Auteur de la fiche lecture : Olivier CATINAUD Établissement : Lycée Gaston Berg

Auteur de la fiche lecture : Olivier CATINAUD Établissement : Lycée Gaston Berger Académie : Lille Relecture : Jean-Bernard Ducrou Mots-clés : Raisonnement stratégique, raisonnement systémique, acteur, organisation, stratégie d’acteur, action organisée, pouvoir, société Date de publication sur le site : (2) Date de révision : L’ACTEUR ET LE SYSTÈME Les contraintes de l’action collective Prénom et Nom des auteurs : Michel CROZIER & Erhard FRIEDBERG Catégorie, genre : Essai scientifique de sociologie politique (Manuel théorique qui présente un paradigme sociologique) Éditeur : Éditions du Seuil Date de parution : 1977 Volume : 493 pages INTÉRÊT DE L’OUVRAGE L’ouvrage est une synthèse théorique qui présente l’analyse stratégique et l’analyse systémique. Il propose une réflexion conceptualisée sur l’action humaine individuelle et collective. « L’analyse des organisations peut apporter une contribution à notre avis décisive à la constitution d’un nouveau mode de raisonnement sur les affaires humaines » p20-21. La connaissance de la société passe par l’analyse des organisations. CONCEPTS ET IDÉES CLÉS ë Composition de l’ouvrage - 5 parties : « L’organisation comme problème », « L’organisation et l’environnement », « Le phénomène systémique », «Les problèmes de la décision », « Réflexions sur le changement » et 15 chapitres. L’annexe présente la démarche de recherche. - Bibliographie générale : de Abegglen J.C. à Worms J.-P. (page 479 à 493). - Index des noms p 495 - Index des notions p 498 ë Idées principales Préambule méthodologique Démarche globale : de l’organisation au système Deux modes de raisonnement complémentaires sont utilisés pour analyser les organisations : - le raisonnement stratégique : on part de l’acteur pour découvrir le système qui seul peut expliquer par ses contraintes les apparentes irrationalités du comportement de l’acteur. - le raisonnement systémique : part du système qui s’impose à l’acteur pour retrouver la dimension contingente arbitraire et non naturelle de son ordre construit. (p230) Les auteurs illustrent ces deux modes de raisonnement : « pour comprendre le même crime, d’un côté, on part du coupable et de la logique de ses relations avec les différents protagonistes, de l’autre, on part de la situation comme système qui conditionne les relations et définit donc des possibilités de crime ». (page 237) Fiche de lecture - « L’acteur et le système » Page 1 sur 3 I. L ’ACTEUR Un acteur n’est pas celui qui tient un rôle (on considère alors l’individu enfermé, même de son plein gré) ; c’est celui qui agit dans la situation. L’acteur adopte des stratégies qui tiennent compte des relations de pouvoir et qui majorent ses gains personnels. On appellera ainsi « stratégie » l’ensemble des comportements réguliers que l’acteur adopte en vue de préserver ses intérêts. Toute stratégie est rationnelle dans le sens ou elle tend à obtenir des résultats et elle est orientée en fonction des enjeux de la situation. L’acteur dispose d’une certaine autonomie et il est capable de décision. Mais, la recherche de la meilleure solution (optimisation) à un problème est impossible. « Sa liberté et son information sont trop limitées pour qu’il y parvienne. Dans un contexte de rationalité limité, il décide de façon séquentielle et choisit pour chaque problème qu’il a à résoudre la première solution qui correspond pour lui à un seuil minimal de satisfaction » (p541). L’acteur n’a pas d’objectif clair ; ceux-ci sont multiples, plus ou moins contradictoires. Il a un comportement actif, qui n’est jamais déterminé (« même la passivité est toujours le résultat d’un choix » p56), et qui a toujours un sens. Enfin, son comportement a toujours deux aspects : un aspect offensif (la saisie d’opportunité en vue d’améliorer sa situation) et un aspect défensif (maintenir et élargir sa marge de liberté). « Les acteurs individuels ou collectifs […] ne peuvent jamais être réduits à des fonctions abstraites et désincarnées. Ce sont des acteurs à part entière qui, à l’intérieur des contraintes souvent très lourdes que leur impose « le système », disposent d’une marge de liberté qu’ils utilisent de façon stratégique dans leurs interactions avec les autres » p29-30. II. L ’ORGANISATION Les auteurs s’opposent à : - la vision taylorienne d’une organisation rationnelle (les principes scientifiques de la direction induit un comportement prévisible et parfait de l’homme), le postulat du « one best way » est rejeté (p25-26) ; - la vision des structuralo-fonctionnalistes : l’acteur n’agirait qu’en s’adaptant passivement à son rôle social et aux normes de la société (p97-98). A/ L’organisation est un construit humain contingent qui résulte des interactions sociales. « Une organisation est un construit humain et n’a pas de sens en dehors du rapport à ses membres » (p50). « Elle est le royaume des relations de pouvoir, de l’influence, du marchandage, et du calcul » (p45). « Le phénomène organisationnel apparaît […] comme un construit politique et culturel » (p197-198) intégrant les comportements stratégiques des acteurs relativement autonomes. Les stratégies des acteurs ne doivent pas être conçues comme des objectifs et des projets cohérents d’acteurs mais comme des jeux contingents au comportement et au vécu des acteurs dans l’organisation. Les actions des différents acteurs de l’organisation sont coordonnées par des mécanismes de jeu. Le jeu «est l’instrument que les hommes ont élaboré pour régler leur coopération. C’est l’instrument essentiel de l’action organisée. Le jeu concilie la liberté et la contrainte. Le joueur reste libre […] (p113). Cette structuration est contingente, elle est sans cesse actualisée par les comportements individuels et les relations de pouvoir. B/ Le pouvoir est une relation, pas un attribut des acteurs. Le pouvoir est une relation d’échange, une négociation, un marchandage dont le résultat n’est pas fixé. Il n’existe pas en soi. Il dépend des circonstances et se construit dans la complexité de l’action. C’est aussi une relation asymétrique qui implique un rapport de force. « C’est un rapport de force dont l’on peut retirer davantage que l’autre, mais où, également, l’un n’est jamais totalement démuni face à l’autre. Le pouvoir de A sur B correspond à la capacité de A d’obtenir que dans sa négociation avec B les termes de l’échange lui soient favorables » (p69). L’individu qui maîtrise le mieux les sources d’incertitude, c’est à dire des zones où existe une marge de manœuvre ou une possibilité d’action, a un comportement imprévisible. Le pouvoir s’exerce par le contrôle des « zones d’incertitude » qui accroît la marge de liberté individuelle des acteurs (Ex : un commercial qui connaît bien son client, un employé qui connaît une procédure, un informaticien lors de l’informatisation de l’entreprise …). 1 Les auteurs reprennent la notion de rationalité limitée d’H. A. Simon. Fiche de lecture - « L’acteur et le système » Page 2 sur 3 Les sources du pouvoir sont nombreuses dans une organisation. Il n’est pas lié à la personne de l’acteur mais plutôt aux ressources dont il dispose et à sa place dans l’organisation M. Crozier et E. Friedberg distinguent quatre grandes sources de pouvoir (qui est forcément inégalitaire) engendrées par : - La possession d’une compétence particulière, - La maîtrise de l’information concernant l’environnement de l’organisation (maîtrise des liens avec l’environnement. Ex : le commercial avec les clients, le financier avec la banque …), - Le contrôle de la communication et des informations interne (celui qui connaît le mieux l’organisation a un pouvoir de rétention, de sélection de déformation de l’information), - La connaissance des règles de fonctionnement de l’organisation (pouvoir de changer les règles, d’arbitrer entre les règles, de les créer). En conséquence, l’organisation est en permanence un lieu de tensions. Une régulation est nécessaire pour parvenir à la coopération. III. U NE GRILLE POUR ANALYSER DE LA SOCIÉTÉ Le concept de « système d’action concret » permet de transposer l’analyse organisationnelle à toutes les activités humaines, donc à la société. Un système d’action concret est « un ensemble humain structuré qui coordonne les actions de ses participants par des mécanismes de jeux relativement stables et qui maintien sa structure, c’est-à-dire la stabilité de ses jeux et les rapports entre ceux-ci, par des mécanismes de régulation qui constituent d’autres jeux ». p(286) La société est un vaste espace de jeux, une forme particulière d’interaction entre les acteurs. Il s’agit d’ouvrir le champ de la réflexion pour définir un paradigme sociologique (passage de la sociologie des organisations à la sociologie de l’action collective). Toute action humaine ou collective se déroule dans un cadre ayant une structuration, un système. L’acteur n’existe pas en dehors du système social qui lui impose des règles et définit aussi des marges de libertés. En retour, le système n’existe que par l’acteur qui lui donne vie et peut le transformer. Donc, le système est une production de l’homme, un construit social. Le sociologue a pour vocation d’accompagner ou de provoquer le changement social. Celui-ci est le résultat de la transformation d’un système d’action (nouveaux rapports humains, nouvelles formes de contrôle social). Pour envisager le changement, il est nécessaire d’aborder le problème de la décision. Changement et décision2 sont systémiques, c’est-à-dire contingent au système d’action. UTILITÉ OPÉRATIONNELLE Finalité et niveau Raisons majeures Pour la pratique pédagogique uploads/Management/ f-ich-lecture-act-eur-system-cat-in-aud.pdf

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  • Publié le Jan 31, 2022
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