Analyse et visionnement de scénarios Travail présenté à : LIT2850-20 Hubert-Yve
Analyse et visionnement de scénarios Travail présenté à : LIT2850-20 Hubert-Yves Rose « Le double » dans « Hiroshima, mon amour » écrit par Marguerite Duras Dissertation écrite par Émilien Girard et Félix Caron Université du Québec à Montréal 15 novembre 2022 1.1: INTRODUCTION Cette dissertation est une étude du film Hiroshima, mon amour, à la fois de son contenu et de son contenant. De son contenu, nous aborderons la forme et le propos: la toile de fond, le point de vue depuis lequel Marguerite Duras raconte l’histoire et le mode de discours par rapport à la temporalité; comment elle est organisée et par quelles figures de styles on la manipule. De son contenant, nous aborderons le contexte historique de la production du film, l’écriture du scénario et la caméra. Nous chercherons à montrer comment Hiroshima, mon amour est un film double dans toutes ses facettes. 2.1: Le contexte Hiroshima, mon amour est arrivé dans un contexte de renouvellement dans le domaine du cinéma. En effet, le cinéma moderne, dont Orson Welles avait été le précurseur, en était à ses premiers balbutiements. Dans un contexte français, il prend son envol lorsque les critiques de la revue du Cahier du cinéma ont commencé à réaliser, en 1958, et qu’ils se sont séparés en deux groupes: celui de la rive droite et celui de la rive gauche, dans lequel se trouvait Alain Resnais. C’est aussi ce groupe qui produit du cinéma moderne. Il était surtout formé d’écrivains, d’intellectuels, qui cherchaient à pousser les limites au niveau esthétique. Leur façon de créer aspire à ressembler à celle d’un écrivain qui travaille sur un roman; ils cherchent à libérer le cinéma de la représentation de la réalité, à s’élever au-dessus de cette réalité qu’ils voient par ailleurs comme étant incohérente et impossible à structurer au travers d’une intrigue. La réalité alternative qu’ils utilisent pour leurs œuvres est souvent caractérisée par l’aliénation que vivent les personnages, par leur incapacité à comprendre et à se placer dans leur environnement. Ces personnages sont moins dans l’action et plutôt dans la pensée, ce dont les réalisateurs du cinéma moderne se nourrissent; l’existentialisme de leurs personnages est plutôt ce qui fait vivre le film, contrairement à un récit traditionnel avec une intrigue définie. Le cinéma moderne connaît trois courants: le cinéma subjectif, le cinéma minimaliste ainsi que le cinéma surréaliste. Hiroshima, mon amour était subjectif et, si on pousse un peu, minimaliste. Le cinéma subjectif explore la subjectivité de ses personnages, leurs sentiments, et où leur cheminement intérieur paraît à travers le mélange de la réalité et de l’imaginaire, et du présent et du passé. C’est du cinéma introspectif qui réfléchit à soi-même et qui aborde plus la philosophie qu’une histoire claire et nette. Dans ce courant, on explore l’âme humaine et on se contemple. Le cinéma minimaliste, lui, est un cinéma du temps; on travaille sur la lenteur, sur le montage, le découpage de manière à être contemplatif. Comme le cinéma subjectif, le cinéma minimaliste est très existentialiste. Ses personnages sont souvent pris dans une sorte d’errance, pris à eux-mêmes. Finalement, le cinéma surréaliste est plus basé sur l’inconscient. Il travaille avec les fantasmes, les rêves, et repousse toute logique. 2.2: Idée de départ Alain Resnais venait de réaliser le documentaire Nuit et brouillard, sur la déportation et l’extermination des Juifs par les Nazis. Anatole Dauman fut l’un des producteurs de ce film, et il proposa par la suite à Resnais de faire un documentaire sur Hiroshima et la bombe atomique. Resnais n’ose pas; il se demande comment il est possible de parler d’un événement si horrible, si inconcevable. Il se demande comment est-ce que le public pourrait comprendre simplement en voyant. On ressent beaucoup ceci dès début du film, où Elle exprime ce qu’elle a vu au musée et exprime comment les gens sont à la recherche d’un sens dans toute cette horreur. Il décide finalement d’aborder le sujet, mais en le cadrant dans une fiction, dans une histoire d’amour, plus précisément, “to present a more universal inquiry into the nature of suffering and remembrance”1. Resnais considère que puisqu’il ne peut pas simplement montrer Hiroshima; son sentiment est exprimé dans le synopsis du texte du scénario: “ Tout ce qu’on peut faire c’est de parler de l’impossibilité de parler de Hiroshima.”2 Comme Resnais tenait à travailler avec des écrivains ou des gens de théâtre, Anatole Dauman approche l’écrivaine Françoise Sagan pour la scénarisation. À double reprise, elle manque son rendez-vous avec Resnais. On pense donc contacter Simone de Beauvoir, mais Resnais propose Marguerite Duras, et ce sera elle qui sera sélectionnée. C’est dans la jointure de leurs deux univers modernes et de leurs deux ambitions de déconstruction narrative que va fleurir le film. Duras va écrire le scénario seule, sans l’aide de Resnais, ce qui assure sa signature qui déconstruit les phrases et les personnages ainsi que l’action et le temps sur le récit du film 2.3: Sujet et thèmes 1 Di Mattia, J. (2013). Hiroshima mon amour. Senses of Cinema. https://www.sensesofcinema.com/2013/cteq/hiroshima-mon-amour/ 2 DURAS, Marguerite. Hiroshima mon amour, Paris, Gallimard Folio, 1972, 176 pages, page 10. Comme mentionné, il est question de parler d’un sujet sensible et horrifique : la décimation de plusieurs milliers de vies à Hiroshima. Alors, comment Alain Resnais et Marguerite Duras sont-ils arrivés à cette fin? Tout d’abord, il fallait trouver un sujet qui rassemble cette histoire d’amour à ce tragique événement et le temps à été ce qui a pu retranscrire cette histoire. Alors, l’impossible histoire d’amour fait le lien avec les événements d'Hiroshima par le temps qui sépare les deux histoires. Le temps retranscrit deux thèmes, celui de l’oubli et de la mémoire. Donc, il y a un temps subjectif se produisant dans la tête de la protagoniste et un temps objectif qui se produit dans le temps réel, donc qui retranscrit la réalité de la mémoire. Comme le mentionne Bernard Pingaud : “Il y a d’abord le temps de l’existence immédiate. Je suis dans une salle, occupé à prononcer une conférence. (...) Ce présent se suffit à lui-même; il est pleins, et c’est en fonction de lui que s’organise le monde.” pour le temps objectif et celui du subjectif : “Je disais à l’instant que mon présent se suffit à lui-même. Mais, dans cette suffisance, toute ma vie passée et tous mes projets se trouvent englobés. Par analogies ou par contraste, d’autres moments passés ou futurs accompagnant mon expérience actuelle sont, en quelque sorte, présents dans ce présent.”3 3 “Tu n’as rien vu à Hiroshima” sous la direction de Raymond Ravar, chapitre “Le Temps” par Bernard Pingaud Page.89 1er paragraphe. Donc, sachant que le temps se divise en deux, on est alors capable de faire les liens avec le temps oublié et le temps de la mémoire. Le temps oublié qui s’assemble avec le temps subjectif puisqu’il est mental, psychologique. Comme les retours dans le passé font partie du temps oublié qui se produit dans un processus mental. Puis, le temps de la mémoire qui s’accorde avec le temps objectif puisqu’il est plein et que c’est lui qui dirige le monde, cet univers. Par exemple, les images raccords avec la tragédie font partie du temps de la mémoire car c’est ce qui pousse Elle vers sa quête. 2.3.0,5: Structure Narrative Le récit se décompose en plusieurs moments que l’on appelle la structure narrative ; le début qui est semblable à un documentaire et qui commémore les victimes d’Hiroshima, c’est la situation initiale qui introduit le corps même de l’histoire. Toujours dans cette situation initiale, on nous présente les personnages de Elle et de Lui, qui finiront par se retrouver à la manifestation. Le duo est une première fois confronté à cette mémoire, ce conflit qui la hante. Elle est alors en conflit avec sa mémoire et de ce qu’elle a choisi d’oublier. On est alors envoyé dans son passé à Elle. On vit la folie qu’elle a vécu à Nevers. Elle se libère peu à peu de ses secrets à Lui afin de répondre à ses besoins. Elle a peur d’aimer à nouveau, de s’attacher et de détruire ce qu’elle avait auparavant; une relation qui pourrait détruire ses souvenirs oubliés et protégés. L’amour qu’il apporte la rend confuse dans ses idées, elle souhaite à la fois être aimée mais ne veut pas effacer ce qu’elle avait caché depuis tant d'années. La fin se dénoue et elle le laisse entrer. Elle est Nevers et lui, il est Hiroshima, cet amour qui est introduit depuis le début est révélé. Il est celui qui apporte la paix chez Elle, elle peut enfin aimer car maintenant elle se souvient de sa mémoire. 2.3.1: La toile de fond (contexte Historique) Hiroshima mon amour se passe 14 ans après le largage des deux bombes atomiques sur les villes d’Hiroshima et de Nagasaki situées au japon. Des manifestants sont sur place et demandent l’arrêt total des bombes atomiques. Le film débute avec des images de deux corps ensevelis de cendre qui se collent l’un à l’autre, ce uploads/Litterature/analyse-hma.pdf
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- Publié le Apv 16, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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