RAPPORT HUMAN SPACES: Impact du design biophilique dans les espaces de travail
RAPPORT HUMAN SPACES: Impact du design biophilique dans les espaces de travail Cary Cooper, Professeur en psychologie organisationnelle et santé à l’Université de Lancaster, fondateur du cabinet Robertson Cooper, spécialisé en « bien-être au travail » et son équipe, s’intéressent depuis de nombreuses années aux individus et aux facteurs environnementaux qui influencent les résultats de l’entreprise. Et, plus particulièrement, l’interaction entre un individu et son environnement de travail, qui peut être un facteur déterminant de la réussite et du bonheur de l’employé dans sa fonction. Dans ce cadre, le concept de « biophilie », qui met en exergue l’existence d’un lien instinctif entre l’homme et la nature, est reconnu depuis peu comme un facteur clé de la conception et du développement des espaces de travail. L’idée d’intégrer la nature par le biais du design biophilique est rarement perçue comme un luxe dans les espaces professionnels modernes, mais plutôt comme un investissement économique judicieux pour la santé des employés, leur bien-être et leurs performances 3 | RAPPORT HUMAN SPACES Edito « L ’environnement de travail a toujours été reconnu comme un élément influant sur le bien-être des employés et leurs performances, mais souvent, exclusivement en tant que « critère de santé ». Ce n’est pas un hasard si les employeurs les plus modernes ont désormais un point de vue différent, et créent des environnements propices à l’épanouissement des personnes, à l’échange, à la collaboration et au développement de la créativité. Le lien à la nature et au monde extérieur est un facteur important de cette démarche. Toutefois, la recherche peine à évoluer au rythme des meilleures pratiques adoptées par les entreprises pour faire en sorte que ce lien existe aussi au travail. Ce rapport donne un nouvel éclairage sur le sujet, tout en faisant la synthèse des recherches existantes sur les différentes approches du design biophilique et de leurs impacts. Il présente également une nouvelle étude portant sur ce qui inspire les employés dans leurs environnements de travail respectifs dans les différents pays de la zone EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique). » Professeur Sir Cary Cooper Conception des espaces de travail : la biophilie comme impératif 5 | RAPPORT HUMAN SPACES Conception des espaces de travail: la biophilie comme impératif Qu’est-ce qui fait que l’on se sent bien au travail? Pour les entreprises modernes et leur personnel, cela va bien au-delà d’une simple question d’objectif final, de productivité et de profit. La manière de trouver un sens à ses activités, le sentiment de bien- être et la juste place sur le lieu de travail, sont vitales, non seulement pour se sentir bien, mais aussi pour être performant. De plus en plus, les employeurs - et les employés eux-mêmes - participent à ce débat sur une vision beaucoup plus large du travail et de son rôle dans la vie des travailleurs, à l’image des gouvernements et autres organisations qui tentent de mesurer de plus en plus le bien-être au niveau national et à travers le monde. Le lien avec le monde de la nature est en grande partie au centre de ce débat. L’objectif : échapper à la jungle du béton, avoir un meilleur équilibre ou tout simplement évoluer dans un espace agréable. Ainsi, l’intérêt académique et organisationnel croissant pour la biophilie et le design biophilique est motivé par les résultats positifs qu’ils peuvent contribuer à créer pour tout un chacun et pour les entreprises, dont bon nombre sont présentés de manière détaillée dans ce rapport. Cet intérêt croissant s’explique par un contexte socio-historique plus large, et à l’échelle mondiale; par un grand mouvement des populations vers les zones urbaines. Les hommes semblent être déconnectés de la nature comme jamais auparavant. Les chiffres montrent qu’en 60 ans, de 1950 à 2010, il s’est produit un impressionnant changement avec, dans certains pays, plus de 40% de la population résidant en zones urbaines. En France, ce chiffre est de 22,6%, aux Pays-Bas, 26,8%, dans les Émirats arabes unis, 22,4% ; en Suisse, il est énorme avec 32,7% et en Turquie, il l’est encore davantage avec 44,8%1. 6 | RAPPORT HUMAN SPACES Conception des espaces de travail: la biophilie comme impératif Augmentation du pourcentage de la population vivant en zones urbaines dans les pays de la zone EMEA Pays Pourcentage en zones urbaines (2010)) Pourcentage en zones urbaines (1950) Pourcentage d’augmentation République centrafricaine 38,9 14,4 24,5 Chine 44,9 13,0 31,9 Croatie 57,8 22,3 35,5 République tchèque 73,5 40,9 32,6 Danemark 86,2 68,0 18,2 Égypte 43,7 31,9 11,8 France 77,8 55,2 22,6 Allemagne 75,6 64,7 10,9 Grèce 59,7 37,3 22,4 Hongrie 68,3 53,0 15,3 Inde 30,1 17,0 13,1 Irlande 62,0 40,1 21,9 Italie 68,4 54,1 14,3 Malaisie 71,8 20,4 51,4 Pays-Bas 82,9 56,1 26,8 Norvège 77,9 50,5 27,4 Pakistan 37,0 17,5 19,5 Portugal 60,7 31,2 29,5 Russie 72,6 44,2 28,4 Suède 84,5 65,7 18,8 Suisse 77,0 44,3 32,7 Turquie 69,6 24,8 44,8 Ukraine 68,9 35,5 33,4 Émirats arabes unis 76,9 54,5 22,4 Royaume-Uni 90,1 79,0 11,1 7 | RAPPORT HUMAN SPACES Conception des espaces de travail: la biophilie comme impératif À une époque où les entreprises ont plus que jamais connaissance des effets - physiques, psychologiques et sociaux - de l’environnement de travail sur leurs employés, on peut s’étonner que la biophilie n’en soit encore qu’à ses balbutiements. Malgré les nombreuses études cliniques de l’impact de la biophilie sur les comportements humains, peu sont menées sur le terrain en reliant ce domaine à la psychologie organisationnelle. Ce rapport, et les travaux de recherche qu’il contient, a pour objectif de lancer le débat au sein des entreprises et de les amener à réfléchir sur la conception de l’espace de travail et de son impact sur le bien-être, les performances et la culture de l’entreprise. , Contexte de la biophilie L ’hypothèse de la biophilie (« Biophilia Hypothesis ») 2 suggère qu’il existe un lien instinctif entre les êtres humains et les autres organismes vivants. Le terme « biophilie » signifie littéralement « amour de la nature » et suggère une affinité profondément enracinée entre les humains et la nature. C’est pourquoi, le design biophilique est une réponse à ce besoin humain et s’efforce de rétablir ce contact avec la nature dans l’environnement bâti.3. En fin de compte, le design biophilique est la théorie, la science et la pratique consistant à rendre des bâtiments vivants et a pour objectif de perpétuer le lien entre l’individu et la nature dans nos espaces de vie et de travail au quotidien 4. Dans le cadre des bâtis contemporains, les personnes sont de plus en plus coupées de l’expérience bénéfique que confèrent les systèmes et processus naturels 4. Pourtant, ce sont souvent les milieux naturels que les personnes trouvent particulièrement attrayants et plaisants d’un point de vue esthétique. Par conséquent, en imitant ces milieux naturels sur les lieux de travail, il est possible de créer des espaces de travail imprégnés d’expériences émotionnelles positives. Il arrive trop souvent que nous ne prenions pas assez le temps de nous plonger dans la nature, ou d’apprécier les systèmes/ organismes vivants qui nous entourent de toutes parts, et pour nous, il devient de ce fait vital d’intégrer la nature dans nos environnements au quotidien. Une premiere etude sur le design biophilique 9 | RAPPORT HUMAN SPACES Une étude unique sur le design biophilique Sous la direction du Professeur Sir Cary Cooper, le cabinet Robertson Cooper a étudié, pendant les 15 dernières années, l’impact des différents milieux de travail. Cela a permis de recueillir un important volume de données de recherche et de données réelles auprès d’organismes qui associent les conditions de travail avec les performances et le bien-être. À l’instar des styles de management (encadrement) et des charges de travail qui conditionnent l’expérience des employés à leur travail, leur environnement physique est lui aussi déterminant. Pour les entreprises qui cherchent à parfaire cette expérience, la biophilie est manifestement de plus en plus un domaine d’intérêt et d’investissement. Les recherches existantes sur l’impact de la biophilie dans les environnements de travail révèlent des avantages tangibles pour les personnes et leurs entreprises. Il a été démontré que le contact avec des éléments naturels ou avec des créations imitant des matériaux naturels ont un impact positif sur la santé, le rendement et la concentration au travail et contribuent à réduire l’anxiété et le stress. Il existe, entre autres, un lien - dont la preuve n’est plus à faire - entre des environnements de travail aménagés selon un design biophilique et la réduction du turn-over du personnel dû à des départs définitifs et des arrêts maladie. Bien que ces avantages aient tous été complètement prouvés dans différentes études, il existe peu, sinon aucune, étude internationale qui examine les préférences des employés en termes de design biophilique ou encore l’impact d’une réponse favorable à leurs préférences. S’appuyant sur l’expérience du cabinet Robertson Cooper dans le domaine de la psychologie du travail, une étude a été menée auprès de 3600 employés issus de 8 pays (Royaume-Uni, Emirats Arabes Unis, France, Allemagne, Pays-Bas, Espagne, Suède et Danemark) dans le but d’examiner et d’établir des uploads/Management/ bousquet-bien-e-tre-productivite-et-cre-ativite-au-travail.pdf
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- Publié le Oct 21, 2021
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