CENTRE D'ETUDES EN SCIENCES SOCIALES DE LA DEFENSE LA COMMUNICATION EN MATIÈRE

CENTRE D'ETUDES EN SCIENCES SOCIALES DE LA DEFENSE LA COMMUNICATION EN MATIÈRE DE NUCLÉAIRE DE DÉFENSE Tiphaine de CHAMPCHESNEL Frédéric COSTE 2007 Ce document constitue le rapport final de l’étude commanditée au CESIM par le C2SD. CCEP 125 SOC / 2006 Marché DEF / C2SD / 2006 n° 86 Tiphaine de Champchesnel, Frédéric Coste 2 La communication en matière de nucléaire de défense TABLE DES MATIERES INTRODUCTION...................................................................................................5 PREMIERE PARTIE : UNE STRATEGIE DE COMMUNICATION ?...........9 I - LES STRUCTURES DE LA COMMUNICATION INSTITUTIONNELLE : UNE CENTRALISATION A L’EPREUVE DES FAITS................................................................9 I.1 - LES STRUCTURES ET SERVICES AU NIVEAU CENTRAL.............................11 I.1.1 - Le Conseil d’orientation de l’information et de la communication de la défense................................................................................................11 I.1.2 - La Délégation à l’information et à la communication de la défense (DICOD) ...............................................................................................12 I.1.3 - Le Comité directeur de la communication nucléaire de défense (CDCND) ..............................................................................................13 I.1.4 - La communication autonome mais liée du Délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection pour les activités et installations intéressant la Défense...............................................................................................16 I.1.5 - Entre distance et contrôle : la position particulière du niveau ministériel...............................................................................................21 I.2 - LES STRUCTURES LOCALES DE COMMUNICATION .................................25 I.2.1 - La relative autonomie des responsables de site..............................26 I.2.2 - Les commissions d’information (CI).............................................30 I.3 - L’ARCHITECTURE DE LA COMMUNICATION DE CRISE............................33 II – LES ACTIONS DE COMMUNICATION : UN POTENTIEL CONSEQUENT .............38 II.1 – DES OBJECTIFS, UN OBJECTIF.............................................................38 II.1.1 – Les objectifs informatifs et pédagogiques...................................39 II.1.2 – Les objectifs stratégiques............................................................40 II.2 – UNE CIBLE PRIVILEGIEE ....................................................................41 II.2.1 - Une cible indéterminée : l’opinion publique.................................41 II.2.2 – L’opinion publique : une cible acquise ?......................................43 II.2.3 - Des cibles spécifiques..................................................................48 II.3 – DES MOYENS RELATIVEMENT CLASSIQUES.........................................55 II.3.1 - Utilisation des médias traditionnels avec affichage institutionnel..56 II.3.2 – Emplois de moyens classiques propres à l’institution ..................59 II.3.3 – Recours à d’autres moyens et relais.............................................61 DEUXIEME PARTIE : ANALYSE......................................................................65 I – UNE COMMUNICATION CONTRAINTE PAR SON OBJET .................................65 3 Tiphaine de Champchesnel, Frédéric Coste I.1 – L’IMPÉRATIF DU SECRET......................................................................66 I.1.1 - Le renforcement du droit à l’information......................................66 I.1.2 – L’opinion publique et le secret : communication, nucléaire militaire et terrorisme ...........................................................................................76 I.2 – UN OBJET DONT LA COMPRÉHENSION DEMANDE UN SAVOIR TECHNIQUE.................................................................................................77 I.3 – UN OBJET ÉMINEMMENT POLITIQUE ...................................................80 I.4 – LE BIEN-FONDÉ DE LA COMMUNICATION EN QUESTION .....................83 II - AUTONOMISATION DES ASPECTS ENVIRONNEMENTAUX ET SANITAIRES ....85 II.1 - ASPECTS STRUCTURELS .......................................................................86 II.2 - ASPECTS CULTURELS...........................................................................88 II.3 - INFLUENCE DU NUCLÉAIRE CIVIL .......................................................89 III – L’AUTOREGULATION DE LA COMMUNICATION.........................................92 III.1 – UN FONCTIONNEMENT LARGEMENT AUTORÉGULÉ AU SEIN DE L’INSTITUTION.............................................................................................92 III.1.1 – Les liens interpersonnels d’une petite communauté ...................92 III.1.2 – La quasi-absence de règles formelles .........................................95 III.2 – LA COMMUNICATION NON-INSTITUTIONNELLE EN APPUI ................98 III.2.1 - Les experts des instituts de recherche.........................................98 III.2.2 – Autres experts.........................................................................100 III.3 - LES LIMITES DE L’AUTORÉGULATION ..............................................101 III.3.1 - Les mouvements anti-nucléaires en France ..............................102 III.3.2 - Quels sont leurs moyens ?........................................................102 III.3.3 – Objectifs et messages véhiculés par les ONG..........................104 CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS..................................................107 ANNEXES ............................................................................................................119 SCHEMA RECAPITULATIF DE LA COMMUNICATION DE CRISE ....120 GUIDE D’ENTRETIEN..............................................................................121 LISTE DES ENTRETIENS..........................................................................123 BIBLIOGRAPHIE........................................................................................125 4 La communication en matière de nucléaire de défense INTRODUCTION La communication en matière de nucléaire de défense : contexte et enjeux Une des critiques régulièrement formulées à l’encontre des administrations et entreprises concernées par le développement et l’utilisation des équipements nucléaires (civils comme militaires) est le manque de transparence. Les auteurs de ce jugement (parmi lesquels les associations écologistes et les mouvements antinucléaires) ont ainsi régulièrement dénoncé un culte du secret dans ce domaine1. Justifiée ou non, cette accusation reflète une réalité : le nucléaire militaire, comme tous les secteurs stratégiques sensibles (spatial, balistique...), est frappé du sceau du secret. Il fait partie des activités considérées comme déterminantes pour la survie de la Nation. De surcroît, la dimension scientifique et technique du domaine nucléaire est porteuse de contraintes pour la communication à son sujet2. Au regard du nucléaire de défense, cette critique est souvent mise en relation avec une dénonciation de l’absence de débats politiques sur le sujet. Depuis la fin de la IVème République, aucun dirigeant politique français n’a remis en cause la dissuasion nucléaire. Selon certains cercles d’opinion, ce choix national n’a jamais été véritablement discuté. Très peu de débats parlementaires ont été organisés sur le sujet ; aucune consultation référendaire n’a recueilli l’avis de la population française. La communication institutionnelle en ce domaine est donc particulièrement délicate, car elle porte sur un objet dont le fondement démocratique consiste en un consensus tacite. Dans une certaine mesure, cette communication contribue même à l’ancrage démocratique de la dissuasion nucléaire. L’expression « nucléaire militaire » recouvre une multiplicité d’activités et d’acteurs. Mais tous se rejoignent dans un unique concept : celui de dissuasion nucléaire. En effet, que la communication porte sur la mise en service de nouvelles armes3, l’application des mesures de désarmement ou 1 Le problème de la transparence, fondement même de la démocratie, n’est cependant pas spécifique au nucléaire. 2 Et la vulgarisation engendre parfois des incompréhensions et des contre sens. Elle peut également provoquer le sentiment que tout n’est pas dit, que certains éléments sont cachés. 3 Les autres équipements nucléaires, en particulier les chaudières utilisées par les sous-marins et le porte-avions, ne constituent généralement pas le cœur de cette communication. 5 Tiphaine de Champchesnel, Frédéric Coste encore sur les essais nucléaires, l’enjeu final est identique : c’est l’image de la dissuasion mais également sa crédibilité. En effet, le discours sur la dissuasion favorise tout d’abord sa légitimation et son ancrage dans la population française.4 Il envoie également un message aux adversaires éventuels ainsi qu’un signal : ceux-ci doivent savoir que la population accepte massivement le bien-fondé de l’un des moyens de l’autonomie stratégique de la France. Par ailleurs, la communication sur le nucléaire militaire apparaît d’autant plus fondamentale alors que la fin de la Guerre froide est aujourd’hui utilisée par certains observateurs comme argument pour remettre en question l’utilité de l’arme nucléaire. Une autre évolution géopolitique majeure accroît la nécessité d’un consensus national autour de la dissuasion : le développement de la politique de sécurité et de défense au sein de l’Union européenne inclut une majorité d’États non nucléaires et antinucléaires pour la plupart. En ce sens, la communication en matière de nucléaire de défense revêt une dimension stratégique, car « la dissuasion nucléaire demeure la garantie fondamentale de notre sécurité » (Discours du Président Chirac, le 19 janvier 2006 à L’île Longue). Objectifs de l’étude Poursuivant l’objectif final de proposer des recommandations concernant la communication institutionnelle en matière de nucléaire militaire, l’étude visait dans un premier temps à dresser un état des lieux de la communication. Pour ce faire, plusieurs questions ont été étudiées : 1. Qui communique en matière de nucléaire militaire ? 2. Vers qui est dirigée cette communication ? 3. Quel en est l’objet ? 4 Lors de son dernier discours sur la dissuasion nucléaire (19 janvier 2006), le président de la République s’est exprimé en un lieu symbolique : l’île Longue. En comparaison de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN), où il avait prononcé le précédent (8 juin 2001), l’Ile Longue représente en effet un ancrage important de la dissuasion non seulement au sein des armées mais également de la population française. 6 La communication en matière de nucléaire de défense 4. Quelles sont les techniques utilisées ? 5. Quels sont les objectifs poursuivis ? Plusieurs hypothèses de travail devaient être vérifiées parmi lesquelles les principales étaient : ¾ l’existence d’une centralisation de la communication ; ¾ et celle d’une spécialisation par service de communication. L’étude devait également interroger la notion de « stratégie de communication ». Méthodologie adoptée L’étude reposait sur deux volets méthodologiques complémentaires : ¾ un corpus d’ouvrages, d’articles de presse et de documents institutionnels5 ; ¾ une série d’entretiens. Une première série d’interviews a été organisée avec des experts des questions nucléaires et des communicants du ministère de la Défense. Une carte politico-administrative avait été établie afin de repérer les responsabilités dans ces deux domaines. Il s’agissait pour les auteurs d’obtenir des données factuelles (nombre de réunions par an, personnes qui y sont présentes, estimation du nombre de sollicitations journalistiques par an, etc.) mais également des impressions, des sentiments, c’est-à-dire à la fois du factuel et du ressenti. Cet ensemble de témoignages a été complété par des entretiens menés avec un certain nombre d’autres acteurs pouvant influencer la communication du ministère. Des journalistes, des experts indépendants et des responsables d’associations ont notamment fait partie de cette seconde vague d’entretiens. Vingt interviews ont été réalisées6. Un protocole avait au préalable été élaboré pour la conduite des entretiens avec les communicants ou les praticiens 5 Voir bibliographie. 7 Tiphaine de Champchesnel, Frédéric Coste du domaine du nucléaire de défense. Deux autres guides d’entretien ont été définis par la suite, d’une part pour les experts et d’autre part pour les journalistes. Structure de l’étude L’étude propose, dans une première partie, le bilan de la communication institutionnelle. Celui-ci est articulé autour de deux axes : l’examen des structures de la communication d’une part, et de l’autre, uploads/Management/ centre-d-x27-etudes-en-sciences-sociales-de-la-defense.pdf

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  • Publié le Fev 08, 2022
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