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U Un n n no ou uv ve ea au u p pa ar ra a- - d di ig gm me e s so oc ci ia al l v vi ia a l l’ ’i in ng gé én ni ie er ri ie e s so o- - c ci ia al le e P PR RO OM MO OT TI IO ON N D DE E L L’ ’I IN NG GE EN NI IE ER RI IE E S SO O- - C CI IA AL LE E Résumé : La démarche de retourner en forma- tion est toujours l’occasion de s’interroger. Cet article m’offre la possi- bilité de venir questionner l’interstice entre ma posture d’éducatrice spécialisée que j’ai souhaité quitter, pour des fonc- tions d’ingénierie que je suis entrain de construire. C’est au travers de cet espace-temps indé- finissable et véritablement intrinsèque que se fonde mon interrogation première. L’ingénierie sociale est une notion qui en appelle de nombreuses autres. J’ai voulu savoir comment elle pouvait être perçue par la profession. Par le même temps, j’ai souhaité clarifier le terme et son histoire, avant d’expliquer les raisons de son émergence. Au-delà de l’ingénierie sociale, ce sont tous les bouleversements politiques et sociaux que je tente de circonscrire, afin de mieux comprendre de façon systé- mique, comment chaque acteur social peut et doit se repositionner. Enfin, il me semble que l’ingénierie so- ciale et le Deis sont véritablement la voie de passage du travail social à la cons- truction d’un nouveau paradigme social. L’ingénierie sociale et les professionnels titulaires du Deis seraient, à l’instar de la maïeutique, accompagnateurs et éclai- reurs des changements en cours et à ve- nir. Ligne éditoriale : les professionnels du champ social et médico-social. Nombre de caractères : 12000 Mots-clés : Acteurs, compétence, changement, diplôme, place, praxis. M Ma au ud d M Ma as ss sa a I IM MF FR RT TS S M Ma ar rs se ei il ll le e D DF F3 3/ / D DE EI IS S 2 20 01 11 1/ /2 20 01 13 3 2 ’est parce qu’elle est complexe et multi référentielle que la diffi- culté de définir la notion d’ingénierie sociale se pose. Depuis mon entrée en formation au Deis1, j’observe qu’en m’interrogeant sur le sujet de mes études, peu de profes- sionnels perçoivent ce qu’est vraiment l’ingénierie sociale. Le fait de devoir l’expliquer, de façon quasi systématique, m’amène à formuler l’hypothèse que cette notion et le Deis ne sont pas ou peu connus des professionnels du champ social et médico-social. Il m’a donc semblé intéressant de tenter de clarifier cette notion, reliée à un con- texte socio-économique et à l’histoire du travail social. Mon questionnement se fonde sur les bouleversements sociaux qui viennent légitimer l’arrivée de cette notion dans la profession. Quels sont- ils ? Comment intéresser et informer sur l’ingénierie sociale, est-elle en avance sur le temps du social ? Par le biais de cet écrit, je souhaite pro- mouvoir l’ingénierie sociale auprès des professionnels du secteur social et médi- co-social. L’objectif de l’article sera de démontrer l’intérêt de cette fonction, sa valeur ajoutée à la profession, la place que l’on doit lui accorder. Afin de valider ou d’invalider cette hy- pothèse, j’ai souhaité interroger quelques professionnels du champ social et médi- co-social. Cette investigation s’est cons- truite autour d’un questionnaire qui a eu 1 Diplôme d’Etat d’ingénierie sociale pour ambition de recueillir leur connais- sance et leur représentation de l’ingénierie sociale. Il m’importait de savoir également quelle était la place de l’ingénierie sociale dans leur environ- nement de travail, et s’ils avaient envie d’en savoir plus. Le questionnaire comporte de nom- breuses questions ouvertes, car il était nécessaire de bien comprendre le point de vue des personnes interrogées. Cela m’a permit également de remettre en cause et critiquer mon hypothèse de dé- part. J’ai construit mon échantillon en con- tactant mon réseau professionnel. Pour cela, j’ai utilisé le courrier électronique dans lequel je faisais apparaitre une brève explication de ma démarche, ainsi qu’un lien informatique permettant l’accès direct au questionnaire. Ce der- nier a été traité de façon dématérialisée2. J’ai demandé aux personnes contactées de faire circuler mon courrier auprès de leurs collaborateurs et leurs partenaires, qui avaient pour consigne de faire suivre de la même manière. Au final, j’ai pu obtenir un retour de 52 personnes. Le questionnaire et les résultats sont an- nexés au présent article. Mes recherches révèleront le contexte qui a vu émerger la notion d’ingénierie sociale, et qui amène progressivement le secteur professionnel vers des mutations 2 J’ai utilisé les feuilles de calcul de Google document. C 3 importantes, que l’ingénierie sociale se propose d’accompagner. Les représentations collectives de l’ingénieur Dans l’imaginaire social français, le mé- tier d’ingénieur fait partie de l’élite : le titre évoque la réussite scolaire, l’aptitude intellectuelle. Il instaure aussi d’emblée une frontière, une distance avec le monde ouvrier. Systématique- ment dans les textes, lorsqu’il est fait mention d’ingénieurs, l’on sait que cela concerne les métiers de la technique, de l’industrie, ou des mathématiques. Le Larousse définit l’ingénierie ainsi : « Étude d'un projet industriel sous tous ses aspects (techniques, économiques, financiers, monétaires et sociaux) et qui nécessite un travail de synthèse coor- donnant les travaux de plusieurs équipes de spécialistes. » On notera le lien im- médiat avec le monde industriel, la no- tion de projet, ainsi que la nécessité de connaitre et de coordonner divers corps de métiers inhérents à l’élaboration de ces projets. Naissance de l’ingénierie sociale Antoine Savoye considère que l’ingénierie sociale, sans être nommée ainsi est née au 19e siècle, dans un con- texte de conflits sociaux entre travail- leurs et patronat. L’esprit des solutions qui ont pu être proposées à ces opposi- tions sont purement celles de l’ingénierie sociale : recherche de consensus, négo- ciation, collaboration, coordination, mais aussi expertise, « visée d’amélioration sociale et action concrète à une échelle réduite »3. Toujours au 19e siècle, Frédéric Le play, ingénieur des mines, emploi pour la première fois ce terme d’ingénierie so- ciale « pour combattre l’action rénova- trice des ingénieurs, jugeant que le pro- grès technique mettait en péril les va- leurs morales de la société et constituait une menace de destruction de l’institution familiale.»4 Quel contexte a vu l’émergence de la notion? Le terme d’ingénierie sociale fut « dé- poussiéré » dans les années 1980 par Vincent de Gaulejac,5 dans le contexte naissant du développement social local, lui-même largement inspiré des mouve- ments d’éducation populaire et d’initiatives citoyennes. C’est à cette époque que l’on observe une complexifi- cation des problématiques sociales. Les pratiques qui prennent en compte les symptômes et non la cause des difficul- tés sont remises en question. Les ré- ponses sectorielles et systématiquement institutionnelles et administratives sont également critiquées. C’est ce que rapportent les commissions Dubedout, Bonnemaison et Schwartz, qui concluent à l’unisson de privilégier une approche globale6, une profession- 3 Savoye Antoine. Article « La naissance de l’ingénierie sociale.» Revue « l’ingénierie à l’assaut du social », n°119, novembre/décembre 1988, p 59. 4 Lyet Philippe et Molina Christine. Article « Nou- velle figure de l’encadrement dans l’intervention sociale : Le Deis.» Revue Vie Sociale n°1/2011. Cédias. P 95- 5 De Gaulejac Vincent et al : « L’ingénierie sociale » aux éditions Alternatives sociales. 6 Dubéchot et Rivard Deis, collection tout-en-un, aux éditions Vuibert, P 39. 4 nalisation accrue des intervenants et un travail en synergie des différents acteurs concernés (bénévoles, usagers, profes- sionnels, élus). En passant d’une action volontariste et centralisatrice à la décen- tralisation, l’Etat a permis aux territoires, et aux compétences locales de se déve- lopper au profit des populations et de leurs besoins. « La « prospérité » du concept est ainsi fortement reliée à l’émergence de la notion de gouver- nance, définie comme un nouveau mode d’intervention de l’Etat, qui fait appel à la coopération des acteurs et à leur inte- raction pour la co-construction d’actions publiques. 7» Ces éléments vont être repris successi- vement par l’ensemble des politiques publiques depuis la fin des années 1990, à commencer par la loi de juillet 1998 de lutte contre les exclusions. Les années 2000 marquent un virage pour le travail social, puisqu’elles voient l’arrivée d’une série de lois fondamen- tales, venues bouleverser les modes d’accompagnement, les pratiques, les diplômes. A ces textes s’ajoute l’esprit « gestion- naire » de la Loi Organique relative aux Lois de Finances du 1er aout 2001, ainsi que la Révision Générale des Politiques Publiques lancée en 2007, ayant pour ambition la réduction des dépenses pu- bliques. C’est dans ce contexte législatif dense, entrainant des changements complexes et déstabilisants pour les professionnels 7 Le rapport Morel, Inspectrice Générale des Affaires Sociales ; rapport rédigé « à la demande du comité de pilotage de la cohésion sociale du 23 septembre 2008.» du travail social, que l’Etat, via les Mi- nistères de l’Emploi, de la Cohésion So- ciale et du Logement, va réglementer la notion d’ingénierie sociale. Le 30 juin 2006, uploads/Management/ ingenurie-sociale.pdf

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  • Publié le Aoû 02, 2022
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