Royaume du Maroc Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Eau et de l’Env
Royaume du Maroc Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Eau et de l’Environnement Direction de la Surveillance et de la Prévention des Risques Projet SMAP III "Sensibilisation et création d’un cadre politique favorisant l’intégration de l’environnement et du développement avec l’accent sur la gestion intégrée des zones côtières" THEME: POLLUTION COTIERE ET DEVELOPPEMENT DURABLE Préparé par: Mohamed MENIOUI Institut Scientifique, Rabat Mars 2007 1 1. Principaux messages Le littoral marocain: un riche capital menacé par le développement Le Maroc a le privilège de disposer de deux façades maritimes longues de 3.500 km dont plus de 500 sur la Méditerranée et un peu de moins de 3.000 sur l’Atlantique. A la variété des conditions géologiques correspond un patrimoine écologique extrêmement riche notamment propre aux zones humides, très nombreuses au Maroc. Ces richesses, associées à l’espace stratégique que représente le littoral, ont fait de ce dernier un espace majeur de développement du pays en termes d’urbanisation, de zones industrielles, d’équipements touristiques, etc. Mais la génération de cette richesse économique ne va pas sans coûts liés à la dégradation du capital naturel, notamment par: la "durcification" et la "bétonisation" du front de mer; l’urbanisation due à la démographie; les aménagements touristiques; l’érosion des plages due à l’extraction de sable; la surexploitation des stocks par la pêche; ou encore l’effet conjugué des différentes formes de pollutions, qu’elles soient agricoles, industrielles ou domestiques. La dégradation, sans cesse croissante, des conditions environnementales du littoral se fait durement sentir, non seulement au niveau des équilibres écologiques mais, également et surtout, au niveau socio-économique, particulièrement sur la qualité de vie des populations locales. Un espace faiblement protégé La protection du littoral au Maroc est régie par une pluralité de textes fragmentaires, souvent très anciens, non dissuasifs, appliqués de manière non coordonnée par les institutions en charge. L’étude sur les coûts de la dégradation environnementale a notamment identifié les manques en matière de développement de plans d’occupation des sols pour la préservation des écosystèmes côtiers dont les zones humides. Malgré des attributions renforcées dans le domaine de la protection environnementale, les collectivités locales semblent donner davantage la priorité aux aménagements à retombée économique immédiate et ne se préoccupent qu’insuffisamment de la gestion environnementale souvent considérée comme entravant, ou du moins ralentissant, leur propre développement. Nécessité d’une gestion plus cohérente Comme il a été cité par la Cellule du Littoral du Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Eau et de l’Environnement (MATEE), "le littoral marocain est un patrimoine national en péril". Pour prendre soin de sa gestion, on ne compte pas moins de 8 ministères, 3 départements ou directions ministérielles, et une multitude de collectivités locales au niveau des Régions, des Provinces et des Communes riveraines de l’Atlantique, de la Méditerranée ou du Détroit de Gibraltar. Il en découle une gestion "polycéphalique" liée à l’insuffisance de coordination et à la multiplication des relais retardant, dans la majorité des cas, les prises de décisions. Dans ces conditions, il devient de plus en plus difficile de répondre efficacement et en temps opportun et réel, aux questions qui se posent et les solutions qui s’imposent dans un monde où les changements vont s’accélérant. L’interdépendance des composantes de l’écosystème côtier et 2 la complexité des problèmes d’ordre économique, sociaux et environnementaux qui se posent, nécessitent une approche globale basée sur des systèmes de gouvernance innovants, utilisant des connaissances utiles à la prise de décision. Tel est l’objet de la Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC), définie comme un "processus continu, proactif et adaptable, exigeant une approche pluridisciplinaire, la solution des problèmes, la participation des acteurs concernés, l’intégration des secteurs, institutions et niveaux d’administration". La mise en œuvre d’une gestion intégrée des zones côtières inclue l’identification des problèmes et de leurs impacts, et la production de la connaissance nécessaire et utile à la prise de décision pour le développement durable du littoral. Il ne s’agit pas de changer les politiques et les systèmes existants, mais de les adapter les uns par rapport aux autres pour une meilleure coordination au bénéfice de la conservation des ressources et du développement des populations locales. Principes directeurs et axes d’intervention La stratégie d’intervention proposée devrait se fonder sur les principes fondamentaux du développement durable et plus particulièrement: l’anticipation, l’évaluation stratégique, la participation, le partenariat, l’intervention préventive/curative et la conservation. Dès à présent, pour accompagner la mise en place de cette nouvelle stratégie de développement durable du littoral, il est proposé d’intervenir sur les trois axes suivants: 1. l’inventaire et l’adaptation progressive de l’arsenal législatif et des mécanismes institutionnels relatifs à la mise en valeur et la protection du littoral; 2. la production et la communication des connaissances utiles à la gestion à deux niveaux: vers les décideurs nationaux et locaux, mais aussi vers les acteurs économiques et le grand public; et 3. la mise en place de mesures d’urgence pour lutter contre la pollution dans principaux points noirs du littoral et leurs impacts. 3 2. Contexte et importance du problème 2.1 De multiples sources de pollution Les sources de pollutions marines et côtières sont multiples et sont la conséquence du développement incontrôlé dans de nombreux secteurs d’activité. Les plus importantes sont par ordre d’importance: Source n° 1: Urbanisation – littoralisation C’est une conséquence directe d’une démographie galopante que connaît le pays. En effet, le Maroc qui comptait près de 9 millions d’habitants en 1950, en abrite aujourd’hui près de 30 millions. Pendant ce temps, la pression sur le littoral n’a cessé d’augmenter: côté Atlantique, une littoralisation passant d’un peu moins de 20% en 1936 à 54% de la population totale en 2000 (62% entre les seules villes de Rabat et Casablanca) et, dans une moindre mesure, côté Méditerranée. L’augmentation de cette population et la littoralisation ne vont pas sans une urbanisation galopante des zones côtières, avec un étirement des agglomérations le long de la côte, la prolifération des quartiers d’habitat clandestin (30% de l’espace urbain) et des résidences secondaires non déclarées. Cette littoralisation et bétonisation, croissantes et peu ou mal planifiées, ne cessent d’accroître la pression sur les milieux naturels. Le rejet direct des eaux usées est devenu un des facteurs majeurs de dégradation des milieux; en effet, Système de traitement des eaux usées par lagunage installé à Nador (Rapport COED, 2006) 4 selon les données du MATEE, seulement 5% des eaux usées sont traités dans la totalité du pays. La carte ci-dessus, illustrant la densité communale de la population marocaine, corrobore clairement cette tendance de "littoralisation" de la population marocaine. Source n° 2: Industrialisation La côte joue le rôle de pôle nerveux de l'économie nationale du fait de la concentration industrielle (80% des effectifs permanents des industries), touristique (50% de la capacité d'accueil) et commerciale (92% du commerce extérieur). Le littoral atlantique centralise, plus que celui méditerranéen, les principales activités industrielles du pays (77%), en particulier dans les grandes villes avec près de 80% des investissements industriels du Maroc; l'axe littoral Safi – Kénitra en est l'espace structurant majeur. Sur la Méditerranée, les villes de Tanger, Tétouan et Nador représentent les deux principaux pôles industriels, avec comme activités principales, la sidérurgie, le textile, la confection (tableau ci-contre). Le redéploiement profite à la ville de Tanger qui occupe une position devenue primordiale. Tous ces grands ensembles urbano-industriels rejettent également directement dans le milieu marin, qu’il s’agisse de métaux lourds (textile, tanneries, pétrochimie), des hydrocarbures (raffinage et stockage du pétrole), du phosphore (Safi et Jorf Lasfar), ou encore de quantités d’autres polluants provenant d’industries situées plus en amont (sucreries, huileries, agro-alimentaire). Source n° 3: Tourisme L'urbanisation touristique planifiée est en pleine expansion dans de nombreuses régions de la côte marocaine, en particulier dans les régions de Tétouan, Al Hoceima, Rabat– Casablanca, Agadir, Tanger, etc. et, plus récemment, Essaidia, Ifni, etc., réduisant le nombre d'espaces maritimes vierges qui risquent eux-mêmes de ne pas le rester longtemps. Dans bon nombre de ces régions, l'occupation revêt des formes illicites à cause d'un déséquilibre flagrant entre la "faible" offre et l"excès" de la demande d'espaces côtiers. Le développement du tourisme balnéaire a engendré également celui des ports de plaisance qui sont actuellement en pleine expansion. Plus de 35 sites (8 méditerranéens et 27 atlantiques) Industrialisation des zones côtières (Sebou) Ville Unités industrielles Type d'industrie IAA ITC IMME ICP Total Tanger 49 188 41 62 340 Tétouan 56 21 21 60 158 Nador 55 3 24 42 124 Al Hoceima 21 0 0 10 31 Types d’industries mises en place sur le littoral méditerranéen du Maroc (MedPol, 2001): IAA (Agroalimentaire) TC (Textile et Cuire) IMME (Mécanique et Métallurgique) ICP (Chimique et Parachimique) Impact du tourisme de masse (Rabat) 5 Pâturage dans un milieu rural sont proposés pour la mise en place de telles infrastructures. On assiste ainsi à une "durcification" progressive du littoral par la construction de complexes hôteliers ou de rangées de résidences secondaires et la multiplication des équipements et des infrastructures d’accompagnement comme les routes panoramiques et les ports de plaisance. Outre l’énorme problème des rejets domestiques incontrôlés, ces équipements touristiques réduisent les possibilités uploads/Management/ maroc-background-pdf.pdf
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- Publié le Fev 22, 2021
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