Douzième année, Numéro 27, Printemps-Eté 2018, publié en Eté 2018 La compréhens
Douzième année, Numéro 27, Printemps-Eté 2018, publié en Eté 2018 La compréhension écrite: Une compétence par la perception du texte, l’interprétation du texte et les stratégies de lecture BAHRAMBEIGUY Mehri Directrice du département de langue française de SAMT E-mail: m_bahram_beiguy@yahoo.com (Date de réception: 19/01/2018 – date d’approbation: 22/09/2018) Résumé Selon J.-P. Robert, le terme de compréhension dans le domaine de la didactique des langues correspond à «l’opération mentale de décodage d’un message oral par un auditeur (compréhension orale) ou d’un message écrit par un lecteur (compréhension écrite)» (2002: 32). Ce terme défini par J. -P. Cuq signifie «l’aptitude résultant de la mise en œuvre de processus cognitifs, qui permet à l’apprenant d’accéder au sens d’un texte qu’il écoute (compréhension orale) ou lit (compréhension écrite)» (2003: 49-50). Dans beaucoup de langues, on distingue deux moyens différents de communication: la langue écrite et la langue orale ou parlée. De nos jours, l’écrit a gardé sa place et son importance. Cet article cherche à expliquer comment on peut comprendre un texte en langue étrangère et présente des propositions aux enseignants iraniens pour les assister dans leur enseignement. Il explique aussi comment la perception et l’interprétation du texte et les stratégies de lecture influencent la compréhension de l'écrit. Mots-clés: Compréhension Ecrite, Compétence, Perception, Interprétation, Stratégie, Lecture. 8 Plume 27 Introduction La langue est un comportement que l'apprenant doit adopter. Elle se divise en deux parties, orale et écrite. L’écriture selon M. Cohen cité par M. Riegel et al «constitue une étape seconde par rapport à la langue orale. Son apparition a été plus tardive, en Mésopotamie d’abord (écriture sumérienne) vers 3300 avant Jésus-Christ, puis en Égypte vers 3100, av. J. C., et en Chine vers 2500 av.J. C» (2005: 29). Néanmoins, il existe un rapport entre l’oral et l’écrit (qui évoluent avec le temps, bien que l’écrit tende à se fixer). L’expression langue écrite a deux sens différents, c’est- à- dire l’ensemble des formes spécifiques qu’on utilise quand on écrit, et la transcription de la langue orale. La langue écrite selon J. Dubois «peut aussi s’opposer à la langue parlée par le vocabulaire et des structures de phrases beaucoup plus complexes. [...] La langue écrite est beaucoup plus stable que la langue parlée. [...] La langue écrite a souvent un lexique différent de celui de la langue parlée; mais, contrairement à une illusion assez répandue, celui de la seconde est aussi riche que celui de la première» (1973: 173-174). L’oral et l’écrit se distinguent suivant leurs conditions ou leur usage. La communication orale est immédiate et en situation, tandis que la communication écrite est différée et hors situation. Dans un dialogue, les interlocuteurs sont présents et il ne s’écoule pas de temps entre l’émission et la réception, mais dans un récit, nous constatons un délai plus ou moins long, entre l’émission et la réception. L’écrit et l’oral d’après L. Bellenger «diffèrent par leur morphologie, leur grammaire et leurs moyens expressifs. […] d’une façon générale l’oral est moins précis que l’écrit. A l’oral, les répétitions sont plus nombreuses, les périphrases également. Des expressions (il va sans dire que...) et des mots sans suite (il faudrait que...on a...) germent un peu partout. De nombreux mots ‘‘bouche- trou’’ jalonnent les idées (n’est-ce pas, par exemple, comment dirais-je?, euh, comme chacun sait, si vous voulez bien, en quelque sorte…..). Les La compréhension écrite: Une compétence par... 9 onomatopées et les interjections sont plus fréquentes qu’à l’écrit» (1993: 81- 82). En persan, nous avons aussi des expressions comme: Bâyad goft ke (Il faut dire que), et il existe de nombreux mots «bouche trou» comme: In tor nist? (N’est-ce pas?), Be onvâne mesâl (par exemple), et des interjections très fréquentes en persan à l’oral, comme: Khob, Inâ, dige, etc….. En persan écrit, nous avons des mots interrogatifs comme: Âyâ (Est-ce que) mais à l’oral, nous n’avons ni l’inversion du sujet et du verbe, ni de mots interrogatifs, seule l’intonation étant chargée de transmettre la forme interrogative de la phrase: Ex: To miâyi? (Tu viens?) à la place de (viens-tu?) C'est dès les années 1970, selon C. Buridant et J. Ch. Pellat «que l’écrit, articulé avec l’oral, est réintégré dans la didactique du FLE» (1994: 7). Finalement, l’approche communicative de l’enseignement d’une langue étrangère a mis l’accent sur l’aspect pragmatique de la production écrite. L’écrit n’est plus, comme dans les méthodologies traditionnelles, la norme souveraine du langage, ou comme dans les méthodes audio-visuelles, subordonné à l’oral. Écrire devient un acte de communication fonctionnel, un savoir et un savoir-faire spécifique qui permet à l’apprenant de s’exprimer et de communiquer au moyen d’un système de signes spécifiques et graphiques. Comme tout acte langagier, l’acte d’écrire s’inscrit dans une situation de communication particulière, met en œuvre des structures linguistiques, et réalise une intention de communication. La compétence de production écrite demeure une compétence langagière délicate à enseigner et à acquérir. En effet, la communication écrite est soumise à des paramètres précis. En langue étrangère, les théoriciens de l’approche communicative ainsi que les cognitivistes, ont souligné trois aspects significatifs de la manière dont le lecteur construit le sens d’un texte, par la perception du texte, l’interprétation du texte et les stratégies de lecture. 10 Plume 27 1- Comment peut-on comprendre un texte en langue étrangère? C'est la question de notre article et notre hypothèse est que si les apprenants iraniens veulent apprendre la langue française selon les théories de l’approche communicative et des cognitivistes, les enseignants iraniens doivent présenter des propositions pour comprendre un texte en langue étrangère, en fonction de la situation des apprenants et motiver les apprenants. Notre recherche est fondée: - Sur les résultats d'une recherche intitulée «L'enseignement de l'expression écrite chez les apprenants iraniens» - Sur les résultats d'une recherche intitulée « l'Apprentissage du vocabulaire français par les apprenants iraniens de niveau avancé». Par rapport à la compréhension écrite, il faut remarquer que la compréhension du sens d’un texte selon les théoriciens de l’approche communicative et les cognitivistes, a trois aspects qui rendent compte de ce type d’activité langagière: La perception du texte, l’interprétation du texte, et les stratégies de lecture. Dans le cadre du présent article, l'auteur cherche à présenter la manière dont le lecteur construit le sens d'un texte. 2- La perception du texte L’œil est le premier organe en contact avec le texte, et joue un rôle très important. Fabienne Desmons et al pensent que «ce premier contact met en jeu une mémoire sensorielle qui saisit des impressions visuelles sous forme d’images de mots; elle retient ces photos de mots pendant peu de temps, environ un quart de seconde, puis effectue une première sélection des mots (dans le corpus d’informations données). -Cette sélection est acheminée ensuite vers la mémoire à court terme qui leur attribue une signification (elle peut traiter 7 éléments en 20 secondes). -Une fois les significations trouvées, ces éléments d’informations sont enfin transférés régulièrement dans la mémoire à long terme, sinon ils sont La compréhension écrite: Une compétence par... 11 effacés. Ainsi, à la fin du texte, ce sont les éléments sélectionnés qui sont mémorisés et non l’intégralité du texte» (2005: 48). En langue étrangère, la sélection de la mémoire à court terme dépend de chaque lecteur, de ses connaissances, de ses compétences linguistiques, de son intention et des conditions de lecture. «Selon les scientifiques, chez la plupart des individus, les capacités de la mémoire à court terme sont limitées en quantité et dans le temps (7 éléments en moyenne pendant 20 secondes). Donc, si le lecteur débutant ou inexpérimenté passe trop de temps à identifier chaque mot, il s’ensuivra un encombrement de la mémoire à court terme, qui, débordée, ne parviendra pas à traiter toutes ces informations pour les acheminer vers la mémoire à long terme. Ces informations seront alors perdues et effacées, et le texte deviendra incompréhensible» (Ibid.). Que faire pour que la mémoire à court terme ne soit pas bloquée? Il faut que l’apprenant ne s’arrête pas sur chaque mot inconnu ou sur chaque point grammatical incompris. La plupart des apprenants iraniens cherchent la signification de chaque mot et son équivalent dans leur langue maternelle. Il est indispensable de faire pratiquer une lecture globale en continu de la phrase puis du texte. Il faut que l’apprenant lise même un mot inconnu. Au fur et à mesure, il comprendra la signification de chaque mot au fil de la lecture grâce à un autre mot connu ou au contexte. De cette manière, il ne sera pas découragé par la méconnaissance du vocabulaire ou de la syntaxe, mais continuera sa lecture avec motivation. 3- L’interprétation du texte «Il est parfois difficile de comprendre un texte sans notions préalables du domaine traité (opacité des textes scientifiques par exemple), ou encore sans connaitre les circonstances de production du texte» (Op. cit: 49). 12 Plume 27 En plus des compétences linguistiques, les compétences culturelles et référentielles sont aussi importantes dans la compréhension d’un texte, car en langue étrangère, la méconnaissance du contexte culturel, sociologique, politique ou historique d’un texte constitue un handicap qui empêche l’apprenant d’accéder à l’implicite uploads/Management/ l-x27-interpretation-du-texte-et-les-strategies-de-lecture-pdf.pdf
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- Publié le Aoû 21, 2021
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- Langue French
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