Développement durable et territoires Économie, géographie, politique, droit, so

Développement durable et territoires Économie, géographie, politique, droit, sociologie Dossier 7 | 2006 Proximité et environnement Editorial Dossier 7 : Proximité et environnement André Torre et Bertrand Zuindeau Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/developpementdurable/2735 DOI : 10.4000/developpementdurable.2735 ISSN : 1772-9971 Éditeur Association DD&T Référence électronique André Torre et Bertrand Zuindeau, « Editorial Dossier 7 : Proximité et environnement », Développement durable et territoires [En ligne], Dossier 7 | 2006, mis en ligne le 18 mai 2006, consulté le 21 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/developpementdurable/2735 ; DOI : https://doi.org/ 10.4000/developpementdurable.2735 Ce document a été généré automatiquement le 21 septembre 2020. Développement Durable et Territoires est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International. Editorial Dossier 7 : Proximité et environnement André Torre et Bertrand Zuindeau 1 Le Dossier 7 de la Revue « Développement durable et territoires » a pour objectif de fournir un premier témoignage de l’intérêt de l’utilisation des catégories de la proximité à l’analyse des questions environnementales. La légitimité de cette approche, nouvelle en bien des points, se fonde sur deux caractéristiques principales des biens environnementaux et des acteurs qui portent ces préoccupations, des caractéristiques favorables à une analyse en termes de proximité : tout d’abord, la dimension spatiale est souvent essentielle dans ce type de processus, qu’il s’agisse des pollutions locales et de leur espace de concernement, des conflits concernant des infrastructures, des usages du sol et des contraintes de voisinage, ou encore de la délimitation des périmètres d’action des politiques publiques ; ensuite, ces problèmes sont souvent rendus publics, relayés ou pris en charge par des organisations ou des communautés d’acteurs, qu’il s’agisse des expressions collectives de revendications de nature environnementale (en particulier au niveau associatif), des groupes de concertation et de négociation visant à définir les politiques ou leurs modalités d’application, ou des solutions décidées et réalisées en commun par des organisations locales de nature plus ou moins formelles. 2 Pourtant, quand se réunissent pour la première fois, au début des années 90, les fondateurs du courant de la proximité, l’environnement est encore loin de leurs préoccupations. Il s’agit essentiellement, pour ces économistes venus de l’économie industrielle et de l’économie régionale, de proposer une analyse des processus de coordination en y intégrant d’emblée la dimension spatiale, si bien que leurs centres d’intérêt vont se révéler, dans un premier temps, de nature essentiellement productive. 3 A partir d’une analyse des formes de production et d’organisation locales les plus courantes (districts, systèmes locaux de production, réseaux d’entreprises et d’innovation, localisation des firmes, ancrage territorial, processus de gouvernance locale, ressources et institutions…), les nombreux travaux menés sur ces sujets vont définir une grammaire de la proximité, qui repose sur une prise en compte conjointe • • Editorial Dossier 7 : Proximité et environnement Développement durable et territoires, Dossier 7 | 2006 1 des dimensions spatiale, organisationnelle et institutionnelle des processus de coordination, aux niveaux local et global, à l’échelle de la firme comme des relations inter-entreprises. Quelques ouvrages collectifs (Rallet & Torre, 1995 ; Bellet, Kirat & Largeron, 1998 ; Gilly & Torre, 2000 ; Dupuy & Burmeister, 2003 ; Pecqueur & Zimmermann, 2004 ; Torre & Filippi, 2005) et numéros spéciaux de revues (Bellet, Colletis & Lung, 1993 ; Gilly & Torre, 1998 ; Mollard & Torre, 2004 ; Torre, 2004 ; Boschma, 2005 ; Talbot & Kirat, 2005) plus tard, après des controverses révélatrices de la vitalité de cette approche et un élargissement à des disciplines telles que la sociologie ou la géographie, on peut résumer l’apport des recherches sur la proximité autour de la définition simplifiée des deux grandes catégories de proximité (Torre & Rallet, 2005) : La proximité géographique traduit la distance kilométrique entre deux entités (individus, organisations, villes...), pondérée par le coût temporel et monétaire de son franchissement. Elle a deux propriétés essentielles. Elle est tout d’abord de type binaire : il existe d’infinies graduations (plus ou moins loin de, plus ou moins près de) mais l’examen de la proximité géographique a in fine pour objet de savoir si on est « loin de » ou « près de ». Elle est ensuite relative, doublement relative. Primo, la distance géographique, qui fonde le partage entre proximité et éloignement, est relative aux moyens de transport. On pondère la distance kilométrique par le temps ou/et le coût de transport. Secundo, la proximité n’est pas qu’une donnée objective. Elle procède en dernier ressort d’un jugement porté par les individus ou les groupes sur la nature de la distance géographique qui les sépare. La proximité organisée n’est pas d’essence géographique mais relationnelle et concerne la capacité qu’offre une organisation de faire interagir ses membres. L’organisation facilite les interactions en son sein, en tous cas, les rend a priori plus faciles qu’avec des unités situées à l’extérieur de l’organisation. Deux raisons majeures l’expliquent. D’une part, l’appartenance à une organisation se traduit par l’existence d’interactions entre ses membres. C’est la logique d’appartenance de la proximité organisée : deux membres d’une organisation sont proches l’un de l’autre parce qu’ils interagissent, et que leurs interactions sont facilitées par les règles ou routines de comportement (explicites ou tacites) qu’ils suivent. D’autre part, les membres d’une organisation peuvent partager un même système de représentations, ou ensemble de croyances, et les mêmes savoirs. Ce lien social est principalement de nature tacite. C’est la logique de similitude de la proximité organisée. Deux individus sont dits proches parce qu’ils « se ressemblent », i.e. partagent un même système de représentations, ce qui facilite leur capacité à interagir. 4 Ce diptyque, conçu à l’origine pour les seules relations de production, va rapidement prouver son intérêt et son efficacité dans le cadre d’autres approches. L’idée d’appréhender les questions environnementales avec les outils de la proximité date de la charnière de la fin des années 90 et du début des années 2000, avec un certain nombre de contributions préliminaires (Kirat, 1999 puis 2005 ; Lahaye, 1999 puis 2002 ; Papy & Torre, 1999 puis 2002 ; Letombe & Zuindeau, 2001 ; Torre & Caron, 2002), renouvelant, après un certain nombre de travaux standards, la prise en compte de la dimension spatiale dans l’analyse des problèmes environnementaux. Ainsi que le soulignent Mollard et Torre (2004), il apparaît en effet que ces derniers, quelles que soient leur manifestations (locales ou globales), ont une origine qui, si elle peut parfois donner lieu à controverse, n’en implique pas moins des acteurs – responsables ou victimes – localisés.. De la même manière, les politiques publiques doivent trouver une déclinaison à l’échelle locale et être acceptées (si ce n’est décidées) à ce niveau. • • Editorial Dossier 7 : Proximité et environnement Développement durable et territoires, Dossier 7 | 2006 2 5 On en déduit logiquement que la proximité géographique joue un rôle important dans ce type d’évènements, qu’il s’agisse du voisinage des acteurs impliqués, de l’espace concerné par les externalités négatives ainsi produites ou encore du périmètre des politiques de protection, de réglementation ou de réparation mises en place au niveau local. De manière symétrique, il apparaît que les solutions retenues doivent impliquer les acteurs locaux, qu’il s’agisse de processus décisionnels résultant de délibérations collectives, ou plus simplement de l’acceptation de décisions venues « d’en haut ». C’est ici tout le registre de la proximité organisée qui se trouve mobilisé, dans ses dimensions d’appartenance et de similitude. 6 Dans un premier temps, le mariage entre les analyses de la proximité et les préoccupations environnementales a essentiellement consisté à approfondir les caractéristiques négatives de la proximité géographique, rarement soulignées dans la littérature, et à analyser ainsi le caractère conflictuel de certaines proximités subies : usages concurrents d’une même ressource environnementale (ou foncière), externalités négatives, problèmes de voisinage... Aujourd’hui, trois axes de recherche peuvent être dégagés, qui témoignent d’autant de points d’intérêt, encore inégalement représentés dans les travaux en termes de proximités. Il s’agit, respectivement : de l’analyse des conflits provoqués par une proximité géographique subie par les acteurs. Comme on vient de l’évoquer, il s’agit certainement du courant qui a produit jusqu’à présent le plus important volume de littérature (axe 1) ; de l’étude de la proximité géographique comme moyen de résolution des problèmes : recherche de l’éloignement au problème ; proximité entre instance de régulation et territoire du problème (axe 2) ; de la mobilisation des différentes logiques de proximité organisée comme moyen de résolution des problèmes et des conflits environnementaux (axe 3). 7 Les différentes contributions présentées dans le présent dossier1 procèdent de ces différents axes, parfois de plusieurs à la fois. Nous essayons de les ordonner en fonction de ces axes (1, 2 ou 3), en mentionnant, le cas échéant, les doubles voire triples références. 8 La contribution de Nicourt et Girault, avec l’exemple d’enquêtes publiques conflictuelles relatives à l’implantation de plateformes de compostage de boues de stations d’épuration en Dordogne, insiste sur le caractère polysémique de la notion de proximité et montre comment elle peut être utilisée, dans les discours et dans les pratiques des acteurs locaux, à la fois comme un uploads/Management/ developpementdurable-2735.pdf

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  • Publié le Fev 09, 2022
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