la circulation automobile et les tendances en urbanisme ont transformé le terri
la circulation automobile et les tendances en urbanisme ont transformé le territoire de jeu naturel des enfants12 : Leurs parents étant de plus en plus concernés par la sécurité, les enfants se voient astreints à fréquenter des terrains de jeux aménagés avec soin mais qui limitent la stimulation.13,14,15 La priorité qu’on accorde actuellement à l’acquisition de compétences scolaires dès le plus jeune âge constitue également une menace pour le jeu,16 car trop souvent, elle limite les perspectives d’apprentissage naturellement inhérentes à celui-ci. La détermination de ce que doit comporter la préparation à l’école et de la manière dont elle doit être réalisée continue de susciter des débats animés au Canada. Naguère, les enfants passaient leurs premières années à jouer, que ce soit à la maison, en garderie ou en prématernelle, alors que de nos jours, on préconise souvent des programmes pour la petite enfance axés sur l’apprentissage des lettres et des chiffres, en particulier lorsque le milieu et l’environnement social pourraient compromettre la préparation de l’enfant à l’école. Depuis quelques années, la tendance veut qu’on intègre davantage de connaissances par enseignement magistral à la pratique des spécialistes de la petite enfance. Des travaux de recherche démontrent que cette approche, prometteuse à court terme, ne procure aucun avantage à long terme – en fait, elle nuirait à certains enfants.17 Les longues périodes de jeu ininterrompu, en solitaire ou avec d’autres enfants, à l’intérieur comme en plein air, se raréfient. Les ouvrages sur le développement de l’enfant ne laissent planer aucun doute : jouer favorise la croissance physique, sociale, affective et cognitive pendant les premières années de vie. Les enfants ont besoin de temps, d’endroits, de matériel et du soutien de parents éclairés et d’éducateurs LAISSONS-LES S’AMUSER : l’apprentissage par le jeu chez les jeunes enfants Par Jane Hewes, Ph. D. Présidente du programme d’éducation des jeunes enfants Grant MacEwan College Edmonton, Alberta, Canada Le jeu : essentiel au développement optimal de l’enfant Le jeu est un phénomène universel qui a toujours tenu une place prépondérante dans l’histoire de l’humanité1,2,3 et qui fascine philosophes, peintres et poètes depuis des générations. L’article 31 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant reconnaît l’importance du jeu dans la vie des jeunes. Il le considère d’ailleurs comme un droit spécifique, distinct du droit aux loisirs et à celui de se livrer à des activités récréatives.4 Les éducateurs de la petite enfance connaissent depuis longtemps l’importance du jeu, et la contribution substantielle de celui-ci au développement des jeunes enfants est bien documentée en pédopsychologie, en anthropologie, en sociologie et dans les cadres théoriques de l’éducation, des loisirs et des communications.5 Le jeu constitue d’ailleurs l’une des tâches développementales essentielles de la petite enfance6,7 : sans lui, l’enfant ne peut réaliser son plein potentiel.8 Le jeu menacé Paradoxalement, le jeu est constamment sous-estimé, et les occasions pour les enfants de s’y adonner librement, à l’intérieur comme en plein air, sont de plus en plus menacées. Les milieux physique et social dans lesquels évolue l’enfant en Occident ont été bouleversés depuis quelques décennies9,10 et bien des enfants passent dès leur plus jeune âge de longues heures dans des groupes organisés de pairs qui, étant axés sur des activités structurées de nature éducative et ludique, laissent peu de place au jeu libre, ouvert et autodéterminé.11 Les défenseurs du droit des enfants de s’adonner au jeu s’inquiètent de ce qu’il est de moins en moins possible de jouer dans des milieux naturels locaux. La technologie, APPRENTISSAGE CHEZ LES JEUNES ENFANTS Centre du savoir de la petite enfance attentionnés et compétents pour devenir des « joueurs par excellence »;18 ils ont besoin de jouer pour le simple plaisir de s’amuser. Qu’est-ce que le jeu? Quelle est son importance? Pratiquement tous les adultes se souviennent, souvent dans les moindres détails, d’une activité de jeu précise de leur enfance. Lorsqu’on se rappelle une telle expérience, on s’exprime en termes de sentiments : liberté, force, contrôle et collégialité. On se rappelle comme si c’était hier des heures interminables et enchanteresses passées à jouer dans une cachette secrète; on se souvient de la caresse du vent, de la douceur de l’herbe, du craquement d’un escalier ou de l’odeur d’un grenier poussiéreux. Le jeu est une expérience significative hautement satisfaisante pour les enfants, qui chercheront à s’y consacrer entièrement et le plus souvent possible. Quiconque a déjà observé des enfants jouer sait qu’ils s’y investissent à fond et prennent l’activité très au sérieux. Même s’il s’agit d’une expérience aussi courante qu’univer selle, le jeu est souvent difficile à définir précisément aux fins de recherches savantes multidisciplinaires. Il est paradoxal : sérieux et folichon, concret et imaginaire, apparemment inutile et pourtant essentiel au développement. Il agit comme ressort moral – un enfant continuera de jouer même dans les situations les plus traumatisantes – mais il est aussi fragile : les preuves s’accumulent selon lesquelles la privation à cet égard nuit au développement de l’enfant.19 Dans un examen réputé de la théorie du jeu et des travaux de recherche connexes, Rubin, Fein et Vandenburg20 rapprochent des définitions existantes en psychologie afin d’élaborer une définition consensuelle du comportement de jeu : sa motivation est intrinsèque; il est régi par les joueurs; on se soucie du processus plus que du produit; il n’est pas littéral; il est libre de règles imposées par un non participant; il se caractérise par l’engagement actif des joueurs. • • • • • • 2 LAISSONS-LES S’AMUSER : l’apprentissage par le jeu chez les jeunes enfants Jeu et diversité Des travaux récents soulignent l’importance d’interpréter le faire semblant des enfants dans l’optique de leur contexte socioculturel,24 une démarche essentielle pour enrichir les pratiques dans des sociétés multiculturelles comme le Canada. Chaque culture a une attitude et attache des valeurs propres au jeu. L’importance accordée à l’élabo ration de jeux sociodramatiques en Occident n’est pas universelle; il s’agit là d’un facteur dont les éducateurs de la petite enfance doivent de plus en plus tenir compte au Canada. Le faire semblant intègre des thèmes socioculturels qui ont une incidence sur la conception des aires de jeu communau taires et des environnements destinés aux tout petits.31 Les enfants éprouvent des difficultés à faire semblant lorsque accessoires et environnement ne leur sont pas familiers. Dans un contexte délicat, le jeu est susceptible de servir de pont entre les cultures et d’aider les jeunes immigrants à acquérir des compétences biculturelles.32,33 Par le jeu, les enfants explorent les multiples facettes de la diversité et en expriment leur compréhension. Il importe donc pour les adultes de répondre à leurs interprétations de la diversité – rôles de genre, perception des handicapés, classes socioéconomiques –, en particulier si elles sont inexactes ou blessantes pour d’autres enfants.31 Ces caractéristiques sous-tendent désormais la plupart des travaux savants sur le jeu chez les enfants. Les études anthropologiques du jeu chez l’enfant se concentrent sur les relations complexes entre le jeu et la culture, comme les liens évidents qui existent entre le jeu et les rôles sociaux des adultes, et la façon dont le jeu crée une culture enfantine qui comporte ses règles précises et des rites de passage.21 Une des branches les plus fascinantes de la recherche dans ce domaine examine le sens du jeu pour les joueurs mêmes22 : les enfants en ont leur propre définition ainsi que leurs propres objectifs, aussi sérieux que pertinents. Dans une étude récente, les enfants définissent le jeu comme une activité qui se déroule avec des pairs ou des amis mais en l’absence d’adultes.23 Réunies, ces définitions lèvent légèrement le voile sur la complexité et l’ampleur du phénomène qu’est le jeu chez les enfants. Il existe de nombreuses formes de jeu chez les enfants, comme le jeu exploratoire, le jeu avec objets, le jeu de construction, le jeu physique (jeu sensorimoteur, jeu de bataille), le jeu dramatique (faire semblant seul), le jeu sociodramatique (faire semblant avec des amis, aussi appelé jeu fantaisiste, faire semblant ou jeu symbolique), le jeu régi par des règles (préétablies et fixes) et le jeu à règles inventées (modifiables par les joueurs). Ces formes de jeu évoluent tout au long de la petite enfance, et les épisodes spontanés de jeu en combinent souvent plusieurs : une structure de cubes représentant un bâtiment mène tout naturellement à un jeu dramatique avec voitures miniatures et personnages. En outre, chaque type de jeu gagne en complexité pendant l’enfance. Ainsi, le jeu dramatique pour les très jeunes enfants qui le découvrent se limite à faire semblant – par exemple, de dire bonjour à grand-maman à l’aide d’un téléphone jouet – alors qu’à son apogée, juste avant que l’enfant n’entre à l’école, il se déroule sur de longues périodes et avec des pairs. La progression développementale observée dans les divers types de jeu reflète celle d’autres domaines; ainsi, le langage et le jeu symbolique surviennent environ au LAISSONS-LES S’AMUSER : l’apprentissage par le jeu chez les jeunes enfants 3 TYPE DE JEU DESCRIPTION PLAGE D’ÂGE DE SON INCIDENCE PRINCIPALE Jeu exploratoire/jeu avec objets/ jeu sensoriel Les très jeunes uploads/Management/ apprentissage-par-le-jeu-jane-hewes.pdf
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- Publié le Jui 23, 2021
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