International Journal of Financial Accountability, Economics, Management, and A
International Journal of Financial Accountability, Economics, Management, and Auditing ISSN (2788-7189) Int. J. Fin. Acc. Eco. Man. Aud. 4, No.1 (May-2022) This work is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License. http://www.woasjournals.com/index.php/ijfaema 59 https://doi.org/10.5281/zenodo.6590577 Mesure de la performance globale dans une entreprise socialement responsable : une synthèse de la littérature Redouane OUBAL Docteur en Sciences de l'Economie et de la Gestion Membre associé au Laboratoire de Recherche en Compétitivité Économique et Performance Managériale, CIRPEC, Université Mohammed V de Rabat, Maroc. Résumé : L’évolution de la notion de la performance globale vient immédiatement lancer le débat sur la question de son évaluation. Cette évaluation « globale » sous-entend une multitude d’évaluations : évaluation économique et financière, évaluation sociale des compétences du personnel, évaluation des effets écologiques et environnementaux, évaluation des actes et opérations sociaux en matière de gestion publique, etc. La mesure de la performance globale consiste à produire systématiquement les indicateurs relatifs aux différentes dimensions de la RSE. Cette mesure globale constitue une transcription de la situation économique, sociale et environnementale en données statistiques chiffrées. Nous allons essayer, à travers ce papier, de répondre à la question suivante : comment peut-on mesurer cette performance globale dans le cadre d’une entreprise socialement responsable ? En d’autres termes, parmi les outils d’évaluation proposés dans la littérature, quels sont ceux qui sont à même de rendre compte d’un déploiement d’une démarche RSE par les entreprises ? Mots-clés : Responsabilité sociale des entreprises ; dimensions de la performance ; indicateurs financiers et non financiers ; mesure de la performance globale. Abstract: The evolution of the concept of global performance immediately starts the debate on the question of its evaluation. This "global" evaluation implies a multitude of evaluations: economic and financial evaluation, social evaluation of staff skills, evaluation of ecological and environmental effects, evaluation of social actions and operations issues in public management, etc. The overall performance measure consists consists of systematically producing indicators relating to the different dimensions of CSR. This overall measurement constitutes a transcription of the economic, social and environmental situation into statistical data. In this paper, we will try to answer the following question: how can this overall performance be measured in the context of a socially responsible company? In other words, among the evaluation tools proposed in the literature, which ones are able to report on the deployment of a CSR approach by companies? Keywords: Corporate social responsibility; dimensions of performance; financial and extra-financial indicators of evaluation; measurement of global performance. 1. Introduction La Responsabilité Sociale ou Sociétale des Entreprises (RSE), est la traduction française de Corporate Social Responsability. C’est un concept ancien puisque c’est à l’économiste américain Howard OUBAL : Mesure de la performance globale dans une entreprise socialement responsable… http://www.woasjournals.com/index.php/ijfaema 60 Rothmann Bowen qu’on doit le concept après la publication de son ouvrage « Social Responsability of the businessmen » en 1953. Toutefois, Cette notion n´a connu son vrai essor que dans les années 90. C’est ainsi que le concept de développement durable a vu le jour. Ce concept combine, outre que l’économie, les aspects environnementaux et sociaux et puise son soubassement dans la prise en compte de la théorie des parties prenantes qui lui confère sa légitimé et son essor. Actuellement, cette nouvelle démarche engagée par l’entreprise l’incite à mettre en place des actions visant à protéger l’environnement et à assurer une équité sociale, sans perdre de vue sa rentabilité financière. Ces actions sont les réponses aux attentes des parties prenantes qui collaborent avec l’entreprise. Cette nouvelle approche influence, également la notion de « performance de l'entreprise ». Dès lors, la question qui préoccupe un bon nombre d’entreprises est de connaître l’effet de l’adoption de cette démarche sur leurs performances. Est-ce que la RSE n’est, en fin de compte, qu’un investissement couteux sans apport positif ? ou pire encore, est ce que cet investissement ne fera qu’alourdir les charges de l’entreprise et, par conséquent, impacter négativement la performance de l’entreprise ? Les défenseurs de la démarche voient, quant à eux, que la RSE est avant tout un investissement à moyen et long terme. A cet effet, il faut plutôt raisonner par retour sur investissement. Pour eux, les coûts de la « non responsabilité » coûtent beaucoup plus chers pour l’entreprise. Nous n’allons pas s’attarder sur la question de la relation RSE/performance. Au-delà, de l’analyse de ce lien qui pourra réunir les deux concepts de la RSE et la performance de l’entreprise, une question principale s’impose : comment peut-on mesurer cette performance globale dans le cadre d’une entreprise socialement responsable ? En d’autres termes, parmi les outils d’évaluation proposés dans la littérature, quels sont ceux qui sont à même de rendre compte d’un déploiement d’une démarche RSE par les entreprises ? en deux parties : dans une première partie, nous allons présenter l’ancrage théorique des concepts clés, à savoir : la RSE et la performance globale en présentant leurs définitions et leurs fondements théoriques. Une deuxième partie qui sera consacrée à la présentation des différents modèles et outils de mesure et d’évaluation de la performance globale au sein d’une entreprise socialement responsable. Ce qui nous permettra d’analyser leur pertinence et leur adéquation avec les spécificités des entreprises qui adoptent une démarche RSE. 2. Ancrage théorique de la RSE et de la performance globale La revue de la littérature sur le concept de la responsabilité sociale de l’entreprise permet de relever un premier constat relatif à la pluralité et la diversité terminologique caractérisant ce concept. En effet, de nombreux termes et définitions sont proposés par les auteurs pour le désigner, et ce depuis plusieurs années (Bowen, 1953 ; Davis, 1960 ; Friedman, 1962 ; McGuire, 1963 ; Manne, 1972 ; Preston et Post, 1975 ; Carroll, 1979 ; Jones, 1980 ; Wartick et Cochran, 1985 ; Wood, 1991 ; Clarkson, 1995 ; Swanson, 1995 ; Husted, 2000). 2.1. Fondements conceptuels et théoriques de la RSE 2.1.1. Genèse de la notion de la RSE Int. J. Fin. Acc. Eco. Man. Aud. 4, No.1, 59-78 (May-2022) http://www.woasjournals.com/index.php/ijfaema 61 Depuis son introduction dans le début des années 50, la notion de RSE n’a pas cessé de se développer. Elle a suscité l’intérêt des auteurs et des chercheurs. Entre les précurseurs et initiateurs comme Bowen (1953), les successeurs comme Carroll (1979), mais aussi des réfractaires tels que Levitt (1958) qui, selon lui, le gouvernement doit assurer le bienêtre général ou Friedman (1970) qui avance que la seule responsabilité sociale adossée à l’entreprise c’est de réaliser des profits. D’autres travaux plus formels, se sont apparus comme ceux de Carroll (1979, 1991) qui a proposé une catégorisation de quatre responsabilités (figure 1). Son modèle reste le plus utilisé pour appréhender la RSE (Jamali, 2008 ; Pinkston et Carroll, 1996 ; Schwartz et Carroll, 2003). En effet, en plus de sa simplicité, il a pu être testé et validé empiriquement à plusieurs reprises : Figure 1: La pyramide de Carroll (1991). Source: inspiré de Carroll A.B., (1991), « The pyramid of corporate social responsability: toward the moral management organizational stakeholders. Le débat autour de la RSE a surgi à nouveau au milieu des années quatre-vingt-dix suite à certains scandales et crises économiques qui ont éveillé l’intérêt des médias, des gouvernements et d’autres groupes de la société civile. « Les thèmes de l’éthique organisationnelle, de la responsabilité sociale de l’entreprise et du développement durable (ces trois préoccupations se recouvrent largement) font l’objet d’un intérêt croissant depuis la fin des années 1980 » (Mercier, 2004, p.3). 2.1.2. Définition(s) de la RSE Plusieurs définitions ont été établies pour essayer de cerner la notion de RSE. Malgré cette diversité, ces définitions se partagent quelques aspects communs. En effet, elles s’accordent sur le fait que la RSE est une démarche volontariste, associant les trois dimensions du développement durable (l’environnement, l’économie et le social) et prenant en considération les attentes des parties prenantes. Parmi les définitions les plus citées, nous allons retenir celles de quelques institutions de renommée internationale, à savoir : La définition de la commission européenne (CE), parue dans son livre vert, évoque une responsabilité envers les parties prenantes de l’entreprise et d’un élargissement des préoccupations de cette dernière pour couvrir, au-delà des objectifs de rentabilité, ceux sociaux et environnementaux : « Cette responsabilité s’exprime vis-à-vis des salariés et, plus généralement, de toutes les parties prenantes (…). Bien que leur responsabilité première soit de générer des profits, les entreprises peuvent en même temps contribuer à des objectifs sociaux et à la protection de l’environnement, en intégrant la OUBAL : Mesure de la performance globale dans une entreprise socialement responsable… http://www.woasjournals.com/index.php/ijfaema 62 responsabilité sociale comme investissement stratégique au cœur de leur stratégie commerciale, de leurs instruments de gestion et de leurs activités » (CE, 2001) La définition de la Commission interdépartementale du développement durable (CIDD), s’intéresse quant à elle, au fait que la RSE est une démarche initiée par la propre volonté des entreprises. Elle souligne aussi les trois dimensions de cette démarche et l’implication des parties prenantes de l’entreprise : « les entreprises intègrent de manière volontaire, systématique uploads/Management/ 251-article-text-421-1-10-20220528 1 .pdf
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- Publié le Nov 04, 2021
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