SESSION 2007 BREVET DE TECHNICIEN SUPERIEUR CULTURE GENERALE ET EXPRESSION Duré
SESSION 2007 BREVET DE TECHNICIEN SUPERIEUR CULTURE GENERALE ET EXPRESSION Durée : 4 heures L'USAGE DE LA CALCULATRICE ÉLECTRONIQUE ET DU DICTIONNAIRE EST INTERDIT PREMIÈRE PARTIE : SYNTHÈSE ( / 40 points) La fête, dans ses dimensions collectives. Vous rédigerez une synthèse objective et ordonnée des documents suivants : Document 1 Document 2 Document 3 Document 4 Anne RAPIN, « La France championne du monde de football », Label France, magazine d'information, n°33, Ministère des Affaires Étrangères, 3e trimestre 1998. Georges VIGARELLO, Histoire du corps, 2006. Gisèle LACROIX, « Le sport-aventure, une forme d'innovation sportive», Sport et Management, Ouvrage collectif sous la direction d'A. LORET, recueil d'articles, Éditions Dunod, 1993. Photographie de M. URBAN, L'Express, 16 juillet 1998. DEUXIÈME PARTIE : ÉCRITURE PERSONNELLE ( /20 points) Pensez-vous que le sport soit l'occasion d'une véritable fête collective ? Vous appuierez votre réponse sur les éléments du corpus et sur vos connaissances personnelles. 07- CULTGEN Page 1 / 7 DOCUMENT 1 De mémoire de Parisien, et de Français, on n'avait pas vu pareil débordement populaire depuis... la Libération en 1945 ! Déferlant dans les rues, des jeunes, beaucoup, mais aussi des moins jeunes, en couple, en famille, entre amis, peinturlurés de bleu-blanc-rouge, assis sur les portes des voitures, brandissant au 5 vent le drapeau tricolore sur le toit des voitures roulant vers la Bastille, prise une énième fois par une foule turbulente, heureuse, encore étonnée de la victoire comme de l'effet qu'elle produit sur tant de gens réunis à la faveur de cette prouesse. Au milieu des saluts, des sourires échangés, des cris, des youyous, des klaxons, des pétards et des fumigènes, on se bouscule, on se congratule, on se 10 côtoie, on danse, on improvise une « ola » et on entonne en refrain le slogan fédérateur et fort symbolique de cette soirée de délire collectif : « Zidane président ! » Des voitures sont chahutées, on se serre la main, on n'en revient pas d'être ensemble. Des drapeaux flottent sur la foule et s'élèvent au rythme des tams- tams dans les airs, il s'agit du drapeau français mais aussi du drapeau algérien en 15 hommage à l'origine kabyle de « Zizou ». Un baptême national On ne peut s'empêcher de penser qu'il est en train de se passer quelque chose d'important. Il s'agit de football, mais il s'agit aussi de bien plus que cela. Cette victoire véritablement nationale, est à l'image de la France réelle, c'est-à-dire 20 multicolore et rassemblée derrière les valeurs d'une République tolérante et humaniste. Des joueurs antillais, arménien, basque, breton, guadeloupéen, kabyle, kanak, normand, fédérés par un Jacquet originaire de la Loire, le berceau de la France. Tout un symbole de la nation à la française ! Cette équipe incarne le mythe du creuset à la française et incite les Français à s'identifier positivement à ce qu'ils 25 sont vraiment, un pays pluriel. [...] Une France qui s'ébranlait en dansant, un peu étonnée de cette soudaine promiscuité entre des univers normalement séparés, brandissant sans complexe un drapeau reconquis sur les forces xénophobes et racistes, restauré dans sa dimension universaliste. Ce Mondial aura donc eu entre autres mérites de permettre 30 de se réapproprier les emblèmes de l'identité française. Tous ensemble Une heure et demie, place de la Bastille : sur des rythmes techno, une voiture engage dans son sillage une parade joyeuse dans la rue Saint-Antoine menant tout droit vers la place de la Concorde, mêlant jeunes des banlieues et Parisiens aisés ou 35 branchés qui se sont ralliés au Mondial. C'est l'autre surprise de ce Mondial, la réconciliation en France du football - sport de masse par excellence, sport le plus populaire du monde et à ce titre seul capable de susciter des mouvements collectifs d'une telle ampleur - avec les élites intellectuelles, les catégories aisées et les femmes, qui, contre toute attente, se sont littéralement approprié le Mondial avec 40 passion, séduites par des joueurs loin de n'être que des bêtes de stade, et les soutenant avec des accents parfois maternels. On pouvait lire sur une banderole au Stade de France : « Merci Aimé, grâce à toi nos femmes aiment le foot ! » 07- CULTGEN Page 2 / 7 DOCUMENT 1 (suite) Cette Coupe du monde et le football - révélateur des passions humaines, métaphore de la vie en société, catalyseur des énergies et du sentiment national - 45 semblent avoir réussi, certes le temps d'un moment exceptionnel, ce que la politique échoue à faire : résorber la fameuse « fracture sociale », thème dominant de la dernière campagne présidentielle et sujet lancinant de nombreux essais politiques. Elle semble avoir réussi à (re)créer du lien social, à rapprocher des catégories que tout sépare habituellement. 50 De nombreux commentateurs français comme étrangers ont souligné ce pouvoir de cohésion sociale du Mondial, cet état de grâce d'un pays rassemblé derrière une équipe, au-delà des clivages culturels, sociaux et politiques traditionnels. Le New York Times, revenant sur le cliché de « ce pays ingérable, jamais d'accord sur rien, éternellement divisé, profondément sceptique », a souligné 55 qu'il « s'est retrouvé uni autour d'une équipe de football... L'équipe est devenue le symbole positif d'un pays qui retrouve la croissance après une longue période de blues». [...] Le pouvoir d'une métaphore Et si l'on peut douter que cette victoire, ces jours et ces nuits de communion 60 rare suffisent à eux seuls à inverser le cours des choses au niveau national, on peut reconnaître qu'à sa faveur s'est exprimé, comme jamais peut-être, « le désir d'union, de cohésion et de force » d'un pays, comme n'a pas manqué de le remarquer le président de la République lui-même. Un moment certes, mais unique, qui a permis de révéler paradoxalement tout ce dont cette société manque et qu'elle possède 65 pourtant en elle comme aspirations et capacités de partage. Sur les Champs-Elysées à Paris, sur la plage de Marseille, dans les lieux publics partout en France, un peu plus de mixité sociale, un supplément d'âme nationale et de fraternité se sont cristallisés. De quoi suffire pour remercier les Bleus. Anne RAPIN, « La France championne du monde de football », Label France, magazine d'information, n°33, Ministère des Affaires Étrangères, 3e trimestre 1998. 07- CULTGEN Page 3 / 7 DOCUMENT 2 Au-delà pourtant de cette identification au groupe, à la nation, au-delà de l'exploitation ouvertement politique, le spectacle sportif est aussi, plus qu'auparavant, objet festif, réjouissance collective, mélange de délassement, d'effervescence, de marché. L'épisode crée même ses rituels : l'engagement dans la société du 5 divertissement, avec ses références publicitaires, sa débauche d'images, son ludisme réinventé, ferment majeur des ferveurs collectives d'aujourd'hui. La caravane du Tour installée dans l'épreuve au début des années 1930 en est le meilleur exemple : effigies de carton-pâte, placards colorés, musiques ambulantes, distributions non comptées. Le camion du chocolat Menier, par exemple, précède la 10 course, dans cette caravane de 1930, en diffusant 500 000 chapeaux en papier frappés au nom de la marque. Ses agents abandonnent sur les routes plusieurs tonnes de chocolat en tablettes. Ils s'arrêtent au sommet des cols, offrent des tasses de chocolat chaud aux spectateurs et aux coureurs. La caravane accentue nécessairement l'aspect festif du Tour. Alors que les reportages peuvent aussi 15 s'éloigner des accents héroïques, jouer avec le loisir, s'autoriser des références sensuelles jusque-là rarissimes : « A la Garonnette devant un lot très nombreux de jolies baigneuses plus déshabillées que l'an passé comme elles le seront plus l'année prochaine que cette année ». L'allusion à la morale fait davantage place à l'évocation du plaisir partagé. 20 Autre construction festive, les Six-Jours(1) : 15 000 spectateurs au début des années 1930. L'Illustration y distingue les «forcenés» et les «mondains». Les premiers recourent à un congé pour y assister jour et nuit, « le pain, le saucisson et le vin à portée de main », vociférant, passionnés, commentant interminablement surprises et incidents. Les seconds s'y attardent le soir, en curieux, consommateurs 25 dilettantes et élégants : « Il est de bon ton de n'y faire son entrée que tard dans la soirée, voire après le théâtre ; les soupeurs s'attablent ; le Champagne coule à flots... » Lieu de rencontre et de visibilité, mélange de groupes aussi, et d'appartenances, le sport s'est bien imposé dans le paysage social. Georges VIGARELLO, Histoire du corps, 2006. (1) les Six-Jours : célèbre épreuve cycliste qui se déroulait au Vélodrome d'Hiver à Paris. 07- CULTGEN Page 4 / 7 DOCUMENT 3 Le Raid Passion Hérault est une épreuve de sport-aventure associant différentes activités de pleine nature (course à pied, VTT...) Elle dure sept jours et se déroule le long du fleuve Hérault C'est une des facettes de l'être ensemble qui est sondée ici. Le déguisement en est un moment-clé. Les participants ont effectivement tous joué le jeu. L'appréciation est unanime : « c'est une idée géniale », « super-sympa ». Faire preuve d'imagination, d'originalité, « trouver une idée » est ressenti comme dynamisant par 5 le groupe. Le déguisement est bien assimilé au uploads/Litterature/ig-francais-2007m.pdf
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- Publié le Nov 18, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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