Un emploi de figura chez Lucrèce ou une variante nécessaire du tour qua ratione

Un emploi de figura chez Lucrèce ou une variante nécessaire du tour qua ratione Author(s): J. Lépine Source: Latomus , AVRIL-JUIN 1969, T. 28, Fasc. 2 (AVRIL-JUIN 1969), pp. 474-476 Published by: Société d'Études Latines de Bruxelles Stable URL: https://www.jstor.org/stable/41527454 JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Latomus This content downloaded from 213.22.63.179 on Fri, 22 Apr 2022 19:09:13 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Un emploi de figura chez Lucrèce ou une variante nécessaire du tour qua rat ione L'interprétation des vers I, 949-950 a créé quelque difficulté pour les com- mentateurs : náturám rerum qua constet co C. Bailey dans son commentair divergentes. Pascal fait de natura de constet. La majorité néglige ce lepse du sujet de constet {naturam traduction proposée, il est clair q « forme» (cf. e.g. A. Ernout, Comm Cette acception a fait naître l'alt l'ensemble de l'univers ou seulem Pour n'avoir pas vu le véritable notre avis de faux problèmes et solution simple, conforme aux ha avec le contexte et qui s'intègre a figura . (1) Pour épargner au lecteur des renvois pénibles, nous citons les traductions propo- sées par différents éditeurs : a. A. Ernout, De la Nature , Texte et traduction, Paris, 1964, p. 64 : « tandis que tu pénètres tous les secrets de la nature et les lois qui président à sa formation». b. R. Waltz, De la Nature , Paris, 1954, p. 53 : « ... le temps de te faire pleinement sentir ce qu'est la nature entière dans son ordonnance et sa structure». c. G. Guiraud, Les verbes signifiant « voir» en latin , Paris, 1964, p. 73. L'auteur se contente de reproduire la traduction d'A. Ernout déjà citée et fonde son com- mentaire sur cette interprétation. d. A. Pellicer, Natura . Étude sémantique et historique du mot latin, Paris, 1966. L'auteur cite par deux fois ces vers, l'une, p. 243 note 1, sans traduction ni commentaire, l'autre, p. 249, où le commentaire se fonde non sur une interprétation personnelle du texte mais sur les traductions existantes. Quant к figura, il en parle p. 66-67 et p. 73 dans le chapitre II, mouture diffuse de quelques pages denses d'E. Benvé- niste, Noms d'agent et noms d'action en indo-européen , Paris, 1948, p. 101-104, sans ap- porter d'éclaircissement nouveau. This content downloaded from 213.22.63.179 on Fri, 22 Apr 2022 19:09:13 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms UN EMPLOI DE « FIGURA » CHEZ LUCRÈCE 475 La question de savoir s'il s'agit exclusivement des corps composés et de notre monde trouve sa réponse dans l'expression même « отпет naturam rerum ». Chaque fois que Lucrèce utilise ce tour (х), il embrasse l'univers entier dans sa simplicité (corps premiers et vide) et dans sa complexité (corps composés). La variante que constituent les vers IV, 24-25 est instructive (2) : elle fait voir que le problème surgit à l'esprit des commentateurs par suite de l'inter- prétation qu'ils donnent de qua figura compta. Mais si le отпет naturam rerum exclut à lui seul cette vue restrictive, la teneur des vers qui suivent ratifie cette condamnation. Dans son développement, Lucrèce embrasse en effet les deux éléments corrélatifs de la matière (les atomes en nombre infini et le vide sans limites) et les combinaisons éphémères ou productrices de corps doués d'une structure relativement stable. Il convient donc de ne pas s'at- tarder sur une voie foulée par Giussani, mais désertée par tous les autres et tenons pour certain qu'il s'agit de l'univers entier et qu'il y a prolepse de naturam . Le problème se trouve circonscrit au tour quâ ... figur ã . Parmi les références que donnent les commentateurs, nous n'en retiendrons qu'une seule par nous jugée instructive (III, 258-260) : Nunc ea quo pacto inter sese mixta quibusque compta modis uigeant , rationem reddere auentem abstrahit inuitum patrii sermonis egestas. L'on remarque que mixta et compta sont employés avec les tours quo pacto et quibus ... modis. Il est clair que l'expression reddere rationem qui régit l'inter- rogative indirecte exclut (3) le qua ratione et que uigeant ne vaut que le constet du vers I, 950. Or ces variantes quo modo, quo pacto , qua ratione , sont dans le cas qui nous occupe métriquement impossibles de toutes les manières. De plus du vers 943 à 950, Lucrèce a utilisé trois fois le mot ratio et surtout la proposition qui régit les vers à élucider contient un tali ratione. Il fallait donc rechercher littérairement, métriquement et syntaxiquement une variante et il n'y a pas lieu de s'étonner que Lucrèce ait choisi le mot figura. Remarquons d'abord que la construction embrassée quâ... figur à rappelle celle de quâ ... ratione fréquemment rencontrée (4). De plus, si l'on consulte les acceptions de figura dans un dictionnaire, l'on trouve une rubrique pour un sens figuré : forme, manière, façon, acception qui recouvre une de celle de ratio et on lit par exemple figura dicendi ou orationis que l'on met en parallèle avec des tours comme ratio dicendi. Aussi, à ne considérer que la signification des mots, rien de surprenant à ce que figura se substitue à ratio, et cela, en (1) II, 306-307. IV, 24-25, avec rejet du groupe naturam rerum , comme ici. V, 54. (2) naturam rerum ас persentis utilitate (3) Cf. A. Yon, Ratio et les mots de ment, p. 186. (4) I, 77-129-596. IV, 1145. V, 90-773. VI, 404-425. This content downloaded from 213.22.63.179 on Fri, 22 Apr 2022 19:09:13 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 476 J. LÉPINE contractant une alliance typiquement la unis entre eux selon le procédé dit de pas de même racine, ils ont le même sen tif avec un mot de même racine ou d moueri sensíferos motus) ou à l'ablatif d II, 97 adsiduo exercita motu ; Plaute, С ар Tér., Eun ., 958 quã audaciã ... audet ; et core, Plaute, Mere ., 483, quo leto ... per Parmi les emplois d с figura chez Lucr offriraient une image assez complète des latinité, il en est un que l'on peut inv atque L'on a mais comm Résum tali ra quo pa en lat synta la sol façon rerum Nous une é l'étud seul e J. Lépine. (1) Le renvoi au vers II, 1073 que fait A. Ernout dans son commentaire n'est pas sans intérêt : « ... simili ratione / atque ...». Il faut souligner aussi aux vers V, 1260-1261, la similitude de la place finale de figura . This content downloaded from 213.22.63.179 on Fri, 22 Apr 2022 19:09:13 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms uploads/Litterature/ un-emploi-de-figura-chez-lucrece.pdf

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