Universitatea Babeș-Bolyai Facultatea de Litere Lucrare de disertație Profesor

Universitatea Babeș-Bolyai Facultatea de Litere Lucrare de disertație Profesor coordonator: Studentă: Rodica Lascu-Pop Floarea-Nicoleta Nedelea Cluj-Napoca 2016 Université Babeș-Bolyai Faculté de Lettres Mémoire de Master Professeur coordonnateur: Étudiante: Rodica Lascu-Pop Floarea-Nicoleta Nedelea Cluj-Napoca 2016 Vivre et écrire la frontière : Vassilis Alexakis et l’expérience du bilinguisme Avant-propos L’idée de cette étude m’est venue le semestre passé lors du cours de littératures francophones tenu par madame professeur Rodica Lascu-Pop à la Faculté de Lettres de Cluj. À ce cours j’ai découvert la littérature de l’entre-deux et j’ai été impressionnée par la situation difficile des écrivains bilingues francophones sur la scène littéraire mondiale. Dans ce sens lors d’une discussion sur les romans de quelques écrivains de l’entre-deux, j’ai remarqué un écrivain grec d’expression française qui, dans un roman autobiographique intitulé Paris-Athènes, s’est voué à la présentation des difficultés d’adaptation qu’il a dû surmonter depuis son exil de la Grèce (études de journalisme à Lille, 1960) et son installation à Paris (1967). Le nom de l’écrivain est Vassilis Alexakis. Je me suis beaucoup intéressé à l’œuvre et à la condition d’exilé de cet écrivain et j’ai découvert qu’un des problèmes qu’il traite dans ses romans est le sujet de la langue comme espace frontalier. J’ai lu son roman autobiographique Paris-Athènes et j’ai remarqué que cette thématique de la frontière est utilisée non seulement sur le plan linguistique mais aussi sur le plan culturel, relationnel ou identitaire. C’est pourquoi j’ai décidé d’étudier les interférences, les confluences et les différences existantes entre ces domaines. J’ai découvert que la raison principale pour laquelle l’auteur avait utilisé tous ces clivages entre les deux pays : La France et la Grèce, entre la langue maternelle et la langue d’accueil a été la promotion de l’apprentissage des langues actuelles mineures, comme c’est le grec pour lui, au niveau mondial et l’encouragement de l’utilisation de la langue comme sujet d’écriture dans le domaine littéraire. Sans compter l’étude de ces influences culturelles, relationnelles, identitaires sur l’acte d’écriture, j’ai aussi analysé le concept de frontière du point de vue historique, géographique, socio-culturel et littéraire. Mon analyse n’a pas été facile à cause de la complexité des œuvres de cet écrivain et à cause de la porosité du concept de frontière dans la sphère littéraire. C’est pourquoi dans l’étude j’utilise non seulement des articles de critique littéraire mais aussi des articles sociologiques sur les délimitations de l’espace et de la littérature de l’entre-deux. Sommair e 1. Frontière et littérature.................................................................................................................2 1.2. La frontière : réalité et fiction..............................................................................................2 1.2. La littérature de l’entre-deux dans l’espace francophone européen et africain...............7 2. Vassilis Alexakis : d’une frontière réelle à une frontière littéraire........................................12 2.1. «J’avais décidé d’assumer mes deux identités»................................................................12 2.2. « Je suis pour ma part mon propre sosie »........................................................................15 2.3. Vassilis Alexakis au miroir de l’auto-traduction..............................................................18 3. « J’ai préféré intituler ce livre Paris-Athènes plutôt qu’Athènes-Paris »..............................20 3.1. « Mes personnages s’exprimaient fatalement dans la même langue que moi »..............20 3.2. L’écriture : une frontière de soi-même..............................................................................23 3.2.1. Entre Paris et Athènes : la vie et la culture d’hier et d’aujourd’hui............................23 3.2.2. « À travers la langue que nous parlons résonnent les voix des peuples qui se sont éteints ».......................................................................................................................................27 3.2.3. « De mon propre visage non plus je ne me souviens pas »............................................30 3.2.4. « Je ne saurais dire quel degré de parenté existe entre les deux langues »..................35 3.3. Conclusions..........................................................................................................................45 3.4. Bibliographie.......................................................................................................................51 Mots clés : bilinguisme, exil, crise identitaire, auto-traduction, frontière, allers-retours 1 1. Frontière et littérature 1.2. La frontière : réalité et fiction Le concept de frontière signifie « une limite séparant deux zones, deux régions caractérisées par des phénomènes physiques ou humains différents.»1 Le sens connotatif du mot frontière est celui de moyen de délimitation entre deux ou plusieurs types d’espaces, de clivage entre mondes ou idées différentes, mais aussi de forme de transgression, de conquête d’un monde nouveau, avec ou sans référence au vieux monde. Les mondes ou les territoires traversés par la frontière peuvent appartenir aux domaines différents, dont on mentionne quelques typologies fréquentes: frontières naturelles ou géographiques, culturelles, historiques, sociales, politiques, littéraires etc. Conformément aux recherches sociographiques faites par le sociologue Jean François Coté, la conscience de l’existence de la frontière comme moyen de transgression vers un univers conceptuel nouveau est éveillée à travers l’idée du voyage dans le Vieux Testament lors de l’épisode de l’Exode, quand il se passe un déplacement, un dépassement des limites géographiques de l’Egypte et dans le même temps une transition vers la découverte de l’expérience initiatique chez le peuple hébreu : « dans l’Ancien Testament, dans l’épisode de l’Exode, certains des enjeux liés à l’expérience du ”voyage”, tels que ces enjeux sont traduits par une ”quête”, par une ”aventure” vers l’inconnu susceptible d’entraîner des péripéties qui vont des découvertes fabuleuses à des rencontres périlleuses, ou encore de générer des expériences initiatiques capables de révéler l’essentiel de la signification d’une existence dans le monde ».2 D’autres références au thème du voyage et implicitement à l’idée de frontière sont faites dans l’Antiquité à travers l’écriture de L’Odyssée de Homer, puis au Moyen Âge et dans la période moderne quand paraissent Don Quichotte de Cervantès, Robinson Crusoé de Defoe et Les voyages de Gulliver de Swift. 1 Dictionnaire Larousse en ligne, consulté le 5.03.2016, disponible sur l’internet : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/fronti%C3%A8re/35408. 2 Jean-François Côté, « Littérature des frontières et frontières de la littérature : de quelques dépassements qui sont aussi des retours » in Recherches sociographiques, Revue Erudit, vol. 44, no. 3, 2003, p. 505, consulté le 3.05.2016, disponible sur l’internet : https://www.erudit.org/revue/rs/2003/v44/n3/008204ar.pdf. 2 Les XIX-XXIᵉ siècles construisent à travers leur histoire complexe les prémisses principales de l’extension du concept de frontière comme facteur conquérant d’un monde nouveau, prémisses qui sont données par les idées d’exil, de voyage et d’étrangeté. L’interdépendance de ces trois prémisses a été émergente à l’apparition des premières formes de la littérature de la traversée des frontières. Ayant comme point catalyseur une histoire européenne scindée par les deux grandes guerres mondiales et par les régimes totalitaires, la littérature de la traversée des frontières se forme sous l’égide de l’exil de beaucoup d’écrivains, qui, à cause de leur incapacité de vivre sous des régimes contraires à leurs principes de vie, ont quitté, volontairement ou pas, le pays natal et ont été obligés à vivre une grande partie de leur vie dans un pays d’accueil comme c’est le cas de la France pour beaucoup d’entre eux : Milan Kundera, Julia Kristeva, Vassilis Alexakis, Émile Cioran, Andreï Makine, etc. Ces écrivains ont commencé à écrire ce qu’on appelle aujourd’hui la littérature de l’entre-deux ou de la traversée des frontières pour se libérer du sentiment d’étrangeté, de ne pas s’intégrer ou de ne pas appartenir à la culture et à la vie du pays d’accueil ou du pays natal. Ce type de littérature mise beaucoup sur l’idée de voyage, de déplacement entre espaces géographiques ou historiques en posant l’accent sur les allers-retours de l’écrivain entre le pays natal et le pays d’accueil et sur les impressions de celui-ci sur la spécificité de ses deux pays : langue, culture, espace géographique, identité etc. Une des définitions de la littérature des frontières est proposée par Claudio Magris dans un article sur l’itinéraire de l’écrivain de l’entre-deux : il affirme pratiquement qu’un des rôles de la frontière dans le cadre de la littérature, est celui de faire fusionner le connu avec l’inconnu : « Je sentais en quelque sorte qu’il y avait derrière cette frontière quelque chose de connu et d’inconnu, et je crois que cela est fondamental pour la littérature qui est souvent un jeu, un voyage allant du connu vers l’inconnu, mais aussi de l’inconnu vers le connu, vers un inconnu que l’on s’approprie. »3 D’autres rôles de la frontière dans le cadre de la littérature de l’entre-deux, rôles qui indiquent aussi des caractéristiques de ce type de littérature sont proposés dans un article écrit sur ce sujet par Maud Verherve. Il soutient que la frontière littéraire est dans le même temps 3 Claudio Magris, «Littérature de frontière, itinéraire d’un écrivain », in Étude germanique, Revue Cairn.info, vol. 1, no. 245, 2007, p. 5, consulté le 5.03.2016, disponible sur l’internet : https://www.cairn.info/revue-etudes- germaniques-2007-1-page-5.htm. 3 un espace de séparation et un espace d’unification, une interface transparente entre le dedans et le dehors, entre la continuité et la discontinuité, entre le réel et l’imaginaire : « Si la frontière y est remarquable, c’est bien que la littérature cristallise l’essence et l’ambivalence intrinsèque de cet objet complexe en devant décrire ces passages, ces marques, ces creux et ces pleins qui forment l’action des personnages. Séparation et exclusion d’un côté, enclos et repli de l’autre ; seuil, aussi, comme une rupture dans l’espace approprié du territoire, rupture constitutive d’un certain rapport de l’individu à son espace vécu, du réel à l’imaginaire ; interface, encore, autorisant la liberté d’allers et retours transparents. Frontière réelle matérialisée par le barbelé, elle doit empêcher le pas, marquer l’espace devenant territoires. Elle limite un dedans et un dehors, elle rompt encore la continuité en dessinant un tout et uploads/Litterature/ vivre-et-ecrire-la-frontiere-vassilis-alexakis-et-l-x27-experience-du-bilinguisme.pdf

  • 13
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager