IVème Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat Paris – 24 et 25 novembre 2005
IVème Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat Paris – 24 et 25 novembre 2005 L’accompagnement entrepreneurial par un incubateur universitaire – Le point de vue critique d’un créateur Sandrine Berger-Douce Maître de Conférences IAE de Valenciennes Laboratoire LARIME Les Tertiales – Rue des Cent Têtes 59313 Valenciennes Cedex 9 sandrine.berger-douce@univ-valenciennes.fr Résumé Malgré le nombre exponentiel de mesures encourageant la création d’entreprises en France, le problème de la survie des jeunes entreprises demeure crucial. L’accompagnement des créateurs d’entreprise tout au long du processus de création et au cours des premières années d’existence de la nouvelle entreprise constitue un élément majeur de la pérennisation de celle- ci. Ce papier de recherche propose une réflexion sur l’impact de l’accompagnement entrepreneurial par les incubateurs universitaires sur la pérennité des jeunes entreprises. Notre propos est illustré par le cas Verre Nature, TPE hébergée au sein de l’incubateur régional de Champagne-Ardenne, qui a finalement fermé ses portes après deux ans et deux mois d’existence. La méthodologie de recherche s’appuie sur l’étude longitudinale sur une période de 7 ans d’un cas unique. Le cadre théorique et opérationnel de l’étude fait l’objet de la première partie, tandis que la seconde est consacrée à l’analyse critique de Verre Nature qui servira de base à la formulation de pistes de réflexions à la fois pour le créateur néophyte et pour les responsables des incubateurs universitaires en termes de « bonnes pratiques » d’accompagnement. Mots-clés : accompagnement, étude longitudinale, incubateurs universitaires, TPE 1 IVème Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat Paris – 24 et 25 novembre 2005 L’accompagnement entrepreneurial par un incubateur universitaire – Le point de vue critique d’un créateur Résumé Malgré le nombre exponentiel de mesures encourageant la création d’entreprises en France, le problème de la survie des jeunes entreprises demeure crucial. L’accompagnement des créateurs d’entreprise tout au long du processus de création et au cours des premières années d’existence de la nouvelle entreprise constitue un élément majeur de la pérennisation de celle- ci. Ce papier de recherche propose une réflexion sur l’impact de l’accompagnement entrepreneurial par les incubateurs universitaires sur la pérennité des jeunes entreprises. Notre propos est illustré par le cas Verre Nature, TPE hébergée au sein de l’incubateur régional de Champagne-Ardenne, qui a finalement fermé ses portes après deux ans et deux mois d’existence. La méthodologie de recherche s’appuie sur l’étude longitudinale sur une période de 7 ans d’un cas unique. Le cadre théorique et opérationnel de l’étude fait l’objet de la première partie, tandis que la seconde est consacrée à l’analyse critique de Verre Nature qui servira de base à la formulation de pistes de réflexions à la fois pour le créateur néophyte et pour les responsables des incubateurs universitaires en termes de « bonnes pratiques » d’accompagnement. Mots-clés : accompagnement, étude longitudinale, incubateurs universitaires, TPE 2 En France, l’image de l’entrepreneur est ambivalente. « Adulé ou suspecté au gré des circonstances, tour à tour héros et paria, on loue aussi haut ses « success stories » que l’on vilipende ses échecs » (Bloch, 2004). A l’instar de Sammut (1998 b), un constat paradoxal s’impose aux observateurs de la vie économique : malgré le nombre exponentiel de mesures encourageant la création d’entreprises en France, le problème de la pérennisation des jeunes entreprises demeure crucial : la moitié ne franchissent pas le cap fatidique des cinq années d’existence (INSEE). Dans les pays membres de l’OCDE, environ la moitié des nouvelles entreprises disparaissent avant la 3ème année. Celles qui survivent commencent souvent à n’être rentables qu’au bout de trois ans (OCDE, 2003). En effet, « c’est en priorité l’accès à la création qui est facilité au détriment de l’assistance post-création » (Sammut, 1998 b). Notre propos est illustré par le cas Verre Nature, une entreprise hébergée au sein de l’Incubateur Régional de Champagne-Ardenne (ICAR), qui a finalement fermé ses portes fin janvier 2004 après deux ans et deux mois d’existence et ce, en dépit d’atouts indéniables en termes de projet d’entreprise. Le choix méthodologique du cas unique s’explique par la richesse potentielle d’une étude longitudinale depuis les premières idées de création en décembre 1997 jusqu’à la cessation définitive de l’activité fin janvier 2004, en passant par la création juridique de la société en novembre 2001. « L’importance de la dimension temporelle dans l’étude de l’entrepreneuriat amène à souhaiter le développement d’études longitudinales permettant de suivre des créateurs pendant toute leur phase entrepreneuriale. » (Hernandez, 1999) . L’observation privilégiée de ce cas au fil du temps par des entretiens réguliers avec le porteur de projet, devenu entrepreneur, ainsi que des entretiens avec divers interlocuteurs impliqués dans l’accompagnement entrepreneurial de la jeune entreprise confère à cette étude toute sa singularité (Yin, 1994 ; Eisenhardt, 1989). L’objet de ce papier est de proposer des pistes de réflexion visant à mieux intégrer les déterminants de la survie des jeunes entreprises dans la conception des dispositifs d’accompagnement des créateurs d’entreprise et, plus spécifiquement, dans le cas des incubateurs universitaires. L’ambition de ces structures devrait être non seulement de prendre en compte le désir de créer des porteurs de projet qui les sollicitent (ou sont sollicités par elles), mais aussi, voire surtout, le fait de créer avec succès et de s’inscrire dans la durée. Dans une première partie, nous présentons le cadre de l’étude centrée sur la problématique de l’accompagnement entrepreneurial par les incubateurs universitaires et de la survie des jeunes entreprises en insistant sur l’importance socio-économique de ce thème, ainsi que sur notre terrain d’investigation : le cas Verre Nature. La seconde partie est consacrée à l’analyse 3 critique du cas Verre Nature dont l’expérience (malheureuse ?) fera office de fil conducteur pour suggérer des pistes d’amélioration du dispositif actuel . 1 L’accompagnement entrepreneurial, catalyseur de la survie des jeunes entreprises ? En dépit de la fragilité unanimement reconnue des jeunes entreprises, celles-ci sont confrontées à un relatif désintérêt de la part des chercheurs en gestion alors même que leurs dirigeants se heurtent à une multitude de problèmes (Sammut, 1998 b). La phase cruciale du démarrage semble déterminer le succès ou l’échec d’une entreprise, au moins autant que la phase de création pure de l’organisation (1.1). Notre propos ne peut s’envisager sans un détour par la notion d’accompagnement entrepreneurial et un rappel sur le dispositif des incubateurs universitaires (1.2). Selon la littérature, un accompagnement pertinent serait le gage de la survie des jeunes entreprises (1.3). Enfin, nous présentons notre terrain d’investigation : le cas Verre Nature dans son contexte d’émergence, à savoir au sein de l’ICAR (1.4). 1.1 Une phase de démarrage souvent difficile, source d’une mortalité élevée Globalement, les entreprises les plus jeunes restent les plus fragiles. Les observateurs de ces phénomènes comme l’APCE (2002) constatent d’ailleurs la pléthore d’actions, notamment de financement, réservées à la seule première année d’existence de l’entreprise, négligeant ainsi les années suivantes bien plus délicates à gérer. Les taux de disparition les plus élevés concernent les entreprises de un à quatre ans, sachant que le risque d’un dépôt de bilan est maximum lorsque l’entreprise est âgée de deux ans (Rieg, 2002). Ce risque s’explique en partie par le fait que les jeunes entreprises réalisent les investissements les plus lourds au cours de leurs trois premières années d’existence, période durant laquelle elles rencontrent le plus grand nombre de difficultés notamment d’ordre commercial (Demoly et Thirion, 2001). Le cap des trois années d’existence semble ainsi fatal à de nombreuses jeunes entreprises. Selon l’INSEE, quatre entrepreneurs sur dix, en moyenne, auront fermé la porte de leur société avant ces trois années (Lamontagne et Thirion, 2000). Cette statistique cache des situations hétérogènes selon le profil du créateur. Par exemple, dans le cas particulier des étudiants et jeunes diplômés (cas de Verre Nature), on relève un taux de survie à trois ans assez faible puisque de 53%. De même, les observateurs font état de fortes disparités régionales en la matière. Depermentier (2003) montre, par exemple, qu’en dépit d’un contexte régional peu favorable à la création d’entreprise, la Champagne-Ardenne bénéficie pour ses 4 jeunes entreprises d’un taux de survie supérieure à la moyenne nationale : cinq ans après leur création, 63% des entreprises régionales sont encore en activité contre 60% en France. La notion même d’échec demeure souvent complexe à apprécier d’autant que la majorité des travaux de recherche se concentre sur les raisons du succès entrepreneurial au détriment de l’étude des cas d’échec. A la différence des Etats-Unis notamment, il n’existe pas en France de culture entrepreneuriale dans laquelle l’échec est vécu comme une expérience porteuse d’enseignements. « Ne pas reconnaître le droit à l’erreur de l’entrepreneur, c’est non seulement tarir la dynamique entrepreneuriale, mais aussi priver l’individu d’une part essentielle de son apprentissage » (Bloch, 2004). Au-delà d’une compréhensible réticence de la part des entrepreneurs concernés, les causes de l’échec sont souvent difficiles à cerner car plusieurs éléments défavorables s’accumulent et s’auto-entretiennent (Sammut, 1998 a). L’auteur propose néanmoins une grille de lecture de l’échec organisée autour de 5 pôles : - la gestion commerciale : insuffisante diversification de la clientèle ; méconnaissance de cette clientèle en raison d’études de marché inexistantes ou uploads/Management/ laccompagnement-entrepreneurial-par-un-incubateur 2 .pdf
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- Publié le Aoû 29, 2021
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