1 YI KING Le Livre des Transformations Version de Richard WILHELM (Livre 1) Tra
1 YI KING Le Livre des Transformations Version de Richard WILHELM (Livre 1) Trad. Etienne Perrot K'ien Tchen K'an Ken K'ouen Sun Li Touei Haut ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ Bas K'ien ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ 1 34 5 26 11 9 14 43 Tchen ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ 25 51 3 27 24 42 21 17 K'an ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ 6 40 29 4 7 59 64 47 Ken ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ 33 62 39 52 15 53 56 31 K'ouen ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ 12 16 8 23 2 20 35 45 Sun ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ 44 32 48 18 46 57 50 28 Li ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ 13 55 63 22 36 37 30 49 Touei ▬▬▬ ▬▬▬ ▬▬▬ 10 54 60 41 19 61 38 58 2 INTRODUCTION Le Livre des Transformations, en chinois Yi King, appartient incontes- tablement aux livres les plus importants de la littérature universelle. Ses ori- gines remontent à une antiquité mythique. Il occupe aujourd'hui encore l'at- tention des plus éminents lettrés de la Chine. Presque tout ce qui a été pen- sé de grand et d'essentiel pendant plus de 3 000 ans d'histoire de la Chine, ou bien a été inspiré par ce livre, ou bien, inversement, a exercé une in- fluence sur son interprétation, au point que l'on peut affirmer en toute tran- quillité que le Yi King contient le fruit de la sagesse la plus achevée de plu- sieurs millénaires. Il ne faut donc pas s'étonner si, en outre, les deux branches de la philosophie chinoise, le confucianisme et le taoïsme, ont ici leurs communes racines. Il émane de ce livre une lumière toute nouvelle qui éclaire bien des aspects mystérieux de l'univers intellectuel des énigmatiques vieux maîtres et de leurs disciples, ainsi que bien des vérités qui se retrou- vent dans la tradition confucéenne comme axiomes établis et sont acceptées sans plus ample discussion. En fait, non seulement la philosophie, mais aussi la science naturelle et l'art de gouverner de la Chine n'ont cessé de puiser à cette source de sagesse et l'on n'est pas surpris que, seul parmi les anciens écrits confucéens, le Yi King ait échappé au grand incendie des livres ordonné par Tsin Chi Houang. La vie chinoise tout entière est imprégnée par le Yi King jusque dans ses aspects quotidiens. Lorsqu'on parcourt une ville chinoise, on peut voir çà et là, à un coin de rue, un devin assis à une table recouverte proprement, pinceau et tablette à la main et prêt à tirer du vieux livre des conseils et des indications pour les menues nécessités de l'exis- tence. De plus, les enseignes dorées qui ornent les magasins, panneaux de bois à fond de laque noire perpendiculaires aux maisons, sont couvertes d'inscriptions dont le langage fleuri ne cesse de rappeler les pensées et les citations du Yi King. Même les gouvernants d'un Etat aussi moderne que le Japon, qui se distinguent par leur subtile prudence, ne dédaignent pas de recourir, dans les moments difficiles, aux conseils du vieux livre sacré. Le grand renom de sagesse qui entoure le Livre des Transformations a, sans aucun doute, été cause qu'un grand nombre d'enseignements mysté- rieux dont la source se trouvait dans d'autres courants de pensée – peut-être même certains étaient-ils d'origine étrangère à la Chine – ont pu, avec le temps, venir se greffer sur la doctrine primitive. A partir des dynasties Tsin et Han, on a vu naître et progresser une philosophie formelle de la nature qui a enserré l'univers intellectuel tout entier dans un système de symboles numériques, et enclos toujours plus étroitement la vision chinoise du monde tout entière dans des formes rigides, en combinant une doctrine, développée avec rigueur, du Yin et du Yang où l'on discerne (empreinte d'un dualisme, avec les "cinq états de transformation" tirés du Livre des Annales. C'est ainsi que des spéculations cabalistiques toujours plus alambiquées ont enveloppé le Livre des Transformations d'un nuage de mystère. Enfermant le passé et l'avenir tout entiers dans leur schéma numérique, elles ont conféré au Yi King la réputation d'un livre d'une profondeur totalement incompréhensible. Ces considérations ont en même temps déterminé l'étouffement des germes d'une science chinoise de la nature, tels qu'ils existaient indiscutablement à l'époque d'un Mo Ti et de ses disciples. A leur place, elles ont fait naître une 3 tradition stérile d'auteurs et de lecteurs de livres, étrangère à toute expé- rience, qui a donné si longtemps à la Chine, aux yeux de l'Occident, l'appa- rence d'une sclérose sans espoir. On ne peut cependant méconnaître qu'en dehors de cette philosophie mécanique des nombres et à toutes les époques, un libre courant de profonde sagesse humaine s'est largement répandu dans la vie pratique par le canal de cet ouvrage et a donné à la grande civilisation chinoise cette maturité de sagesse éclairée que nous admirons, avec un sen- timent confinant à la mélancolie, chez les représentants qui subsistent en- core de cette dernière civilisation véritablement autochtone. Mais qu'est au juste le Livre des Transformations ? Pour parvenir à une compréhension de l'ouvrage et de son enseignement, nous devons écarter énergiquement et d'un seul coup l'épaisse végétation folle des explications qui ont voulu y lire toutes sortes de notions étrangères, qu'il s'agisse de se- crets superstitieux émanant d'anciens magiciens chinois ou des théories non moins superstitieuses de savants européens modernes qui interprètent toutes les civilisations historiques à l'aide des expériences faites par eux chez les peuplades les plus primitives. Nous devons nous en tenir fermement au principe que le Livre des Transformations doit être expliqué à partir de lui- même et de son époque. Ainsi l'obscurité s'éclaire dans des proportions no- tables et nous sommes conduits à reconnaître que si le Yi King est, à n'en pas douter, un livre très profond, son intelligence ne présente pas plus de difficulté que celle de n'importe quel livre transmis, à travers une longue his- toire, par l'antiquité à notre temps. I. Usage du livre des transformations a. Le livre d'oracles Le Livre des Transformations était à l'origine une collection de signes à usage d'oracles. Les oracles étaient partout en usage dans l'antiquité et les plus anciens d'entre eux se limitaient aux réponses "oui p et "non". Ce pe de jugement oraculaire se trouve également à la base du Yi King. Le "oui" tait exprimé par un simple trait plein et le "non", par un trait brisé . Cependant la nécessité d'une différenciation plus grande paraît s'être fait sentir de très bonne heure et les traits simples donnèrent naissance à des combinaisons par redoublement auxquelles un troisième élément vint encore s'ajouter, produisant ainsi la série des huit trigrammes. Ces huit signes furent conçus comme les images de ce qui se passe dans le ciel et sur la terre. Cette manière de voir était gou- vernée par la pensée d'une transformation incessante des signes l'un dans l'autre, tout comme on voit, dans l'univers, les phénomènes passer cons- tamment d'une forme dans une autre. Nous tenons là l'idée fondamentale et décisive du Livre des Transformations. Les huit trigrammes sont des signes d'états de passage changeants, des images qui se transforment continuelle- ment. Ce que le Yi King a en vue, ce ne sont pas les choses dans leur essence 4 – comme ce fut principalement le cas en Occident – mais les mouvements des choses dans leur transformation. Ainsi les huit trigrammes ne sont pas les figures des choses, mais celles des tendances de leur mouvement. Ces huit images ont pu recevoir en outre de multiples interprétations. Elles ont représenté certains phénomènes dont la nature correspondait à leur propre essence. Elles ont également formé une famille composée du père, de la mère, de trois fils et de trois filles, non au sens mythologique, comme, si l'on veut, l'Olympe est peuplé de dieux, mais dans un sens en quelque sorte abs- trait où elles représentaient non des choses, mais des fonctions. Si nous passons en revue ces huit symboles qui sont à la base du Livre des Transformations, ils se présentent à nous dans l'ordre suivant : (ci des- sous : Nom Attributs Image Relation familiale K'ien Le créateur fort Le ciel père K’ ouen Le réceptif soumis, abandonné La terre mère Tchen L’éveilleur en mouve- ment tonnerre 1er fils K'an L’insondable, l’abîme dangereux eau 2ème fils Ken Immobilisation en repos montagne 3ème fils Souen Le doux pénétrant vent, bois 1ère fille Li Ce qui adhere, l’oscillant lumineux feu 2ème fille Touei Le joyeux, le serein joyeux lac 3ème fille Tableau 1 – Les huit symboles de base du Livre des Transformations Nous avons ainsi dans les fils l'élément moteur à ses différents stades : début du mouvement, danger dans le mouvement, apaisement et achève- ment du mouvement. Dans les filles, nous avons l'élément de don de soi à ses différents stades : douce pénétration, clarté et adaptation, tranquillité sereine. 5 Pour obtenir une plus grande multiplicité, ces huit figures uploads/Litterature/ yi-king-francais 1 .pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 25, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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