LE LIVRE DU NUNCHI 2 Euny Hong LE LIVRE DU NUNCHI Le secret coréen du bonheur e
LE LIVRE DU NUNCHI 2 Euny Hong LE LIVRE DU NUNCHI Le secret coréen du bonheur et du succès 3 CHAPITRE 1 Qu’est-ce que le nunchi? Nunchi (noun-chi): «l’œil et la mesure», ou l’art subtil de déterminer l’état d’esprit et le ressenti de l’autre pour construire une relation harmonieuse, basée sur la confiance et l’échange. 4 Imaginons que vous veniez de décrocher un job dans une grande entreprise et que vous soyez invité à une soirée où vous voulez faire bonne impression. Vous arrivez dans la salle au moment où tous les convives se forcent un peu à rire à une plaisanterie pas particulièrement drôle d’une femme d’âge mûr que vous voyez pour la première fois. Comment réagissez-vous? A. Vous renchérissez directement avec une blague vraiment drôle, contrairement à celle que tout le monde vient d’entendre. Vos nouveaux collègues vont adorer! B. Vous emboîtez le pas aux autres convives et riez, vous aussi, même si ce n’était pas la plaisanterie du siècle. C. Vous attendez le moment propice pour vous présenter à la dame en question parce que vous vous dites que c’est sûrement elle la directrice générale de l’entreprise. Si vous avez choisi la réponse A, vous avez vraiment besoin de travailler votre nunchi. Si vous avez choisi la réponse B, vous avez bien analysé la situation et utilisé efficacement ce que vous avez perçu de vos nouveaux collègues. Si vous avez choisi la réponse C, félicitations, vous êtes sur la bonne voie et pourrez bientôt utiliser tout le potentiel du nunchi. Le nunchi est le superpouvoir des Coréens. On dirait presque qu’il leur permet de lire dans les pensées – même s’il n’y a rien de surnaturel là-dedans. Le nunchi, c’est l’art de comprendre instantanément ce que les autres pensent et ressentent de 5 manière à améliorer vos interactions avec eux. Pour maximiser son nunchi, il faut bien rester attentif à chaque mot, à chaque geste et à chaque expression du visage de ses interlocuteurs et affiner en permanence sa perception de l’ambiance générale dans la pièce. La réactivité joue un rôle crucial, à tel point que si quelqu’un a un nunchi particulièrement développé, les Coréens ne diront pas que cette personne est dotée d’un «bon» nunchi mais d’un nunchi «rapide». Dès que vous saurez l’utiliser, le nunchi vous évitera de vous mettre dans des situations embarrassantes – vous ne ferez pas de faux pas si vous avez correctement «lu» la pièce où vous vous trouvez. À plus long terme, le nunchi mettra à votre portée un nombre incroyable de possibilités. Les gens vous ouvriront des portes dont vous ne soupçonniez même pas l’existence. Le nunchi vous aidera à profiter des meilleures opportunités que la vie peut vous offrir. Les Coréens disent que «celui qui a un nunchi rapide peut manger des crevettes dans un monastère». Il est difficile de percevoir immédiatement le sens de cette expression si on ne sait pas que les monastères bouddhistes traditionnels coréens sont strictement végétariens. Dans la culture occidentale, l’équivalent serait à peu près «celui qui a un nunchi rapide peut manger du bacon dans une synagogue». En d’autres termes, pour vous, on peut adapter les règles. Tout le monde a intérêt à développer son nunchi; être issu d’un milieu privilégié, avoir les bons réseaux ou avoir fait de brillantes études n’entrent pas en ligne de compte. C’est pour cette raison que les Coréens appellent le nunchi «le petit plus de ceux qui ont moins». C’est l’arme secrète de ceux qui n’en ont aucune autre. Mais pour ceux qui sont nés avec une cuillère en 6 argent dans la bouche, le meilleur moyen de tout gâcher, c’est de manquer de nunchi. Pour les Coréens, «le nunchi, c’est 50% de la vie sociale». Grâce à un nunchi rapide et développé, vous pourrez mieux choisir vos partenaires, dans la vie comme dans les affaires, réussir professionnellement, vous protéger de ceux qui veulent vous nuire et éviter les situations stressantes. Sans vraiment savoir pourquoi, les gens se rallieront à votre point de vue alors que, si vous manquez de nunchi, ils risquent de ne pas être à l’aise avec vous sans se l’expliquer. Vous vous dites sûrement: «Ah non, pas encore une de ces lubies asiatiques – j’ai déjà mis la moitié de mes vêtements à la poubelle à cause de Marie Kondo!» D’abord, ce n’est pas une lubie: cela fait plus de cinq mille ans que les Coréens se servent du nunchi pour éviter des attaques en tout genre ou résister aux envahisseurs. Il suffit de regarder l’histoire récente de la Corée du Sud pour comprendre les effets du nunchi: elle est passée de pays du tiers- monde à une puissance industrielle en tout juste un demi-siècle. Après la guerre de Corée il y a à peine soixante-dix ans, la Corée du Sud était un des pays les plus pauvres du monde – plus pauvre que la plupart des pays d’Afrique subsaharienne. En plus, elle n’avait aucune ressource naturelle: pas une goutte de pétrole, pas un gramme de cuivre. Au XXIe siècle, la Corée du Sud est rentrée dans le club des États les plus riches, les plus cools et les plus technologiquement avancés de la planète. Elle fabrique la plus grande partie des semi-conducteurs et des cellulaires produits dans le monde. C’est le seul membre de l’Organisation de coopération et de développement économiques 7 (OCDE) qui empruntait de l’argent au départ et en prête aujourd’hui1. Évidemment, une part de ce succès s’explique de façon classique par une dose de chance, la force de travail et l’appui des puissances amies, mais si c’était si simple, d’autres pays en voie de développement auraient obtenu les mêmes résultats. Or ce n’est pas le cas. Le miracle économique coréen a toujours reposé sur le nunchi, c’est-à-dire sur cette capacité à «comprendre en un coup d’œil» l’évolution perpétuelle des besoins des partenaires commerciaux, à fabriquer sans arrêt les nouveaux produits pour y répondre, à les exporter et à ajuster ses plans en permanence en fonction de la seule constante universelle, le changement. Si vous n’êtes toujours pas convaincu de l’importance du nunchi, demandez-vous pourquoi tout le monde connaît la K-pop. En Corée, chaque fibre de la société est imprégnée de nunchi. Les parents coréens disent à leurs enfants à quel point c’est important dès leur plus jeune âge, exactement comme ils leur apprennent à regarder des deux côtés de la rue avant de traverser ou à ne pas frapper leur petite sœur. «Tu n’as pas de nunchi ou quoi?!», c’est quelque chose qu’ils leur répètent sans arrêt. Je me souviens qu’une fois, quand j’étais petite, j’ai froissé sans le vouloir une amie de la famille et que, pour me défendre, j’ai dit à mon père: «J’ai pas fait exprès!» Ce à quoi il a répondu: «Que tu ne l’aies pas fait exprès n’est pas une circonstance atténuante: c’est une circonstance aggravante.» Pour un Occidental, la réponse de mon père est probablement difficile à comprendre. Normalement, un parent préfère que son enfant soit désagréable involontairement! Mais essayez de le voir sous un autre angle: au moins, les enfants qui font exprès d’être pénibles obtiennent le résultat qu’ils recherchaient, que ce 8 soit se venger de leur frère ou énerver leurs parents. On ne peut pas en dire autant d’un enfant qui dit quelque chose sans avoir réfléchi à ce que cela fait aux autres: c’est manquer de nunchi, ce qui est encore plus grave! Être gentil et poli, c’est très bien, mais un enfant n’ira pas très loin dans la vie s’il est «à côté de la plaque», à moins que quelqu’un ne le prenne en main. Il y a des gens qui sont nés avec du nunchi. Certains parviennent à l’acquérir progressivement, mais pour d’autres, cela demande un peu plus de boulot! C’était mon cas. J’avais douze ans quand mes parents ont décidé de quitter les États-Unis pour s’installer en Corée du Sud. Alors que je ne parlais pas du tout coréen, je me suis retrouvée à l’école publique. C’était violent mais apprendre sur le tas à utiliser mon nunchi était sans doute le meilleur moyen de m’adapter à cette culture qui m’était étrangère alors que je ne comprenais rien. Pour pouvoir me débrouiller dans mon nouvel environnement, j’ai dû tout miser sur mon nunchi qui, de fait, est devenu un sixième sens. En plus, il y a d’énormes différences dans la façon d’appréhender les relations interpersonnelles aux États-Unis et en Corée, ce qui me rendait les choses encore plus difficiles. En Amérique, il y a très peu de formalisme et un minimum de nunchi suffit pour s’en sortir: on ne se fait pas de courbettes, il n’y a pas plusieurs registres de langage très structurés et un enfant peut facilement appeler un adulte par son prénom. Dans la culture coréenne, c’est complètement différent parce que la société et la langue sont imprégnées de l’idée de hiérarchie et qu’il y a plus de règles que d’étoiles dans le ciel. Par exemple, on n’appelle pas son aîné par son uploads/Management/ 4-5940419337826339156.pdf
Documents similaires
-
11
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jan 28, 2022
- Catégorie Management
- Langue French
- Taille du fichier 1.1662MB