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9 bonnes raisons d’adopter les ceintures de compétences en classe Publié par charivari le 25 juillet 2018 Fernand Oury (contemporain de Célestin Freinet) était judoka et pédagogue. Dans sa classe, les élèves progressaient en maths, en grammaire (…) en suivant des ceintures de couleurs, comme au judo. Tel élève était ‘ceinture verte’ de géométrie, tel autre ‘ceinture bleue’ en conjugaison. J’ai adopté ce principe dans ma classe. Pas pour toutes les matières, mais pour certaines compétences : les tables de multiplication, le calcul posé, la conjugaison, la grammaire (voir menu ceintures)… Je ne suis pas la seule à m’y mettre : de plus en plus de profs utilisent ce système en classe, et de nombreux blogueurs publient leurs tests et leurs entrainements. Aujourd’hui, c’est donc plus facile que jamais de se lancer. Alors pourquoi pas vous ? Commençons par répondre aux questions de fond : pourquoi, selon moi, ce système est-il un bon dispositif d’évaluation, motivant et efficace ? Parce que l’élève sait où il en est. En début d’année, les élèves découvrent le programme de l’année. Les ceintures ont l’avantage de la clarté, pour les élèves comme pour les parents. Pour avoir la ceinture blanche, voilà ce qu’il faut connaitre, voilà ce qu’il faut savoir faire. Pour la ceinture jaune… Le dispositif diminue l’implicite autour des attentes du maitre et rend très visible le chemin à parcourir et les étapes qui le jalonnent. Parce que le dispositif est exigeant. Dans un système d’évaluation classique, certains élèves se satisfont parfois d’une Illustration : Emy Bill leçon à peu près sue ou d’une compétence partiellement acquise. Avec le dispositif des ceintures, tant que l’élève n’a pas atteint 80% de réussite, il ne peut pas passer à l’étape suivante. On est loin du 10 de moyenne que visent parfois les collégiens. De plus, contrairement aux systèmes classiques d’évaluation, chaque ceinture revalide les précédentes (au moins dans les ceintures que je propose sur mon blog). Par exemple, quand on passe une ceinture sur les divisions posées, on a quand même une soustraction et une multiplication à poser aussi, pour vérifier qu’on n’a pas oublié ce qu’on avait déjà validé. Autre exemple sur les tables : quand je suis interrogé sur la table de 8, la moitié des calculs portent sur cette table, l’autre moitié balaye les tables des ceintures précédentes, qu’il faut revoir également. Cela évite l’effet « je révise / je suis testé / j’oublie / j’apprends autre chose / j’oublie »… C’est un des gros avantages du dispositif. Parce que les échecs sont effacés par les réussites L’affiche qui illustre ce paragraphe est d’EMY BILL et peut être téléchargée en HD sur son site, ici, (clic) Avec les notes chiffrées, chaque note compte : si un élève obtient un 0/10 puis 10/10 sur une compétence donnée, il aura 5/10 de moyenne…. Pourquoi seulement 5 alors que l’objectif est atteint, puisque la compétence est acquise ? Quand on apprend à faire du vélo, qui comptabilise le nombre de fois où on s’est écorché les genoux avant d’y arriver ? On a beau dire aux élèves que « c’est normal de se tromper » que « c’est comme cela qu’on apprend »… le système des notes chiffrées et des moyennes pénalise l’élève à chaque échec. Au contraire, avec le système des ceintures, l’élève a le droit de ne pas réussir du premier coup. Il ne reste pas sur un échec : il repasse la ceinture jusqu’à la réussite et, le jour où il réussit, les échecs précédents ne comptent plus. Les erreurs, les échecs, prennent la place qu’ils n’auraient jamais dû quitter : ils servent à pointer les obstacles à franchir, les difficultés à surmonter. Ils sont utiles, ils servent de marchepieds vers la réussite. Parce que chaque élève est évalué à son niveau. Avec les ceintures, les élèves ne sont plus évalués au même moment sur la même chose. Chaque élève prépare une évaluation qui correspond à son propre niveau. L’élève se sent bien plus capable de réussir puisqu’on lui propose des évaluations à sa portée. Parce que l’élève s’approprie les critères de réussite. C’est l’élève qui s’inscrit pour passer un test de ceinture. Il doit donc apprendre à répondre à cette question : « Suis-je prêt ? suis-je capable ?». Identifier ses erreurs, les retenir, trouver des stratégies pour éviter ces erreurs puis plus tard, les anticiper : ce sont des processus métacognitifs qui sont familiers pour les élèves habitués à tirer le meilleur parti des évaluations formatives. Avec les ceintures, ces processus s’imposent à tous les élèves de la classe. Pour répondre à la question : « Est-ce que je décide d’être évalué ? », plus ou moins consciemment, l’élève doit apprendre à se demander : « Comment dois-je faire pour réussir ?» et aussi « Pourquoi est-ce que j’ai échoué la dernière fois ? », « Est-ce que je saurai éviter cet écueil cette fois-ci ? ». Parce que cela tord le cou à la spirale de l’échec Pour qu’un élève se sente capable de réussir, il ne faut pas qu’il se soit résigné à l’échec (voir cette vidéo édifiante sur la résignation programmée : clic) Quoi de plus démotivant que l’enchainement des mauvaises notes ? Pour un élève en difficulté, les modalités ordinaires d’évaluation dans les classes peuvent être terribles. Un élève en difficulté pourra avoir l’impression que, malgré ses efforts, il n’arrivera plus jamais à obtenir de bonnes notes. Il aura le sentiment que les autres élèves seront toujours plus avancés que lui et que l’évaluation portera toujours sur des notions trop éloignées de son propre niveau. Combien d’élèves faibles sont abonnés aux mauvaises notes qui leur collent à la peau ? Combien s’y résignent ? Qui voit les progrès qu’ils réalisent pourtant et qu’aucune bonne note ne sanctionne plus ? Avec les ceintures, tout change : les élèves vont forcément de succès en succès (entrecoupés par des entrainements et des échecs bien sûr). Avec les ceintures, on ne peut pas accumuler les mauvaises notes, ou même des notes toujours moyennes. On essaye, on réessaye, on progresse d’une fois sur l’autre, et un jour on réussit. On travaille pour réussir. L’évaluation devient l’occasion de rendre visibles les progrès effectués. Dans ce dispositif, tous les élèves de la classe, même les plus faibles, reçoivent de temps en temps des évaluations marquées d’un « Excellent travail, bravo ! ». Bien sûr, ils ont parfois 3 étapes « de retard » par rapport à la majorité de la classe, mais, au moment où ils ont réussi le test, le progrès qu’ils ont fait a été le même que celui réalisé par leurs camarades deux mois plus tôt. Ce progrès est valorisé de la même manière, qu’il ait été fait en septembre ou en avril. La marche franchie est aussi haute. Ils ont juste mis plus de temps à la franchir. Parce que l’élève prend le contrôle de sa progression Avec le dispositif des ceintures, la décision de l’évaluation bascule du professeur vers l’élève. L’évaluation ne vient plus à l’élève, c’est lui qui va à l’évaluation : Pour progresser, l’élève doit donc décider de s’inscrire aux évaluations. C’est bien à lui de décider d’avancer, de « se mobiliser ». « Ce qui est formidable chez Oury, c’est que c’est l’élève qui demande à passer à la ceinture supérieure, comme au judo, c’est-à-dire que ce n’est pas le professeur qui le met en échec en lui imposant un exercice difficile, c’est l’élève qui se dit : Je me sens capable parce que je suis prêt à passer au niveau supérieur ». » MEIRIEU, Philippe Avec les ceintures, l’élève vit moins l’évaluation comme un couperet imposé que comme un « sommet » qu’il se donne d’atteindre, un défi qu’il choisit de se lancer. Bien sûr, ne nous leurrons pas, lorsqu’il fait ce pas en avant, l’élève est un peu « poussé dans le dos » par la pression de la classe, du maitre et de ses parents, mais tout de même, il sait que la décision lui revient et qu’il peut, au moins pour un temps, dire « je ne suis pas encore prêt » Affiche pour la classe Ceintures d'écrivain L'orthographe d'usage : comment aider les élèves ? Special PES : ... et pour la géographie ? Parce que le dispositif facilite la gestion de classe La gestion des différences de rythme entre les élèves est souvent un casse-tête pour le maitre. Dans les cours multiples (et dans toutes les classes où le maitre différencie vraiment sa pédagogie), chaque jour, le maitre doit trouver des tâches autonomes à confier à une partie de ses élèves pendant qu’il travaille avec le reste de la classe. C’est là que le dispositif des ceintures rend service puisqu’il encourage l’entrainement autocorrectif. Quand l’élève a terminé son travail de grammaire ou de sciences, il peut sortir son cahier d’entrainement aux ceintures et se préparer au test suivant sans avoir besoin de personne. Parce que le dispositif est motivant pour l’enseignant Dans le quotidien de la classe, il uploads/Management/ 9-bonnes-raisons-d-x27-adopter-les-ceintures-de-compe-tences-en-classe-charivari-a-l-x27-e-cole.pdf

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