Université libre de Bruxelles Master 1 - Sciences du travail L’e-Learning prend
Université libre de Bruxelles Master 1 - Sciences du travail L’e-Learning prend-il en compte les besoins de développement personnel des apprenants ? Dissertation réalisée dans le cadre du séminaire : « E-learning en formation d’adultes » Rédigée par Abdelkarim El Yahyaoui Professeur : M. Sylin Assistant : F. Kimbimbi Année académique 2012-2013 1 L’e-Learning prend-il en compte les besoins de développement personnel des apprenants ? Face à de nouvelles formes d’apprentissage associées à la machine, nous sommes paradoxalement confronté à la fois à une déshumanisation de l’apprentissage par l’absence physique de l’enseignant et à une humanisation par la présence d’une pédagogie qui affirme s’appuyer sur diverses disciplines pour accommoder au mieux l’e-learning à la nature de l’homme. L’e-learning prend-il en compte les besoins de développement personnel des apprenants ? Depuis longtemps le développement personnel et l’apprentissage ont été associés, mais qu’en est-il aujourd’hui pour l’e-learning. Pour commencer, si l’on considère l’e-learning comme une forme d’apprentissage, en quoi les apprentissages en général peuvent être pertinents pour le développement de la personne. Pour répondre à cette question, une définition aussi bien du développement personnel que de l’e- learning sera abordée. Ensuite, nous nous intéresserons au sens du « développement personnel » dans le monde de l’entreprise. Nous verrons qu’il peut renfermer d’autres significations, et qu’il peut aussi être instrumentalisé. Enfin, cette nouvelle forme d’apprentissage, qu’est l’e-learning, intègre-t-elle, les principes pédagogiques qui favorisent le développement de la personne ? Contrairement à la pédagogie traditionnelle, nous verrons que l’e-learning n’est pas un apprentissage passif mais à l’inverse, il développe l’autonomie, par la diversification et l’individualisation de l’apprentissage. Malgré les enjeux sociétaux, l’e-learning reste un facteur de développement personnel riche, diversifié et individuel pour le développement de la personne humaine. Si on se réfère à la définition de la Commission Européenne : « L’e-Learning est l’utilisation des nouvelles technologies multimédias et de l’internet, pour améliorer la qualité de l’apprentissage, en facilitant l’accès à des ressources et des services, ainsi que les échanges et la collaboration à distance ». 1 D’après V. BRUNEL « Le développement personnel est une évolution multidimensionnelle impliquant la transformation sociale et psychologique de l'être humain depuis sa naissance jusqu'au sa maturité psychique. »2 Ainsi, le fait de parler du développement personnel suppose que l’on envisage la croissance de l'individu sous tous ses aspects : psychologique, relationnel, intellectuel et spirituel. Bref, c’est grandir à travers la 1 Cours de F KIMBIMBI, L’E-Learning en formation d’adultes, ULB, 2012-2013 2 V. BRUNEL, Les managers de l’âme. Le développement personnel en entreprises, nouvelle pratique de pouvoir ? », Collection Entreprise et Société, Édition La Découverte. Paris, 2004, p. 10. 2 fréquentation de son milieu de vie, la qualité de l'éducation et des formations reçues, le degré d'intégration dans la société… « Ces différentes sources d’enrichissement permettront à l’individu d’avoir non seulement un meilleur rapport à lui-même, mais aussi à autrui, ceci rendra également son travail plus harmonieux et plus efficace »3. Le développement personnel qui est un concept « fourre-tout » et qui tire ses origines de la vision humaniste4 de l’apprentissage, est très fortement inspiré du courant humaniste Américain d’Abraham Maslow, Carl Roger, ainsi que de la pédagogie nouvelle : Rousseau, Pestalozzi, Freinet Montessori. Selon C.GOHIER, cette vision humaniste est née dans les années 50, à contre-courant des comportementalistes qui prônent une conception mécanique du fonctionnement humaine. Ce courant humaniste, qui se situe d’avantage dans le domaine thérapeutique sera largement adopté par le champ pédagogique. La transmission mécanique du savoir caractéristique à l’école traditionnelle sera vite remise en question et remplacée par une conception éducative non directive, fidèle à la théorie Rogerienne. Actuellement, on retrouve une traduction du concept du « développement personnelle » aussi bien dans les objectifs finaux à atteindre dans l’enseignement, que dans la pédagogie de celle-ci. Puisque les termes de notre thématique ont été définis, explorons la relation entre l’apprentissage et le développement de la personne. Selon C. DANIS, l’apprentissage engage un processus de développement global et de conscience de soi des apprenants « la notion de globalité élargit la dimension de l'apprentissage pour y inclure aussi l'émotivité, les traits de personnalité, les intérêts de l'adulte, les circonstances et l'environnement qui l’influencent » 5. M. LEBRUN affirme que « L’autonomie, le sentiment de compétence et le sentiment de participation ont un impact significatif sur le développement personnel et le comportement de l’individu…»6. Selon l’auteur, la pédagogie humaniste conçoit l’apprentissage comme un phénomène dynamique et interactif avec le développement personnel. L’apprentissage peut effectivement être source de développement quand il est choisi et consenti par l’apprenant. C’est plus exactement le soutient à l’autonomie de l’apprenant, qui est déterminant pour le développement de la personne. Comme le soutien A. MASLOW7, la personne humaine n’est 3 V. BRUNEL, Les managers de l’âme. Le développement personnel en entreprises, nouvelle pratique de pouvoir ? », Collection Entreprise et Société, Édition La Découverte. Paris, 2004, p.10 4 5 C. Danis et A. Tremblay, Principes d’apprentissage des adultes et autodidaxie, Revue des sciences de l'éducation Volume 11, numéro 3, 1985, p. 433. http://id.erudit.org/iderudit/900506ar 6 Lebrun, M. Théories et méthodes pédagogiques pour enseigner et apprendre : Quelle place pour les TIC dans l’éducation ? 2ème édition revue. De Boeck 2007, p. 101 7 A .MASLOW, Devenir le meilleur de soi-même, (1956), ed. Eyrolles, 2008, p.266 3 pas seulement un réceptacle passif mais est surtout doué d’intelligence et naturellement curieux. Il dit que l’apprentissage scolaire est répétitif, mécanique et qui accorde plus d’importance aux moyens (note, classement, points, diplômes) plutôt qu’aux objets (compréhension, jugement, sagesses). Maintenant que le lien entre apprentissage et développement personnel a été établi, intéressons-nous à l’utilisation du terme polysémique « développement personnel » dans le domaine professionnel. Dans les managers de l’âme8 Valérie Brunel décrit comment les entreprises instrumentalisent le développement personnel à leurs profits. Sans aucune autorité hiérarchique apparente, de nouvelles organisations fonctionnent à l’idéologie et manient des valeurs, comme l’excellence et le développement personnel. Le discours qui est entretenu pousse tantôt à la productivité, tantôt au savoir être en créant une confusion entre les besoins de l’organisation et les qualités personnelles des travailleurs. Selon elle, ces entreprises font peser une pression constante sur la personne par des feedbacks" ces critiques ritualisés se somment par des évaluations semestrielles qui définissent l’avenir des travailleurs au sein de l’équipe. Sous l’étiquette de la croissance de soi, tous sont invités par des formations comportementales à faire coïncider leur "soi" à un "idéal type" qui répondrait au besoin de l’entreprise. Par ces formations, on assiste selon l’auteur à une psychologisation du comportement en invoquant l’incapacité propre de la personne par une responsabilisation excessive. E. REQUILÉ9 souligne d’abord, les souffrances qu’un tel vécu engendre sur les ex-salariés et ensuite conclut que le développement personnel permet un certain euphémisme en termes de conditions de travail qui sont vues avec difficultés. On parlera plus de normalisation ce qui est paradoxal car le développement personnel prône au contraire des valeurs toute autre comme la liberté, l’autonomie. Puisque les entreprises s’en servent comme instrument de pouvoir, le développement personnel n’est-il pas un instrument de la pensée managériale ? Le développement personnel évoqué constamment comme finalité par le monde de la formation ne signe-t-il pas une hyper-individualisation de la société. Désormais, grâce au développement personnel, l’individualisme est connoté positivement. De plus, l’état social 8 V. BRUNEL, Les managers de l’âme. Le développement personnel en entreprises, nouvelle pratique de pouvoir ? , Collection Entreprise et Société, Édition La Découverte. Paris, 2004 9 REQUILÉ ÉLISE, Entre souci de soi et réenchantement subjectif. Sens et portée du développement personnel, Mouvements, 2008, 2 n° 54, p. 65-77. DOI : 10.3917/mouv.054.0065 4 actif utilise également le développement personnel pour légitimer ses pratiques normatives. Les formations qui se réclament « individualisé » pour développer une autonomie, correspondent-ils encore à l’idéologie managériale qui prône par ailleurs l’employabilité, l’excellence dans les entreprises, à l’impératif de la croissance économique ? À ce titre F.HAEUW 10dit que « L’individualisation n’est pas choisie mais subie : c’est un phénomène de masse, terriblement paradoxal. D’un côté, elle libère l’individu du joug des contraintes sociales pesantes, lui donne les pleins pouvoirs sur son devenir et favorise ainsi l’épanouissement de sa personnalité. Cette conception rejoint ainsi les courants humanistes du développement de soi des précurseurs de l’individualisation, tant en formation initiale que continue. D’un autre côté, la responsabilisation à outrance de l’individu dans la réalisation de son destin occulte le poids des déterminismes sociaux et dédouanent les institutions de leur responsabilité. ». Le développement personnel souvent associé à l’e-learning n’est-il qu’une connotation positive à un dispositif inhumain et contre la croissance de la personne. Dans la partie suivante, nous allons voir en quoi l’e-Learning peut-être un facteur de développement personnel ? Selon M. LEDRU11, l’e-learning intègre pleinement les principes pédagogiques. Il souligne que plusieurs sources pédagogiques mettent en évidence des pratiques pédagogiques fructueuses en termes d’apprentissage dont le tâtonnement, l'autonomie, la motivation, la liberté, la responsabilité de l’apprenant. Ensuite, il transpose ces pratiques dans le domaine de l’e-learning. En effet, ce qui est important pour l’acquisition, ce n’est pas uploads/Management/ abdelkarim-el-yahyaoui-e-learning-dissertation-le-07 1 .pdf
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- Publié le Oct 18, 2022
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