SOUS LE SCEAU DE L’UNIVERSITÉ EUROPEENNE DE BRETAGNE UNIVERSITÉ RENNES 2 - HAUT

SOUS LE SCEAU DE L’UNIVERSITÉ EUROPEENNE DE BRETAGNE UNIVERSITÉ RENNES 2 - HAUTE BRETAGNE Ecole Doctorale Sciences Humaines et Sociales CREAD Ŕ EA 3875 VERS UNE THÉORIE DE L’ACTION ASSOCIATIVE : LA PRAXIS DE L’ÉDUCATION POPULAIRE ÉTUDE DE CAS DE L’ANIMATION SOCIOCULTURELLE CITOYENNE Thèse de Doctorat Sciences de l’Éducation Volume 1 Présentée par Francine GRELIER Directeur de thèse : Professeur Émérite Paul TAYLOR Soutenue le 09 février 2010 Membres du Jury : Dan Ferrand-Bechmann, Professeur à l’Université Paris 8 (Rapporteur) Richard Wittorski, Professeur à l’Université de Rouen (Rapporteur) Paul Taylor, Professeur Émérite à l’Université de Rennes 2 (Directeur de thèse) Jean-Claude Gillet, Professeur Émérite à l’Université de Bordeaux Jean-Claude Quentel, Professeur à l’Université de Rennes 2 Grelier, Francine. Vers une théorie de l’action associative : la praxis de l’éducation populaire : l’étude de cas de l’animation socioculturelle citoyenne - 2010 tel-00481315, version 1 - 6 May 2010 2 Grelier, Francine. Vers une théorie de l’action associative : la praxis de l’éducation populaire : l’étude de cas de l’animation socioculturelle citoyenne - 2010 tel-00481315, version 1 - 6 May 2010 3 VERS UNE THEORIE DE L’ACTION ASSOCIATIVE : LA PRAXIS DE L’EDUCATION POPULAIRE Étude de cas de l’animation socioculturelle citoyenne Grelier, Francine. Vers une théorie de l’action associative : la praxis de l’éducation populaire : l’étude de cas de l’animation socioculturelle citoyenne - 2010 tel-00481315, version 1 - 6 May 2010 4 À Sandrine et à Gilles qui m’instituent « En vérité, il serait incompréhensible que la conscience de ma présence dans le monde ne signifiât déjà l’impossibilité de mon absence dans la construction de la présence même. Comme présence consciente dans le monde, je ne peux échapper à la responsabilité éthique dans mon évolution dans le monde. Si je suis un pur produit de la détermination génétique, culturelle ou de classe, je suis irresponsable pour ce que je fais dans mon cheminement dans le monde et si je manque de responsabilité, je ne peux parler d’éthique. Cela ne signifie pas nier les conditionnements génétiques, culturels, sociaux auxquels nous sommes soumis. Il s’agit de reconnaître que nous sommes des êtres conditionnés mais non des êtres déterminés, programmés. Reconnaître que l’Histoire est un temps de possibilité et non de déterminisme, que le futur, permettez-moi de le réitérer, est problématique et non inexorable. » (Freire, 2006, p. 36) Grelier, Francine. Vers une théorie de l’action associative : la praxis de l’éducation populaire : l’étude de cas de l’animation socioculturelle citoyenne - 2010 tel-00481315, version 1 - 6 May 2010 5 PRÉAMBULE J’écris une thèse à 56 ans. C’est le constat que j’ai toujours eu besoin d’articuler l’action et la réflexion pour me ressourcer et donner du sens aux transitions et aux incertitudes. Il n’y a pas d’extériorité entre l’objet de la recherche et le sujet qui fait la recherche : elle est inscrite dans une biographie et dans l’intentionnalité d’expliciter les raisons d’agir professionnellement. J’ai un statut professionnel de Conseiller d’Éducation Populaire et de Jeunesse, avec une spécialité en sciences économiques et juridiques. J’exerce à la Direction Régionale et Départementale Jeunesse et Sports de Bretagne depuis 1981. Depuis vingt ans, je coordonne le Centre Public de Formation au D.E.F.A. (Diplôme d’État aux Fonctions d’Animation) qui est rattaché au Creps 1 de Dinard-Bretagne. Et j’assure actuellement l’ingénierie des nouveaux diplômes qui vont le remplacer, ainsi que l’accompagnement des validations d’acquis d’expérience pour l’obtention de ces diplômes. Mon contexte professionnel est instable depuis cinq ans : l’administration publique Jeunesse et Sport a une culture de mission éducative, qui est actuellement recentrée sur la fonction régalienne d’encadrement réglementaire et sécuritaire des jeunes et des associations, dans le cadre de la réorganisation préfectorale des services.2 La réforme de l’ensemble de la filière des formations sportives et socioculturelles a démarré avec l’installation en 2000 de la Commission Nationale Consultative Paritaire des Métiers de l’Animation. Le débat est assez tendu pour définir l’étendue de ce champ professionnel et ses objectifs disparates : entre loisirs, tourisme, gestion d’équipements, services publics de proximité, éducation, formation… La biographie du rapport à savoir 1 CREPS : Centre Régional d’Education Populaire et des Sports. Au 1er janvier 2010, l’acronyme signifiera Centre de Ressources d’Expertise et de Performance Sportive. 2 Révision Générale des Politiques Publiques 2008-2012 Grelier, Francine. Vers une théorie de l’action associative : la praxis de l’éducation populaire : l’étude de cas de l’animation socioculturelle citoyenne - 2010 tel-00481315, version 1 - 6 May 2010 6 Je fais partie des premières générations de filles qui ont bénéficié d’un accès massif à l’éducation secondaire. Les collèges sont créés en 1959 et j’y entre en 1963. Dans le projet de ma mère, je dois faire des études, alors que mes deux frères ne sont pas poussés à avoir le Bac. J’ai quinze ans en 1968, je suis une spectatrice passionnée de ces évènements. Je bénéficie de toutes les luttes féministes. Quand je suis enceinte en 1979, la radio vulgarise la psychanalyse et Françoise Dolto s’autorise à raconter tous les midis comment l’enfant est une personne. Je fais ma formation à l’IUT 3 Carrières Sociales de Rennes de 1970 à 1972. L’animation socioculturelle était un métier inconnu, et l’IUT avait une réputation sulfureuse parce que la formation était en autogestion (pédagogie institutionnelle). J’y entre à 17 ans tout de suite après le baccalauréat, sans avoir même encadré une colonie de vacances, alors que tous mes collègues sont des militants issus de la vie associative et de l’Éducation populaire. Je suis hors norme à l’époque en tant que «pur» produit de la professionnalisation. Je suis animatrice socioculturelle en associations à partir de 1972, et je deviens conseillère à Jeunesse et Sports à partir de 1981. Je suis imprégnée de ma région la Bretagne : je suis née à Nantes et j’ai travaillé à Brest, près de Morlaix et à Rennes. J’ai vécu la révolution économique bretonne. Avant les années 70, « nous » étions des « ploucs » des provinciaux arriérés ou des bécassines, c’est-à-dire un prolétariat domestique. La discrimination était lisible et offensante. La révolution culturelle des années 70 a été défensive (« défendons notre différence et le peu que nous avons, restons au pays »), mais elle était aussi le droit de se relever du passé fasciste des années 40. Le métissage culturel des années 90 est plus offensif et créatif : « Nous » devenons riches de nos spécificités qui peuvent donc alimenter une ouverture et un partage de savoir culturel. En Bretagne, la référence à l’Éducation populaire fait encore sens dans les réseaux associatifs et les politiques locales, sans doute grâce à l’ancrage dans la coopération agricole, puis du développement local, aujourd’hui dans le « développement durable ». Les réseaux politiques sont aussi collaboratifs dans les intercommunalités et les Pays. Les retards de l’urbanisation des années 60 en Bretagne en font une force dans les années 80. La politique de la Ville (Rennes, Lorient, Brest, Quimper) s’installe plus en prévention qu’en réparation, les quartiers sont peu « ghettoïsés » et il n’y a pas vraiment de zones de non-droit. Dans les quartiers, il y a une attention à la mixité sociale et encore la présence des militants associatifs. 3 I.U.T. Institut Universitaire de Technologie Grelier, Francine. Vers une théorie de l’action associative : la praxis de l’éducation populaire : l’étude de cas de l’animation socioculturelle citoyenne - 2010 tel-00481315, version 1 - 6 May 2010 7 Des rencontres théoriques ont été éclairantes, conscientisantes. Elles ont fait repère pour construire mon identité professionnelle. Mes curiosités d’apprentissages ont toujours été interdisciplinaires, voire transdisciplinaires. Dans ma formation initiale, la mise en scène de l’autogestion se pratiquait par la non-directivité de Carl Rogers (introduite en France en 1970 par Max Pagès) et j’étais membre d’un Training Group selon le dispositif de Kurt Lewin. Le moniteur non-directif n’avait pas le rôle de transmettre des connaissances mais d’aider ce groupe à faire l’expérience des règles de la dynamique des groupes. Les acquisitions de connaissances étaient construites autour des intérêts et des nécessités de chacun : ce que l’on dénomme « autoformation » aujourd’hui. Ma lecture la plus « sidérante » d’alors a été celle de l’ethnosociologue Georges Lapassade 4. Hormis la formation en psychosociologie, les questions d’épistémologie politique étaient très prégnantes : faut-il changer les structures pour changer l’homme, ou faut-il changer l’homme pour changer les structures ? L’articulation des pensées de Marx et de Freud était alors une hérésie (le rapprochement a été amorcé par Althusser en 1970). J’ai repris une formation en 1976 en promotion sociale, en licence et maîtrise d’administration économique et sociale. Cette formation proposait une lecture multiple en sociologie, droit et économie pour comprendre les complexités socio-économiques. Entre autres, nous y avons étudié le Capital de Marx. Puis j’ai suivi en auditeur libre, en discontinu entre 1983 et 1993, les cours et les conférences de Jean Gagnepain sur l’anthropologie de la médiation qu’il donnait en Sciences du Langage à l’Université de Haute Bretagne. Gagnepain construisait sa modélisation en voulant faire émerger les sciences de la culture. La reprise d’un cycle de formation en Sciences uploads/Litterature/ thesegrelier-socivile.pdf

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