UNIVERSITÉ DE LIÈGE Centre d'Etude de la Performance des Entreprises (C.E.P.E)

UNIVERSITÉ DE LIÈGE Centre d'Etude de la Performance des Entreprises (C.E.P.E) APPORTS DE L'ANALYSE FACTORIELLE DES CORRESPONDANCES MULTIPLES À L'ÉTUDE DE LA DÉTECTION DES SIGNAUX ANNONCIATEURS DE FAILLITE PARMI LES P.M.E. Cahier de Recherche 9301 Reprint 2010 par DIDIER VAN CAILLIE Docteur en Administration des Affaires Premier Assistant Contact : D.VanCaillie@ulg.ac.be Cahier 9301 - Apports de l'AFCM - Cahier de recherche.doc - "Apports de l'analyse ..." - Page 2 I. Introduction 1 Le cap des 6.000 faillites enregistrées sur base annuelle au cours de l'année 1992 constitue un record tristement historique qui ramène à l'avant-plan de l'actualité le problème de la détection précoce des faillites des entreprises en général, des Petites et Moyennes Entreprises en particulier. Les PME belges représentent 98 % du nombre des employeurs (DONCKELS e.a., 1993) et sont caractérisées à la fois par leur extrême jeunesse et une très grande vulnérabilité, conséquences directes du souffle de renouveau de l'esprit d'entreprise qui a conduit dès 1985 à une véritable explosion du nombre de créations (et, avec un léger décalage dans le temps, de disparitions) d'entreprises souvent de très petite taille (BRAGARD e.a., 1990). Pour leurs clients, leurs fournisseurs, leurs conseillers extérieurs et plus généralement pour l'ensemble de leurs partenaires extérieurs, la détection précoce de signes annonciateurs d'une éventuelle défaillance devient, de facto, une des préoccupations majeures d'une saine politique de gestion des risques commerciaux. Les caractéristiques propres et les spécificités du comportement des Petites et Moyennes Entreprises ne facilitent toutefois guère la mise en oeuvre d'une telle politique de détection. En effet, qualitativement, la PME 2 apparaît caractérisée (VAN CAILLIE, 1992): - Par la place prépondérante qu'y occupent l'entrepreneur et, au sein des entreprises familiales, sa famille: véritable moteur de l'activité de la PME, l'entrepreneur est à la base de l'ensemble des décisions de gestion stratégiques qui orientent le comportement futur de l'entreprise et, souvent, exerce simultanément un rôle important dans la gestion quotidienne de la PME. Ses objectifs, ses motivations, sa formation et son expérience passée sont dès lors des facteurs qui influencent fortement le comportement de la PME et donc déterminent ses forces et faiblesses, tant stratégiques qu'opérationnelles. - Par la concentration des responsabilités de gestion et du pouvoir de décision et de contrôle dans les mains de l'entrepreneur et, parfois, de quelques collaborateurs: cette concentration a pour conséquence que les décisions de 1 Cette note de recherche se base d'un point de vue théorique sur une vaste étude critique de la littérature consacrée à la détection des faillites et la plupart des éléments et arguments sous-jacents à notre exposé ressortent d'une ou, plus généralement, de plusieurs études aux apports semblables: aussi, afin de ne pas alourdir inutilement l'exposé, nous avons choisi de reprendre en bibliographie la liste des études et recherches que nous avons soumises à une analyse critique et de limiter au strict minimum les renvois aux différents auteurs de la littérature dans le corps du texte. 2 Normativement, le concept de PME reste par ailleurs mal défini, malgré l'abondance des définitions économiques et légales proposées par le Législateur national (plus d'une cinquantaine à ce jour). Cahier 9301 - Apports de l'AFCM - Cahier de recherche.doc - "Apports de l'analyse ..." - Page 3 gestion opérationnelle et plus encore la définition des orientations stratégiques de l'entreprise émanent d'une ou de quelques personnes et sont donc déterminées par les objectifs et les compétences de ces quelques personnes. - Par la forte dépendance de la PME à l'égard des diverses composantes de son environnement, et notamment à l'égard de ses clients, de ses fournisseurs et de ses apporteurs de capitaux. Au fil de son existence toutefois, la PME se professionnalise et acquiert une expérience propre: elle devient elle-même un acteur économique actif dans l'environnement d'autres entreprises et, plus généralement, dans la vie économique et sociale de sa région, et sa dépendance à l'égard de ses divers partenaires s'atténue progressivement, sans jamais toutefois totalement disparaître. Les multiples facettes que peuvent prendre ces caractéristiques et leur lien étroit avec les motivations, compétences et potentialités de l'entrepreneur rendent toutefois difficile la modélisation du fonctionnement, tant stratégique qu'opérationnel, des Petites et Moyennes Entreprises, notamment dans une perspective de détection de signes annonciateurs de faillite. En outre, l'analyste externe se heurte souvent en pratique au problème de l'accessibilité, de l'homogénéité et de la crédibilité des données, notamment relatives à la gestion interne, disponibles auprès des PME: fondamentalement, seuls les états financiers, considérés comme outil de l'activité de signalisation de la PME, s'avèrent utilisables par lui. Depuis les travaux liminaires de ALTMAN (1968), les états financiers des entreprises ont été à maintes reprises exploités par application de diverses techniques statistiques multivariées, généralement paramétriques (analyse discriminante et analyse logistique essentiellement), qui ont débouché sur l'élaboration d'une série de modèles de prédiction de faillite 1 aux performances variables. Elaborés au départ de données financières publiées essentiellement par de grandes entreprises, ces modèles s'avèrent généralement difficilement applicables au sein des PME, notamment par manque de données disponibles, crédibles et homogènes. Il nous paraît dès lors intéressant de développer un modèle de détection de signaux financiers annonciateurs de faillite spécifique aux Petites et Moyennes Entreprises et qui tiennent compte des reproches adressés par la littérature spécialisée aux modèles traditionnels de détection de faillite. Pour ce faire, nous adoptons la démarche suivante: * d'abord, nous procédons à un examen critique de la littérature consacrée à la détection de signaux annonciateurs de faillite dans les Petites ou Moyennes Entreprises; * puis nous effectuons un relevé systématique des faiblesses conceptuelles et des problèmes méthodologiques pratiques mis en évidence dans cette même littérature spécialisée; 1 Sur ce point, voir les articles synoptiques de ALTMAN (1984) et KEASEY et WATSON (1991). Cahier 9301 - Apports de l'AFCM - Cahier de recherche.doc - "Apports de l'analyse ..." - Page 4 * nous proposons ensuite, pour chacun des problèmes méthodologiques ainsi mis en évidence, un ensemble de solutions adaptées aux caractéristiques des Petites ou Moyennes Entreprises, notamment en matière de données disponibles et homogènes; * nous intégrons ensuite ces solutions méthodologiques dans une méthodologie d'analyse propre aux états financiers des Petites ou Moyennes Entreprises et centrée sur l'utilisation de la technique statistique non paramétrique que constitue l'analyse factorielle des correspondances multiples; * puis nous analysons logiquement les résultats de l'application de cette méthodologie aux états financiers déposés au cours de la période 1986-1989 par un échantillon représentatatif de la population des PME et riche de 1.536 individus et par la sous-population des 1.464 PME débutantes créées en janvier 1985; * enfin, à titre de conclusion, nous soulignons les apports de l'analyse factorielle des correspondances multiples à la mise en évidence des signaux financiers annonciateurs de faillite dans les PME. 2. Examen critique de la littérature spécialisée 2.1. Les apports de la littérature L'exploitation des états financiers de la PME considérés comme le reflet, certes tardif, des différentes décisions de gestion stratégique et opérationnelle prises par ses dirigeants est facilitée par la connaissance des apports et faiblesses de la littérature scientifique consacrée spécifiquement à la détection des faillites des PME (VAN CAILLIE, 1992). Celle-ci comprend essentiellement trois courants, présentés par ordre de complexité croissant: 1°) L'examen critique des facteurs annonciateurs de faillite recensés par la littérature montre logiquement, compte tenu des caractéristiques propres aux PME qui viennent d'être rappelées, l'importance des facteurs liés à la personnalité, aux compétences et aux motivations de l'entrepreneur. Au niveau de la gestion même de la PME, les facteurs liés à son comportement stratégique apparaissent être des indicateurs fondamentaux de défaillance, car ils déterminent le comportement de l'entreprise pour une longue période: mettons particulièrement en évidence la qualité de la planification et de la préparation des choix stratégiques de la PME, la nature de ces choix, la manière dont ils se reflètent dans l'adéquation des produits aux exigences des marchés et dans un plan marketing complet, cohérent et réaliste. Au plan opérationnel, les facteurs comptables et financiers (et tout particulièrement le faible niveau des fonds propres par rapport aux besoins réels de l'entreprise, une structure de l'endettement privilégiant le court terme, la tenue d'une comptabilité inappropriée et des difficultés dans la conduite d'une politique financière cohérente, notamment au niveau du financement du cycle d'exploitation) et les problèmes liés à la production des biens et à la gestion des ressources humaines sont les indicateurs symptomatiques de défaillance les plus Cahier 9301 - Apports de l'AFCM - Cahier de recherche.doc - "Apports de l'analyse ..." - Page 5 fréquemment cités. 2°) Les modélisations du processus de défaillance proposées par ARGENTI (1976) et MARCO (1989), plus conceptuelles, ont le mérite de faire apparaître la faillite d'une PME comme le résultat d'une dégradation progressive de son comportement économique due au dysfonctionnement de tout ou partie de ses constituants fonctionnels et/ou organisationnels, mettant ainsi l'accent sur les véritables causes de cette dégradation et non plus sur ses conséquences. Elles ont par ailleurs le mérite de faire apparaître explicitement l'influence des différents partenaires de l'entreprise sur le processus de dégradation économique de la santé d'une PME et sur la décision ultime de mise en faillite. uploads/Management/ 1993-apports-de-l-x27-afcm-cahier-de-recherche-22222222222.pdf

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  • Publié le Apv 30, 2022
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