Version AFI D'UN AUTRE À L'AUTRE J. LACAN SÉMINAIRE 1968 -1969 Publication hors

Version AFI D'UN AUTRE À L'AUTRE J. LACAN SÉMINAIRE 1968 -1969 Publication hors commerce. Document interne à l'Association Freudienne et destiné à ses membres Tables des matières, p. 5 Début, p. 7 La pagination respecte celle du document source 2 Au lecteur "Ce à quoi sert cette topologie, ce n'est pas à ce que je vous donne la réponse, je veux dire que je déclare comme ça tout de go parce que ça m'irait ou même parce que je verrai un petit peu plus loin, étant donné que c'est moi qui ai fabriqué le truc et que je sais où je vais, que je vous dise : elle est ici ou là. C'est que la question se pose." Cette remarque de Lacan, bien antérieure à ce séminaire, vaut pour l'écriture de son titre. Y a-t-il un ordre obligé entre les deux a, ou celui-ci est- il indifférent ? Nous laisserons bien volontiers aux universitaires cette occasion de polémique. Que chaque lecteur pris véritablement par la psychanalyse comme psychanalysant ou comme psychanalyste veuille bien considérer que la question se pose à lui, même si elle lui semble en apparence tranchée par le choix que nous avons du faire lors de la réalisation de la présente édition. 3 4 Tables des matières 6 LEÇON I, 13 NOVEMBRE 1968 L'essence de la théorie psychanalytique est un discours sans parole (écrit au tableau) Nous nous retrouvons cette année pour un séminaire dont j'ai choisi le titre D'un Autre à l'autre, pour indiquer ce que seront les grands repères autour de quoi doit, à proprement parler, tourner mon discours. C'est en ceci que ce discours, au point du temps où nous sommes, est crucial; il l'est pour autant qu'il définit ce qu'il en est de ce discours qui s'appelle le discours psychanalytique, dont l'introduction, dont l'entrée en jeu dans ce temps emporte tant de conséquences. Une étiquette a été mise sur ce procès du discours, le structuralisme, a-t-on dit, mot qui d'ailleurs n'a pas nécessité de la part du publiciste qui, soudain, il y a, mon Dieu, un nombre pas tellement grand de mois, l'a poussé pour englober un certain nombre dont le travail, depuis longtemps, avait tracé quelques avenues de ce discours - c'est ainsi que par les faits je viens de parler d'un publiciste, chacun sait les jeux de mots que je me suis permis autour de la "poubellication" - nous voilà donc un certain nombre de par la grâce de qui c'est l'office, réunis dans la même poubelle; on pourrait avoir plus désagréable compagnie ! A la vérité, ceux avec qui je m'y trouve conjoint n'étant que des gens pour le travail desquels j'ai la plus grande estime, je ne saurais, de toute façon, m'en trouver mal, surtout que, pour ce qui est de la poubelle, en ce temps dominé par le génie de Samuel Beckett, nous en connaissons un bout ; pour moi, personnellement, après avoir habité pendant aujourd'hui presque trente ans, en trois sections de quinze, de dix et de cinq ans, dans trois sociétés psychanalytiques, j'en connais un bout sur ce qu'il en est de cohabiter avec les ordures ménagères ! Pour ce qui est du structuralisme, à la vérité on comprend le malaise qui peut se produire chez certains du maniement que l'on prétendrait de l'extérieur infliger à notre commun habitat, et aussi bien que l'on puisse avoir l'envie d'en sortir un peu pour se dérouiller les jambes. Il n'en reste pas moins que, depuis que cette impatience semble, selon toute apparence, prendre certains, je m'avise que, en cette corbeille, je ne me trouve après tout pas si mal, puisque aussi bien, à mes yeux, il ne me semble pas, ce 7 structuralisme, pouvoir être identifié à autre chose que ce que j'appellerai tout simplement le sérieux, à aucun degré, certes, quoi qu'il en soit, à quelque chose qui ressemble à rien de ce que l'on peut appeler une philosophie si, par ce mot, l'on désigne une vision du monde ou même quelque façon d'assurer, à droite et à gauche, les positions d'une pensée. Qu'il suffise, pour réfuter le premier cas, s'il est vrai que psychanalyste, je ne pouvais me prétendre d'aucune façon introduire ce qui s'intitule ridiculement une anthropologie psychanalytique - il suffirait de rappeler, à l'entrée même de ce domaine des vérités constituantes tout ce qu'apporte, dans ce champ, la psychanalyse, c'est à savoir qu'il n'y a pas d'union de l'homme et de la femme sans que la castration (a) ne détermine, au titre du fantasme, précisément, la réalité du partenaire chez qui elle est impossible, (b) sans qu'elle se joue, la castration, dans cette sorte de recel qui la pose comme vérité chez le partenaire à qui elle est réellement, sauf excès accidentel, épargnée. Insistons bien que, répandant cette formule de la Genèse que Dieu les créa - il y a aussi le créa - homme et femme - c'est le cas de le dire, Dieu sait pourquoi ! - chez l'un, l'impossible de son effectuation, à la castration, vient à se poser comme déterminant de sa réalité; chez l'autre, le pire dont elle le menace comme possible n'a pas besoin d'arriver pour être vrai, au sens où ce terme ne comporte pas de recours. Ce seul rappel, semble-t-il, implique qu'au moins, au sein du champ qui apparemment est le nôtre, nulle harmonie, de quelque façon que nous ayons à la désigner, n'est d'aucune façon de mise, qu'assurément quelque propos s'impose à nous qui est celui justement du discours qui convient. Pour le mener, aurons-nous à nous poser en quelque sorte la question qui est celle d'où est partie toute la philosophie, c'est qu'au regard de tant de savoir, non sans valeur et efficace, qu'est-ce qui peut distinguer ce discours, de soi-même assuré, qui, se fondant sur un critère que la pensée prendrait dans sa propre mesure, mériterait de s'intituler épistèmè : la science. Nous sommes portés, ne serait-ce que d'abord par ce défi que je viens de dessiner comme celui porté par la vérité au réel, à plus de prudence dans cette démarche de mise en accord de la pensée avec elle-même. Une règle de pensée qui a à s'assurer de la non-pensée comme de ce qui peut être sa cause, voilà à quoi nous sommes confrontés avec la notion de l'inconscient. Ce n'est qu'à mesure de l'hors de sens des propos et non pas, comme on s'imagine et comme toute la phénoménologie le suppose, du sens, que je suis comme pensée. Ma pensée n'est pas réglable - que l'on ajoute ou non "hélas!"- à mon gré; elle est réglée. Dans mon acte, je ne vise pas à l'exprimer mais à la causer. Mais il ne s'agit pas de l'acte. Dans le discours, je n'ai pas à suivre sa règle, mais à trouver sa cause. Dans l'entre8 sens - entendez-le pour si obscène que vous pouvez l'imaginer - est l'être de la pensée. Ce qui est à passer par ma pensée, la cause, elle laisse passer purement et simplement ce qui a été, comme être, et ceci du fait que, déjà et toujours, là où elle est passée, elle est passée produisant toujours des effets de pensée. "Il pleut" est événement de la pensée chaque fois qu'il est énoncé, et le sujet en est d'abord ce "il", ce "hile" dirai-je, qu'il constitue dans un certain nombre de significations. Et c'est pourquoi cet "il" se retrouve à l'aise dans toute la suite car à "il pleut" vous pouvez donner "il pleut des vérités premières" "il y a de l'abus" ; surtout à confondre la pluie, le météore, avec pluvia, l'aqua pluvia, la pluie, l'eau qu'on en recueille ; le météore est propice à la métaphore et pourquoi ? parce que déjà il est fait de signifiants. Il pleut. L'être de la pensée est la cause d'une pensée en tant que hors de sens. Il était déjà et toujours être d'une pensée avant. Or, la pratique de cette structure repousse toute promotion d'aucune infaillibilité. Elle ne s'aide précisément que de la faille ou plutôt de son procès même car il y a un procès de la faille, et c'est le procès dont la pratique de la structure s'aide„ mais elle ne saurait s'en aider qu'à la suivre, ce qui n'est d'aucune façon la dépasser, sinon à permettre sa saisie dans la conséquence qui s'en fige au temps, au point même où la reproduction du procès s'arrête. C'est dire que c'est son temps d'arrêt qui en marque le résultat, et c'est ce qui explique, disons-le ici d'une touche discrète en passant, que tout art est défectueux ; que c'est du recueil de ce qui, au point où sa défaillance d'être accompli se creuse, c'est de ce recueil qu'il prend sa force, et c'est pourquoi la musique et l'architecture sont les arts suprêmes - j'entends suprêmes techniquement, comme maximum dans le banal, produisant la relation du nombre harmonique avec le temps et avec l'espace, sous l'angle précisément de leur incompatibilité. Car le nombre harmonique n'est, maintenant, on le uploads/Litterature/ version-afi.pdf

  • 27
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager