FONCTION « CONTROLE DE GESTION » ET NOTION DE PARTAGE : quels enseignements ? 5
FONCTION « CONTROLE DE GESTION » ET NOTION DE PARTAGE : quels enseignements ? 5ème conférence internationale de management stratégique (Recherche en démarrage) Katia LOBRE Doctorante sous la direction du professeur Yves DUPUY Boursière FNEGE CREGO - Groupe systèmes de gestion I.A.E. - I.R.G. Université Montpellier II Place Eugène Bataillon 34095 Montpellier cedex 5 Téléphone 67.14.46.49 Fax 67.14.42.42 1 FONCTION « CONTROLE DE GESTION » ET NOTION DE PARTAGE : quels enseigements ? 5ème conférence internationale de management stratégique (Recherche en démarrage) 2 INTRODUCTION La remise en cause du contrôle de gestion est un thème de réflexion récurrent depuis plusieurs années. Une majorité des recherches qui s’y sont attachées s’intéressaient plus particulièrement à la remise en cause des méthodes et outils du contrôle de gestion, généralement issus des principes tayloriens du début du siècle [LORINO 91]. S’il est indéniable que la recherche et la conception de nouvelles méthodes et de nouveaux outils de contrôle adaptés au contexte actuel des organisations sont nécessaires, ceux-ci débouchent également sur des problèmes « identitaires » du contrôle de gestion. Ils se traduisent notamment par des difficultés au niveau de l’organisation du contrôle. De façon plus précise, s’intéresser aux problèmes « d’identité » du contrôle de gestion conduit à s’interroger sur son rôle, sa position dans les structures organisationnelles, ses acteurs, son existence en tant qu’entité identifiée au sein de l’organisation... Les problèmes identitaires du contrôle émergent de la conjonction de différents facteurs. En effet, les définitions du contrôle de gestion évoluent, et amènent aujourd’hui à le considérer comme un processus transversal. Il répond en cela, d’une part à un besoin de décloisonnement global dans l’entreprise et d’autre part à la nécessité d’un retour de la pertinence dans les indicateurs et les modèles de gestion. Pourtant, l’identité du contrôle semble rester très attachée à son existence fonctionnelle dans la structure. Toutefois, et dans le même temps, celle-ci paraît remise en cause par la multiplication des modes d’organisation des activités du contrôle de gestion. Dans ce contexte, la nécessité d’une gestion transversale (au niveau global de l’entreprise) apparaît centrale dans l’émergence des problèmes identitaires du contrôle de gestion. Elle pourrait avoir pour conséquence un déplacement de l’objet du contrôle, qui le conduirait à évoluer lui-même vers plus de tranversalité, et donc vers le partage. 1. Cadre général de la recherche Il semble que la notion de partage constitue une clé d’entrée intéressante pour aborder ces questions. En effet, peut-on parler de partage du contrôle de gestion ? La fonction contrôle de gestion est-elle partagée, les activités de contrôle de gestion sont-elles diffuses dans l’organisation, sont-elles partagées ? Ces interrogations semblent d’autant plus intéressantes que cette dimension partagée de la fonction et des activités constitue l’hypothèse sous-jacente de certaines recherches [LANGEVIN et al. 95]. On remarquera de plus que ces questions renvoient à certaines interrogations concernant les structures organisationnelles classiques (fonctionnelles, divisionnelles, matricielles) qui peuvent être en particulier caractérisées par un degré de cloisonnement plus ou moins fort [MINTZBERG 82]. 3 Ces questions peuvent être situées comme suit dans un cadre général de recherche : Remise en cause du contrôle de gestion des structures organisationnelles classiques La notion de partage comme élément d’approche ? 1.1. Notion de partage et remise en cause du contrôle de gestion La remise en cause des outils du contrôle de gestion, et du contrôle de gestion lui- même est étroitement liée à l’évolution de l’environnement (complexité et incertitude), évolution à laquelle doit faire face l’organisation au travers d’une stratégie et d’une structure adaptée. Le contrôle de gestion avait été conçu pour des organisations évoluant dans un environnement stable et peu complexe. La fonction contrôle de gestion assurait alors essentiellement la cohérence au sein des grandes organisations, cohérence par rapport à des critères dont la pertinence était définie au départ et restait relativement stable [LORINO 91]. Aujourd’hui, l’instabilité et la complexité d’un environnement en mutation technologique rapide conduisent le contrôle de gestion à une nécessaire adaptation. Il semble alors que le partage constitue dans ce contexte un élément de développement de la pertinence tout en maintenant la cohérence. 1.2. Notion de partage et remise en cause des structures organisationnelles Même si cette recherche s’intéressera essentiellement à la remise en cause du contrôle de gestion au travers de la notion de partage, le problème de la remise en cause des structures organisationnelles classiques ne peut être totalement écarté. En effet, il existe un lien fort entre la diffusion du contrôle de gestion au sein de l’organisation et les structures organisationnelles. Comme cela a déjà été indiqué précédemment, les critiques majeures faites aux structures organisationnelles classiques résident d’une part dans le cloisonnement excessif qu’elles engendrent entre les différents services ou départements de l’organisation, et d’autre part dans leur rigidité. Ces deux facteurs, associés à un environnement de plus en plus complexe et turbulent sont probablement (mais peut-être pas exclusivement) à l’origine d’une certaine perte de pertinence locale dans les organisations. 4 L’idée d’une diffusion du contrôle de gestion dans l’organisation semble pouvoir répondre à un besoin accru de retour vers la pertinence. La meilleure preuve en est l’observation des pratiques organisationnelles actuelles [COOPER 90]. En effet, de nombreux acteurs dans les organisations développent des outils et des activités de contrôle (les responsables de la production vont mettre en place leurs propres méthodes de calcul de coûts par exemple...)1. 2. Points d’ancrage de la recherche L’introduction de mécanismes de création ou de maintien de la cohérence organisationnelle2 est légitimée par le postulat selon lequel les comportements et les processus tendent « naturellement » à la divergence pour des raisons liées à l’interprétation d’une part et à des paramètres individuels d’autre part. Il est à noter que ce phénomène semble prendre plus d’acuité dans le cadre général du décloisonnement et de la transversalité, c’est à dire dans la recherche de nouvelles formes d’organisation. Il en découle alors que : - La recherche de nouveaux modes de gestion axés sur la tranversalité semble modifier les « objets clés » du contrôle [ABERNATHY & al 95], [COOPER 90], [DUPUY 94], [KAPLAN 94]. - Les « objets clés » du contrôle étant modifiés, l’organisation traditionnelle du contrôle semblent perdre de sa pertinence [BOUQUIN BESSON 91], [JOHNSON 92], [OUCHI 79]. - Le partage, qui se traduit en particulier par une modification des formes d’organisation du contrôle et donc par une modification des procédures de contrôle, pourrait permettre de réintroduire de la pertinence dans les modèles de gestion. - Les nouvelles formes d’organisation du contrôle de gestion semblent se traduire notamment par un rétrécissement structurel (voire une disparition) de la fonction contrôle de gestion (moins d’acteurs strictement rattachés au service de contrôle) ; par un déplacement structurel de cette fonction (rattachement de cette entité à des directions opérationnelles et/ou stratégiques plutôt qu’aux directions comptables et financières) ; ainsi que par une modification du rôle et des missions du contrôleur qui deviendrait plus un expert conseil en matière de conception des modèles de gestion [BOUQUIN BESSON 91]. Ces fondements sont issus de la littérature (contrôle de gestion, théorie de la contingence, analyse stratégique...), mais également d’une enquête préliminaire (réalisée par entretiens semi-directifs) en cours d’achèvement. 1Il faut d’ailleurs remarquer que ces pratiques ont été et sont facilitées par l’essor considérable de l’informatique utilisateur (tableurs et SGBD en particulier). 2 c’est-à-dire d’un contrôle de gestion. 5 Ils sont encore à affiner et à préciser, mais ils constituent dés à présent les bases de notre cadre conceptuel. 3. Intérêts de la recherche Le sujet, tel qu’il vient d’être présenté, possède un certain nombre d’intérêts, tant théoriques que pratiques ; en effet, la contrôlabilité des organisations est-elle modifiée par les évolutions générales de la gestion qui devient plus globale et plus transversale ? 3.1. Intérêt théorique Au plan théorique la question peut se poser en terme d’identité structurelle du contrôle de gestion ; une fonction structurellement identifiée est-elle indispensable au contrôle ? Ainsi, le contrôle de gestion reste-t-il une fonction au service des opérationnels de l’organisation et/ou constitue-t-il le métier de tout cadre ? Le contrôle de gestion est-il en émergence permanente, et dans ce cas, sa conception normative est-elle amenée à disparaître complètement ? En fait, ces questions nous renvoient à un problème de définition du contrôle. En effet, dispose-t-on de définitions du contrôle de gestion suffisamment robustes pour tenter d’identifier ses frontières ? 3.2. Intérêt pratique : qui contrôle quoi et comment ? Dans le contexte général de la recherche de nouvelles formes d’organisation permettant la gestion des processus, de nombreuses entreprises s’interrogent aujourd’hui sur leurs pratiques de contrôle. Ces interrogations portent à la fois sur l’objet du contrôle, sur la manière de contrôler et sur le rôle du contrôleur. Ce travail de recherche devrait permettre la mise en place d’une grille de lecture des pratiques de contrôle et du rôle des contrôleurs : - en termes de description, d’explication ou de compréhension des modes d’organisations du contrôle ; - à propos de l’identité et du rôle du contrôleur : en effet, le thème choisi amène à se demander qu’est ce qu’un contrôleur, quel uploads/Management/ controle-de-gestion-et-notions-de-partage.pdf
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- Publié le Dec 21, 2022
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