Il est maintenant unanimement reconnu que les écosystèmes naturels, terrestres

Il est maintenant unanimement reconnu que les écosystèmes naturels, terrestres ou marins, fournissent des services qui sont à la base même du développement durable. Il ne suffit pas de l’affirmer, il faut pouvoir le démontrer, surtout à l’intention des décideurs économiques. Une meilleure maîtrise de la valeur des services apportés par les écosystèmes est en effet essentielle pour la formulation de politiques économiques à long terme. Dans ce numéro 13 de Songadina, nous nous intéresserons à l’importance des aires protégées dans l’approvision- nement en eau potable ou l’écotourisme, sans oublier leurs potentialités en matière de bioprospection. Les bénéfices apportés par les écosystèmes naturels pour l’ensemble de l’économie et sur le long terme sont sans commune mesure avec les maigres profits que les exploitants de pierres précieuses peuvent tirer de gisements appelés à s’épuiser rapidement. C’est donc un véritable crève-cœur que d’assister à la destruction de la forêt de Didy suite à une nouvelle ruée vers le saphir, prélude à la dispa- rition d’une partie de ce qui constitue le poumon vert de notre pays. Il ne faut pas nous désespérer pour autant : les exemples ne manquent pas, de programmes menés avec les com- munautés, contribuent à la préservation de notre biodiversité et apportent des bénéfices palpables pour celles-ci. Comme à l’accoutumée, nous partirons à la découverte de ces projets et les espèces rares et menacées retrouveront aussi leurs chroniques habituelles ! Songadina N° 13 - AVRIL-JUIN 2012 Bulletin trimestriel Editorial Léon Rajaobelina Vice-Président Régional Conservation International Madagascar Un nouveau volet dans la gestion des ressources naturelles, un nouvel objectif pour le bien-être humain ! COFAV : SANTÉ-POPULATION-ENVIRONNEMENT Atteindre les 74.043 habitants des quatre communes du District d’Ikongo et améliorer les services de Planification Familiale, Eau-Hygiène et Assainissement pour avoir un environnement sain. Tel est l’objectif du projet Tokantrano Salama dans le Corridor Forestier Ambositra-Vondrozo. Les liens « Santé-Environnement » sont une composante essentielle pour assurer une bonne gestion du Corridor Ambositra-Vondrozo. Il était indispensable de renforcer la capacité de connaissances des VOI (communautés de base officiellement reconnues par l’Etat pour les Transferts de Gestion des ressources naturelles) sur les liens entre « Santé-Environnement » dans ces quatre communes, Ambatomadinika, Antodinga, Ankarimbelo et Kalafotsy. Profiter de l’abondance des ressources en eau Les habitants de ces communes vivent une situation paradoxale : les ressources en eau sont abondantes, mais l’accès à l’eau potable et à l’hy- giène est limité. « Tokantrano Salama » appuie les ménages en matière d’hygiène au quotidien avec en finalité, l’accès à l’eau potable. Ainsi, Kalafotsy, la commune située à l’extrême Sud du district, peut aujourd’hui se réjouir de ses acquis : trois points d’eau en système de forages de type « Rota Slugde » sont installés dans les villages d’ Ambahaka et Voena. Les communautés œuvrent pour leur propre bien-être Pour la mise en place de ces infrastructures communautaires, des réparateurs villageois ont été identifiés et formés pour la pérennisation de ces réalisations. Des agents communautaires, des comités de gestion de l’eau sensibilisent la population sur l’importance de la préservation du corridor et des services environnementaux qu’il procure. Et l’eau n’est pas la moindre des richesses pour le bien-être de la population. Pour l’accès à l’eau potable ! TOKANTRANO SALAMA Un poisson unique, le Songatagna Des espoirs pour son repeuplement Les espèces et les écosystèmes naturels Unique dans le monde, cette espèce de poisson ne se rencontre que dans les rapides de la rivière de Nosivolo. Songatagna intéresse fortement les scientifiques, surtout dans l’étude de l’évolution des poissons, de par sa forme allongée très archaïque et de par sa rareté actuelle. Appelé scientifique- ment Oxylapia polli, il appartient à la même famille que les tilapias, celle des Cichlidés. Songatagna et 18 autres espèces endémiques vivent dans la rivière de Nosivolo. Il est difficile à l’attraper en raison de sa couleur métallique vert émeraude qui se confond avec la couleur de l’eau et de son extrême agilité à se faufiler entre les rochers. Mais, malgré cela, il est surexploité et son habitat est fortement dégradé par la déforestation. Aussi, l’espèce est actuel- lement classée « critiquement en danger ». A la suite de différentes mesures prises par la population de Marolambo, comme la réglemen- tation des tailles des mailles de filet, le respect des calendriers de pêche, la gestion de la forêt… l’espoir de revoir ce poisson en quantité et avec sa taille d’antan, renaît petit à petit. 1 COFAV : Santé-Population- Environnement « Tokantrano Salama », pour l’accès à l’eau potable ! par N’Aina Zo Z. Randriamizaka 2 Les espèces et les écosystèmes naturels : piliers du dévelop- pement durable pour Madagascar par Harison Randrianasolo, Josette Rahantamalala, Nirhy Rabibisoa et Luciano Andriamaro 3 Un poisson unique, le Songatagna : des espoirs pour son repeuplement par Luciano Andriamaro Anivona : le majestueux palmier du sud par Jeannie Raharimampionona 4 Impacts du changement climatique : bientôt un guide sur les bonnes pratiques par Michèle Andrianarisata Ambodivahibe : extension de l’approche réserve marine dans le village d’Ambavarano par Yacinthe Razafimandimby Périple du coordinateur de l’ASG/CI : pour mieux connaitre les projets sur les amphibiens par Luciano Andriamaro et Nirhy Rabibisoa 5 Zapping 6 Programme Node : les exemples de Mahavavy Kinkony par Soloson Ramanahadray CAZ : un nouveau partenariat avec ODDIT par Tokihenintsoa Andrianjohani- narivo et Soloson Ramanahadray De nouvelles subventions accordées aux partenaires durant le 1er trimestre 2012 par Haingonirina Rajaofara 7 Approche par chaine de valeur : un modèle pour les micros entreprises par Michèle Andrianarisata 8 La liste rouge de l’IUCN par Luciano Andriamaro Co-gestion des ressources marines : des analyses dans la revue de l’Académie Nationale des Sciences aux USA par Ando Rabearisoa Songadina n° 13 - Avril-juin 2012 Songadina n° 13 - Avril-juin 2012 Les espèces et les écosystèmes naturels Un poisson unique, le Songatagna Des espoirs pour son repeuplement Selon la Banque Mondiale, en intégrant la valeur du capital naturel dans les calculs, on porterait la richesse de l’Ile à près de 3500 milliards de dollars. Comment faire de la biodiversité et des écosystèmes naturels un levier pour le développement durable ? 25 familles endémiques, regroupant plus de 450 genres parmi les plantes et les vertébrés, 14 000 espèces végétales dont près de 90 % endémiques, 101 espèces et sous espèces de pri- mates… En matière de biodiversité, Madagascar peut se targuer d’être l’un des pays les plus riches. Malheureusement, toutes ces espèces sont en danger. L’altération, voire la destruction, de leurs habitats naturels, transformés en terres de culture, est la principale menace. Avec la disparition des écosystèmes, la biodiversité et les services environ- nementaux sont irrémédiablement perdus : eau, équilibre climatique, santé, énergies, etc. Pourtant, la protection du capital naturel pourrait apporter plus de bénéfice économique pour le pays que l’exploitation sauvage et destructrice. Protéger des sites pour préserver l’eau Le Système des Aires Protégées (SAPM) constitue l’ultime outil de protection des espèces et de leur habitat. Pour exemple, le grand bassin versant de Tsaratanana, abrite plusieurs aires protégées. Il y a les A.P . du réseau du Madagascar National Park, comme Manongarivo, Anjanaharibe-Sud, l’Ankarana, le Tsaratanana, le Marojejy et Lokobe enfin les nouvelles aires protégées (NAP) de Bemanevika et Sahamalaza. De ce bassin versant qui représente environ 20.000 km2 découlent de nombreuses rivières. Les réserves de Manongarivo, de Tsaratanana et de Marojejy, couvrant à elles seules une superficie de 150 km2, fournissent plus de 870 000 m3 d’eau potable, soit la consommation en eau de la région de SAVA pour l’année 2011 ! Protéger la biodiversité pour l’écotourisme La biodiversité est la principale « matière première » pour l’écotourisme qui est un im- portant pourvoyeur de devises. 225 000 touristes ont visité les parcs de Madagascar en 2011, générant plus de 260 millions USD de recettes et créant 31 000 emplois. A Ranomafana, par exemple, le nombre d’hôtel est passé de 3 en 1994 à 16 en 2011. Si on y comptait 33 guides en 2001, ils étaient 52 en 2011. La biodiversité, c’est aussi des ressources génétiques et des molécules chimiques La bioprospection est la recherche de molé- cules, l’évaluation des éléments constitutifs de la biodiversité dans un écosystème particulier. Le but étant de produire de nouveaux médica- ments et des substances phytosanitaires. L’International Cooperative Biodiversity Group (ICBG) est un consortium dont CI fait partie et qui a lancé un vaste programme de biopros- pection dans plusieurs régions de Madagascar. La principale philosophie du programme est le partage équitable des bénéfices. C’est pourquoi, plusieurs communautés dans les sites de biopros- pection ont reçu des avantages compensateurs. A titre d’exemple, la communauté gestion- naire de la forêt d’Ankafobe qui abrite l’espèce Schizolaena tampoketsana, une espèce critique- ment en danger, a reçu des financements de l’ICBG. Ces fonds leur ont permis de mettre en place et d’entretenir des infrastructures touristiques, de créer des pare-feu et de financer différentes activités génératrices de revenu comme l’apiculture et la pisciculture. Une meilleure connaissance de l’environ- nement pour lutter contre la pauvreté Une meilleure connaissance scientifique de la biodiversité permet une gestion durable. C’est le cas uploads/Management/ songadina-numero-013-avril-mai-juin-2012-conservation-international.pdf

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  • Publié le Sep 10, 2022
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