1 M. SEBOUSSI Ling. Contrastive 3° PEM ENS de Sétif, 2019/2020 Première partie

1 M. SEBOUSSI Ling. Contrastive 3° PEM ENS de Sétif, 2019/2020 Première partie : Linguistique contrastive Cours N° 03 : L’analyse des erreurs Séance 03 : Les interférences Séquence 01 : Définition et caractéristiques de l’interférence 1- Les différents cas d’erreurs a- L’élève connait la règle au sens linguistique du terme et il l’applique mal ; b- Il ne la connait pas et il ne peut pas l’appliquer : méconnaissance de la règle  erreur de compétence (l’enseignant doit la corriger) ; c- Il connait la règle mais il ne l’applique pas : erreur par la non-application de la règle (erreur de pertinence) ; d- On ne sait pas s’il la connait ou non : erreur par non-application (erreur de stratégie de communication). 2- Caractéristiques de l’interférence - Weinreich précise que « Dès que deux langues sont en contact, il se produit entre elles des interactions qui peuvent être désignées soit par le terme d’interférence, soit par celui de l’emprunt ». - L’interférence se fait par la langue la plus maitrisée vers la langue la moins maitrisée. - La linguistique contrastive a pour objectif de prédire ces interférences par la comparaison de deux systèmes linguistiques en présence. - L’interférence interlinguale est celle qui se réalise entre les langues. Elle est du domaine de la linguistique contrastive. L’interférence intralinguale est les erreurs qui se réalisent dans une langue. Elle est du domaine de la grammaire. - Lorsqu’on cherche les interférences dans un corpus, il faut d’abord découvrir la source d’où elle provient : est-ce qu’elle est d’origine culturelle, sémantique, lexicale, grammaticale, phonologique ou graphique. Après, on détermine le type de substitution qui a été effectué. - Heinrich a déterminé trois possibilités de contact de langue. Si l’on considère deux langues A et B, les possibilités de contact peuvent être :  La langue A est abandonnée au profil de la langue B, il y a ce qu’on appelle substitution de la langue B sur la langue A.  L’usage alterné des deux langues A et B, il y a alors communication.  L’amalgame entre la langue A et la langue B. Dans ces différentes situations, le passage d’une langue à une autre se fait rarement sans interférences. Apprendre une langue seconde ou étrangère, c’est avant tout, se conformer à de nouvelles règles phonologiques, syntaxiques, lexicales, morphologiques, énonciatives. C’est à ce niveau là, c’est-à-dire au cours de l’acquisition de la langue étrangère, que le locuteur aura tendance à utiliser des unités de sa langue maternelle quand il parlera dans la langue étrangère, il aura également tendance à transposer les règles de sa langue maternelle dans la langue étrangère. En conclusion, on remarque que toutes les interférences sont en fait le résultat d’un manque de différenciation de deux systèmes linguistiques. Séquence 02 : Les types d’interférences 1- L’interférence phonique : a- Définition : C’est l’interférence qui se fait au niveau du système phonique des deux langues lorsqu’on apprend une langue seconde et qu’on est confronté à des sons nouveaux, on aura tendance à reproduire le son inconnu par le son le plus proche de celui-ci de sa langue maternelle. La difficulté réside dans le fait que le locuteur qui est face à ces phonèmes inconnus ne les entend pas. Ce défaut d’audition va faire que le locuteur entendra le phonème le plus proche de celui qui ne comprend pas. Exemple : Lorsqu’on prononce devant un arabophone le P et V, il entendra B et F. 2 L’interférence phonique est liée à la mauvaise articulation des phonèmes à cause de la non-maitrise d’une langue étrangère. b- Les phonèmes différents : Les phonèmes qui existent dans le système phonétique du français et qui n’existent pas dans les deux systèmes phonétiques arabe et amazigh sont : [P] ---> [B], [V] ---> [F], [ŋ] ---> [n], [ɑ] ---> [a], [] ---> [e] et [ɛ] ---> [i]. [ȃ] ---> [ɑn], [ȏ] ---> [on], [ɛ] ---> [a], [œ] ---> [an], [ɥ] ---> [w]. c- Conseils à suivre pour l’enseignement de la phonétique du français aux enfants arabophones et amazighophones : Apprendre la phonétique d’une langue étrangère, c’est avant tout, insister sur les sons qui n’existent pas dans la langue maternelle. Pour ce faire, il faut aller du simple vers le complexe et de connu vers l’inconnu. La progression consiste à suivre les phases suivantes : 1- La phase d’écoute par le biais d’enregistrement ou par la prononciation parfaite de l’enseignant :  Enregistrer d’abord le son nouveau pour amener l’apprenant à l’entendre.  Faire écouter deux sons voisins alternativement ([P] et [B] par exemple), et plusieurs fois et dire aux apprenants de bien écouter attentivement.  Faire prononcer les deux phonèmes. 2- La phase de description articulatoire :  Mettre en évidence les organes lors de la prononciation de ce phonème ;  Insister sur sa spécificité par rapport à un autre phonème voisin ([P] est sourd, [B] est sonore) ;  Faire prononcer l’enfant devant un miroir ou dessiner au tableau le schéma phonatoire pour mettre l’accent sur le point d’articulation au fur et à mesure de sa prononciation de ce phonème.  Faire intervenir des oppositions dans des paires minimales (le ([Pa] et le [Ba]).  Prononcer devant lui des phrases contenant ce phonème et chaque fois qu’il entend le son choisi, il lève la main. 3- La phase de répétition ou de systématisation : Il serait idéal de demander à l’apprenant de reproduire le phonème étudié dans une série d’exercices que l’enseignant propose comme activités de remédiation. 4- La phase de production : Demander à l’apprenant de produire des mots contenant ce phonème en leur proposant un petit dialogue, des petites chansons ou des charades. 2- Les interférences lexicales La signification et l’organisation des mots sont différentes d’une langue à une autre. Il n’existe pas de correspondance parfaite terme à terme d’une langue à une autre les langues ne sont pas isomorphes). Exemples : 1- Petit et grand : ils ont la même signification en arabe et en français quand il s’agit de taille, mais quand il s’agit de l’âge, en français, on dit jeune et vieux et en arabe, ils restent comme ils sont. 2- Je coupe la route (interférence lexicale de l’arabe يقطع) Je traverse la route. L’interférence lexicale se produit lorsque le lexique de la langue cible n’est pas maitrisé. Il se produira alors des ambiguïtés avec le lexique de la langue source. Le mot existe dans la langue cible mais son emploi est faux. Exemples : 1- L’inégalité résigne… au lieu de dire : L’inégalité réside … L’apprenant connait le terme « résigner » mais il ne connait pas son emploi. 2- Son but, c’est de fondre un foyer … au lieu de : Son but, c’est de fonder un foyer. 3- Plusieurs dans notre société fondent un foyer dès leur jeunage. Jeunage ---> jeune âge 4- Une étude profonde ---> approfondie. 3 5- Des tâches accomplîtes ---> accomplies. 6- Je suis avec elle ---> Je suis pour elle. 7- Travailler pour le mieux de l’humanité ---> Travailler pour le bien de l’humanité. 8- Des différences résidant au niveau des villes ---> Des différences résultant au niveau des villes. 9- Or voir ---> au revoir. 10- L’homme est né avec certains caractères qui le differt de la femme ---> L’homme est né avec certains caractères qui le différencie de la femme. 11- Les vieux et les jeunes débordent sans cesse ce problème ---> Les vieux et les jeunes abordent sans cesse ce problème. 12- La femme ne pourra jamais égaliser l’homme ---> La femme ne pourra jamais égaler l’homme. 13- Peut-on accepter ces dites (propos ou dires). 14- Les adolescents aujourd’hui sont difficiles à éduquer (à élever, à suivre). 15- La plupart des jeunes boivent de la drogue (consomment). 16- La T.V. marche à l’aide de l’électricité (fonctionne). 17- L’Amérique a frappé l’Irak (a bombardé, a attaqué). 18- J’ai fait illusion (allusion). 19- La femme est coupable (capable). 20- Le chien m’a mangé la jambe ---> Le chien m’a mordu à la jambe. 21- J’étais d’une étonnance … ---> J’étais d’un étonnement. Le terme (étonnance) n’existe pas en français, ce n’est pas donc une interférence. 3- Les interférences phrastiques : L’interférence phrastique est un type d’écart motivé par l’influence d’une langue ou plusieurs langues apprises ultérieurement et mieux maitrisées que la langue étrangère. Elle porte sur la signification globale et jamais sur les détails, c’est-à-dire, sur le plan morphosyntaxique, lexical et phonologique. Exemples : 1- Cette chose n’est pas écrite pour moi. 2- Je jure sur la tète de ma mère. 3- C’est un garçon de famille. 4- Il est tombé de mon cœur ---> Je ne l’aime plus. 5- J’ai demandé à ma mère d’aller acheter la fille qui est entrée dans mon cœur. J’ai demandé à ma mère d’aller demander la main de la fille que j’aime. 6- Malgré son refus, ma mère a piétiné sur son cœur et alla à la maison des parents de la jeune fille. ---> Malgré sa désapprobation, ma mère a mis sa fierté de uploads/Management/ seance-les-interferences 1 .pdf

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  • Publié le Oct 30, 2022
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