éruditest un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Unive
éruditest un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.éruditoffre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : info@erudit.org Article « Biais Cognitifs et Prise de Risque Managériale : Validation Empirique dans le Contexte Tunisien » Amel Belanes et Rym Hachana Management international / International Management / Gestión Internacional, vol. 14, n° 2, 2010, p. 105-119. Pour citer cet article, utiliser l'information suivante : URI: http://id.erudit.org/iderudit/039551ar DOI: 10.7202/039551ar Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir. Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Document téléchargé le 27 April 2016 03:44 D epuis les travaux pionniers de Schumpeter (1928), une attention particulière est accordée aux entrepreneurs qui sont considérés comme des individus révolutionnaires capables de mettre en œuvre des stratégies innovatrices. D’ailleurs, l’étude menée par Mintzberg (1973) a conclu à l’existence de trois principaux rôles attribués au mana- ger : rôles interpersonnels, informationnels et décisionnels. Parmi les rôles décisionnels soulignés par Mintzberg (1973) figure le rôle de l’entrepreneur, celui qui est à la recherche constante de nouveaux projets, à la quête de nouvelles idées et prêt à prendre des risques en vue de concrétiser ses ambi- tions. Il est ainsi appelé à faire des choix et à prendre des décisions, ce qui demande à la fois de la réflexion et de l’ap- préhension d’une quantité énorme d’informations. De nos jours, la tendance est à adopter un comportement accélérant le processus décisionnel. Les dirigeants sont incapables de voir clairement ou d’interpréter avec précision les situations décisionnelles dans lesquelles ils se trouvent. Ils simplifient les situations complexes utilisant les heuristiques afin de faire face à la quantité énorme d’information. (Kahneman, Slovic et Tversky, 1982). Ces heuristiques sont à l’origine de biais1 qui orientent implicitement les choix du décideur, limitent davantage le comportement rationnel des managers et affectent ainsi le processus décisionnel dans la mesure où ils peuvent condi- tionner, voire limiter le potentiel innovateur des managers et son corolaire la prise de risque managériale. La question qui nous intéresse dans cet article est de savoir comment certains biais cognitifs peuvent influencer la perception du risque et éventuellement la prise de risque managériale. Dans ce cadre, les biais cognitifs sont considérés comme un comportement rationnel, mais inadapté à la situation (Lebraty et Negre, 2004) et qui affectent le degré de prise de risque (March, 1997). Pour répondre à notre problématique, l’article présen- tera une analyse approfondie de la littérature qui s’appuie sur trois types de recherche : Résumé Le contexte de prise de décision est enta- ché par des biais cognitifs. Se basant sur un échantillon de 46 entreprises tunisien- nes cotées durant 1997-2006, nous avons d’abord observé l’influence de trois biais (sur-confiance, mimétisme et illusion de contrôle) sur la perception du risque et ensuite, nous avons analysé la relation entre cette perception et la prise de risque effective. Nos résultats concluent à l’exis- tence d’une relation positive entre le biais de sur-confiance et de mimétisme et la prise de risque et à une relation négative entre le biais de l’illusion de contrôle et la prise de risque managériale. Mots clés : Biais cognitifs, Prise de risque managériale, analyse factorielle, régres- sion logistique Abstract In this article, we analyse three cognitive biases which are overconfidence, illusion of control and herding. We investigate whether theses cognitive biases have an impact on managerial risk-taking. Using a sample of 46 Tunisian firms during the period 1997-2006, we put on evidence that a positive association exists between over- confidence, herding and managerial risk- taking. Nevertheless, the illusion of control bias has a negative impact on the propor- tion of Tunisian managers to take risks. Keywords: decision making, cognitive biases, managerial risk-taking Resumen Basándose en una muestra compuesta de 46 empresas tunecinas numeradas durante 1997-2006, procedimos en dos etapas: inicialmente, observamos la influencia de estas tres inclinaciones sobre la percep- ción del riesgo y en un segundo momento, analizamos la relación entre esta percep- ción y la toma de riesgo efectiva. Este planteamiento nos permitió concluir a la existencia de una relación positiva entre la inclinación de sobre confianza y la inclina- ción de mimetismo y la toma de riesgo y a una relación negativa entre la inclinación de la ilusión de control y la toma de riesgo de gestión. Palabras claves: Inclinaciones cognosciti- vas, Toma de riesgo de gestión, análisis de los factores, regresión logística Biais Cognitifs et Prise de Risque Managériale : Validation Empirique dans le Contexte Tunisien Amel Belanes Rym Hachana Faculté des Sciences Economiques Faculté des Sciences Juridiques, et de Gestion de Nabeul Economiques et de Gestion de Jendouba Tunisie Tunisie 1. Nous avons retenu comme définition du biais cognitif celle donnée par Le Ny (1991) : « Un biais est une distorsion (déviation systématique par rapport à une norme) que subit une information en entrant dans le système cognitif ou en sortant. Dans le premier cas, le sujet opère une sélection des informations, dans le second, il réalise une sélection des réponses ». 106 Management international / International Management / Gestión Internacional, 14 (2) • l’étude des travaux sur le jugement lors de la prise de décision chez l’individu (Tversky et Kahneman, 1974; Slovic et al., 1977; Goldstein et Hogarth, 1997) qui ont permis de mettre en lumière un certain nombre d’heu- ristiques et de biais cognitifs à l’origine des erreurs commises par le dirigeant; • l’étude des travaux issus du champ de la prise de décision managériale ou stratégique (Barnes, 1984; Schwenk, 1985, 1995) qui ont permis d’identifier un ensemble d’erreurs managériales communes à l’en- semble des processus décisionnels; • l’étude des travaux portant sur la prise de risque mana- gériale qui ont mis en exergue les différents détermi- nants de la prise de risque dans un contexte managérial (Coles et al., 2006, Kose et al., 2008, Davies et al., 2005). Nous retenons dans cet article trois biais cognitifs qui sont la sur-confiance ‘overconfidence’, l’illusion de contrôle ‘locus of control’ et le mimétisme ‘herding’. Nous avons retenu ces trois biais car nous nous intéressons exclu- sivement aux biais qui se manifestent lors de la prise de décision, et notamment lors de la prise de risque managé- riale, nous écartons donc tous les autres biais qui peuvent intervenir chez le décideur durant les autres phases du processus de planification stratégique. Nous nous sommes basés pour effectuer notre choix sur les travaux de Hogarth (1980), March (1997) et Barabel et Meier (2002). A titre d’exemple, nous avons exclu le biais de disponibilité2, l’ancrage3 et le biais de représentativité4 (Barabel et Meier, 2002) car ils interviennent lors des étapes relatives à l’ac- quisition et le traitement de l’information et non durant le résultat du processus informationnel. Pour tester le lien entre les trois biais retenus et la prise de risque managériale, nous avons retenu un échantillon de 46 entreprises tunisiennes cotées pendant la période 1997- 2006. L’étude de cette relation dans un contexte émergent nous paraît intéressante à plus d’un titre. En effet, le gouver- nement Tunisien a entrepris différentes réformes telles que la loi n°69/2007 sur l’initiative économique et les nouvelles mesures édictées lors du Conseil Ministériel du 16 Janvier 2009�5 afin de promouvoir l’innovation et la prise de risque. Malgré l’effort enregistré, le dirigeant Tunisien demeure conservateur et très averse au risque (Belanes et Hachana, 2009). Notre objectif est de voir dans quelle mesure cette aversion au risque est-elle expliquée par les biais cognitifs. Nous présenterons dans ce qui suit une synthèse de la littérature théorique et empirique ainsi que les hypothèses de recherche relatives à la relation entre les biais cognitifs et la prise de risque managériale. Dans un troisième temps, nous exposerons la méthodologie de recherche adoptée. Dans le cadre de la quatrième section, nous vérifierons dans quelle mesure les concepts théoriques présentés s’ap- pliquent à la réalité des entreprises tunisiennes, et la cin- quième section conclut. Biais cognitifs et prise de risque managériale : revue de littérature Les biais cognitifs sont des dévoiements du raisonnement rationnel constituant la contrepartie négative des modes de résolutions des situations complexes (Kahneman et Tversky, 1979). Ils peuvent contribuer à faire dévier le déci- deur de son intention mais, facteur aggravant, ils masquent cette déviation. En effet, ceux-ci l’amènent à ne pas s’aper- cevoir de la vraie ampleur du risque. Ils ne permettent au décideur ni une recherche complète d’information ni une interprétation parfaite des faits. En nous inspirant de la théorie des prospects, nous pou- vons avancer que l’attitude du dirigeant envers la prise de risque peut revêtir l’une de ces trois alternatives suivantes : • Le dirigeant est averse au risque. Il adopte un compor- tement routinier qui s’inspire des procédures, normes, standards et, notamment des actions des autres (March & uploads/Management/ amel-belanes-et-rym-hachana.pdf
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- Publié le Fev 14, 2021
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- Langue French
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