La logistique en France État des lieux et pistes de progrès Conférence national

La logistique en France État des lieux et pistes de progrès Conférence nationale sur la logistique Rapport du comité scientifique présidé par Michel Savy Rapport établi avec le concours du ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, du ministère de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, et de la Commission nationale des services. Mars 2015 Avertissement aux lecteurs Ce rapport regroupe, sous une forme synthétique, les travaux conduits de mars à septembre 2014 dans le cadre du comité scientifique de la conférence nationale sur la logistique, ainsi que les échanges et débats qui ont eu lieu en son sein. Il comprend en annexe un rappel des sujets abordés par les intervenants au cours des différentes réunions du comité scientifique, et les monographies élaborées dans le cadre de ces travaux. Ce rapport ne vise pas à dresser un diagnostic exhaustif du système logistique en France ni à proposer directement des pistes d’action. Il se limite à des éléments d’analyse sur plusieurs aspects de ce sujet éminemment vaste, qui ont semblé les plus pertinents pour éclairer l’action publique. Ce rapport se base sur les connaissances, les avis et les contributions des experts sollicités, dont plusieurs interviennent également au sein de la section « Logistique et supply chain » de la Commission nationale des services. Ce document a vocation à initier les travaux de la conférence nationale sur la logistique, qui comprendront plusieurs phases au cours desquelles les orientations et les modalités concrètes de l'action publique à mettre en œuvre se dégageront progressivement. Les éléments de diagnostic et les avis relayés dans le rapport ne valent pas position des services de l’État. Préface La logistique, un enjeu stratégique, un champ d’action public - privé L’utilisation du mot « logistique » est devenue de plus en plus fréquente au fil des ans tandis que sa signification s’élargissait, sortant du domaine militaire pour devenir un mot clef du management des entreprises. La logistique est en effet une des fonctions majeures des systèmes modernes de production et de distribution. 1. Pour une stratégie logistique La loi n° 2013-431 du 28 mai 2013 marque la prise de conscience par le législateur de l’importance de la logistique. Elle fixe l’objectif d’élaborer et mettre en œuvre une action stratégique pour renforcer cette composante primordiale de l’appareil productif : « le Gouvernement prend l'initiative d'organiser une conférence nationale sur la logistique rassemblant tous les acteurs et tous les gestionnaires d'équipements permettant de gérer les flux du secteur ainsi que des experts, afin d'effectuer un diagnostic de l'offre logistique française, de déterminer les besoins pour les années à venir et d'évaluer l'opportunité de mettre en œuvre un schéma directeur national de la logistique. (…) Les régions et les métropoles seraient invitées à définir et à mettre en œuvre sur leur territoire des plans d'action logistiques intégrés au plan d'action national ». Dans cette perspective, un comité scientifique a été mis en place pour faire une synthèse de l’état des connaissances sur la logistique et esquisser des axes d’action, en préparation des étapes suivantes de la conférence nationale. Ce comité a regroupé des praticiens et des chercheurs, experts dans leurs champs respectifs, sans oublier de comparer la situation en France avec celle d’autres pays d’Europe. Le présent rapport est le résultat de ses travaux. 2. Une démarche systémique La feuille de route fixée par la loi est claire. D’emblée, est affichée une vision systémique de la logistique, incluant tous les acteurs qui y interviennent directement ou indirectement. Il est alors logique que plusieurs ministères soient partie prenante à ce projet : le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, notamment en charge des transports, et le ministère de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, ainsi que la Commission nationale des services. Le comité scientifique a souligné que le mot logistique revêt, selon le contexte, des sens différents. La logistique désigne une série d’opérations physiques portant sur des produits agricoles ou industriels et complétant leur fabrication : transport, entreposage, manutention, emballage notamment, qui constituent une part substantielle de la valeur des produits finals. Dans le même temps, on appelle également logistique une branche des sciences de gestion, considérant l’entreprise et les relations entre entreprises comme un système de flux (flux de produits et flux d’informations) qu’il faut gérer comme tel et utiliser comme un moyen d’optimisation d’ensemble des chaînes d’approvisionnement (supply chain management). Enfin, la logistique est une branche économique en cours d’émergence, composée d’entreprises prestataires réunissant des activités jusqu’alors disjointes pour en offrir le service à leurs clients. Ces définitions mènent à l’analyse du système logistique. À côté des acteurs directement impliqués dans les opérations, chargeurs et prestataires, on prendra en compte ceux qui assurent l’exploitation des équipements (bâtiments, sites logistiques) ainsi que les acteurs publics concernés. Ceux-ci sont notamment en charge des infrastructures de transport et de la réglementation technique et sociale mais aussi, à diverses échelles spatiales et institutionnelles, de l’aménagement du territoire dans lequel les activités logistiques doivent s’insérer. 3. Un diagnostic positif mais nuancé L’importance de la logistique pour le développement tient non seulement à son coût direct (quelque 10 % du PIB dans les pays développés, parfois le double dans des pays moins avancés) mais également à la souplesse qu’elle apporte, ou au contraire aux freins qu’elle met, au fonctionnement d’ensemble des circuits économiques. Ces enjeux sont tels que la Banque mondiale y consacre une enquête internationale périodique. L’« indice de performance logistique » qu’elle calcule prend en compte l’efficacité des procédures douanières, la qualité des infrastructures de transport, la concurrence sur le marché du fret, la qualité des services logistiques, la faculté de suivre les envois en temps de réel et enfin la ponctualité des livraisons à destination. On observe que les acteurs publics comme les acteurs privés sont intégrés à ce calcul. Sans donner à un tel indicateur composite une exactitude illusoire, on constate que la France fait partie des pays les plus avancés en matière logistique, mais ses voisins (l’Allemagne, les Pays Bas, la Belgique et le Royaume Uni) sont précisément, devant elle, les quatre premiers mondiaux dans ce classement. La concurrence est donc très rude, tant pour ce qui concerne le marché des prestations que l’attraction des investissements logistiques internationaux. La France est reconnue pour la qualité de sa main d’œuvre, de ses infrastructures, pour la disponibilité de ses terrains. Les grands opérateurs internationaux y sont présents, tandis que les grands opérateurs français se projettent en Europe et dans le monde. Mais aucune position n’est acquise et le Royaume Uni ou l’Allemagne ont renforcé la part des investissements qui se sont portés sur leur territoire. La désindustrialisation, l’efficacité insuffisante des ports maritimes malgré de notoires progrès récents, les rigidités administratives, la précarité des relations de sous-traitance dans la chaîne logistique sont notamment évoqués pour expliquer le recul relatif de notre pays. Dans ses propres réflexions, le comité a abordé la logistique dans sa grande diversité. L’analyse de filières structurantes, en examinant les principaux maillons logistiques et leur inscription sur le territoire, a fondé une typologie en termes de familles logistiques. Ces dernières résultent du jeu de la demande et de l’offre de prestation logistique et se fixent par rapport à la nature du produit traité, de la concentration spatiale de sa fabrication, de sa clientèle plus ou moins diversifiée, des économies d’échelle marquant tel et tel élément du dispositif, du degré de « juste à temps » président à la gestion de la chaîne d’approvisionnement et du niveau des stocks à l’amont et à l’aval, etc. Il faut donc sortir d’une vision uniforme et indistincte de la logistique, car chaque « monde professionnel » ainsi identifié présente ses propres forces et faiblesses, autant d’opportunités et de menaces pour le système logistique français. En outre, le prisme territorial décompose les phénomènes à l’œuvre, en dévoile les nuances en fonction du contexte géographique impliqué. La logistique n’est pas répartie sur le territoire français ni européen de manière homogène ou aléatoire. Son implantation obéit à des logiques économiques et techniques et aboutit à une polarisation des installations à la périphérie des grandes agglomérations, reliées par de grands corridors. On en déduit la nécessité d’une action différenciée de la part des autorités territoriales pour accueillir et promouvoir la logistique, que celle-ci traite des activités locales de manière endogène ou vise à capter des flux exogènes dans un cadre concurrentiel. Quant à la situation d’ensemble de la branche logistique, on constate, d’une part, la croissance de quelques grands commissionnaires basés en France qui élargissent leur gamme de services et se déploient à l’échelle internationale ; d’autre part, la perte du marché international par les petites entreprises de transport routier de marchandises sous pavillon français. Elles ne peuvent soutenir la concurrence d’entreprises issues de pays de l’Union où le niveau de salaires et de charges sociales et fiscales est inférieur à la moyenne communautaire. Il en résulte que les métiers du transport sont « tirés vers le bas », peu attractifs dans de nombreux pays européens malgré un haut niveau de chômage. Un scénario inquiétant uploads/Management/ la-logistique-en-france.pdf

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  • Publié le Jui 22, 2021
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