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UNIVERSITÉ PARIS I PANTHÉON-SORBONNE DESS COMMUNICATION POLITIQUE ET SOCIALE France Télévisions en 2005 : un groupe en quête d’avenir. Propositions pour une réforme par Thierry DAVID Mémoire rédigé sous la direction de Monsieur Francis Balle, Professeur de l’Université Paris II – Panthéon Assas Année universitaire 2004-2005 Remerciements Je voudrais adresser mes très sincères remerciements, pour les conseils qu’ils m’ont prodigués et qui m’ont été particulièrement précieux pour la structuration et la rédaction de ce mémoire, Monsieur Francis Balle, Professeur de l’Université Paris II – Panthéon-Assas, sous la direction duquel j’ai conduit ma réflexion, ainsi que Monsieur Bertrand Simon, Professeur de l’Université Paris I - Panthéon-Sorbonne, spécialiste des nouveaux médias et animateur du séminaire Médias et politique. Je tiens également à remercier, pour les réflexions qu’ils ont bien voulu me livrer et pour l’excellent accueil qu’ils m’ont réservé, Monsieur Christopher Baldelli, Directeur général de France 2, Monsieur Louis de Broissia, Sénateur de la Côte d’Or, rapporteur depuis 2002 du budget des médias lors de l’examen du projet de loi de finances, Monsieur Jean Cluzel, de l’Institut, spécialiste reconnu des questions ayant trait à l’audiovisuel, Monsieur Michel SANCHEZ, membre du bureau national du Syndicat National de Radiodiffusion et de Télévision SNRT-CGT, et Monsieur Jean-François TÉALDI, Secrétaire général adjoint du Syndicat National des Journalistes CGT. 2 Introduction La télévision a été un objet de fascination dès son apparition dans les foyers de l’immédiat après-guerre et elle n’a jamais cessé d’exercer son attrait sur le grand public, sur les hommes politiques comme sur les universitaires et les chercheurs. Les rapports que chacun noue avec ce média devenu en un demi-siècle un vecteur d’information et de communication extraordinairement puissant et incontournable sont très variables en intensité et en affectivité, les uns le vouant aux gémonies au motif qu’il ne serait qu’un abject véhicule des stratégies commerciales des firmes multinationales ou des stratégies politiciennes, les autres s’y adonnant avec une délectation non dissimulée, adeptes qu’ils sont de cet univers si singulier qui a fait du spectacle et du divertissement le moteur de son économie. Assurément, la télévision ne laisse pas indifférent et elle suscite d’autant plus d’intérêt qu’elle est en train de vivre une révolution technologique majeure avec la numérisation de la diffusion et des contenus. A l’heure de l’avènement du numérique, une autre manière de faire de la télévision est en effet en train de naître. La technologie numérique, nous le savons, va bouleverser considérablement les pratiques et les usages. La compétition déjà rude entre les grands groupes internationaux de la communication et des médias pour la conquête des positions dominantes va sans aucun doute connaître de nouvelles joutes, pour le malheur ou le bonheur d’un téléspectateur devenu acteur, mais aussi et surtout source de gains et de profits précieux. Alors que l’attention se porte sur cette incroyable multiplication des techniques et sur les promesses nouvelles de la télévision de demain, il est un sujet qui ne manque pas d’intérêt, pour ne pas dire de piquant, et qui passerait presque inaperçu s’il n’était aussi lourd d’incertitudes : l’avenir de la télévision publique. 3 La télévision publique, que l’on aurait appelée de manière fort administrative service public audiovisuel il y a quelques années, doit aujourd’hui relever tous les défis : défi de sa propre identité alors qu’elle subit à la fois la concurrence exacerbée des télévisions généralistes privées qui s’accaparent la plus grande part de l’audience et des recettes de publicité, la montée en puissance des télévisions thématiques et, très prochainement, celle des télévisions locales ; défi de l’innovation et de la créativité dans la conception de ses programmes ; défi de son financement ; défi technologique enfin, qui lui impose d’être présente sur tous les supports de diffusion, câble, satellite, internet haut débit, Télévision Numérique Terrestre (TNT), téléphonie mobile, sous peine d’en être réduite à n’être qu’un appendice, voire une anomalie, dans un monde des médias impitoyable, dominé par la liberté d’entreprendre et l’extraordinaire compétition pour le contrôle des audiences. En résumé, l’avenir de la télévision publique pourrait s’ordonner autour de cinq questions clés : qu’est-ce que la télévision publique au XXIème siècle, quelles missions lui sont-elles assignées, à quels publics se destine t-elle, comment est-elle financée et sur quels types de supports doit-elle être présente ? Assez curieusement, peu nombreux sont ceux qui ont tenté de conduire une réflexion globale sur l’avenir de l’audiovisuel public. Les travaux sur la télévision issus de la recherche sont très abondants et souvent d’une grande rigueur scientifique, mais force est de constater que chercheurs et universitaires, qu’ils soient politologues, sociologues, psychologues, anthropologues, ethnologues ou philosophes, ont majoritairement circonscrit leurs études à la télévision considérée comme mass media et à ses influences réelles ou supposées sur l’évolution des représentations, des comportements et des valeurs dans nos sociétés post-modernes, n’abordant le thème de la télévision publique que de manière allusive. De même les hommes politiques sont-ils étrangement absents de ce débat qu’ils considèrent sans doute, mais à tort, comme mineur, lui préférant les débats sur les problèmes économiques et sociaux qui nourrissent, avec l’insuccès que nous connaissons, le quotidien de la vie politique depuis la fin des Trente Glorieuses. 4 Les rares travaux disponibles sont donc le fruit des réflexions d’anciens présidents de chaînes, mais ils relèvent plus du domaine de la confidence ou de la thérapie par l’écriture que de l’analyse prospective, et de personnalités chargées par des ministres de tutelle en mal d’inspiration de leur rendre rapports sur la situation de la télévision publique, mais dont nous aurons la faiblesse de penser qu’ils n’ont pas toujours eu la faculté de peser sur le jugement politique. ll n’en demeure pas moins que l’avenir de la télévision publique est un sujet passionnant, riche d’enjeux et du jeu de ses acteurs. Alors que le mandat du Président de France Télévisions, Marc Tessier, vient de s’achever et que le choix du Conseil supérieur de l’audiovisuel s’est porté sur Patrick de Carolis pour lui succéder, nous nous proposons, dans le cadre de ce mémoire de troisième cycle d’université, d’évaluer la situation de l’audiovisuel public et de réfléchir sur ce que pourrait être la télévision publique de demain. Toutefois, trois remarques s’imposent au préalable : la première concerne l’objet de cette étude, qui se limitera volontairement à l’audiovisuel public français, ce qui n’exclut pas des comparaisons avec les pratiques européennes lorsque cela sera nécessaire. La deuxième précision a trait au périmètre du champ d’investigations ; non par commodité mais parce qu’il nous semblait que les enjeux de la télévision publique dépassaient de loin les enjeux de la radio publique, nous n’aborderons que les questions relatives à la télévision, média de masse ayant largement la préférence des Français et auprès duquel ceux-ci vont en priorité rechercher de l’information et du divertissement. Ce n’est pas faire offense à la radio publique que de dire que l’intérêt qu’elle suscite est sans doute moindre, quand bien même son avenir ne serait pas assuré et que les défis auxquels elle devrait faire face ne différeraient guère de ceux que doit affronter la télévision publique. 5 Enfin, troisième et dernière précision, nous porterons exclusivement notre attention sur le groupe France Télévisions, faisant abstraction, non sans y faire référence le moment venu, d’ARTE, chaîne publique franco-allemande, dont nous ne pouvons certes ignorer que France Télévisions en soit l’un des principaux actionnaires mais dont le statut relève de relations entre Etats. De même n’avons-nous pas souhaité évoquer la situation de l’Institut national de l’audiovisuel, dont la mission principale est d’assurer la conservation des archives audiovisuelles, et qui mériterait une étude particulière. Nous avons indiqué qu’avant toute prospective sur les voies et moyens d’un avenir pacifié et serein pour la télévision publique française, il était indispensable de dresser un état des lieux, un bilan d’image, permettant l’appréhension des principales incertitudes qui affectent sa marche en avant. Ce sera l’objet de la première partie de notre propos, qui nous aidera à mesurer à quel point l’audiovisuel public est aujourd’hui à la croisée des chemins (Première partie). Nous tenterons tout d’abord de révéler les raisons de la crise morale et identitaire sans précédent que traverse la télévision publique en France (Chapitre I), puis nous évaluerons les difficultés inhérentes à son financement, dont nous verrons qu’elles pourraient être annonciatrices d’une profonde dépression financière (Chapitre II). Enfin, nous examinerons les incertitudes qui pèsent sur les projets dont la télévision publique française est porteuse, et qui sont, comme bien souvent, liées à l’incapacité des pouvoirs publics de tracer des perspectives tout à la fois réalistes et ambitieuses pour France Télévisions (Chapitre III). Dans une seconde partie, nous lancerons un appel pressant pour une télévision publique de qualité, audacieuse, innovante et créative (Seconde partie). Il est urgent, en effet, que la télévision publique s’engage de manière volontariste sur la voie d’un renouveau culturel et social, s’adressant de manière intelligente à la France dans toute la diversité de ses cultures et de ses traditions (Chapitre IV). 6 Nous verrons par ailleurs que la télévision publique américaine peut, contrairement aux idées reçues, être source d’inspiration pour les réformes qu’il importe de uploads/Management/ intro 1 .pdf
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- Publié le Dec 05, 2022
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