Parcours : la bonne éducation Victor Hugo « chaque enfant qu’on enseigne » - co

Parcours : la bonne éducation Victor Hugo « chaque enfant qu’on enseigne » - commentaire linéaire Introduction Biographie de Victor Hugo : Romancier, poète, dramaturge, il est l’un des auteurs les plus abondants de la littérature française. Par sa longévité exceptionnelle, il touche tous les domaines de la pensée et les met en œuvre dans des écrits extrêmement variés. Sa vie est aussi un combat : engagé en tant que député puis pair de France, exilé dans les îles anglo- normandes pour avoir contesté le coup d’Etat de Napoléon III, il fait figure de défenseur du peuple qui lui rendra un hommage émouvant à sa mort, attirant plus d’un million de personnes pour suivre le cortège funèbre. IL a lutté pour l’éducation des enfants, l’égalité hommes / femmes, l’abolition de la peine capitale, la constitution d’une Europe unifiée et pacifiée. Son œuvre est marquée par l’idée d’une grandeur sacrée et fondamentale de l’Homme : ce dernier peut toujours se racheter et devenir meilleur, il n’est que le fruit d’une société à réformer constamment vers plus de dignité, d’égalité, de respect. Utopiste et visionnaire, notre société actuelle doit beaucoup à la réflexion et aux engagements de cet auteur. Dernier mot sur Hugo : c’est le chef de file du romantisme, entendu comme un mouvement de révolte de la jeunesse contre les carcans d’un art ancien, inadapté à l’évolution de la société. Présentation de l’œuvre : L’œuvre que nous présentons a une dimension autobiographique : Hugo visite un bagne, une prison et s’aperçoit que les bagnards qu’il croise sont plus victimes que réellement coupables. En effet, faute d’une réelle éducation et parentale et scolaire, ces bagnards n’ont pas eu la chance de sortir de leur misère et ont été entraînés malgré eux dans l’illégalité voire le crime. L’utopique vision de Hugo repose sur le fait de penser qu’une éducation minimum peut permettre à l’homme de ne pas sombrer dans le crime. Présentation de l’extrait : Dans notre extrait, Hugo affirme que l’apprentissage de la lecture et de l’écriture permet à l’homme de devenir un véritable être humain, conscient du bien et du mal, capable d’effectuer des choix moraux et civiques. IL relève donc de la société de permettre à tous les individus d’avoir accès à l’éducation. LECTURE Structure du texte / Mouvement du texte : - Vers 1 à 7 : Les dangers de l’absence d’éducation - Vers 8 à 13 : les apports de l’école et de la lecture - Vers 14 à 19 : L’absence d’enseignement conduit à l’absence de morale - Vers 20 à 26 : L’école et l’instruction éclairent l’homme Problématique : Comment Victor Hugo fait-il l’éloge de l’éducation ? 1. Vers 1 à 7 : les dangers de l’absence d’éducation Le premier vers du poème pose la thèse de Victor Hugo en un alexandrin clair et précis reposant sur un parallélisme entre le premier hémistiche « chaque enfant qu’on enseigne » et le second hémistiche « est un homme qu’on gagne ». On voit les apports directs de l’école avec le processus de croissance et de développement « enfant » / « homme » et « enseigne » / « gagne ». Cette thèse est formulée à l’aide du présent de vérité générale « enseigne », « est », « gagne » ainsi que le pronom indéfini « on » qui constitue un procédé de généralisation. Victor Hugo affirme ainsi très clairement la thèse qu’il défendra tout le long de son poème : l’éducation de tout enfant est nécessaire au développement et de l’individu et de la société. Les six vers suivants vont montrer comment l’absence d’éducation conduit les hommes au bagne, à la prison. Hugo prend appui sur un fait concret qu’il énonce avec des chiffres précis « quatre-vingt-dix voleurs sur cent ». Ce chiffre montre que la population du « bagne » est illettrée et que les bagnards « ne sont jamais allés à l’école une fois ». Hugo recourt à des négations syntaxiques « ne sont jamais allés », « ne savent pas lire » ou lexicales « l’ignorance ». Ces négations montrent que les conséquences d’une absence d’éducation sont la prison et le « crime ». Victor Hugo recourt aussi à un vocabulaire de l’obscurantisme « cette ombre-là », « la nuit », « l’abîme ». On remarquera la rime « crime » / « abîme » qui insiste sur le lien entre ignorance et immoralité. Ce lien est marqué aussi par un jeu de métaphore « l’ignorance est la nuit » et de personnification « rampe la raison », « l’honnêteté périt ». Le recours aux figures d’analogie permet d’accompagner l’argumentation de Victor Hugo : en montrant que les bagnards sont majoritairement illettrés et non instruits, il rend la société responsable de l’état d’inculture des prisonniers. Si la société avait pris soin d’instruire tous les individus, de leur apprendre à écrire « et signent d’une croix » et à lire « ne savent pas lire », elle s’épargnerait le fait de les punir pour des crimes dont ils ne peuvent avoir conscience. Faute d’un développement intellectuel, les prisonniers n’ont pas de conscience civique et morale. 2. Vers 8 à 13 : les apports de l’école et de la lecture Le vers 8 s’ouvre de nouveau sur une affirmation catégorique et solennelle tout comme le premier vers qui ouvrait notre extrait. On remarque la sacralisation de l’école avec les deux groupes nominaux « sanctuaire », « la chapelle ». Ces vers 8 à 13 vont donc s’inscrire en antithèse avec les six vers précédents afin de montrer ce qu’apporte l’école et surtout l’alphabétisation des individus. L’antithèse est marquée par l’emploi du vocabulaire de la lumière qui s’oppose au vocabulaire de l’obscurité que nous avions relevé précédemment : « « s’éclaire », « humble lueur », « la lampe en main ». On notera que ces références à la lumière évoluent en gradation montrant ainsi l’évolution de l’enfant vers l’adulte éclairé et développé moralement et civiquement. Les rimes sont par ailleurs éclairantes : « chapelle » / « épelle » montre le caractère sacré de l’apprentissage de la lecture ; « cœur » / « lueur » fait un lien entre le développement affectif et la lumière du savoir ; « livre » / « suivre » marque la voie qu’ouvre le livre dans la vie. Là encore on retrouve les figures d’analogie, comme précédemment mais en opposition : on retrouve la métaphore « l’alphabet contient sous chaque lettre une vertu ». C’est montrer que l’instruction n’est pas simplement un assemblage de connaissances mais elle est morale « vertu », « humble », « cœur ». Tous ces termes renvoient à la morale. L’instruction développe donc la conscience morale de l’individu. Cette image est marquée aussi par l’innocence avec la figure de l’enfant : « l’enfant », « au petit enfant », « le petit livre ». Tout est marqué par la petitesse, la fragilité, l’innocence. Il est le futur que l’on doit former et conduire. Victor Hugo en appelle donc au lecteur et à la société avec l’emploi de l’impératif : « donnez », « marchez ». Il montre que la société doit accompagner l’enfant dans sa scolarité et son éducation morale. Elle en est responsable. 3. Vers 14 à 19 : L’absence d’enseignement conduit à l’absence de morale Victor Hugo reprend l’antithèse précédente en montrant à quoi conduit l’absence d’éducation. Au champ lexical de la lumière, il oppose de nouveau l’allégorie de la nuit « La nuit produit l’erreur ». A ceci s’ajoute un chiasme : le mot « erreur » est répété par deux fois à la fin du premier hémistiche et à l’ouverture du deuxième, tandis que les mots « nuit » et « attentat » se font écho à l’image du début de notre extrait où l’obscurité était associée au crime. Hugo revient sur sa thèse selon laquelle c’est l’absence d’éducation qui est responsable de la criminalité. Il montre ainsi que l’homme non éduqué n’est pas sorti de l’état de nature et demeure une bête : « des hommes animaux », « tristes instincts ». Ce sont des êtres qui ne sont pas devenus des hommes « têtes inachevées ». Il les compare à des aveugles avec tout un champ lexical de la cécité : « prunelles crevées », « aveugles effrayants », « regard sépulcral ». Ce champ lexical évolue en gradation avec l’adjectif « sépulcral » qui renvoie à la mort. L’absence d’éducation est la mort de l’homme. Notons la rime « inachevées » / « crevées » qui renforce ce que nous venons de dire : l’individu non instruit est mort moralement, psychologiquement et civiquement. Cette image de l’aveugle aux « prunelles crevées » « qui marchent à tâtons » rappelle la figure d’Œdipe. Ces vers 14 à 19 développent tout un registre fantastique lié à la peur et à l’effroi : c’est la présence de la « nuit », le vocabulaire de la peur « effrayants » avec une créature non humaine « des hommes uploads/Litterature/ victor-hugo-commentaire-lineaire-chaque-enfant-qu-x27-on-enseigne.pdf

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