Chapitre 14 Pratique des opérations internationales Joële Macadré En lien avec

Chapitre 14 Pratique des opérations internationales Joële Macadré En lien avec les problématiques de globalisation vues au chapitre 5, réussir les importations en résultant passe par une veille active sur l’environnement international, par une politique déterminée, par une organisation interne bien structurée et par la formation des acheteurs. Fini les cloisonnements, la performance à l’international s’appuie sur la collaboration interne et le partage régulier d’informations entre Achats et les autres fonctions concernées, notamment les directions Supply Chain, commerciale et financière. On comprend aisément l’insistance des acheteurs pour avoir une remontée d’informations du service commercial quant aux prévisions de vente par exemple, mais à l’inverse mesurent-ils l’impact de leur décision au plan commercial et financier lorsqu’ils doivent changer de pays sourcé sans faire part de leur politique aux commerciaux ? Le prix d’achat stricto sensu peut rester attractif, mais qu’en sera-t-il des droits de douane pour le client final ? Ayant pour origine un pays différent, les marchandises peuvent ne plus bénéficier de préférences tarifaires. Non seulement il peut y avoir une augmentation des droits de douane, mais les coûts et les délais de transport peuvent être plus importants, impactant le prix de vente et la disponibilité des produits. Une autre dimension émerge s’inscrivant dans la démarche globale et transverse de l’entreprise : en plus de leurs compétences métier, les acheteurs sont appelés à s’approprier les techniques et à acquérir une solide culture de l’international pour accroître leur expertise. Dans la majorité des cas, il s’agit pour ces derniers d’anticiper pour avoir une vision globale et transverse depuis l’étude de faisabilité du projet jusqu’à la réalisation du contrat. Il leur faut comprendre et parler le même langage technique que celui de leurs fournisseurs ou des prestataires de services. Cela s’applique de même au dialogue avec les autres fonctions supports de l’entreprise, dans leur rôle de « facilitateur » dans les prises de décision. Ce chapitre a aussi pour objectif de mettre en évidence les domaines techniques de la logistique associés aux paiements et garanties contribuant à l’optimisation et à la sécurisation des achats dans les contrats internationaux. 2 Management opérationnel de l’achat 14/1 Prendre du recul et se poser les bonnes questions avant Parmi les démarches à initier pour fiabiliser une opération, il est nécessaire de se poser les bonnes questions le plus en amont possible. À première vue, il peut paraître qu’il s’agit là simplement de vérifications réglementaires. Que l’on ne s’y trompe pas, les contraintes identifiées peuvent remettre en cause la faisabilité et avoir un impact très fort sur les délais et les coûts. L’anticipation et la démarche transverse permettront de détecter à temps les problématiques et de préparer des solutions de substitution. Aspects normatifs : Les produits, leur conditionnement, leur marquage et leur emballage répondent-ils aux normes et homologations requises dans le pays de consommation ? Est-il possible d’utiliser des normes dites de concordance ? Sécurisation douanière et fiscale : Au-delà de la nécessité de respecter un cadre réglementaire obligatoire, on constate une réelle évolution de la politique des entreprises. Parmi les questions à se poser, il faut identifier si les produits peuvent être librement exportés et importés, vérifier quelle est leur nomenclature douanière, leur origine, la valeur en douane qui servira d’assiette pour le calcul des droits et taxes à l’import. Si une licence d’importation est exigée, l’acheteur comme le vendeur doivent tenir compte du délai nécessaire pour l’obtenir et de l’impact sur le délai global de mise à disposition du produit. Un fournisseur initié n’acceptera pas de déclencher une fabrication spéciale alors qu’il n’a pas la maîtrise de l’action ; cette autorisation d’importer doit être obtenue par l’acheteur. Par ailleurs, qui du vendeur ou de l’acheteur se charge des formalités déclaratives à l’export ou à l’import ? Quels sont les documents exigés que l’acheteur doit obtenir de son fournisseur (prévoir une clause contractuelle précise à cet effet) ? Inspection avant expédition : La vérification doit également porter sur la réglementation en vigueur dans le pays d’importation, en termes de contrôle. Est-il exigé que les produits soient inspectés par une société de surveillance extérieure avant l’expédition ? Quels en sont le coût, le délai, les procédures à respecter ? Au-delà de toute obligation réglementaire, l’acheteur peut rechercher la sécurité et souhaiter qu’un contrôle soit réalisé chez son fournisseur en cours de production et avant l’expédition par une société extérieure, neutre, qu’il désignera. Il faudra alors prévoir qui en supporte le coût et quel est l’impact sur le délai. Devise : La réflexion porte également sur le choix de la devise de paiement. Dès lors que la devise sélectionnée n’est pas celle du pays de l’acheteur, il y a un risque de différence de parité monétaire à anticiper. La politique globale de l’entreprise influence la prise de décision quant au choix de la devise, mais aussi la réglementation « pays ». Se pose alors la question de couvrir ou non ce risque de change et d’en budgéter le coût. L’acheteur se rapprochera des fonctions supports de son entreprise, le plus possible en amont. Modalités de paiement et sécurisation : Le principe d’équilibre est recherché réciproquement par les deux parties. Si le fournisseur demande un acompte, en contrepartie l’acheteur exigera une garantie financière de restitution d’acompte. L’acheteur anticipant les risques peut également souhaiter que d’autres garanties soient mises en place par son fournisseur, comme celle de bonne exécution. Des commissions bancaires en découlent et doivent être prises en compte dès l’amont dans le budget. Par ailleurs, se pose la question de la sécurisation de paiement que peut Chapitre 14 – Pratique des opérations internationales 3 demander un fournisseur ou qui est exigée par la réglementation du pays d’importation. Le crédit documentaire est une technique de sécurisation couramment utilisée pour le paiement des contrats à l’international. L’impact sur le délai de mise à disposition des marchandises à l’import aura-t-il été mesuré ? Qui supportera les coûts financiers ? Les a-t-on budgétés dans leur intégralité ? Transport et assurance transport : Qui du fournisseur ou de l’acheteur maîtrise le transport des marchandises et jusqu’où ? Faut-il assurer la marchandise pendant son transport et qui souscrit cette couverture, contre quels risques, sur quelle valeur et au bénéfice de qui ? La décision dépend à la fois de la politique commerciale, du type de produit, de l’organisation structurelle en place au sein de l’entreprise de l’acheteur et de celle du vendeur. Dans tous les cas, il convient de mesurer le coût, le délai et la sécurité. Que ce soit le vendeur ou l’acheteur qui gèrent le transport, font-ils appel à un mandataire ou à un commissionnaire de transport ? Le rôle et le niveau de responsabilité de ces prestataires sont à identifier tout au long de la chaîne. Des consultations seront à lancer, assorties de grilles de cotations de transport pour pouvoir les comparer poste par poste et obtenir des explications sur les écarts éventuellement constatés. Des solutions de substitution de schémas de transport ont-elles été proposées par les prestataires ou les fournisseurs ? Transversalement, il est nécessaire de mesurer les conséquences du nouveau schéma de transport sur le coût global, le délai et la sécurité. Enfin, une réflexion globale, plus en profondeur, peut conduire à massifier des expéditions, à regrouper ainsi des phases de commande, tout en mesurant l’impact sur les stocks. Délais : Les sûretés nécessaires et la neutralisation de temps qu’elles peuvent entraîner ont-elles été prises en compte dès l’amont pour mesurer le point de départ des délais avec réalisme (obtention d’une licence d’importation si besoin, mise en place de garanties de paiement, versement d’un acompte, garanties financières, retour de spécifications techniques ou de plans approuvés) ? On constate souvent qu’un délai est donné globalement : la recommandation est de l’analyser par strate ou étape du processus. Il doit représenter les temps nécessaires à l’exécution des différentes phases du contrat et ainsi correspondre à des jalons mesurables. Pour ce qui concerne les phases de transport, que ce soit le vendeur ou l’acheteur qui les gèrent totalement ou partiellement, il sera nécessaire d’obtenir des délais étape par étape et de considérer que ces derniers ne sont indiqués par les prestataires que de manière approximative qui ne les engage pas – la mention ETD/ETA est portée sur les cotations (Estimated Time Departure/Estimated Time Arrival). Incoterms® : La politique de l’acheteur découlera de l’analyse des points identifiés plus avant et les critères de sélection sont multiples. Parmi ceux-ci l’acheteur aura-il mesuré les conséquences du moment de transfert de risques qui ne concorde pas systématiquement avec le moment du transfert de frais ? Aura-t-il vérifié la réglementation et les usages en vigueur dans le pays d’importation ? Certains pays exigeant que le transport ou l’assurance transport soient réalisés par des compagnies locales, c’est l’acheteur qui prend en charge ces actions. Pour résumer, l’acheteur devra analyser si les Incoterms® qu’il a sélectionnés sont en pleine adéquation avec le mode de transport, le lieu de dédouanement et la sécurisation de paiement (cas des crédits documentaires). 4 Management opérationnel de l’achat 14/2 Portée juridique et opérationnelle des uploads/Management/ achats14-20140514.pdf

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  • Publié le Apv 12, 2022
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