Entrepreneurs maghrébins Terrains en développement Pierre-Noël Denieuil Mohamed

Entrepreneurs maghrébins Terrains en développement Pierre-Noël Denieuil Mohamed Madoui (Eds) Entrepreneurs maghrébins Terrains en développement IRMC 20, rue Mohamed Ali Tahar 1002 Tunis KARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris Sommaire Pierre-Noël Denieuil et Mohamed Madoui La construction d’un objet de recherche 11 I. Entreprises et mutations socioéconomiques Nacer-Eddine Hammouda et Moundir Lassassi Essai statistique sur le potentiel entrepreneurial en Algérie 35 Moussa Boukrif et Mohamed Madoui Les PME algériennes à l’épreuve de la mise à niveau des entreprises 73 Moncef Ouannes Anciennes et nouvelles « élites » entrepreneuriales et leur rôle dans le développement régional de la Libye 95 Baya Arhab Algérie, libérer le potentiel de croissance pour promouvoir l’emploi 111 Kamel Boucherf La gestion des ressources humaines (GRH) dans la PME algérienne : une vérité contestable 133 II. L’acte d’entreprendre Aissa Bensedik L’activité entrepreneuriale : le rôle des facteurs psychosociologiques 151 Mohamed Madoui Les nouvelles figures de l’entrepreneuriat en Algérie. Un essai de typologie 163 Lotfi Bennour Diplômés du supérieur, micro-projets et emplois. Une analyse spatiale 175 Ridha Ben Amor Le rôle du capital social dans la dynamique entrepreneuriale en Tunisie. Un état des lieux de la recherche à partir de quelques travaux 187 Pierre-Noël Denieuil La création de micro-entreprises n’est pas la solution miracle. Limites individuelles et enjeux locaux de l’appel à l’entreprendre 209 III. La femme, acteur de l’entreprise Mohand Tahar Aïssat La division genrée du travail dans deux entreprises industrielles situées dans la région de Béjaïa (Algérie) 227 Rabah Nabli Regards sur l’entrepreneuriat féminin tunisien 235 Abdelkhalek B’chir L’initiative privée des femmes en Tunisie. Fondements, motivations et traits de comportements stratégiques 253 Sonia El-Amdouni Identités professionnelles des femmes cadres en Tunisie, carrières, stratégies et mode d’engagement 277 IV. Entrepreneuriat et développement local Pierre-Noël Denieuil Histoire des concepts et méthodes fondateurs du développement local et territorial. L’entrepreneur et son système d’acteurs 295 H. Amina Kadri-Messaïd Comprendre le « développement local » en Algérie 315 Houda Laroussi Le développement local tunisien et la territorialisation des politiques publiques. De la décentralisation à la française, à la déconcentration planifiée en Tunisie 335 Aude-Annabelle Canesse Les Groupements de développement agricole (GDA), entrepreneurs locaux ou relais administratifs ? Quels enjeux participatifs pour les agriculteurs tunisiens ? 351 Alia Gana Micro-entreprises féminines, gestion des ressources naturelles et lutte contre la pauvreté rurale en Tunisie. Exemple du projet de développement du bassin-versant de Oued Sbaïhya (gouvernorat de Zaghouan) 365 V. Migrations, mobilités, et économies en émergences Chérif Dris Les médiateurs de la coopération décentralisée entre la France et les pays du Maghreb. Le cas des maghrébins de Marseille 383 Matouk Belattaf et Alia Oussalem Impacts des transferts de fonds des émigrés sur le développement socio- économique local en Algérie. Cas de quatre localités de la Soummam (Kabylie) 395 Emmanuelle Santelli De l’investissement en Algérie, mobilités et développement entrepreneurial. Le cas des descendants d’immigrés algériens 419 Michel Péraldi Informalités, nouvelles perspectives analytiques 431 Présentation des auteurs 443 10 Sommaire Le développement local tunisien et la territorialisation des politiques publiques De la décentralisation à la française, à la déconcentration planifiée en Tunisie Houda LAROUSSI Quelles sont les récentes évolutions des politiques publiques tunisiennes face à la question du développement local, en ce qui concerne notamment la prise en compte de la notion de « territoire » ? Selon Marcel Roncayolo (1990), le territoire est conçu comme un espace qui permet une coopération collective par le biais d’un projet qui associe des acteurs publics et privés. Cette association de divers acteurs autour d’un même projet illustre la thèse que la constitution d’un projet préalable contribue à construire ce que l’on nomme « territoire ». Ce projet peut être celui des acteurs locaux, il peut aussi être issu d’une décision gouvernementale. Nous évoquerons ici les principaux aspects du traitement du développement local face au processus de territorialisation des politiques publiques. Dans la mesure où les concepts tant de développement local que de territorialisation ont été forgés dans les expériences européennes et notamment françaises, nous nous appuierons sur un éclairage comparatif entre la France et la Tunisie. Il sera tout d’abord question des formes de recomposition de l’État au travers du redécoupage territorial. Ce sera ensuite l’occasion de redéfinir des termes souvent confondus et d’établir une différenciation entre la décentralisation « à la française » et la déconcentration régionale planifiée en Tunisie. Enfin, en resituant l’impact des niveaux local, communal et régional comme relais de l’action déconcentrée, nous caractériserons une forme tunisienne originale de développement régional, centralisé, mais localisé et individualisé « à la carte ». Territorialisation des politiques publiques et recomposition de l’État Le cas français Des travaux menés dans les pays européens, révèlent la perte de centralité de l’État. De nouveaux processus territoriaux s’affirment à travers la décentralisation, marquant une remise en cause de la capacité de l’État à 216216 Le développement local tunisien et la territorialisation des politiques publiques 1. Michel Chauvière, extrait d’un entretien avec P.-N. Denieuil et H. Laroussi, Paris, 2004. élaborer des politiques publiques sectorielles nationales. Pour preuve, en France, on prendra la généralisation de l’action publique partenariale qui donnerait à voir un État contraint de « gouverner par contrat » et de négocier avec des partenaires de plus en plus nombreux (acteurs privés et associatifs) sur les domaines du travail et du développement. Il s’agit là d’une modalité de la territorialisation de l’action publique où l’État, lui-même, va chercher à stabiliser un nouvel « équilibre » entre, d’une part, son intégration parmi les acteurs du territoire et, d’autre part, sa différentiation vis-à-vis de ce territoire, en tant qu’acteur dominant national. En fait, et selon F. Labadie (F. Labadie, 1998, 3), face à la décentralisation, on se trouve confronté à un « mode de régulation “par le bas” où l’État est amené, en raison de la complexité des problèmes, de la fragmentation du pouvoir et de la diversité des territoires, à négocier et à coopérer avec les acteurs locaux, notamment privés (modèle de l’institutionnalisation de l’action collective) » (P.-N. Denieuil et H. Laroussi, 2005, 59). On définira alors la territorialisation comme le transfert orchestré et maîtrisé des politiques publiques de l’État aux collectivités locales. Du même coup, les collectivités locales sont, à la fois, garantes de la différentiation de l’action publique sur les territoires et chargées d’assurer une cohérence sur ces mêmes territoires (D. Béhar, 1997-1998, 44). La déconcentration prendrait forme “par en bas”, l’État local et ses agents étant les garants de la conciliation entre l’intérêt général sur les territoires et l’intérêt général sur le territoire national. Par ailleurs, au niveau local, le rôle de l’État central s’affirmera différemment grâce à la présence des collectivités locales qui vont prendre sa relève. Pour Daniel Béhar (id.) par exemple, dans le cas où la société ne peut plus être gérée d’en haut, la question qui se pose est de pouvoir donner un sens global à l’addition des politiques locales. Sans nul doute, c’est là que devrait se situer le nouveau rôle de l’État. La fonction de l’État intégrateur, perdant une partie de sa fonction verticale, consiste alors à favoriser « la multiplicité des regroupements, des combinaisons territoriales pertinentes » (J.-L. Sanchez, 1996, 58). On peut dire, dans l’exemple de la société française, que la territorialisation correspond à la décentralisation en tant que « finalité même du processus décentralisateur. Sa réussite sera celle de la décentralisation » (B. Palier, 2002, 37). En France, les années de décentralisation ont débouché sur l’accentuation des projets prenant le territoire comme objet d’intervention. Le territoire devient alors, ainsi que le signale Bruno Palier (id.), un moyen de réorganiser l’action publique par les politiques de la ville, les ZEP. Le même auteur insiste : Le territoire joue comme catégorie a priori de l’action publique et se présente comme l’alternative aux instruments des politiques sociales précédentes, la référence professionnelle et le secteur […]. Il s’agit de proposer un support territorial de l’intégration sociale face aux défaillances du support salarial. 1 217217 Houda LAROUSSI 2. On compte aujourd’hui quatre gouvernorats sur le Grand Tunis : gouvernorats de La Manouba, de l’Ariana, de Tunis et de Ben Arous. Celui de La Manouba a été créé le 31 juillet 2000. Il regroupe huit délégations et neuf municipalités. Ce mouvement de territorialisation permet de comprendre « comment des projets sociaux ont pu rechercher leurs correspondants politiques » (M. Autès, 1991, 199) et comment les instances politiques en sont venues à légitimer, en particulier au niveau du département comme organe de la République, les mouvements sociaux qui ont été pensés en termes de social et de local. Toutefois, il s’agit ici, selon Michel Autès (id.), de politiques territorialisées plus que territoriales. En effet, le mouvement de ces politiques reste descendant, alors qu’il s’agissait de partir des besoins exprimés et des réalités locales. Cet auteur distingue donc, en matière d’action sociale, les politiques territorialisées (F. Menard, 1997, 50-51) et les politiques territoriales. Les politiques territorialisées consistent en un redécoupage géographique par l’État, d’actions sectorielles par le biais d’antennes réparties uniformément sur leur territoire de compétence (telles des caisses régionales) (M. Autès, 1991, 202). En revanche, les politiques uploads/Management/ houda-laroussi.pdf

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  • Publié le Jul 03, 2022
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