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HAL Id: halshs-02460544 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-02460544 Submitted on 30 Jan 2020 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Dépigmentation Cosmétique Volontaire (DCV). Fatima Ly To cite this version: Fatima Ly. Dépigmentation Cosmétique Volontaire (DCV). : Enjeux sanitaires, pratiques, motivations et ébauches de solutions.. La Peaulogie - Revue de sciences sociales et humaines sur les peaux, La Peaulogie 2018, Le blanchissement de la peau humaine. ￿halshs-02460544￿ LE BLANCHISSEMENT DE LA PEAU HUMAINE DOSSIER THÉMATIQUE DU NUMÉRO SOUS LA DIRECTION DE J. SMERALDA NUMÉRO 1 CONTACT contact@lapeaulogie.fr www.lapeaulogie.fr JUILLET 2018 2 La Peaulogie, 1 | 2018 Dépigmentation Cosmétique Volontaire (DCV) : enjeux sanitaires, pratiques, motivations et ébauches de solutions. Professionnel de santé Dépigmentation Cosmétique Volontaire (DCV) : enjeux sanitaires, pratiques, motivations et ébauches de solutions. Fatima LY Ancienne Interne des Hôpitaux, Dermatologue-Vénérologue Université Cheikh Anta Diop de Dakar Médecin-chef du service de Dermatologie EPS Institut d’Hygiéne Sociale de Dakar Référence électronique Ly F., (2018). « Dépigmentation Cosmétique Volontaire (DCV) : enjeux sanitaires, pratiques, motivations et ébauches de solutions. », [En ligne] La Peaulogie 1, mis en ligne le 01 juillet 2018, URL : http://lapeaulogie. fr/depigmentation-cosmetique-volontaire-dcv-enjeux-sanitaires-pratiques-motivations-et-ebauches- de-solutions/ 3 La Peaulogie, 1 | 2018 Dépigmentation Cosmétique Volontaire (DCV) : enjeux sanitaires, pratiques, motivations et ébauches de solutions. Professionnel de santé Résumé La DCV (Dépigmentation Cosmétique Volontaire), peut être définie comme l’ensemble des procédés visant à obtenir un éclaircissement de la peau sombre par l’utilisation à visée cosmétique de produits dépigmentant (PD) par voie topique ou par voie injectable. Les principaux PD sont les suivants : dermocorticoïdes, hydroquinone, sels de mercure et glutathion. Il s’agit d’une pratique universelle essentiellement féminine et dont les prévalences en Afrique subsaharienne varient de 32 à 74%. Les enjeux sanitaires de la DCV sont considérables ; en effet plus de la moitié des femmes qui consultent en dermatologie en zone tropicale présentent au moins une complication dermatologique. Toutes ces considérations en font une priorité de santé publique d’où la nécessité d’une prévention qui passe par le recueil des motivations auprès des pratiquantes. Il ressort des principales études socio-anthropologiques quantitatives menées en milieu hospitalier et qualitatives en population générale que la plupart des femmes qui s’adonnent à la pratique le font essentiellement pour des raisons esthétiques. Un certain mimétisme est egalement retrouvé parmi la gente féminine et la peau claire est considérée comme un objet de séduction. Partant de ces motivations, des ébauches de solution sont envisagées qui privilégient une approche multidisciplinaire non seulement médicale mais egalement socio-anthropologique. Mots-clés Dépigmentation Cosmétique Volontaire, Motivations, Approche socio-anthropologique, Prévention 4 La Peaulogie, 1 | 2018 Dépigmentation Cosmétique Volontaire (DCV) : enjeux sanitaires, pratiques, motivations et ébauches de solutions. Professionnel de santé Introduction La DCV, encore appelée dépigmentation artificielle, peut être définie comme l’ensemble des procédés visant à obtenir un éclaircissement de la peau dite « noire » par l’utilisation à visée cosmétique de produits dont les propriétés dépigmentantes sont clairement établies. Ces derniers sont utilisés par voie topique ou par voie générale (injectable le plus souvent). Cette pratique de la DCV est retrouvée pratiquement sur tous les continents avec des fréquences variables. Les prévalences les plus élevées sont observées en Afrique subsaharienne et en Asie. Dans une étude menée par Peltzer K. et al (2017), la prévalence globale de la DCV dans plus d’une trentaine de pays était de 24,5%. Elle variait selon les pays, allant de 0% en Turquie à 83,8% en Thaïlande. La prévalence était plus élevée chez les femmes que chez les hommes, avec des fréquences respectives de 30% et 16,7%. En Afrique subsaharienne, les prévalences varient de 32 à 74%, en fonction du pays et de la méthodologie utilisée (Ly, 2006). Plusieurs termes locaux désignent la DCV : Akonti au Togo, Dorot au Niger et au Burkina Faso, Bojou au Bénin, Kobwakana ou Kopakola au Congo[1]. Au Mali, la DCV est connue sous le nom de tcha-tcho, et au Sénégal, sous celui de « xeesal[2] », qui dériverait du mot arabe signifiant décapage. Initialement considérée comme un phénomène de mode au début des années 1970, cette pratique est devenue au fil du temps un véritable modèle esthétique chez de nombreuses Africaines et Africains, dont l’impact socio-économique et sanitaire est considérable. En Afrique sub-saharienne, la DCV a longtemps fait l’objet de stigmatisation, en particulier par les mouvements intellectuels qui voyaient dans cette pratique un complexe d’infériorité vis-à-vis de la peau dite « blanche » du colonisateur. Pourtant, certaines études montrent que la principale motivation des acteurs était d’ordre esthétique (Mahé et al., 2004 ; Ly et al., 2007). En effet, la clarté de la peau ainsi que les rondeurs du corps font partie des canons de beauté de la femme noire africaine. A ce jour, aucune campagne de sensibilisation n’a été couronnée d’une baisse de la fréquence de cette pratique. En effet, à Dakar, la fréquence hospitalière des complications dermatologiques de la DCV a connu une hausse entre 2003 et 2017 (Hanen M’rabet, 2017). Ces campagnes de sensibilisation restent principalement axées sur l’information, l’éducation et la communication. Elles mettent l’accent sur la connaissance des complications médicales liées à la DCV. Ces dernières, de par leur fréquence, leur morbidité, la mortalité qu’elles engendrent et leur impact économique constituent un enjeu de santé publique. Dans cet article, après un bref rappel des enjeux sanitaires, nous ferons une description des procédés et produits utilisés par les adeptes de la DCV. Ensuite, nous nous intéresserons aux aspects épidémiologiques de ce phénomène, et enfin, nous procéderons à une analyse des 1. Site Grioo. 29/11/2006. 2. Xessal : mot d’origine arabe désignant une terre argileuse que les femmes arabes emploient au hammam pour nettoyer l’épiderme. 5 La Peaulogie, 1 | 2018 Dépigmentation Cosmétique Volontaire (DCV) : enjeux sanitaires, pratiques, motivations et ébauches de solutions. Professionnel de santé motivations des sujets avant de proposer des pistes de solutions. 1. Enjeux sanitaires La DCV a un impact négatif considérable sur la santé. Pratiquement toutes les spécialités médicales et chirurgicales sont, en effet, concernées par les complications de cette pratique. Les retentissements s’observent aussi bien sur la santé physique que sur la santé mentale, et affectent l’intégrité du schéma corporel (Ly et al., 2006). Cette pratique est à l’origine d’une véritable pathologie qui s’intègre dans ce qu’il est convenu d’appeler une pathologie liée aux comportements. Les complications les plus visibles sont bien évidemment dermatologiques et varient en fonction du climat ; en zone tropicale, ce sont les dermatoses infectieuses qui prédominent. Ces dernières sont variables : mycoses superficielles, gale, érysipèle et dermohypodermites bactériennes. Les dermatoses non infectieuses sont dominées par l’acné et les troubles pigmentaires[3]. Celles-ci, lorsqu’elles sont localisées sur le visage, ont un retentissement important sur le plan esthétique et sont responsables de conduites d’évitement social. Quant aux cancers cutanés, ils ont souvent été évoqués comme argument de dissuasion contre la dépigmentation cosmétique volontaire, mais ce n’est qu’en 2000 que le premier cas fut rapporté par ADDO au GHANA, suivi d’autres cas rapportés par des auteurs sénégalais et maliens. Actuellement, plus d’une dizaine de cas sont rapportés dans la littérature médicale (Ly et al., 2018). Les autres complications générales sont les suivantes : HTA, diabète, endocrinopathies ; des complications nuisibles à la santé et à la reproduction sont également rapportées (Mahé et al., 2005). 2. Procédés En réalité, la plupart des produits dépigmentants sont des médicaments détournés de leur usage. Les principales substances utilisées sont les suivantes : hydroquinone, mercure, propionate de clobétasol et bétamethasone. Ces deux dernières sont des médicaments de la classe des dermocorticoïdes. Récemment, le glutathion est venu enrichir l’arsenal des produits dépigmentants. Ceux-ci sont commercialisés sous des appellations très suggestives : ainsi les qualificatifs tels que « Light » (clair), « White » (blanc) sont très souvent utilisés pour les nommer. Ces termes renvoient à un rêve de clarté, d’éclat, de luminosité et de radiance de la peau ; autant de qualités recherchées par les adeptes de la pratique (Mahé et al., 2003). Les produits dispensateurs de ces bienfaits se trouvent facilement sur le marché des cosmétiques en Afrique de l’Ouest, mais également en Europe et aux USA, dans les « ethnic shop », sous les dénominations de Skin light®, White express®, Caro white®, Fair white®. Parfois, ce sont des superlatifs comme « express » et « extrême » qui sont usités pour nommer des gammes de produits éclaircissants. Outre les caractéristiques susnommées, la rapidité d’action et la visibilité du résultat sont ciblées par les promoteurs de ces produits, conformément aux attentes des consommatrices, qui privilégient les « Extreme white® », « So white® », « White express® ». Les noms commerciaux des produits dépigmentants sont parfois adaptés de la langue régionale 3. Les uploads/Management/ lapeaulogie-n1-180907-dcv-f-ly.pdf

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  • Publié le Apv 08, 2021
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