SUR LE NARRATEUR CHEZ FLAUBERT Author(s): Claudine Gothot-Mersch Source: Ninete
SUR LE NARRATEUR CHEZ FLAUBERT Author(s): Claudine Gothot-Mersch Source: Nineteenth-Century French Studies, Vol. 12, No. 3, FLAUBERT: PAPERS PRESENTED AT THE UNIVERSITY OF WISCONSIN-MADISON SYMPOSIUM COMMERMORATING THE CENTENNIAL OF THE DEATH OF FLAUBERT, OCTOER, 1980 (Spring—1984), pp. 344-365 Published by: University of Nebraska Press Stable URL: https://www.jstor.org/stable/23536544 Accessed: 17-09-2018 21:58 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms University of Nebraska Press is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Nineteenth-Century French Studies This content downloaded from 181.46.160.58 on Mon, 17 Sep 2018 21:58:55 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms SUR LE NARRATEUR CHEZ FLAUBERT Claudine Gothot-Mersch L A question du narrateur dans les romans de Flaubert a déjà été tra à maintes reprises, et notamment par deux des conférenciers du pré colloque: Victor Brombert, dans Flaubert par lui-même, étudie les m festations de la "présence de l'auteur" dans Madame Bovary et d L'Education sentimentale1-, Jean Bruneau, au colloque de London, " présence de Flaubert dans L'Education sentimentale"2. Ce problème narrateur est central, d'autre part, dans le Flaubert de Jonathan Cull Enfin, je m'en suis moi-même occupée dans une communication de 19 que j'avais intitulée "Le point de vue dans Madame Bovary"4, étude a le titre et le contenu de laquelle je ne suis plus aujourd'hui complètem d'accord. C'est dire queje vais m'avancer avec appréhension sur un ter difficile, et miné. Je commencerai par la critique de mon travail de 1971; je préfè maintenant, en effet, distinguer nettement le problème du narrateu celui du point de vue, les questions qui parle? et comment parle-t-on? questions qui voit? et d'où voit-on?, comme Gérard Genette nous a ap à le faire5. Je refuse donc de considérer le .personnage focal comm narrateur implicite, contrairement — par exemple — à Wayne C. Bo ("tout point de vue intérieur soutenu . . . transforme momentanément e narrateur le personnage dont la conscience est dévoilée"5). Deuxièm ment, définissant le narrateur comme le sujet de l'énonciation dans récit, je m'accorde avec Kàte Friedemann7 pour dire que ce qui sépar récit du genre dramatique, c'est précisément la présence ou l'absenc narrateur; et je m'écarte de l'opinion selon laquelle les répliques en s direct introduiraient dans le récit un changement de narrateur, le perso nage devenant narrateur pour le temps de sa réplique8. Enfin — e rejoins ici la discussion qui a suivi la communication de Jean Brunea colloque de London —, je tiens à distinguer nettement le narrateur l'auteur. Si le narrateur n'est pas l'auteur, des expressions comme "présence 344 This content downloaded from 181.46.160.58 on Mon, 17 Sep 2018 21:58:55 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Sur le narrateur chez Flaubert 345 l'auteur", "commentaire de l'auteur", " d'importantes difficultés. Quand Wayne Prejudice "le narrateur ne s'engage pas qu'il est possible et dans l'espoir de nou en secret"9, on peut se demander à qu bation secrète, et comment il arrive à dé jugement de l'auteur. Flaubert lui-même, on le sait, ne par (et ce terme a pour moi l'avantage de me organisateur de l'œuvre qui est celui d promet-il en 1852, "pas de réflexions, pe lisant La Case de l'Oncle Tom, il affirme ont irrité tout le temps"11, et il ajoute: Dans la même lettre, il écrit encore ceci, lui — comme pour son époque — auteu forme dramatique a cela de bon, elle a Cette position appelle quelques rema xions d'auteur" qui revient comme un me paraît recouvrir deux idées différ cille sans toujours les distinguer nette vain doit se contenter de peindre le m opinion sur ce qu'il peint: Shakespeare son œuvre on ne peut deviner ce qu'i senti"13. Mais la seconde est moins radic romancier "peut la communiquer, mais j problème, alors, devient un problèm Deuxième remarque. Puisque, pour n se distingue pas de l'auteur, il s'ensuit do opinion, s'abstenir de réflexions, être imaginer, par exemple, de dissimuler derrière un narrateur qui afficherait Mais, dernière observation, si la person être invisible, cela ne veut pas dire qu doive être oblitéré. Sans doute ai-je eu l'A.I.E.F., de soutenir que l'idéal de Fl définit Emile Benveniste — par oppos récit où "personne ne parle", où "les eux-mêmes"15. Ce n'est pas dans cett place. Aussi sera-ce sans faire appel à la notion d'infraction queje reprendrai This content downloaded from 181.46.160.58 on Mon, 17 Sep 2018 21:58:55 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 346 Nineteenth-Century French Studies aujourd'hui le problème, et que je relèverai, dans les qu maturité, ce qui me paraît s'y référer à la situation de disc ce qui contribue à la création de "quelqu'un" qui raconte et de "quelqu'un", en parallèle, à qui on les raconte. On sait que la délimitation de ce qui peut constituer u présence du narrateur, une manifestation du discours à l'in n'est pas toujours simple à établir. Qu'il me suffise de r Figures II où Gérard Genette relève, dans un texte de niste avait présenté comme l'exemple du récit de type nombreuses traces de subjectivité, c'est-à-dire de situat Certains traits ne prêtent pas à discussion: l'emploi d première et de la deuxième personne, celui du présent posé, celui des embrayeurs (des "shifters") spatiaux (ic (maintenant). Au delà, les choses se compliquent. Benveniste exclut réflexions et les comparaisons, mais sans en faire des élém "discours, réflexions, comparaisons" forment la liste de est "étranger au récit des événements'17; cependant, qu bas, il définit le discours comme "toute énonciation suppos et un auditeur, et chez le premier l'intention d'influen que manière"18: réflexions et comparaisons ne manifest intention? Pour Gérard Genette, elles introduisent en effe du récit, le discours19. Mais le lecteur sent-il, dans tou présence du narrateur? "il se battit comme un lion" pro de vue) un effet différent de: "il se battit avec bravo réflexions, le même problème se pose: dire de Frédéric "homme de toutes les faiblesses" (E.S. 300), c'est senti ment porté sur le personnage; dire de Rosanette qu ell jolie, ou naïve, en est-ce un? Si la réponse est "non différence? Si elle est "oui", si tout adjectif un tant soit p être mis au compte du discours, celui-ci finit par se confo tout entier, et la distinction établie par Benveniste per nence, du moins son utilité. D'autres aspects aussi du texte narratif sont générale par la critique flaubertienne comme étrangers au récit pro manifestations de doute ou d ignorance du narrateur, les e fournit au lecteur, l'ironie. Ce dernier point, on le sait ment délicat. En tant que figure de rhétorique, l'iron assez facilement localisable; lorsque Flaubert écrit que This content downloaded from 181.46.160.58 on Mon, 17 Sep 2018 21:58:55 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Sur le narrateur chez Flaubert 347 pendant ses études de médecine, "appr chantait aux bienvenues, s'enthousiasm punch et connut enfin l'amour', et qu' préparatoires20, il échoua complètemen pouvons situer un effet de style, et à t dehors de cas semblables, le "ton ironiqu hender avec quelque précision: il est par (Jonathan Culler a fourni un bon exemple analyse de la phrase de Madame Bovary On me pardonnera donc, je l'espère, d festations du discours qui m'ont paru q accepter les catégories jugement et ironie, élargissant démesurément son objet, en J'examinerai d abord l utilisation des p deuxième personne, établissant dans l'œ qui dans le texte affirme, accentue la p rences à l'acte narratif, les références au t la narration, les manifestations de dout donc, non pas dans leur rapport avec le po à l'omniscience —, mais en tant que ré doute: je doute, donc je suis), les manif teur par rapport au personnage (l'affirma et par rapport au lecteur (les explications formules générales par lesquelles il lui i une certaine philosophie de l'existence); sances du lecteur. Cette énumération co quement tous les emplois du présent. Pronoms et possessifs de la première e Donnons d'abord quelques chiffres. En direct, des lettres et articles de journaux, la maturité, aucun pronom, ni possessif, d personne du singulier. Il y a dans Madame Bovary 15 nous et 2 la deuxième personne du pluriel; dans tion sentimentale, 4 nous et 3 possessif Bouvard et Pécuchet, 33 nous, 33 nos o Une première remarque s'impose: les premières personnes sont presque aussi This content downloaded from 181.46.160.58 on Mon, 17 Sep 2018 21:58:55 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 348 Nineteenth-Century French Studies tale que dans Salammbô. Assez nombreux dans Madame sont plus encore dans Bouvard et Pécuchet. Mais le statu fort différent dans ces deux œuvres. Dans Madame Bovary, 8 nous sur 15, et les 2 nos, sont à mettre à l'actif de ce narrateur interne que Flaubert a mis en place au début du roman: "Nous étions à l'Etude, quand le Proviseur entra . . La lecture des brouillons révèle que le pronom singulier, uploads/Litterature/ sur-le-narrateur-chez-flaubert.pdf
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- Publié le Oct 11, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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