Synthèse : La fontaine, Fables Le mérite des Fables de La Fontaine est dans la
Synthèse : La fontaine, Fables Le mérite des Fables de La Fontaine est dans la convenance complexe entre un genre souple et un esprit libre et inventif, attentif aux événements importants et aux grands courants de pensée de son temps. Héritier de traditions multiples, respectées et approfondies avec bonheur, La Fontaine a transformé la fable en elle-même et en tout autre chose : rapsodie de contes animaliers et essai philosophique, comme le Discours à Madame de La Sablière. « Se servir d’animaux », suivant l’expression de La Fontaine, n’est pas un choix neutre. Au-delà de toute intention politique qui peut s’y ajouter, il suppose une sorte de philosophie implicite, qui n’est pas nécessairement naïve : l’idée que l’homme est un animal parmi d’autres, privilégié certes par son intelligence, mais qui doit attention et respect aux autres espèces. Cet émerveillement devant la nature donne une saveur particulière aux contes étiologiques et mimologiques , récits qui sont censés expliquer telle ou telle caractéristique d’un animal. L'esthétique qui se déploie dans cette œuvre est à l'opposé des exigences du "Grand Siècle" : Au sublime, monotone et froid, La Fontaine oppose la diversité, la brièveté, l'humour ; Les caractéristiques des Fables Qu'est-ce qu'une fable ? La fable raconte une histoire courte et drôle qui a pour but d'apprendre quelque chose au lecteur tout en le distrayant. Les personnages sont typiques, parfois incarnés par des animaux. La fable se compose souvent de deux parties, très inégales cependant : « le corps est la fable, l'âme la moralité », écrit dans sa préface La Fontaine. Le récit imagé permet ainsi de saisir une règle morale abstraite. Les fables existent depuis l'Antiquité. La Fontaine a puisé dans cette tradition ancienne, adaptant les fables d'Ésope, notamment, ainsi que des contes orientaux. Il innove, pourtant, en les écrivant en vers. Allier le plaisant à l'instructif est un souci constant dans ses fables. Les thèmes principaux Les animaux : « Je me sers d'animaux pour instruire les hommes », écrivait La Fontaine. Grâce au caractère qu'il attribue à chaque animal, il laisse deviner qui il met en cause. Le Lion représente le pouvoir du roi, le Chat, l'hypocrite, le Renard, le rusé. Principaux acteurs des fables, les animaux parlent et s'animent sous les yeux du lecteur. La Fontaine les peint avec des détails expressifs (la maigreur du loup, le « col pelé » du chien, le « long bec emmanché d'un long cou » de la cigogne, la tortue qui avance à un « train de sénateur », etc.). Tous sont présents : animaux sauvages et domestiques, grosses et petites bêtes, gentilles (l'âne, l'agneau) et féroces (lion, loup…) Mais La Fontaine ne cherche pas à écrire une encyclopédie du monde animal (le corbeau ne mange pas de fromage et la cigale ne chante pas !) : ce qui lui importe, c'est de donner de la vivacité et la plus grande variété possible à son univers. Le animaux représentent des types humains et sociaux depuis l'antiquité et probablement avant : soit par leur place supposée dans la hiérarchie animale (le lion, et en général les prédateurs, représentent la force et le pouvoir, tandis que les herbivores, proies des premiers, s'identifient souvent au "peuple", aux "petits" : l'âne ou le mouton, ou le cerf ; voir par exemple "Les obsèques de la Lionne", "Les animaux malades de la peste"...), soit par leur comportement (le renard = la ruse, le singe, par ses grimaces, évoque un bouffon de cour, le héron, par son allure, semble exprimer un sot orgueil...), soit encore dans leur rapport avec l'homme : le chien symbolise la soumission, l'âne est une bête de somme assez souvent méprisée... •L'essentiel des Fables - du moins des livres que nous avons à étudier, porte sur le rapport prédateur / proie, dans une terrible et impitoyable lutte pour la vie. L'univers des Fables n'est pas tendre, et l'on est bien loin d'une littérature enfantine sottement édulcorée. Manger, éviter d'être mangé, sauver sa vie par la force ou par la ruse : telle semble être l'unique préoccupation des animaux des Fables. •Une typologie des victimes : il y a celles qui s'en sortent, par intelligence et ruse (le chapon, le rat, le cerf), ou qui tentent de le faire en faisant appel à la raison, à la justice ou à l'humanité du prédateur (le rossignol, l'araignée, la couleuvre)... Dans ce dernier cas, si l'effort de la victime semble sympathique, il est voué à l'échec : "ventre affamé n'a point d'oreille" - morale de la fable "Le Milan et le rossignol, qui rappelle également "Le loup et l'agneau". Face à la force brutale du prédateur, raison et langage sont impuissants. Seule peut l'emporter la ruse. Et puis il y a les victimes consentantes, ou du moins résignées, que leur passivité, leur bêtise jette littéralement dans la gueule du prédateur : chèvres, moutons, souris se laissent faire, lapin et poissons rivalisent de candeur et de naïveté... à tel point que le lecteur n'est guère tenté de les plaindre ! •Une image impitoyable de la nature : dans ce monde où l'on est tour à tour prédateur et proie (cf. le chien, ou l'araignée), où seuls comptent les rapports de force et la survie, toutes les ruses même les plus malhonnêtes sont permises, et malheur au naïf qui croit en l'amitié et en la parole donnée ! cf."le chat et le rat" - bien loin de la version morale de la fable "Le Lion et Le rat" (II, 11), et, a contrario, "Le Cormoran et les poissons"... La société :La Fontaine dresse un large panorama de la société de son temps. Il peint à la fois les grands (le roi et les courtisans) et les petits (les paysans, les artisans). Le roi est critiqué : incarné par le lion, il se montre orgueilleux, tout puissant et souvent injuste. On redoute sa cruauté ( le Lion, le Loup et le Renard) même s'il sait parfois se montrer généreux (le Lion et le Rat). Le portrait des courtisans est plus négatif encore : ils sont décrits comme des parasites, des « machinateurs d'impostures » (le Berger et le Roi), des flatteurs (le renard dans la Cour du lion et dans Le Lion malade et le Renard). Les gens de la campagne sont eux aussi présents : bûcherons, bergers et paysans pauvres peuplent les fables. La Mort et le Bûcheron donne une excellente description de la vie paysanne du XVIIe siècle. Une société toute entière :Qui a ses grands, son roi (le Lion), sa reine (la Lionne), ses courtisans (le loup, l'ours, le renard, le singe), et ses petits, toujours faibles, méprisés, et qui ne peuvent échapper aux abus de pouvoir que par la ruse : l'âne, trop honnête et naïf des "animaux malades de la peste" doit périr; le cerf plus lucide des "obsèques de la Lionne" s'en sort en flattant le Roi. Très souvent, les conflits se règlent par des procès, qui nous montre une justice au moins aussi injuste et inefficace que celle d'aujourd'hui, avec ses juges partiaux, quand ils ne prennent pas eux-même une part du gâteau : "Le chat, la Belette et le petit lapin". Le chat est l'archétype du mauvais juge. Face à cela, les "petits" n'ont d'autre solution que l'entraide... qui ne leur vient pas spontanément : cf. "L'âne et le chien". La Fontaine présente donc une image plutôt négative de la société humaine : exploitation des faibles par des forts arrogants, qui d'ailleurs se dévorent entre eux ("le Loup et le renard") ; stupidité généralisée... Ne lui prêtons pourtant pas d'idées révolutionnaires qu'il ne pouvait avoir. Quelle attitude représente la sagesse à ses yeux ? Se méfier, préférer la ruse à l'affrontement (cf. "le Faucon et le chapon"), parler mais de loin, dans un milieu où la franchise peut être mortelle : "parler de loin, ou bien se taire" ("L'homme et la couleuvre"), et accepter stoïquement ce qu'on ne peut éviter ("Le cochon, la chèvre et le mouton"). Le Lion = Louis XIV ? Cinq fables, dans notre corpus, mettent en scène le Lion : "Les Animaux malades de la peste" (VII,1), "La cour du Lion" (VII, 6), "Les obsèques de la Lionne" (VIII, 14), "Le Lion" (XI, 1), "Le Lion, le singe et les deux ânes" (XI, 5) ; et une la Lionne, la reine : "La Lionne et l'ourse" (X, 12), ce qui est relativement peu pour le Roi des animaux. "Les animaux malades de la peste" : nouvel Oedipe, Le Roi doit faire face à une catastrophe qui frappe la cité : la peste. Il y reconnaît le courroux des Dieux, qui exigent un coupable ; lui-même, dit-il, est prêt à se sacrifier... [...] mais je pense Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi ; Car on doit souhaiter selon toute justice Que le plus coupable périsse." Ce "bon roi" écoutera ensuite sans broncher les flatteries du Renard (qui en oublie de s'accuser lui-même) et laissera condamner l'âne. " La cour du Lion" : Le Roi invite uploads/Litterature/ synthe-se-de-finitive-fables.pdf
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- Publié le Oct 19, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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