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Évaluer l'esprit critique, difficultés méthodologiques : Les études qui ont ten

Évaluer l'esprit critique, difficultés méthodologiques : Les études qui ont tenté d'évaluer l'efficacité, les effets ou encore les compétences liées à la pratique de la philosophie ne manquent pas. Plusieurs tests ont été créés dans le but de mesurer la capacité des individus à user de leur esprit critique face à des situations diverses et pour certains d'entre eux l'objectif est d'isoler une ou plusieurs variables pour le mettre en corrélation avec la pratique de la philosophie. Plusieurs méthodologies ont été proposées et des chercheurs comme Ku (2009) ont pu montrer que des problèmes ouverts étaient plus appropriés à l'évaluation de l'esprit critique dans sa dimensions dispositionnelles (qui découle de la personnalité de l'individu), par rapport à des questionnaires à choix multiples. Les questions ouvertes seraient donc plus propice à l'évaluation dispositionnelle, Cependant Ku recommande l'utilisation de plusieurs types de tests pour obtenir un résultat couvrant au mieux l'ensemble des habiletés utilisées lors d'exercice sollicitant l'esprit critique. L'un des problèmes que rencontrent les chercheurs est la pertinence des modules présentés, c'est-à-dire, sont rapport plus ou moins distant au réel. En effet, nous voulons ici isoler la capacité d'un individu à exercer son esprit critique dans des situations du quotidien qui peuvent prendre de nombreuses formes. La télévision, l'école, internet, les réseaux sociaux, une discussion entre amis, une conférence ou encore un cours sont des éléments de notre quotidien où l'esprit critique peut-être nécessaire ; pour questionner la source d'une information, sa validité mais aussi s'intéresser à la nature de l'émetteur etc... En bref, il est difficile de créer un test qui permette d'observer si l'individu évaluer sera capable, dans son quotidien, d'apposer les mêmes mécanismes d'auto défense intellectuelle qu'il à été capable de mettre en place lors de l'expérimentation. En outre Fisher et al. (2009) ont pu montrer que certaines variables contextuelles auraient un impact sur la capacité des individus évalués à exercer leur esprit critique. Ils ont, par exemple, montré que la cohérence d'un problème, l'absence de contradiction ou encore la présentation d'un contenu contradictoires sont des éléments qui modifient l'utilisation de l'esprit critique chez les individus évalués. D'autres difficultés se posent lorsque l'on entreprend l'étude de ce que l'on nomme communément l'esprit critique. En effet, de nombreux chercheurs posent, légitimement, la question de ce qui doit-être évalué et comment faut-il s'y prendre. Moss et Koziol (1991) considèrent que c'est bien la qualité des arguments qu'il serait nécessaire d'évaluer et non pas une réponse que l'on compare à une norme. D'autre chercheur pense qu'il faut pousser ses tests à demander plus qu'une restitution simple de l'information mais bien la capacité à utiliser les données apprise lors du problème et par la suite les réutilisés dans des situations nouvelles. Évaluer la pensée critique des enfants d'âges préscolaire ? Exemple de méthodologie : Suite au constat du manque de test adaptés à l'évaluation des habiletés cognitives en liens avec l'esprit critique des enfants d'âge préscolaire 5-6 ans) certains chercheurs (Karadağ & Demirtaş, 2018; Karadağ et al, 2017, Tozduman Yarali & Güngör Aytar, 2020) ce sont penchés sur l'élaboration de tests élaborés à cette tranche d'âge. Dans l'étude de Tozduman Yarali et Gungor Aytar les chercheurs ont tenté de réaliser un test de mesure de l'esprit critique adapté aux enfants de 5 à 6 ans. Ce test sera nommé le CTTC : Critical Thinking Skills Test for 5-6-Year-Old Children . Cette étude à été réalisée auprès de 202 enfants, dont 106 filles et 96 garçons. Sur les 202 enfants, 108 avaient 5 ans et 94 avaient 6 ans. Il faut rappeler que l'étude a pour but l'élaboration d'un test de mesure de l'esprit critique, d'en questionner la méthodologie, sa fiabilité et sa validité pour, ensuite, le mettre à disposition d'autres chercheurs. Les auteurs ont tout d'abord réalisé une revue de la littérature scientifique sur la pensée critique et se sont appuyés sur les programmes d'éducation scolaire du ministère de l'éducation. Ils ont choisi des sous-échelles de l'esprit critique qu'il vont par la suite chercher à isoler grâce au test, et donc à en évaluer les compétences associées. Ces sous-échelles sont celles que l'on peut retrouver dans le rapport Delphi sous la direction de Facione. La méthode Delphi consiste à rassembler une équipe transdisciplinaires experte d'une question plus ou moins large. C'est dans ce cadre qu'il a été demandé à Perter A. Facione de rassembler une équipe de psychologue, de philosophe, de physicien, d'économiste, éducateur etc... pour réaliser une revue de la littérature sur le sujet de la pensée critique, qui se veut dès le titre « A Statement of Expert Consensus ». Ce rapport est réalisé à des fins d'évaluation et d'enseignement. C'est dans ce rapport qu'il est présenté une « liste consensuelle » des compétences et sous-compétences cognitives de la pensée critique. Et c'est cette échelle qui a été choisie par les chercheurs Tozduman Yarali et Gungor Aytar. Les 6 compétences principales qui ont donc été retenues sont les suivantes: interprétation, explication, évaluation, déduction, analyse et autorégulation. (Voir tableau 1) Des histoires ont donc été écrites par les chercheurs pour le CTTC, ensuite des questions autour du sujet traité par l'histoire ont été créées et pour finir un pool d'items à évaluer est choisi. Chaque histoire orientait son sujet autour d'une ou plusieurs sous-échelles de compétences cognitives de la pensée critique. La première histoire concernait les sous-échelles d'interprétation, d'explication et d'évaluation. La seconde évaluait l'inférence et l'analyse, tandis que la troisième, quatrième, cinquième et sixième traitait de l'autorégulation. Les chercheurs ont tenté de rendre l'histoire la plus accessible et ludique pour les enfants. Ils ont par exemple choisi des animaux comme protagonistes ce qui rend les personnages amusants et rend possible l'identification des enfants. La durée de l'application est évidemment prise en compte pour réduire les biais liés à l'attention de l'enfant au fur et à mesure du temps. De plus, pour éviter que les enfants oublient les histoires, des petits dessins ont été réalisés pour rappeler le déroulement de l'histoire, ces supports étaient utilisés pendant la lecture de l'histoire mais aussi lors de la passation des questions. Une étude préliminaire auprès de 10 enfants avait été réalisée au préalable pour vérifier si les histoires et les questions étaient accessibles. Au fur et à mesure de cette étude préliminaire les chercheurs ont réajusté leur histoire et leurs questions en les simplifiant quand cela était nécessaire. Les réponses recueillies lors de cette première étude ont été ensuite utilisées comme référence pour les scores du test administré lors de l'expérimentation. Avant l'application réelle du test en situation la chercheuse s'est présentée aux enfants et les a informés du déroulement de cette expérience tout en rappelant leur liberté de ne pas participer ou de d'arrêter dès qu'il en ressentait le besoin. Le test comprend 41 questions qui ont pour but d'évaluer les 6 sous-échelles de l'esprit critique citées ci- dessus, l'interprétation, l'explication, l'évaluation, l'inférence, l'analyse et l'autorégulation. Le test donne donc 6 scores, une pour chaque échelle, mais aussi un score total. Plusieurs études ont été réalisées pour vérifier la fiabilité et la validité du test administré. (indice de validité, l'analyse factorielle exploratoire, l'échelle de Cronbach Alpha, le coefficient de corrélation test-retest) Et les chercheurs conclut ainsi « Par conséquent, il est possible d'affirmer que le "Test de compétences en pensée critique pour les enfants de 5 à 6 ans (CTTC)", qui se compose des sous-scènes "interprétation, explication, évaluation, inférence, analyse et autorégulation", est un outil de mesure valide et fiable. Le site propose aux chercheurs d'utiliser le CTTC pour déterminer les capacités de réflexion critique des enfants de 5 et 6 ans dans le cadre d'études descriptives et expérimentales. » Le CTTC est donc un outil de mesure émergent qu'il serait intéressant d'introduire au sein de notre mémoire de recherche. Nous pourrions tenter de reproduire l'expérience présentée ci-dessus dans une école française pratiquant la philosophie en comparaisons avec des élèves d'une école ne pratiquant pas d’atelier de la sorte. Nous pourrions apporter notre pierre à l'édifice de la recherche en proposant d'observer, dans un cas précis, si oui ou non les ateliers philosophiques ont une influence sur la pensée critique des enfants. Delphi projet : (Tableau 1) Facione. P. (1990). The Delphi Report: Executive Summary; Critical thinking: A Statement of Expert Consensus for Purposes of Educational Assessment and Instruction. California: The California Academic Press. Fischer, S. C., Spiker, V. A., & Riedel, S. L. (2009). Critical thinking training for army officers, volume 2: A model of critical thinking. (Technical Report). Arlington, VA: U.S. Army Research Institute for the Behavioral and Social Sciences. Karadağ, F., & Demirtaş, V. Y. (2018). The Effectiveness of The Philosophy with Children Curriculum on Critical Thinking Skills of Pre-School Children. TED EĞİTİM VE BİLİM, 43(195). https://doi.org/10.15390/eb.2018.7268 Karadağ, F., Yıldız Demirtaş, V., & Yıldız, T. (2017). Development of Critical Thinking Scale through Philosophical Inquiry for Children 5–6 Years Old. International Online Journal of Educational Sciences. Published. https://doi.org/10.15345/iojes.2017.04.010 Ku, K. Y. (2009). Assessing students’ critical thinking performance: Urging for measurements using multi-response format. Thinking Skills and Creativity, 4(2009), 70–76. Moss, P. uploads/Management/ child-philo.pdf