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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/4874933 Le target costing:un état de l'art Article · May 2001 Source: RePEc CITATIONS 18 READS 893 1 author: François Meyssonnier University of Nantes 55 PUBLICATIONS 301 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by François Meyssonnier on 08 September 2015. The user has requested enhancement of the downloaded file. Finance Contrôle Stratégie – Volume 4, N° 4, décembre 2001, p. 113 - 138. Le target costing : un état de l’art François MEYSSONNIER Université de Metz Classification JEL : M490 Correspondance : IAE/ESM de Metz 3 Place Edouard Branly 57 070 Metz Tél. : 03.87.56.37.86 Fax : 03.87.56.37.79 Email : meyssonnier@esm.univ-metz.fr Résumé : Une revue de la littéra- ture est consacrée au target cos- ting. Nous examinons d’abord la nature exacte du target costing en tant que pratique de gestion, puis les différentes dimensions et m o- dalités de mise en œ uvre de cet ou- til de gestion, enfin ses perspecti- ves de développement. Mots clés : coût cible – conception à coût objectif – concourance – analyse de la valeur – kaizen cos- ting. Abstract : A state of the art is made about target costing. We deal in a first part with the nature of target costing as a management tool, then with its different aspects and implementation modes and in a last part with its development prospects. Key words : target costing – de- sign to cost – concurrent engineer- ing – value analysis – kaizen cost- ing. 114 Le target costing : un état de l’art Le target costing (ou coût cible) est une pratique maintenant cou- rante dans un nombre non négligeable d’entreprises mais dont la visibili- té est curieusement faible. Les articles de recherche qui lui sont consa- crés sont relativement peu nombreux. La présentation du target costing n’occupe, en France, qu’une place très réduite dans la plupart des ma- nuels et ouvrages de référence. Exemple révélateur, la récente « Encyclopédie de Comptabilité, Contrôle de Gestion et Audit » [B. Colasse (éd.) 2000] ne comporte aucun article spécifique à son sujet et ne l’évoque que de façon très marginale aux détours de commentai- res sur les coûts. Son importance semble également controversée dans la vie des affaires. Ainsi Nissan, qui joua un rôle considérable dans l’émergence de cette technique, est l’objet de critiques pour sa démar- che passée de target costing trop marquée par une « vision d’ingénieur » dans la conception des nouveaux produits. La recherche systématique, voire excessive, du juste prix aurait tiré les produits vers une banalité préjudiciable à leur succès commercial. Ceci serait un des facteurs qui l’aurait amené à la quasi-faillite avant sa prise de contrôle par Renault. Alors que faut-il penser de cette démarche ? Il est probablement temps aujourd’hui, avec le recul que nous avons, de faire le point sur le target costing aussi bien sous son angle de prati- que sociale que dans ses fondements en tant qu’outil de gestion, afin d’évaluer son avenir prévisible. Pour cela, nous allons procéder à une revue de la littérature qui lui est consacrée. Nous examinerons d’abord comment le target costing s’est généralisé (1.1.), les diverses concep- tions qui s’opposent à son sujet (1.2.), puis sa nature et son contenu (1.3.). Nous étudierons ensuite les analyses relatives à cette méthode de gestion portant plus particulièrement sur les acteurs de sa mise en œu- vre (2.1.), sa logique fondatrice (2.2.), ses rapports avec les référentiels traditionnels du contrôle de gestion (2.3.), ses objets d’application et sa temporalité (2.4.). Nous nous interrogerons enfin sur sa contingence (3.1.) et ses limites (3.2.). François Meyssonnier 115 1. Description d’une pratique 1.1. La lente diffusion du target costing Le coût cible, dénommé genka kikaku, littéralement coût planifié ou projeté, a été inventé en 1965 chez Toyota [T. Tanaka 1993] et se développa au début des années 70 au Japon. Sa généralisation fut pro- gressive et assez inégale, variant fortement selon les branches. Une en- quête fut menée à ce sujet en 1991-1992 au Japon. Citée par Y. Kato et al. [1995], elle montrait qu’en une vingtaine d’années le target costing était devenu la norme au Japon dans quasiment toutes les entreprises automobiles. Près de 80 % des entreprises des secteurs des biens d’équipement, de la construction électrique et de l’électronique l’utilisaient également. Par contre, la proportion n’était que de 30 % dans la chimie et la pharmacie et encore plus faible dans l’agro- alimentaire, le textile et le papier ; et dans certains secteurs le target costing n’était pas du tout pratiqué. Il s’agit de la principale source sur les pratiques industrielles dont il soit fait mention dans la littérature. Mais il faut bien reconnaître que le target costing se prête très mal à une évaluation statistique d’ensemble et que les articles qui lui sont consacrés sont le plus souvent basés sur un nombre limité d’études de cas approfondies. On sait ainsi relative- ment bien ce que telle ou telle entreprise fait en matière de target cos- ting mais on connaît peu les pratiques moyennes réelles. Les articles et publications consacrées au target costing se développèrent lentement dans les années 80 au Japon mais étaient très peu connus en dehors du pays (pour une bibliographie assez riche sur les articles et ouvrages ja- ponais relatifs au target costing, on peut se référer à S. Ansari, J. Bell [1996]). La popularisation dans le monde anglo-saxon des conceptions japo- naises en matière de coûts date de 1989. À cette date, sortirent l’étude comparative portant sur des entreprises japonaises et européennes de T. Yoshikawa et al. [1989b], les diverses contributions de l’ouvrage col- lectif publié sous la direction de Y. Monden et M. Sakurai : « Japanese Management Accounting » [1989] et un article majeur de M. Sakurai 116 Le target costing : un état de l’art [1989]. Dans les années suivantes, M. Imai [1990], T. Hiromoto [1991] et T. Tanaka [1993] approfondissaient la présentation et l’analyse du target costing dans la littérature. On doit souligner que dans un premier temps les contributions aca- démiques étaient quasiment toutes basées sur des analyses d’expériences de terrain japonaises et relatées par des auteurs japonais eux aussi, à l’exception notable de R. Cooper qui commença dès 1989 une série d’études (le projet Japon) qui devait lui permettre de réunir en six ans 25 études de cas sur les pratiques des entreprises japonaises en matière de contrôle de gestion. Les milieux américains du contrôle de gestion académiques et d’entreprises furent assez réticents vis-à-vis de cette nouvelle approche. Ils avaient une culture comptable marquée par la prégnance de la renta- bilité financière, du court terme et de la création de valeur pour l’actionnaire. À l’inverse le target costing était centré sur les indica- teurs physiques, les processus productifs, la durée de vie des produits et la création de valeur pour le client. Il n’est donc pas surprenant que cette méthode ait eu du mal à s’imposer (voir sur la succession des pa- radigmes de référence : H. Bouquin [2000] ). L’Europe était probablement plus ouverte et prête à recevoir les ap- ports japonais en raison de la moindre domination du modèle financier classique et des brassages culturels entre ingénieurs et managers dans les milieux du contrôle de gestion (en France et en Allemagne par exemple comme le souligne P. Lorino [1994]). Le CAM-I mit en place un groupe de travail européen sur la méthode des coûts cibles et char- gea, en 1993, le professeur P. Horvath [1993] de faire une recherche bibliographique systématique du domaine (en japonais, anglais, allemand et français). En France, le target costing émergea vraiment dans la lit- térature entre 1993 et 1995, à partir des articles de J.N. Deglaire, L. Dumarest [1993], P. Lorino [1994] et P. Horvath [1995]. Le target costing était l’objet dans la deuxième moitié des années 90 de deux ouvrages synthétiques qui consacraient définitivement son admission parmi les outils de référence du contrôle de gestion : « Target Costing : the Next Frontier in Strategic Cost Manage- ment » rendait compte des expériences et des réflexions des membres du groupe de travail du CAM-I consacré à cette question [S. Ansari, François Meyssonnier 117 J. Bell 1996] et « Target Costing and Value Engineering » [R. Cooper, R. Slagmuder 1997] permettait de faire le point à partir des sept études de cas japonaises portant plus particulièrement sur le target costing recueillies (pour les premières d’entre elles à la Harvard Busi- ness School) par R. Cooper. Mais, en dehors des facteurs liés aux traditions du contrôle de ges- tion en Occident, déjà à l’époque certains remarquaient [J.N. Deglaire, L. Dumarest 1993] que d’autres raisons pouvaient expliquer que cette méthode ait du mal à s’imposer : elle agrégeait des outils déjà connus (comme l’analyse de la valeur) ce qui cachait sa nouveauté, elle d é- concertait par son apparente simplicité (qui ne mettait pas en valeur sa réelle efficacité) et elle était présentée de façons parfois d ivergentes par les Japonais eux-mêmes. 1.2. uploads/Management/ le-target-costingun-etat-de-lart 1 .pdf
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- Publié le Dec 03, 2021
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