Centre Régional des Métiers de l’Education et de la Formation (CRMEF) Marrakech
Centre Régional des Métiers de l’Education et de la Formation (CRMEF) Marrakech Cycle qualifiant Prof : L.Belgriri Introduction Aujourd'hui force est de constater que trop d'élèves quittent encore le système scolaire sans qualification et sans maîtriser les fondamentaux que sont la lecture et l'écriture. Ce constat devrait nous interroger, particulièrement quant aux méthodes d'évaluation mises en œuvre jusqu'à ce jour qui apparemment n'ont pas su ou pas pu évoluer au même rythme que la société. Partant du principe que l'objectif premier de l’enseignement dispensé par un professeur sera la réussite éducative des élèves qui lui auront été confiés. On se pose alors la question de savoir, comment à son niveau, un enseignant va pouvoir répondre de façon pertinente aux différentes attentes des acteurs du système éducatif et ce tout au long de sa carrière professionnelle. C'est donc le thème de l'évaluation qui suscite le gros de nos interrogations. A quoi sert elle, à qui les résultats sont ils destinés, qu'est ce qui doit être évalué, quand et comment évaluer ? Après avoir répondu à ces questions, il conviendra de savoir qui évalue, quand évaluer et comment évaluer afin de mieux comprendre et de mieux expliquer à l'ensemble des acteurs l'importance qu'elle revêt et ce dans le but d'améliorer l'efficacité du dispositif pédagogique. Pour répondre à ce questionnement, on va présenter les différentes formes d'évaluation en montrant qu'elles répondent à des fonctions précises et que selon la nature de l'évaluation, le rôle de l'enseignant et la part d'activité de l'élève sont bien définis. Puis montrer et illustrer au travers d'exemples issus de la pratique que l'évaluation en tant qu'acte institutionnel, pédagogique et éducatif doit non seulement certifier un niveau de compétences mais également engager l'élève dans une démarche de progrès et d'apprentissage le conduisant progressivement à l'acquisition de compétences disciplinaires, méthodologiques, sociales... lui permettant une meilleure intégration citoyenne. I. L'évaluation d'un point de vue historique, notionnel et pédagogique: 1 Centre Régional des Métiers de l’Education et de la Formation (CRMEF) Marrakech Cycle qualifiant Prof : L.Belgriri 1) Approche historique de l'évaluation: Pourquoi s'intéresser à l'évaluation d'un point de vue historique ? Pour répondre à cette question, j'emprunterai une citation de R.REMOND qui affirme que: «comprendre son temps est impossible à qui ignore tout du passé ». Ainsi pour comprendre les pratiques actuelles en matière d'évaluation, il est nécessaire de réfléchir à son histoire et à ses évolutions. La volonté d'évaluer la portée de l'acte éducatif n'est pas née à l'intérieur de l'école. Selon J.M BARBIER, elle semble s'être imposée par le jeu d'influences extérieures. Ce sont les évolutions économiques et sociales qui seraient à l'origine d'une nouvelle politique en matière d'éducation qui tendrait à donner une place significative à l'évaluation et notamment celle de l'efficacité du dispositif pédagogique. Au début du siècle, l'évaluation se confondait avec la notation, il n’existait qu'une forme d'évaluation que l'on pourrait qualifier de « sommative». Après la seconde guerre mondiale, des psychologues et éducateurs américains proposèrent une nouvelle conception de l'évaluation fondée sur la comparaison des performances observées et des performances attendues. L'évaluation permettait ainsi de mettre en évidence le décalage entre les objectifs atteints par les élèves et les objectifs fixés par l'institution scolaire. Il faut attendre les années 1960 pour que l'évaluation prenne une autre dimension. Les travaux de Piaget ont modifié le statut de l'élève, il n'est plus considéré comme une page blanche vierge ou un vase vide qu'il faut remplir. L'élève dispose de représentations initiales qu'il s'agit de prendre en compte pour fonder son enseignement. Le concept d'évaluation formative voit le jour à la fin des années 1960 et désormais, l'évaluation s'attache à un autre aspect de l'apprentissage: les procédures. Pendant cette période, le caractère subjectif des pratiques évaluatives fait naître un courant contestataire vis-à-vis de la notation scolaire. PIERON invente à ce titre le mot de docimologie qui désigne l'étude scientifique des méthodes d'examens. 2 Centre Régional des Métiers de l’Education et de la Formation (CRMEF) Marrakech Cycle qualifiant Prof : L.Belgriri Dans les années 1980, l'école doit gérer les effets néfastes ( notamment l'échec scolaire) liés à la démocratisation quantitative du système éducatif amorcée dans les années 1960 . Dans cette perspective, la loi d'orientation sur l'éducation de 1989 (en France) réoriente les finalités éducatives et proposent une réorganisation de fond du système éducatif. Par ailleurs, le ministère de l'Education Nationale montre son intérêt pour les dispositifs d'évaluation en créant une Direction de l'Evaluation et de la Prospective (DEP). Dans le même temps, l'avènement des sciences de l'éducation (notamment la psychologie cognitive) renforce l'idée que l'élève doit être actif et acteur dans ses apprentissages. L'acte d'évaluation prend alors de plus en plus d'importance, l'évaluation doit devenir un outil pour les apprentissages, on souhaite dépasser la pratique traditionnelle de l'évaluation pour s'orienter vers de nouvelles formes d'évaluation telles que l'évaluation formatrice qui redonne à l'élève le statut de sa formation. Nous constatons que la définition de l'évaluation évolue au cours de son histoire, elle revêt une dimension singulière en fonction des contextes sociaux, éducatifs, culturels, économiques et politiques. Aujourd'hui, nous pouvons affirmer que les différentes formes d'évaluation sont complémentaires et constituent des outils essentiels pour l'enseignant et pour la réussite de l'élève. 2-Définitions de l’évaluation Au sens étymologique du terme, évaluer vient de « exvaluere », c'est-à- dire « extraire la valeur de », « faire ressortir la valeur de ». Au sens courant, l’évaluation consiste à attribuer une valeur à un objet, une action, etc. ..., à l’aide ou non d’une mesure, avec précision ou de façon approximative. Dans le domaine scolaire et en formation, l’évaluation est une procédure complexe qui comporte une phase d’observation et d’analyse, une opération mentale de jugement (repérage de la valeur de ce qui est évalué, de son degré de convenance par rapport aux attentes et aux critères, etc ...), et enfin l’expression de ce jugement sous forme quantitative ( note chiffrée )ou qualitative, verbale ( mots écrits ou prononcés ) ou non verbale ( gestes, mimiques, ... ). 3 Centre Régional des Métiers de l’Education et de la Formation (CRMEF) Marrakech Cycle qualifiant Prof : L.Belgriri Selon Mialaret « L’évaluation consiste à porter un jugement sur la valeur en fonction de critères précis. Elle peut donner lieu à un résultat numérique ( note) ou qualitatif ( situer le sujet ou le produit dans une classe ). » Parmi l’ensemble des définitions qui ont été données de l’évaluation, celle de Ketele (1989) reste encore aujourd’hui parmi les plus opérationnelles et les plus complètes. « Evaluer signifie : Recueillir un ensemble d’informations suffisamment pertinentes, valides et fiables. et examiner le degré d’adéquation entre cet ensemble d’informations et un ensemble de critères adéquats aux objectifs fixés au départ ou ajustés en cours de route, en vue de prendre une décision. »1 Dans de nombreux esprits, l'évaluation est un acte qui arrive en fin de séances ou de séquences d'apprentissage et dont le rôle est de sanctionner un certain niveau de compétences. L'évaluation serait alors un moyen de vérifier les acquis des élèves après une période plus ou moins longue d'apprentissage. En réalité, cette acception de l'évaluation se révèle réductrice, il s'avère à travers la littérature foisonnante (ALLAL, De KETELE, PERRENOUD, NUNZIATI, BARLOW,DANIAU...) sur ce sujet que l'évaluation revêt différentes formes et assurent différentes fonctions. Evaluer, c’est mettre en relation des éléments issus d’un observable ou référé et un référent pour produire de l’information éclairante sous l’observable, afin de prendre des décisions. (Hadji.ch. 1990 Evaluation les règles du jeu, ESF). Le référent : « ce à quoi se rapporte pour devenir plus intelligible un matériel donné » (Ardoino J etBerger G.) Il comporte l’objectif de l’action (les compétences visées) et les critères sur lesquels on s’appuiera pour évaluer l’observable, c'est-à-dire la production de l’apprenant en fonction de la tâche prescrite. Si on évalue un produit fini, les critères seront des qualités attendues de ce produit, si l’on évalue un processus, les critères, seront des opérations invariantes à réaliser pour fabriquer ce produit et qui mettent en jeu les compétences visées. 1 ? In. L’école et l’évaluation, Des situations pour évaluer les compétences des élèves Xavier Roegiers Ed.DeBoeck Université 2004 4 Centre Régional des Métiers de l’Education et de la Formation (CRMEF) Marrakech Cycle qualifiant Prof : L.Belgriri Le référé : c’est l’observable ( la production/ la démarche) et les indicateurs qui permettront de se prononcer en fonction des critères. Nous nous apercevons qu'évaluer, c'est tout d'abord émettre un jugement en se référant à un ou plusieurs critères, ces critères étant sous la responsabilité de l'enseignant, doivent être connus par l'élève et peuvent être construits avec les élèves. Nous nous inscrivons par conséquent dans les propos de De Ketele qui affirme (in « observer pour éduquer » 1984) que évaluer « c'est confronter un ensemble d'informations à un ensemble de critères en vue de prendre une décision ». La deuxième dimension essentielle qui transparaît de ces définitions est la prise de décision: la sélection de critères qualitatifs ou quantitatifs doit nécessairement s'accompagner d'une décision. En d'autres uploads/Management/ introduc-de-finitions-types-d-x27-e-valuation 1 .pdf
Documents similaires










-
52
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 19, 2021
- Catégorie Management
- Langue French
- Taille du fichier 0.1422MB