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Il 11 |m HILOSOPHIE DE L'ESPRIT If:^ ELECTION DIRIGÉE PAR L. LAVELLE ET R. LE SENNE : .CD '.CD 'm riil ÉTUDES K1ERKE6AARDIENNES |] par JEAN WAHL ii FERNAND AUBIER ÉDITIONS MONTAIGNE, OUAl CONTl, N* 13, PAKIS I. l_ T i - ' ir-T-THir-in-nlr-rrn -.IirmTTnjtrT-r- ia. n.g-rtr-.^^SS^-H vt ^i w il M THIS BOOK IS PRESENT INOURLBRARY THROUGHTHE GENEROUS CONTRIBUTIONS OF ST. MICHAEUS ALUMNI TOTHEVARSITY FUND Digitized by the Internet Archive in 2009 with funding from Ontario Council of University Libraries littp://www.archive.org/details/tudeskierkegaaOOwahl Études Kierkegaardiennes /ubrary] DU MÊME AUTEUR Les philosophies pluralistes d'Angleterre et d'Améri- que (Alcan). Le rôle de l'idée d'instant chez Descartes (Alcan). Étude sur le Parménide de Platon (Rieder). Le malheur de la conscience dans la philosophie de Hegel (Rieder). Vers le Concret (Vrin). PHILOSOPHIE DE L'ESPRIT COLLECTION DIRIGÉE PAR L. LAVELLE ET R. LE SENNE Études I Kierkegaardiennes PAR JEAN WAHL FERNAND AUBIER ÉDITIONS MONTAIGNE - 13, quai Conti - PARIS Tous droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays. i-38. CHAPITRE PREMIER Esquisse pour une vie et un portrait Et c'est pourquoi ce ne sont pas seule- ment mes écrits, mais aussi ma vie, l'in- timité bizarre de toute la machinerie, qui sera le sujet d'innombrables études. (Journal, 1847.) Dieu m'a donné la force de vivre comme une énigme. (Journal, i848.) Ce qui m'occupe n'a pas seulement une relation avec l'individu, mais toujours en môme temps avec un principe et une idée. La plupart des hommes pensent h la jeune fille qu'ils doivent épouser; moi, je devais penser au mariage en tant que mariage, et ainsi du reste. (Haecker, 1849, p. 63) (i). Kierkegaard dit de lui-même : « Je n'avais jamais été homme, ni enfant, ni jeune homme; ce fut dès mon enfance mon malheur; les autres enfants jouent, s'amu- sent; et si on est un jeune homme... » Lui est un esprit, n'a vécu que comme esprit. Il n'a eu aucune immédia- teté : il a toujours été <( dans la réflexion », dans le dédou- blement, jamais dans l'unité spontanée (2/i août iSvSg, (i) Cf. Haecker, Christentum und Kiiltur, p. 68, sur la complexité de l'œuvre de Kierkegaard. « Il s'agit à la fois de poésie et de philosophie, de psychologie et de théologie... et la complexité est portée à son plus haut point parce que la chose est fondue avec la personne, les parties avec le tout, la pensée avec l'existence. » a ÉTUDES KIERKEGAARDIENNES i84i, Haecker, p. 162; i848, ibid., p. 177). Il a seule- ment donné aux autres l'illusion qu'il était jeune (i), « Il fut pendant longtemps enfantin au plus haut point, et dépourvu de sérieux », écrit le recteur Michaël Nielsen (Geismar, p. 16). Mais lui-même nous dit : u Je me suis fait une jeunesse imitée. » L'image du Christ en croix fut mise très tôt au centre de ses pensées, la théologie de son père était la théologie du Christ ensanglanté. Son père était profondément religieux, et d'une humi- lité infinie (2). On a déjà bien souvent fait le tableau angoissant de ce père et de ce fils, rongés par un remords mal défini : « Pauvre enfant, dit le vieillard dont Kierkegaard saura plus tard qu'il plie sous la malédiction du ciel, pauvre enfant; tu t'en vas dans un désespoir sans cri. » Enfant, il était déjà comme un vieillard; cette image du Crucifié ne le quittait pas, le père et le fils étaient les deux hom- mes les plus mélancoliques qui aient vécu depuis qu'il y a des hommes (i84A, p. 278). Son père était né dans la lande, la grande étendue où tout est nu devant Dieu, où la présence de Dieu est sentie si fortement (Cf. Monrad, p. 28); il avait été influencé par la prédication des frères moraves toute pleine de la pen- sée des larmes, des blessures, et du sang de Jésus-Christ, tout animée de haine contre le monde (Monrad, p. 26) (3). (i) « Chacun se venge du monde. Ma vengeance a consisté à garder en moi ma douleur et mon souci profondément enfermés, et à divertir tous les autres par mon rire » (5 juin 1887). « Moi aussi, j'ai uni le tragique et le comique ; je dis des mots ; on rit ; je pleure » (i/» juil- let 1837). Il avait une virtuosité innée, qui le rendait capable de trom- per tous les autres, le faisant paraître tout rempli de vie et de plaisir (i848). (a) Cf. pour ce dernier point Ruttenbeck, p. 16, citât, de Pap. B.. 1. IV, p. III : « Quand il était avec un ami avec lequel il pouvait avoir une conversation pleine de confiance, il répétait : « Je ne vaux rien, je ne « suis bon h rion. » Il aurait pu démontrer que, compare à lui, riionunu le plus insignifiant était un génie. » (3) « Dieu miséricordieux, comme mon père m'a fait tort ; il m'a fait un tort terrible dans sa mélancolie. Un vieillard qui décharge toute sa mélancolie sur un pauvre enfant... et pourtant le meilleur dos pè- res n (iK,'(7, p. ,<3f)). Il dit <lo lul-mémn : « Un mnlhouroux enfant qu'un ESQUISSE POUR UNE VIE ET UN PORTRAIT 3 Cette impression profonde du christianisme qu'il a reçue dans son enfance, il est décidé, précisément à cause de sa profondeur, à la manifester coûte que coûte. L'homme mûr peut apprendre de l'enfant, de l'enfant qu'il a été. Et son père lui a enseigné ce que ses profes- seurs de théologie n'auraient pu lui enseigner : que le christianisme est relation existentielle (Cf. Voigt, p. 227), et que le juste est persécuté. Et son père lui fournit en même temps les armes avec lesquelles il devait combattre pour le christianisme, avec lesquelles aussi il devait se protéger lui-même : l'imagi- nation et la dialectique. De lui, il a hérité, nous dit-il lui-même, l'imagination, la dialectique (i) et la mélancolie (Pap. IV, B 16, pp. 106, 108, III. Ruttenbeck, p. i4). vieillard mélancolique a — par amour — rendu aussi malheureux que possible » (18/48, p. 402). « Comme mon père a rempli mon âme d'an- goisse — d'angoisse devant le christianisme » (1848, p. l^i^). Cf. Hirsch, p. 108. Sur cette éducation terrible et l'impression qu'elle fit sur Kierkegaard : il a toujours considéré que c'avait été une erreur de la part de son père de l'avoir initié trop tôt au côté terrible du christianisme. Par exemple, 3o janvier 1887 : « C'est pourquoi on doit être si prudent avec les enfants, ne jamais croire le pire, ne jamais, par un soupçon importun, par une remarque jetée en passant, éveiller une conscience angoissée par laquelle des âmes innocentes, mais non pas très fortes, peuvent aisément être séduites, tentées de se croire cou- pables, désespérées, et par là faire le premier pas vers le but que le pressentiment angoissant annonçait. Même sous ce rapport, la parole est valable qui dit : « Malheur à celui par lequel le scandale arrive I » On voit ici l'origine de ce qui sera la théorie du Concept d'Angoisse sur l'o- rigine du péché, et aussi l'explication de la phase de dissipation dans la vie de Kierkegaard. Kierkegaard continue : « Je me rappelle encore l'impression que cela me fît d'entendre mon père me dire : il y a des crimes contre lesquels on ne peut combattre que par le secours de Dieu » (cf. i843, p. 189). Voir aussi, II, 61, 6a, les observations plus générales sur la façon dont les parents gâchent les dispositions de l'enfant (cf. Fischer, p. 3o). Mais il convient de noter également les passages où il insiste sur les bienfaits d'une éducation chrétienne (quand elle part de l'idée que le Christ est amour). Cette impression première que Dieu est l'amour, voilà ce qui est le principal (1867, Haecker, p. ai8). La meilleure démonstration en faveur de l'immortalité de l'âme, de l'existence de Dieu, c'est l'impression qu'on a reçue de cela dans son enfance, et qui pourrait être formulée ainsi : cela est certain, parce que mon père me l'a dit. (i) Il avait deux plaisirs : entendre les discussions entre son père et ses amis, et se promener dans la chambre avec son père, en imaginant 4 ETUDES KIERKEGAARDIENNES La lecture qu'il fait très tôt de Baader vient confirmer ces enseignements (Geismar, p. 21). Mais d'autres courants traversaient cette pensée. Il se détache de l'Église. (( Dès que j'ai commencé à penser, le colosse immense s'est mis à osciller » (i3 juin i835). En i835, il exprime un sentiment qu'il éprouvera toujours très fortement, et surtout dans ses dernières années. « Il me semble que de tels individus, si on les compare aux païens, ont été privés de leur force par le christianisme. Ils ont été abâtardis. Le christianisme était une figure imposante quand il s'élança puissamment dans le monde. » A ce moment, il concluait non seulement à la condamnation de la chrétienté, mais à la condamnation du christianisme. Il uploads/Litterature/ wahl-etudes-kierkegaardiennes-pdf.pdf

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