidation démocratique Chapitre 2 Les nouvelles théories issues des transitions postcommunistes Section 1 Les théories de l’incertitude Section 2 Les théories du choix rationnel de l’acteur 7 DEUXIEME PARTIE LE CAS ROUMAIN AU REGARD DES THEORIES DE LA TRANSITION DEMOCRATIQUE Titre 1 LE PARTICULARISMES DE LA TRANSITION DEMOCRATIQUE EN ROUMANIE Chapitre 1 De la révolution à la transition : un itinéraire singulier Section 1 La genèse de la transition démocratique roumaine Section 2 Le cheminement de la transition démocratique Chapitre 2 L’instrumentalisation du passé communiste dans la transition démocratique roumaine Section 1 La « démocratie originale », un passage du communisme au « socialisme à visage humain » Section 2 La transition de l’anti-Ceausescu à l’anticommunisme : la naissance d’une opposition Titre 2 LA CONFRONTATION DES THEORIES AU CAS ROUMAIN Chapitre 1 La révolution et la transition roumaines à la lumière des théories d’avant 1989 Section 1 La lecture structuraliste des événements Section 2 L’explication par le choix rationnel des acteurs Chapitre 2 Les nouvelles théories : une explication pertinente de la transition roumaine Section 1 Les effets des mobilisations collectives Section 2 La dimension émotionnelle de la révolution 8 9 INTRODUCTION « Nous sommes confrontés, dans cette partie du monde, à des défis qui nous sont propres. Cela a toujours été le cas. La Roumanie a toujours été « en transition », avec des hauts et des bas qui duraient parfois plusieurs siècles, parfois le temps d’une génération ou de plusieurs, dans un continuel et difficile processus d’alternance dramatique. Dans notre histoire, nous n’avons jamais eu la chance de connaître des cycles naturels de développement, obligés de fonctionner selon des conjonctures qui ne dépendaient pas de nous ». Ion Iliescu, La Roumanie à l’heure de la vérité, Ed. Henri Berger, Paris, 1994, p. 246 Avec la chute de la dictature communiste en décembre 1989 et la diffusion en direct - en « live » - de la révolution, la Roumanie s’est trouvée quasi instantanément sous le feu des projecteurs du monde entier. D’un pays totalement fermé, dont on savait si peu - sinon qu’une dictature sanglante était au pouvoir depuis plus de quarante cinq ans -, la Roumanie a trouvé, bien qu’indirectement, une place sur la scène internationale. Rapidement, la nécessité s’est fait sentir de comprendre les deux événements les plus marquants qu’a vécus ce pays durant les deux dernières décennies : la révolution et, surtout, la transition démocratique. Un regard d’ensemble sur les autres transitions démocratiques de l’espace de l’Europe Centrale et de l’Est révèle que la trajectoire roumaine est sinueuse et, surtout, qu’à ce jour, la Roumanie est bien plus connue sur la scène internationale pour ses scandales de corruption, d’exclusion, de ségrégation et de trafic d’enfants, pour la mendicité de ses Roms au gré de leurs allées et venues dans les capitales européennes, ou même encore pour l’inconstance de ses élites. De même, la Roumanie se distingue des Etats voisins par ses défaillances politiques (la crise constitutionnelle de l’été 2012, concernant le Président T. Basescu, est à cet égard très révélatrice), économiques (législation instable et taxes fluctuantes, en plus des bien connus ‘pots de vin’), sociales (pas de système de sécurité sociale, régime de retraite le plus défavorable de toute l’Europe, scandale des services 10 d’urgences, etc.) ou encore écologiques (vente des concessions minières à la Chine, sans aucun protocole de protection de l’environnement). Malgré tous ces « déficits » démocratiques, malgré son image de « mauvais élève » de la transition postcommuniste, la Roumanie cherche assurément sa place à travers les processus d’intégration au sein des structures euro-atlantiques. Mais, son intégration, dans l’Union Européenne comme dans l’Otan, s’est toujours faite en décalage par rapport à ses voisins, ce qui a eu comme conséquence indirecte une accentuation du sentiment d’exclusion, dont souffraient déjà nombre de Roumains. Et si, pendant très longtemps, la Roumanie a été sous la tutelle soviétique, elle se trouve aujourd’hui sous la tutelle - la conditionnalité - de Bruxelles et de Washington. Pourtant, la Roumanie a bel et bien connu, il y a quelques décennies, une certaine forme de souveraineté, de façade pourrait-on dire, avec la prise de position de Ceausescu contre l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques en 1968. Bien qu’en pleine période communiste, il est fort probable que les intérêts stratégiques ont alors primé sur le caractère douteux du régime. Cette dualité de perception de la réalité roumaine sur le plan international ne manque pas de soulever quelques interrogations et souligne, à tout le moins, la nécessité de comprendre la spécificité de la transition roumaine. I. Sur la formation de la Roumanie Longtemps ballotté entre l’Occident et l’Orient, aux carrefours des cultures, « l’espace aujourd’hui occupé par la Roumanie représente autre chose qu’un simple boulevard des invasions » 1 . Sa situation géographique a eu comme conséquence première une évolution politique et culturelle particulière, qui explique indirectement à la fois ses valeurs identitaires et le désordre politique qui a toujours contrasté avec ses autres voisins européens. Précisément, nombre de Roumains mettent à profit cet état de fait pour expliquer que seules les différentes dominations étrangères sont responsables du sous développement ou du mal développement de leur pays. 1 SANDU, Traian, « La Roumanie, une mise en perspective », dans La Roumanie dans l’Europe : Intégration ou Transition prolongée ?, L’Harmattan, Paris, 2010, p. 12 11 L’espace occupée aujourd’hui par la Roumanie est peuplé depuis plus de 10 000 ans avant J.-C. En effet, des preuves de la présence humaine dans l’espace carpato- danubien–pontique existent dans des grottes situées dans différents endroits de la Roumanie, allant du Sud-ouest (dpt. de Hunedoara) au Nord-ouest (dpt. de Bihor). La naissance du peuple roumain renvoie à l’âge de fer et à la fusion des tribus Gètes (d’origine grecque) avec les Daces (d’origine romaine). L’espace occupé par ces deux tribus correspondait, globalement, aux frontières de la Roumanie actuelle et était nommée la Dacie. Espace riche en ressources naturelles, politiquement stable, la Dacie a longtemps été convoitée par les Romains. C’est l’arrivée au trône de l’Empereur Trajan qui a sonné la fin de la Dacie libre et indépendante. Une fois devenue Province romaine impériale, le processus de romanisation a commencé et, progressivement, la culture et la civilisation latines se sont imposées face à la culture et à la civilisation dacique. C’est l’Empereur Aurélien qui a décidé la fin du processus de romanisation. Cependant, « La population restante poursuit son évolution, supportant, entre les IIIème et le IVème siècle après J.-C., deux grandes vagues migratoires, la première venant d’Orient, avec les Vandales, Goth, Wisigoths, Gépides, puis une deuxième avec les Huns, Avars, Bulgares, Petchenègues, Coumans, Tartars, qui étaient à la recherche de terres plus riches et plus calmes. La population indigène a suivi alors un processus d’assimilation de l’élément migrateur (VIIème –Xème siècles après J.-C.). Toutes ces invasions ont transformé l’espace carpatique-danubien-pontique en une véritable plaque tournante de l’Europe entre l’Occident et l’Orient »2. Une troisième grande vague de migrations eut lieu au IVème siècle, avec les invasions slaves, dont la langue roumaine garde encore de nombreuses traces. Mais, à la différence d’autres populations situées autour, le peuple roumain et la langue roumaine étaient déjà formés ; de sorte que l’ impact de cette troisième vague de migrations a été relativement moins important. C’est une des explications au fait que la Roumanie est, aujourd’hui encore, une sorte d’« île uploads/Litterature/ these-ofrim-dorinamaria-pdf.pdf
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- Publié le Jul 21, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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