Étape 2 : Identifier les risques a priori P. Roussel, M.-C. Moll, P. Guez 1. In

Étape 2 : Identifier les risques a priori P. Roussel, M.-C. Moll, P. Guez 1. Institut national de la transfusion sanguine, Paris 2. Centre hospitalier universitaire, Angers 3. Centre d’accueil et de soins hospitaliers, Nanterre i Dr Patrice Roussel, Institut national de la transfusion sanguine, 6 rue Alexandre Cabanel, 75739 Paris cedex 15 E-mail : proussel@ints.fr C inq étapes méthodologiques structurent une démar- che de gestion des risques. La première, abordée dans un premier article, consiste à favoriser une appro- che collective (1), par l’organisation d’une démarche ins- titutionnelle d’une part, et par l’organisation systéma- tique des actions d’identification et de traitement des événements indésirables d’autre part. La seconde étape, abordée dans ce second article, concerne l’identification des risques a priori. L’objectif est ici de repérer les processus potentiellement à risque, d’identifier au sein de ces processus les étapes dange- reuses pour les personnes et les biens, puis pour chacune d’elles, de réduire l’occurrence (via les actions de préven- tion visant à supprimer les causes) et/ou d’en réduire la gravité (via les actions de protection mises en œuvre pour limiter les conséquences). Un exemple peut être donné avec la désinfection des endoscopes effectuée au moyen d’un produit susceptible de toxicité pour les opérateurs. Les actions de maîtrise du risque s’orienteront vers la recherche d’une autre méthode jugée satisfaisante, à défaut vers la mise en œuvre d’une hotte d’aspiration et le port de masque. Cette étape peut être formalisée (tableau I) : • selon plusieurs méthodes : en effectuant un état des lieux a) par analyse de processus, b) en surveillant un processus critique par indicateur(s), c) en procédant par comparaison à un référentiel validé (réglementaire, nor- matif ou professionnel), d) en anticipant les situations de crise potentielle (colonne 1) ; • pour chacune des méthodes précédemment citées, selon des outils précis (colonne 2) ; • par outil cité, caractérisé selon son intérêt (colonne 3), ses limites (colonne 4), son caractère spécifique ou non à la gestion des risques (colonne 5), le niveau de difficulté abordé selon trois degrés (colonne 6). Les outils sélectionnés pour une première utilisation col- lective en routine (analyse de processus, analyse des modes de défaillance et de leurs effets, audit) seront ensuite présentés sous forme de fiches pratiques struc- turées en cinq points (1. Principe, 2. Indication, utilité et limites, 3. Méthode, 4. Conseils pratiques, 5. Illus- tration). Ces outils peuvent être mobilisés dans plusieurs contex- tes, administratifs, techniques, médico-techniques ou cliniques. Le manuel de certification des établissements de santé offre à cet égard plusieurs opportunités pour leur mise en œuvre, avec en particulier pour le secteur clinique l’évaluation des pratiques professionnelles pour les risques liés aux soins : • dans la version diffusée en 2004 (critère 45a : « Les professionnels identifient les actes, les processus et les pratiques à risque et évaluent leurs conditions de sécu- rité ») ; • ou dans celle diffusée en 2007 (critère 41a : « Les pro- fessionnels identifient a priori les actes, processus, prati- ques à risque… Ils mettent en œuvre les actions de pré- vention et d’amélioration correspondant à ces situations à risque… ») (2-4). Le lecteur pourra par la suite trouver plus d’informations au sein des références bibliographiques proposées ici (5- 15) ou dans les autres articles de la série. Remerciements : à J.-M. Oscari (ingénieur, CHU de Lille) et J.-F. Taillard (directeur d’hôpital, enseignant en droit de l’achat public, École nationale de la santé publique, Rennes) 1- Roussel P, Moll M-C, Guez P. Méthodes et outils essentiels de la gestion des risques en santé. Etape 1 : Structurer une démarche collective de gestion des risques. Risques & Qualité 2007; 3, 171-179. 2- Haute autorité de santé. Manuel de certification des établis- sements de santé. Deuxième procédure, Septembre 2004, 131 pages, www.has-sante.fr 3- Haute autorité de santé. Guide d’aide à la cotation. Deuxième procédure de certification des établissements de santé. Novembre 2005, 280 pages, www.has-sante.fr 4- Haute autorité de santé. Manuel de certification des éta- blissements de santé et guide de cotation. 2007, 180 pages, www.has-sante.fr 5- Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé. Mise en place d’un programme d’amélioration de la qualité dans un établissement de santé. Principes méthodologiques. Octobre 1996, 79 pages, www.has-sante.fr 6- Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé. Méthodes et outils des démarches qualité pour les établisse- ments de santé. Août 2000, 126 pages, www.has-sante.fr Références bibliographiques Risques & Qualité • 2007 - Volume IV - N°4 239 Méthodes et outils essentiels de la gestion des risques en santé Cette série d’articles a pour objectif de présenter de façon synthétique chacune des cinq étapes d’une démarche de gestion des risques, en proposant quelques outils jugés essentiels à leur mise en œuvre et des exemples de leur utilisation en établissement de santé. 7- Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé. Principes méthodologiques de la gestion des risques en établis- sement de santé. Février 2004, 114 pages, www.has-sante.fr 8- Vandeville P, Gambier C. Conduire un audit qualité. AFNOR, 1995, 182 pages. 9- Norme NF EN ISO 19011. Lignes directrices pour l’audit des systèmes de management de la qualité et/ou de management environnemental, Décembre 2002. AFNOR, 43 pages. 10- Jonquieres M. Manuel de l’audit des systèmes de mana- gement à l’usage des auditeurs et des audités. AFNOR, 2006, 110 pages. Tableau I - Objectif n°2 : Identifier les risques a priori (pour maîtriser la réalisation du risque). Champs Outils Intérêts Limites Spéci- ficité Degré de difficulté a) En effectuant une analyse de processus Analyse fonctionnelle •  Étude préalable à la mise en œuvre et à la réalisation d’une activité nouvelle (prestation, produit) précisant dès la conception et de façon exhaustive les fonctionnalités néces- saires à sa réalisation, les contraintes qui s’y appliquent et les critères de performance •  Constitue, au même titre que l’analyse de processus, un pré-requis indispensable à d’autres démarches (AMDE/AMDEC, APR, définition du besoin à satisfaire, analyse de la valeur) •  Démarche complexe et consommatrice de temps • Oubli d’une fonction •  NB : Démarche adaptée à la conception d’une activité nouvelle et non à une analyse critique de l’existant S *** Analyse de processus •  Description d’une activité qui intègre l’ensemble des contraintes de fonctionne- ment (flux, ressources, etc.) •  Permet d’identifier les points critiques et d’améliorer les étapes de son fonctionnement, en particulier quant aux interfaces entre services •  Constitue, au même titre que l’analyse fonc- tionnelle, le pré-requis indispensable à toutes les autres démarches institutionnelles (HACCP, AMDE/AMDEC, chemin clinique, etc.) •  Nécessite pour être conduite : une connaissance du besoin à satisfaire au regard des moyens dis- ponibles, la présence des personnes concernées, une expertise techni- que pour l’analyse •  Peut nécessiter d’autres méthodes d’évaluation complémentaires (audit ciblé, enquête de pratique, etc.) NS ** « Et si … » (« What if ..» des Anglo-saxons) •  Démarche simple qui consiste à se poser la question « et si ? » suivi de l’élément à envisager •  Permet la mise en place de scenarii simples de prévention •  Peut être combiné à l’utilisation d’un arbre de cause dans le cadre d’une analyse préventive de défaillance La banalisation d’une activité favo- risant une attitude de déni, notam- ment face à un risque peu fréquent mais grave dans ses conséquences NS * Méthode HACCP Hazard analysis control critical point •  Outil de prévention des risques bactériens et physico-chimiques du processus de restaura- tion collective, depuis l’approvisionnement jusqu’à la délivrance des repas •  Déclinaison possible dans d’autres champs de l’hygiène, bloc opératoire par exemple Démarche structurée d’expert (11 à 14 étapes de mise en œuvre selon les sources) S **/ *** Méthode RABC Risk analysis biocon- tamination control •  Outil pour l’analyse des risques microbiologi- ques des textiles en blanchisserie et logistique (formalisé dans la norme EN NF 14065) Démarche structurée d’expert (7 principes fondamentaux et 12 éta- pes de mise en œuvre) S **/ *** Analyse des modes de défaillance et de leur criticité (AMDEC) (ici dans le champ de la santé) •  Méthode de sûreté de fonctionnement permettant l’analyse méthodique d’un proces- sus critique (processus transfusionnel, circuit de recouvrement des factures, etc.), allant de la description des étapes à risque jusqu’à la mesure de criticité des causes (produit de la fréquence par la gravité) •  Les criticités ainsi mises en évidence permettent de hiérarchiser les vulnérabilités détectées et de concevoir un plan d’action en conséquence •  Démarche structurée d’experts pluridisciplinaires • Besoin de données quantifiées •  Nombreux avis nécessaires à la quantification des événements •  Démarche longue à aboutir, à réser- ver à des processus intrinsèquement très à risques (ex : reconstitution de cytostatiques), voire à des situations non résolues par d’autres méthodes (ex : épidémie d’infections nosoco- miales sans cause retrouvée) S **/ *** Analyse des modes de défaillance et de leurs effets (AMDE) •  Approche simplifiée de la méthode AMDEC utilisable en l’absence de données quantifiées •  Ne permet pas, faute de quantifi- cation, de hiérarchiser uploads/Management/ etape-2-identifier-les-risques-a-priori-p-roussel.pdf

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  • Publié le Apv 28, 2021
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