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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/250136515 Le Nom et ses fonctions dans les études onomastiques en Italie Article in Onoma · December 2005 DOI: 10.2143/ONO.40.0.2033081 CITATIONS 0 READS 615 2 authors, including: Leonardo Terrusi Università degli Studi di Teramo 18 PUBLICATIONS 3 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Leonardo Terrusi on 28 February 2016. The user has requested enhancement of the downloaded file. Journal of thè International Councii of Onomastic Sciences HOWA Voi. 40 (2005) International Councii of Onomastic Sciences (ICOS) Box 135 - SE-75104 Uppsala (Sweden) Le Nom et ses fonctions dans les études onomastiques en Italie* Bruno Porcelli Leonardo Terrusi L’attention pour les noms des textes littéraires, en d’autres termes, la conscience de la valeur spécifique que le choix, l’utilisation, l’inter- prétation d’un nom propre ont dans une œuvre littéraire, n’est certai- nement pas récente. Elle figure au centre de la réflexion rhétorique classique et médiévale (Cicéron, Pseudo Agostino, Gaufridus Angli- cus, etc.) – outre les concrètes et conscientes stratégies des auteurs anciens à partir d’Homère et d’Hésiode – et elle n’est pas séparée des conceptions plus générales de matrice anthropologico-culturelle que les diverses civilisations humaines ont eues du nom propre (par exem- ple l’interpretatio nominis mediévale). Pourtant, en Italie, la formation d’un vrai courant d’études – dans le cadre de la critique littéraire, de l’histoire de la littérature ou bien de l’analyse des textes littéraires –, qui fait de la fonction du nom pro- pre, dans les textes littéraires, son objectif prioritaire, prend, ici, une importance particulière. Dans ce sens spécifique, et en dépit des pré- cédents occasionnels dans la critique et dans l’historiographie litté- raire du XXe siècle1, une attention systématique est tout à fait récente, et coïncide, grosso modo, avec l’activité de recherche des quinze der- nières années. En effet, en ces années, on assiste à un renouveau pro- fond dans ce domaine, non seulement d’un point de vue quantitatif (le range d’enquête s’élargit – les temps subordonnés à l’étude onomas- tico-littéraire, les auteurs, les œuvres analysées), mais, surtout, ‘quali- tatif’, avec l’essor des méthodologies et des perspectives de l’analyse onomastique. À ce développement contribuent des Associations, * Le travail de tri des matériaux et son organisation ont été intégralement concordés par les auteurs. À Porcelli revient en particulier la rédaction du premier, à Terrusi celle du deuxième chapitre. Les auteurs donnent avis que leur recherche regarde la situation des études onomastiques en Italie dans le moment de l’envoi à Onoma. 1 On pourrait, à ce propos, citer les études publiées dans Romania à la fin du XIXe siècle, où Pio Rajna démontrait les influences des légendes du cycle carolingien et breton sur l’onomastique italienne du Moyen Âge (Rajna 1888, et Rajna 1889)∞∞∞; les recherches sur les noms du Furieux, effectuées par le même Rajna dans son œuvre sur les ‘sources’ du poème (Rajna 1900), ou l’ensemble des noms littéraires de tout temps recueillis par Mazzoni 1927. Mises à part, ensuite, de véritables «niches» critiques de longue durée sur les noms, chez quelques auteurs, Manzoni, Boccaccio, Pirandello, consolidées depuis quelques décennies (sur celles-ci, voir ultra). comme «Onomastica e Letteratura» (O & L) avec ses colloques annuels à partir de 1995, et des Revues (RIOn, il Nome nel testo, la section réservée par Italianistica à l’onomastique littéraire). Cet intérêt apparaît certainement en retard par rapport aux recher- ches des autres pays. Et l’on pense surtout aux pays anglo-saxons avec des revues telles que Names (sans citer Onoma, qui est inter- nationale), à la France, avec les théorisations de Grivel, Derrida, avec les recherches concrètes de Barthes, Genette, à l’Allemagne, avec les enquêtes de Debus, Birus, Haubrichs, Lamping, et, avec élargissement à la culture anglophone, de Nicolaisen et Rajec. On ne pourra pas nier une résistance des spécialistes de Littérature Ita- lienne à parcourir un chemin considéré comme accessoire, secon- daire, non immédiatement reconnaissable, en dépit des résultats obtenus par la linguistique et par la philologie germanique de même que par la sémiologie française et par la narratologie française aussi – tant il est vrai que les ouvrages admirables de philologues et de linguistes (Contini, Castellani Pollidori, Ruggieri, Herczeg, Ambro- sini) sont restés, pendant quelques années, presque isolés. D’autres secteurs, au contraire, ont plus de chance – les littératures classiques et la littérature française médiévale – grâce à des recherches qui supposaient, comme point de départ, ce qui avait déjà été fait à l’é- tranger. Nous nous concentrerons ici sur les différents ‘affluents’, pour ainsi dire, qui alimentent, aujourd’hui, les recherches sur l’onomas- tique littéraire en Italie, en limitant notre enquête aux contributions se référant au cadre italianisant, c’est-à-dire aux recherches onomas- tiques sur des textes italiens. Nous choisirons comme fil rouge la distinction la plus simple et linéaire∞: celle qui rassemble les diverses formes de l’intérêt onomas- tico-littéraire, d’abord, selon l’objet d’analyse, le nom et la nature de ses rapports avec les textes et les auteurs, ensuite, selon les méthodo- logies employées dans l’analyse même. 1. L’objet de l’enquête, le nom En ce qui concerne l’objet de l’analyse en termes ‘transversaux’ par rapport aux différentes méthodologies employées, en procédant, pour ainsi dire, de l’extérieur vers l’intérieur (le texte), dans les étu- des d’onomastique littéraire en Italie nous pouvons distinguer quelques typologies principales∞: a) noms d’auteurs; b) titres des œuvres; c) anthroponymes et toponymes à l’intérieur de l’entier corpus onomastique d’un auteur (ou de plusieurs auteurs, analysés ‘contrastivement’ en entier), soit d’un genre littéraire, soit aussi des 238 Bruno PORCELLI – LEONARDO TERRUSI ‘phénomènes onomastiques’ déterminés à l’intérieur d’un genre ou d’une aire littéraire délimitée; d) système onomastique de différents textes∞: d’une œuvre ou de ses parties. a) Nom d’auteur. Le thème du pseudonyme se dégage avec évi- dence dans cette typologie. Son choix, en suspens à l’intérieur d’une dialectique entre le ‘celer’ (l’identité réelle de l’auteur) et, à l’opposé, le ‘révéler’ (le ‘portrait’ idéologique et littéraire que l’auteur entend offrir de lui-même), sous-tend un processus de créativité onomatur- gique qui, en plus des différentes implications contingentes, apparaît intentionnel et significatif, en proposant une synthèse programma- tique de l’activité, de la poétique, de l’idéologie de l’écrivain dans une étiquette onomastique. Les recherches effectuées sur les auteurs italiens dans les dernières années prouvent, cependant, comment les valeurs du pseudonyme s’élargissent, parfois, en plusieurs directions, et bien au delà des limites que l’on attribuerait traditionnellement à cette stratégie de l’écriture. Le sens originaire du ‘nom de plume’ peut même glisser vers celui, apparemment opposé et certainement inquiétant, de symbole de la crise d’identité de l’auteur, se transfor- mant dans ‘l’ombre’ d’un nom, dans son côté obscur. Que l’on pense au cas d’un des pseudonymes les plus célèbres de la littérature ita- lienne, Italo Svevo, pris ouvertement par Ettore Schmitz (voir son Profilo autobiografico) en raison de la «fonction de creuset capable d’assimiler des éléments hétérogènes» caractérisant sa Trieste, mais aussi pour souligner l’importance de son séjour de jeunesse en Alle- magne. Pourtant (voir Sasso 1997 et encore Sasso 2003), le masque du pseudonyme, dans ce cas, n’est plus orienté, comme il le faudrait, vers l’extérieur en tant que projection, et protection, d’une identité réelle et cachée, mais, plutôt, vers l’intérieur, comme un visage para- doxalement plus ‘vrai’ que nature. Le déclin du pseudonyme Italo Svevo, en effet, dans les années où l’écrivain s’écarte, du moins ‘offi- ciellement’, de son activité littéraire, est bien significatif. En relisant les témoignages de ces années-là, on dirait que «l’effacement d’Italo Svevo engendre […] un autre personnage∞: Ettore Schmitz» (71)∞: le pseudonyme ‘Svevo’ devient ainsi inconscient, et coïncide avec le ‘vice’ de l’écriture (refusée, décevante, et pourtant dominante, incontournable), qu’on essaie d’occulter par la création d’une autre image, encore plus ‘mythique’ et ‘fausse’, celle, justement, de l’en- trepreneur Ettore Schmitz. À l’intérieur de cette catégorie, une importance particulière est atta- chée aux stratégies et aux significations de l’autonomination qu’on pourrait appeler ‘partielle’. Sa présence dans la littérature italienne LE NOM ET SES FONCTIONS DANS LES ÉTUDES ONOMASTIQUES 239 s’élargit dans le temps et les fonctions qu’elle peut prendre. Par exemple, les noms latins par lesquels Boccaccio et Petrarca se rap- portent à eux-mêmes dans leurs œuvres, à la limite entre pseudonyme et autonomination, répondent «à des exigences précises dictées par le genre poétique et par le dessin général de l’œuvre» (Sasso 1990∞: 136), ou bien à des objectifs encore plus spécifiques∞: c’est le cas des noms de Petrarca dans Bucolicum carmen, qu’on peut décoder de façon complète seulement dans le contexte d’un violent ‘esprit de compétition’ avec les Egloge de Dante (Brugnoli 2000-2001). Deux auteurs italiens du XXe siècle, Guido Gozzano et Giorgio Caproni, emploient souvent cette «technique»∞: leur cas est exem- plaire. Le recours constant à l’autonomination de la part de Gozzano est analysé par Ghiazza 2000-2001a, qui considère cet emploi comme «un réactif sémantique privilégié» de sa poésie. En particulier, dans la célèbre formule souvent employée guidogozzano, en minuscules, apparaît une intention autoironique, ramenée à de justes proportions, due à la conscience d’une crise de l’identité individuelle, d’une réifi- cation de l’être. uploads/Litterature/ le-nom-et-ses-fonctions-dans-les-etudes-onomastiques-en-italie.pdf

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