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Page 1  EduKlub S.A. Tous droits de l’auteur des œuvres réservés. Sauf autorisation, la reproduction ainsi que toute utilisation des œuvres autre que la consultation individuelle et privée sont interdites. Culture Générale Les mots et les maux Candide ou l’optimisme Candide ou l’optimisme : comment vivre avec le mal. Sommaire (Cliquer sur le titre pour accéder au paragraphe) ********************** I. Optimisme, pessimisme. .................................................................... 1 I.1. Leibniz...................................................................................... 2 I.2. Alexander Pope.......................................................................... 2 I.3. La croyance chrétienne en la Providence. ...................................... 3 II. Un roman d’éducation. ....................................................................... 3 II.1. La découverte du monde, c’est la découverte du mal...................... 3 II.2. Pour découvrir le mal et en tirer les meilleures leçons, il faut être candide................................................................................................ 4 III. Diverses attitudes face au mal......................................................... 5 III.1. Pangloss: «Tout est au mieux». .............................................. 5 III.2. Jacques : « Les hommes sont devenus loups. » ......................... 7 III.3. Les désespérés : « Je voulus cent fois me tuer... » ..................... 7 III.4. Martin : « Le diable se mêle fort des affaires de ce monde. »....... 8 III.5. Le derviche : « Qu’importe qu’il y ait du mal ou du bien ? »......... 9 III.6. Le bon vieux jardinier : « Je me contente de cultiver mon jardin. » 9 IV. Que faire ? Quelle est la morale du conte ? Quelle est l’attitude face au mal que conseille Voltaire ?...................................................................... 10 IV.1. Deux attitudes, parmi les six que nous avons distinguées, sont totalement disqualifiées : ..................................................................... 10 IV.2. Comment interpréter la morale du conte: il faut cultiver notre jardin ? 11 ********************** I. Optimisme, pessimisme. Le mot d’«optimisme» (forgé à partir de l’adjectif latin optimus, superlatif de bonus), apparaît au XVIIIe siècle (en 1737, selon le Robert) pour qualifier la philosophie de Leibniz. Le mot de «pessimisme» apparaît en 1759; c’est très probablement une création de Voltaire (à partir de l’adjectif latin pessimus, superlatif de malus). Est-ce à dire que, contrairement à Leibniz qui enseigne l’optimisme, Voltaire enseigne le pessimisme? Ce n’est pas sûr. Page 2  EduKlub S.A. Tous droits de l’auteur des œuvres réservés. Sauf autorisation, la reproduction ainsi que toute utilisation des œuvres autre que la consultation individuelle et privée sont interdites. Culture Générale Les mots et les maux Candide ou l’optimisme Ce qui est certain, c’est que Voltaire, dans Candide, attaque : I.1. Leibniz. Leibniz (1646 - 1716), ou plutôt ses Essais de Théodicée (1710). Ce mot de «théodicée», créé par le philosophe allemand à partir de théo et dikê (justice), ne signifie pas «justice de Dieu» mais «justification de Dieu». Justifier Dieu, c’est concilier l’existence de Dieu et celle du mal, en expliquant que, certes imparfait dans le détail et aux yeux des hommes, le monde est excellent dans l’ensemble et aux yeux de Dieu, qui en assure l’équilibre global; le monde (ou plutôt l’univers, uni, système dont tous les éléments sont interdépendants) n’est pas totalement mais globalement bon, voire excellent, c’est «le meilleur des mondes possibles». Dieu a soin des hommes, il aime le genre humain, il lui veut du bien, rien de si vrai. Cependant il laisse tomber les hommes, il les laisse souvent périr, il leur donne des biens, qui tournent à leur perte; et lorsqu’il rend quelqu’un heureux, c’est après bien des souffrances: où est son affection, où est sa bonté, ou bien ou est sa puissance? Vaines objections, qui suppriment le principal, qui dissimulent que c’est de Dieu qu’on parle. Il semble que ce soit une mère, un tuteur, un gouverneur, dont le soin presque unique regarde l’éducation, la conservation, le bonheur de la personne dont il s’agit, et qui négligent leur devoir. Dieu a soin de l’univers, il ne néglige rien, il choisit le meilleur absolument. Si quelqu’un est méchant et malheureux avec cela, c’est qu’il lui appartenait de l’être. Dieu, dit-on, pouvait donner le bonheur à tous, il le pouvait donner promptement et facilement, et sans se faire aucune incommodité, car il peut tout. Mais le doit-il? Puisqu’il ne le fait point, c’est une marque qu’il le devait faire tout autrement. (Leibniz, Théodicée, 1, 23, trad. P. Janet) Les hommes souffrent, et en concluent, ou bien que Dieu (s’il est responsable de leurs souffrances) n’est pas bon (où est son affection?), ou bien que Dieu (s’il n’est pas responsable de leurs souffrances) n’est pas puissant (où est sa puissance?). Mais les hommes, naïfs (candides?), adressent à Dieu des reproches qui ne seraient légitimes qu’adressés à un être humain: Dieu n’est pas une mère, ni un tuteur, ni un gouverneur chargés de veiller à l’éducation, à la conservation, au bonheur des personnes, des individus. Dieu veille à l’équilibre de l’univers, et ses devoirs ne sont pas ceux des hommes mais tout autres. I.2. Alexander Pope. Alexander Pope (1688 - 1744). Ce philosophe anglais vulgarise l’optimisme leibnizien dans son Essay on Man (1734), qu’il résume lui-même par cette maxime: Whatever is, is right. Les hommes ont tort de reprocher à Dieu leurs malheurs individuels et toutes les imperfections du monde: Que parles-tu toujours de ta frêle existence? Vois l’univers en grand: il forme un tout immense. Son corps c’est la nature, et son âme c’est Dieu. N’appelle donc plus l’ordre une imperfection: Dieu change en bien les maux que blâme la raison. (...) Fichier généré pour Visiteur (), le 09/01/2020 Page 3  EduKlub S.A. Tous droits de l’auteur des œuvres réservés. Sauf autorisation, la reproduction ainsi que toute utilisation des œuvres autre que la consultation individuelle et privée sont interdites. Culture Générale Les mots et les maux Candide ou l’optimisme La nature est un art que tu ne peux comprendre; La discorde, un concert que tu ne peux entendre; Le hasard, un dessein invisible pour nous; Et le mal de chacun, l’avantage de tous. Ainsi, malgré l’orgueil de la raison altière, Conviens que tout est bien dans la nature entière. (Essay on Man, Epître IX, X, trad. J. Delille) L’homme n’a pas les moyens de comprendre l’ordre universel: ce qu’il prend pour des imperfections est nécessaire à cet ordre universel; ce qu’il nomme discorde est concert, ce qu’il croit hasard est dessein de Dieu, ce qu’il considère comme mal (d’un point de vue particulier) est bien: c’est l’avantage de tous. I.3. La croyance chrétienne en la Providence. La croyance chrétienne en la Providence. Leibniz et Pope développent l’idée bien antérieure selon laquelle «les voies du Seigneur sont impénétrables» et la Providence (Dieu en tant qu’il pourvoit à l’ordre universel) gouverne au mieux notre monde. II. Un roman d’éducation. Le terme de «roman d’apprentissage» (ou «roman d’éducation», ou «roman de formation») traduit le mot allemand Bildungsroman qui apparaît en même temps que Les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister, de Goethe (1797). Mais quoique bien antérieur, Candide est un roman d’apprentissage, puisqu’il conte l’histoire d’un très jeune homme qui, ignorant tout du monde, le découvre peu à peu et, d’expérience en expérience, de rencontre en rencontre, apprend ce que sont les hommes et ce qu’est la vie, réfléchit, s’instruit, se forme, s’éduque. II.1. La découverte du monde, c’est la découverte du mal. Candide, au château de monsieur le baron de Thunder-ten-tronckh, sous la férule du docteur Pangloss, vit parfaitement heureux et (parce que) parfaitement ignorant, hors du réel et de la vérité. «Chassé du paradis terrestre» (cf. le début du chapitre II), il découvrira le monde réel et comprendra peu à peu à quel point est mensongère l’affirmation de Pangloss selon laquelle tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles: le monde réel n’est pas un paradis mais un enfer terrestre. Devenir adulte, c’est être chassé du paradis, autrement dit perdre ses illusions (comprendre que le monde n’est pas un paradis); c’est ce que Rousseau explique dans les Confessions: parfaitement heureux à Bossey chez M. et Mlle Lambercier, Jean-Jacques est accusé un jour, à tort, d’avoir cassé les peignes de Mlle Lambercier. Il a beau clamer son innocence, on le croit coupable, il est sévèrement, injustement puni. Page 4  EduKlub S.A. Tous droits de l’auteur des œuvres réservés. Sauf autorisation, la reproduction ainsi que toute utilisation des œuvres autre que la consultation individuelle et privée sont interdites. Culture Générale Les mots et les maux Candide ou l’optimisme Là fut le terme de la sérénité de ma vie enfantine. Dès ce moment je cessai de jouir d’un bonheur pur, et je sens aujourd’hui même que le souvenir des charmes de mon enfance s’arrête là. Nous restâmes encore à Bossey quelques mois. Nous y fûmes comme on nous représente le premier homme encore dans le paradis terrestre, mais ayant cessé d’en jouir... (Livre I, folio p. 51) Jean-Jacques découvre l’injustice des adultes: il perd la confiance qu’il leur accordait (nous ne regardions plus [M. et Mlle Lambercier] comme des dieux qui lisaient dans nos cœurs), donc sa sérénité. Rousseau, en racontant sa propre genèse, récrit la Genèse: le péché originel, commis par un dieu illusoire (le pasteur Lambercier) auquel il n’est désormais plus possible de croire, est subi (découvert) par celui qui est chassé du paradis et qui, ayant perdu la foi, perdra son uploads/Litterature/klubprepa-2343.pdf

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